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Annuaire 1789-1815   >   Personnages  >   Napoléon Bonaparte  > Correspondance

Dernière modification : 06/03/2007

Correspondance de Napoléon Ier

Juillet 1804 - du 21 au 28 juillet

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21 juillet - 24 juillet - 25 juillet - 26 juillet - 27 juillet - 28 juillet - 29 juillet - 30 juillet - 31 juillet

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21 juillet 1804

   
A l'Impératrice Joséphine
 
Pont-de-Briques, 2 thermidor an XII
 
21 juillet 1804
Madame et chère femme, depuis quatre jours que je suis loin de vous, j'ai toujours été à cheval et en mouvement sans que cela prît nullement sur ma santé.
M. Maret m'a instruit du projet où vous étiez de partir lundi : en voyageant à petites journées, vous aurez le temps d'arriver aux eaux sans vous fatiguer.
   

Le vent ayant beaucoup fraîchi cette nuit, une de nos cannonières qui étaient en rade a chassé et s'est engagée sur des roches à une lieue de Boulogne; j'ai tout cru perdu, corps et biens ; mais nous sommes parvenus à tout sauver. Ce spectacle était grand : des coups de canon d'alarme, le rivage couvert de feu, la mer en fureur et mugissante, toute la nuit dans l'anxiété de sauver ou de voir périr ces malheureux ! L'âme était entre l'éternité, l'Océan et la nuit. A cinq heures du matin tout s'est éclairci, tout a été sauvé, et je me suis couché avec la sensation d'un rêve romanesque et épique; situation qui eut pu me faire penser que j'étais tout seul, si la fatigue et le corps trempé m'avaient laissé d'autre besoin que de dormir.

 
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.861.
Comm. Par M. Chambry.
   
     

A M. Cambacérès.

 

Pont-de-Briques, 2 thermidor an XII

 
21 juillet 1804

Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 30 messidor. J'ai lieu d'être extrêmement satisfait de l'esprit et de l'aspect des départements que j'ai traversés. Je le suis tout autant de la situation et de l'esprit de l'armée de terre et de mer. J'ai visité le port, et j'ai passé la dernière nuit sur la côte pour donner secours à une canonnière qui avait déradé. Le vent de nord-est a été violent. Heureusement que nous n'avons pas eu d'avarie considérable. Deux petites péniches seulement se sont perdues.

 

Je vois, dans le rapport de police, qu'au pont des Arts un militaire ayant la décoration est chargé d'exiger le payement du droit de passe. J'ai peine à le croire. Faites vérifier si ce fait est vrai.

 

Napoléon.

   

Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.862.
Comm. Par M. le duc de Cambacérès. (En minute aux Archives de l'Empire.)

   
     
A M. Fouché.
 
Pont-de-Briques, 2 thermidor an XII .
 
21 juillet 1804
Je désire que tous les rapports qui seraient faits sur les individus ayant la décoration soient approfondis avec la plus grande suite, car je ne serais pas étonné que quelques mauvais sujets usurpassent cette décoration pour commettre quelque action condamnable et se faire voir dans des lieux indus.
J'ai été fort satisfait de l'esprit des départements que j'ai parcourus ainsi que de celui des armées de terre et de mer.
   
Il est convenable que vous remettiez une instruction aux conseiller d'État attachés à votre département, pour remplir un des buts que je me suis proposés dans leur institution, qui est la connaissance des opinions et des intérêts des propriétaires des différents départements. Ce travail sera à moitié fait quand l'instruction et les tableaux à remplir par le résultat des recherches des conseillers d'État seront aussi bien que possible.
   
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.863. Archives de l'Empire.    
     

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22 et 23 juillet 1804

   
(Pas de lettre à cette date dans la Correspondance de Napoléon Ier.)  
     

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24 juillet 1804

   
A M. Cambacérès  
Pont-de-Briques, 5 thermidor an XII
 
(24 juillet 1804).

Mon Cousin, je vous autorise à faire le renvoi au Conseil d'État de toutes les affaires du travail des ministres que vous en croirez susceptibles.
J'ai fait écrire au grand chancelier de la Légion d'honneur de se rendre à Boulogne. Il est nécessaire que François Rat, invalide, ne fasse point de fonctions au bureau de passe du pont des Arts*. Il n'y a pas d'inconvénient que le chancelier de la Légion d'honneur lui accorde la gratification qu'il croira nécessaire. Je désire que vous disiez à MM. Cretet et François (de Nantes) que je les rends responsables de tout emploi inférieur qui sera donné dans leurs parties à des soldats ayant des distinctions dans la Légion d'honneur.

 

Napoléon

   

Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.864. Comm. Par M. le duc de Cambacérès. (En minute aux Archives de l'Empire.)

   
     

A M. Regnier

 

Pont-de-Briques, 5 thermidor an XII

 
(24 juillet 1804).

Il y a un grand nombre d'individus condamnés, surtout de militaires, qui ont demandé des grâces et n'ont pas passé au dernier conseil privé. Je désire en avoir la liste, mon intention étant qu'ils ne puissent souffrir de mon absence. Du moment que j'en aurai la liste, je pourvoirai à la manière dont le conseil privé devra se tenir.

   

Napoléon.

   

Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.865. Archives de l'Empire.

   
     

A M. Barbé-Marbois

 

Pont-de-Briques, 5 thermidor an XII.

 
(24 juillet 1804).

Monsieur Barbé-Marbois, Ministre du trésor public, j'ai reçu votre lettre du 3 thermidor. La seule cause que je voie des bruits de Bourse dont il y est question, c'est cette demande de soixante millions de dépenses secrètes qu'a faite M. Pitt. Peut-être a-t-il en vue par là de faire voir aux puissances qu'il a en main de quoi les payer; avantage qui ne peut compenser l'inconvénient qu'en ressent son budget : car il n'est personne qui ne croie que, si le roi d'Angleterre promet de payer soixante millions, c'est qu'il est dans le cas de les payer, sinon en argent, du moins en marchandises, comme il a fait des subsides de l'Autriche dans la dernière guerre. D'un autre côté, en réfléchissant sur cette démarche, je suis plutôt porté à penser que cet argent est destiné à subvenir aux dépenses des volontaires. Ne voulant pas mettre une règle générale dans ces dépenses, on a affecté cette demande de fonds extraordinaires aux dépenses secrètes, pour venir au secours des besoins et calmer les mécontentements qui s'élèveraient.
Je serai probablement encore pendant longtemps à Boulogne ; je vous y verrai avec plaisir. Je désire que vous apportiez avec vous la note de ce que vous aurez arrêté avec la Banque et les agents de la Bourse pour le monument de la Madeleine, que j'ai toujours fort à cœur de voir terminer.

 

Napoléon.

   

Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.866. Archives de l'Empire.

   
     

A M. Fouché

 
Pont-de-Briques, 5 thermidor an XII
 
(24 juillet 1804).
Monsieur Fouché, Ministre de la police, il est convenable de chasser de Paris le fils de Bertrand-Molleville, et, en général, de purger Paris de tous les parents des individus qui sont à Londres à la solde de l'Angleterre. Après les nouveaux renseignements donnés sur Rochelle, il paraîtrait utile de faire surveiller sa mère et son frère, qui sont à Paris et qui passent pour de fort mauvais sujets ; et, si les observations vérifient ces premières données, on pourrait les mettre en surveillance dans quelque petit bourg, à quarante lieues de Paris. On doit chasser de Paris tous les individus qui ont recélé les brigands et qui sont aujourd'hui en liberté. On m'assure que, de plusieurs points des départements du Midi, des hommes très-mal famés dans le sens terroriste se rendent à Paris. On doit veiller à ce qu'ils ne s'y rassemblent pas et les renvoyer chez eux, afin d'éviter d'être obligé de les frapper.
 
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.867. Archives de l'Empire.    
     

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25 juillet 1804

   
A l'amiral Bruix  
Pont-de-Briques, 6 thermidor an XII .
 
(25 juillet 1804)
Monsieur l'amiral Bruix, Inspecteur des côtes de l'Océan, les cinq divisions de péniches que j'ai vues ce matin me paraissent en général assez bien installées. Je désire que, le plus possible, vous fassiez placer des obusiers prussiens, et de 6 pouces, au lieu de caronades de 12, qui sont bonnes à peu de chose.
La terre peut vous fournir une cinquantaine d'obusiers prussiens et une cinquantaine d'obusiers de 6 pouces ; reste à savoir si les affûts sont prêts. Dans le cas qu'ils ne le soient point donnez l'ordre de les confectionner dans le plus court délai.
Je désire également que vous fassiez essayer s'il serait possible de placer des hamacs dans les péniches, pour que les soldats y soient avec commodité, et que vous vous assuriez s'il n'y aurait pas quelque chose à faire pour que les prélarts et tentes soient plus couverts.
Demain, à l'heure où les bâtiments flotteront, je passerai la revue de toutes les chaloupes canonnières et bateaux canonniers. Je désire que toutes les divisions soient réunies ensemble, et que tout le monde s'y trouve, et que l'inspecteur général aux revues s'y trouve avec la feuille pour les appels.
   
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.868. Archives de l'Empire.    
     

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26 juillet 1804

   

Au maréchal Berthier

 
Pont-de-Briques, 7 thermidor an XII
 
(26 juillet 1804).
Mon Cousin, mon intention serait de faire camper les dix bataillons des grenadiers de la réserve que commande le général Junot, à portée du bassin circulaire de Boulogne, destinant cette division à tenir garnison sur les péniches. Je désire que vous fassiez reconnaître l’emplacement où elle pourrait camper, et s'il y a à Boulogne les tentes et autres objets nécessaires au campement. Je désirerais également savoir ce qu'il faudrait faire, et ce qu'il en coûterait, pour achever le camp que devait occuper la division Dupont, de manière à y faire camper trois régiments.
La marine aurait encore besoin ici d'une cinquantaine d'obusiers prussiens. Faites-moi connaître le lieu où l'on pourrait se les procurer.
 
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.869. Archives de l'Empire.    
     

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27 juillet 1804

   
A M. Cambacérès  
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Mon Cousin, l'auditeur n'est pas arrivé avec le travail des ministres.
Le bombardement du Havre n'est rien.
Prenez des informations et mettez-moi au courant du résultat des pluies dans la Brie, la Beauce et dans la plaine de Soissons. Il serait bien malheureux qu'une aussi belle récolte vînt à nous manquer.
J'ai passé hier la revue de toute la flottille ; j'en ai été satisfait.
Une partie de la flottille qui était en rade ce matin a échangé quelques boulets avec les Anglais, qui ont bientôt repris le large.
   
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.870. Comm. par M. le duc de Cambacérès. (En minute aux Archives de l'Empire.)    
     
A M. Cambacérès  
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Mon Cousin, mon intention est de nommer M. Champagny, mon ambassadeur à Vienne, au ministère de l'intérieur. Je le lui ai fait connaître, et je viens de recevoir sa réponse. J'attends pour prendre l'arrêté que vous en ayez parlé à Chaptal et que vous me fassiez connaître ce qu'il désire. Ayant été instruit par vous, et sachant depuis longtemps que mon intention est d'appeler quelqu'un au ministère de l'intérieur, il me parait nécessaire de le faire le plus tôt possible. Je n'ai rien à ajouter aux intentions que je vous ai communiquées avant mon départ, toutes en faveur de Chaptal. Je suis toujours disposé à faire tout ce qu'il peut désirer    
Napoléon
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.871. Comm.par M. le duc de Cambacérès. (En minute aux Archives de l'Empire.)    
     
A M. Lebrun  
Lebrun
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 4 thermidor. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous fassiez un tour dans la Manche. En ce cas, allez visiter les travaux de Cherbourg et voyez la batterie de la digue que j'ai fait construire. Il ne serait pas hors de propos que le préfet du département fût prévenu de votre arrivée, afin que vous y soyez reçu avec un peu d'éclat.  
Cherbourg
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.872. Comm. Par M. le duc de Plaisance.    
     
A M. Garat, sénateur  
Garat
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Je désire que vous parcouriez la Hollande et les départements de la Roër, de la Sarre, de Rhin-et-Moselle et du Mont-Tonnerre. Je fais prévenir de votre mission mon ambassadeur à la Haye et le général Marmont, commandant en chef le camp d'Utrecht. Le ministre de l'intérieur l'annoncera aux préfets des quatre départements du Rhin.
Votre mission en Hollande sera toute d'observation. Vous prendrez connaissance de la situation présente de l'instruction publique dans ce pays, et vous recueillerez les renseignements nécessaires pour composer un mémoire sur l'état des différents partis, sur l'esprit public et sur les ressources que chaque département peut fournir tant à l'esprit public qu'au commerce, et même, par sa population, à la marine et à l'armée.
Quant aux quatre départements du Rhin, votre mission se bornera à connaître la situation de l'instruction publique et à rechercher les moyens à prendre pour propager la langue française dans ces contrées et pour accélérer les progrès de la fusion de leur esprit dans l'esprit général de l'Empire.
Vous séjournerez dans les chefs-lieux des départements de la Hollande et du Rhin, et vous dirigerez votre marche de manière à être de retour vers le milieu du mois prochain.
J'attends de vos lumières et de votre zèle pont le service de l'État des notions précises et fécondes sur ces objets, que j'ai fort à cœur de connaître.
   
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.873. Archives de l'Empire.    
     
Au maréchal Brune  
Brune
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Général Brune, mon Ambassadeur à Constantinople, je vous expédie le présent courrier pour vous donner des instructions sur la conduite à tenir par rapport au cabinet russe.
J'ai reçu par le ministre de la Porte près de moi une nouvelle lettre du sultan Selim. Elle est une réponse plus franche à la lettre que je lui ai écrite. Je me réserve de lui écrire incessamment. A cette occasion, j'ai dit à son ministre que la Porte se perdait par faiblesse ; que deux choses l'effaceront du nombre des puissances, sans même l'honneur du combat : 1° de souffrir et autoriser l'établissement des Russes à Corfou et de favoriser leur passage par le détroit ; 2° de permettre que les bâtiments grecs de l'Archipel naviguent sous pavillon russe.
   
Vous aurez tenu note sans doute des troupes russes passées par le détroit. Je ne pense pas qu'il soit passé plus de 4.000 hommes, qui, joints aux 1.500 déjà passés, font 5 à 6.000 hommes. Quel est le but de cette division ? Il ne peut y en avoir qu'un, celui de s'emparer de la Morée et de profiter du moment où je suis occupé de la guerre contre l'Angleterre, pour, de concert avec l'Autriche, envahir la Turquie européenne ; et la Porte est assez insensée pour laisser ainsi passer des troupes évidemment dirigées contre elle ! Vous devez vous attacher à lui faire sentir que 6.000 Russes et quatre ou cinq fois autant ne peuvent m'inquiéter en Italie, où j'ai 100.000 hommes, en supposant qu'ils aient des projets contre moi; mais qu'au contraire 6.000 Russes peuvent être un point d'appui pour soulever la Morée, contenir les troupes de l'Epire, dans le temps où la Russie menacerait Constantinople ; que nous ne pouvons pas assurer que ce parti soit pris par la Russie, mais que nécessairement la Porte la conduira à ce projet si elle continue à permettre le passage aux troupes russes par le détroit ; qu'enfin rien n'est plus dangereux pour elle que de voir les Russes établis en force à Corfou ; que pour ne point autoriser une pareille usurpation, j'ai retiré le chargé d'affaires que j'avais à Corfou, et que je ferai même faire les représentations les plus fortes dès que je pourrai connaître l'intention et les résolutions de la Porte sur cet objet.
   
Quant au pavillon grec, le remède est bien simple : c'est de ne point laisser passer le détroit aux Grecs sous pavillon non turc, de faire parcourir par quelques frégates l'archipel pour empêcher les Grecs de naviguer sous ce pavillon. Si la Porte continue à agir autrement, toute la Grèce sera russe et le Turc chassé, sans pouvoir même soutenir une guerre.    
J'ai rappelé Hédouville après l'incartade de la cour de Pétersbourg, qui a eu l'ineptie de porter le deuil du duc d'Enghien sans tenir à lui par aucune liaison de parenté et sans qu'aucune famille tenant aux Bourbons l'ait imitée. Je n'ai pu que retirer mon ambassadeur de Pétersbourg ; mais je pense que les choses ne peuvent aller plus loin et qu'elles continueront à rester dans cet état de froideur, vu que, le cabinet de Saint-Pétersbourg étant extrêmement inconséquent, on ne peut attacher aucune foi à ses démarches, presque toutes hasardées.
Il est convenable que vous soyez froid avec le ministre de Russie, et que vous fassiez, dans toutes les occasions, apercevoir aux Turcs que je n'en veux pas aux Russes, ni ne les crains. Vous pourrez même vous expliquer assez haut sur l'occupation de Corfou contre le traité, sur la conduite qu'on tient avec la Porte, ainsi que sur les hostilités dont on use envers la Perse.
   
Notre situation avec l'Angleterre est des plus favorables. On ne se ressent point de la guerre en France, en raison de l'oppression où elle tient l'Angleterre, et j'ai ici autour de moi près de 120,000 hommes et 3,000 péniches et chaloupes canonnières, qui n'attendent qu'un vent favorable pour porter l'aigle impériale sur la Tour de Londres. Le temps et le destin seul savent ce qu'il en sera.
Ne retenez pas mon courrier plus de huit jours, et par son retour faites-moi part exactement du nombre de troupes russes qui ont passé par le détroit, des préparatifs des Russes dans la mer Noire, préparatifs qu'il ne faut pas évaluer légèrement, mais qu'il faut approfondir autant qu'il vous sera possible, enfin de la situation de l'empire ottoman et de ses dispositions à notre égard.
   
     
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.874. Archives de l'Empire.    
     
Au maréchal Berthier  
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Mon Cousin, le bataillon des tirailleurs du Pô n'a aucun moyen de recrutement. Il serait nécessaire d'ordonner que ce bataillon engageât des Piémontais, et pour cela il faudrait qu'il eût un centre de recrutement à Turin. Son complet doit être de 1,000 hommes, et il n'est aujourd'hui qu'à 700 hommes. Ordonnez que des mesures soient prises pour le porter à son grand complet, et qu'il ne soit reçu dans ce recrutement que des hommes qui aient fait la guerre et servi dans les troupes du roi de Sardaigne. Vous ordonnerez aussi qu'une revue extraordinaire soit faite de ce bataillon, pour que tout ce qui ne serait pas né en Piémont en fut ôté ; car mon principal but est de débarrasser le Piémont de tous les hommes qui, ayant fait la guerre sous le roi de Sardaigne, pourraient être supposés toujours prêts à reprendre parti pour ce prince. J'ai accordé des bonnets aux carabiniers de ce bataillon ; faites-les-lui fournir.    
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.875. Archives de l'Empire.    
     
Au maréchal Berthier.  
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
L'Empereur désirerait, Monsieur le Maréchal, que les drapeaux qui seront donnés à l'armée fussent d'une forme différente de celle qu'elle possède aujourd'hui. L'aigle éployée, telle quelle se trouvera sur le sceau de l'Empire, sera placée sur la sommité du bâton du drapeau, de la même manière que le portaient les Romains. On attacherait au-dessous le drapeau, à la distance où se trouvait le labarum. Il aurait beaucoup moins d'étendue que les drapeaux actuels, qui sont très-embarrassants, et serait de trois couleurs, comme ceux-ci. L'étendue du drapeau pourrait ainsi être réduite à moitié. On y lirait ces mots : L'Empereur des Français à tel régiment. L'aigle constituerait essentiellement le drapeau , dont on pourrait changer l'étoffe lorsque son état l'exigerait. Il conviendrait seulement de rendre l'aigle tout à la fois solide et légère.
L'Empereur désire que vous fassiez faire un modèle, et que vous preniez ensuite ses ordres pour arrêter définitivement la forme des drapeaux.
   
Par ordre de l’Empereur.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.876. Archives de l'Empire.    
     
Au vice-amiral Decrès  
Decrès
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Il m'a paru hier que tous les anciens bateaux canonniers sur lesquels on n'avait pas embarqué des pièces de campagne de l'artillerie de terre se trouvaient absolument sans défense sur l'arrière ; que l'on pouvait sans difficulté y placer deux petites pièces de 4, de 6 ou même de 8. Ordonnez que la récapitulation de ces petites pièces existant à Boulogne soit faite, et qu'elles soient réparties sur tous ces bateaux. On pourrait aussi y mettre, à défaut de pièces, deux de ces caronades achetées à Calais. Les vingt-quatre pièces de 4 en bronze, forées à 6, se trouvant sur plusieurs bateaux canonniers sont destinées à armer les six paquebots de la Garde; ordonnez qu'elles soient débarquées, et qu'il en soit mis six sur chacun de ces paquebots.    
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.877. Archives de l'Empire.    
     
A M. Forfait  
Forfait
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Monsieur Forfait, le moment approche où j'ai besoin de tous me moyens de transport. J'écris à Daugier de faire partir sa division en totalité ou par petites divisions, comme cela lui paraîtra le plus praticable. Armez, levez des matelots et faites partir tous vos bâtiments car j'ai besoin de tout. Faites-moi connaître le nombre de chaloupes canonnières que vous avez prêtes à partir, indépendamment de Daugier. Par les états que j'ai, indépendamment des divisions Montcabrié, Hamelin et Daugier, il y a encore 50 chaloupes canonnières, 35 bateaux, 26 péniches et plus de 60 transports. Je ne puis donc que vous répéter que tout cela m'est nécessaire; faites-les partir.
Activez aussi tout ce qui est à Cherbourg et dans les autres ports de votre arrondissement. Les modèles de caïques qu'on a construits sont mauvais ; un ingénieur en a ici construit un qui paraît meilleur pour la mer ; c'est surtout du fond plat du derrière qu'on se plaint.
   
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8778. Archives de l'Empire.    
     
A M. Portalis  
Portalis
Pont-de-Briques, le 8 thermidor an XII.
 
(27 juillet 1804)
Monsieur Portalis, Ministre des cultes, j'ai lu avec intérêt la lettre de l'évêque d'Angers. Rien ne peut m'être plus agréable que l'assurance que les habitants de Cantiers, qui ont été aussi malheureux, sont dans une disposition d'esprit à pouvoir espérer promptement le rétablissement de leur agriculture et de leur commerce. J'ai en général lieu d'être très satisfait de l'esprit des départements que j'ai traversés. Vous m'avez instruit que l'abbé Paillon était arrivé à Paris. Je désire connaître si vous pensez toujours qu'il soit propre à occuper le siège de Poitiers.    
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8779. Archives de l'Empire.    
     
     
A M. Fouché  
Monsieur Fouché, Ministre de la police générale, j'ai lu avec grand intérêt l'extrait du rapport de l'envoyé de Londres. Il serait bon, dans des articles faits convenablement, de faire connaître la distribution des poignards faite par M. le duc de Berry, la conduite de lord Hawkesbury, les propos du baron de Roll.
Le baron d'Ordre est un grand coquin ; faites-le mettre en surveillance dans une petite ville de Champagne. Je crois être informé que Bourmont a des moyens de se sauver de la forteresse de Besançon quand il le jugera à propos.
J'attends le ministre du trésor public ; dans le travail que je ferai avec lui, j'arrangerai tout ce qui est relatif à votre budget.
   
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8780. Archives de l'Empire.    
     

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28 juillet 1804

   
     
DÉCISION
   
Pont-de-Briques, 9 thermidor an XII.
 
(28 juillet 1804)

Corrigeux, canonnier, se plaint de que ses frères ont profité de sa présence à l'armée pour le priver de sa part dans la succession de son père.

 

 

Renvoyé au grand juge, pour ce faire intervenir le commissaire impérial, qui prendra fait et cause si la réclamation est fondée.

Napoléon.

   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8781. Archives de l'Empire.    
     
DÉCISION
   
Pont-de-Briques, 9 thermidor an XII.
 
(28 juillet 1804)

Robin, déserteur, marié sous le nom de Lecomte, demande le pardon de sa faute et la permission de donner à ses enfants leur nom de famille.

 

Renvoyé au grand juge, pour faire faire les actes nécessaires afin de le rétablir dans son nom et d'assurer l'état civil de ses enfants.

Napoléon.

   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8781. Archives de l'Empire.    
     

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29 juillet 1804

   
     
Note pour M. d'Hauterive, chef de division au ministère des Relations extérieures.
 
d'Hauterive
Pont-de-Briques, 10 thermidor an XII.
 
(29 juillet 1804).
L'Empereur désirerait que M. d'Hauterive fit une petite brochure intitulée Changements survenus en Europe depuis vingt-cinq ans, qui ferait connaître :
Ce que l'Angleterre a gagné, soit en territoire aux Indes, soit par le commerce, soit par ses innovations dans la législation maritime ;
Que la Suède et le Danemark ne sont plus rien ;
Ce que la Russie a gagné par le partage de la Pologne ; en Crimée, en Géorgie, à Corfou ; par son influence en Valachie, en Moldavie, en Morée; par son occupation du Phase ;
Que la Prusse est tombée au second rang, quoi qu'elle en dise ;
Ce que l'Autriche a gagné par le partage de la Pologne, par la concentration de ses forces, par l'acquisition de Venise, par l'annihilation de la Porte, contre laquelle elle était obligée de tenir une armée, puisque la Porte ne peut plus rien et que les Géorgiens font une diversion sur ses frontières ;
Ce que la France a gagné ; ce qu'elle a perdu par la nouvelle doctrine que les Anglais ont fait adopter sur la navigation des mers ; par la décadence de la Porte, son alliée naturelle ; par le partage de la Pologne, son alliée naturelle, et enfin par la perte de ses possession aux Indes et de sa belle colonie de Saint-Domingue, celle-ci à peu près perdue pour toujours.
Quand M. d'Hauterive aura fait cette brochure, il viendra la lire à l'Empereur.
   
Par ordre de l’Empereur.
Archives des affaires étrangères.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8783. Archives des affaires étrangères.    
     

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30 juillet 1804

   
     
A M. Talleyrand  
Pont-de-Briques, 11 thermidor an XII.
 
(30 juillet 1804)
J'ai reçu vos trois portefeuilles.
Les affaires de Suisse méritent de fixer toute mon attention. Écrivez à mon ministre que je vois avec peine la formation d'un état-major général, et que j'ai pour principe que toute nouvelle disposition contraire à l'acte de médiation n'est point obligatoire pour les cantons qui ne veulent point y participer.
   
Faites connaître aux différents ministres en Allemagne que la conduite de la cour de Vienne à Ratisbonne a paru d'autant moins concevable que son ambassadeur à Paris avait demandé lui-même que l'Empereur ne fit point répondre à la note russe et laissât les choses s'arranger par le canal de Bade ; et qu'enfin, quinze jours avant l'arrivée de cette note intempestive et mal calculée du cabinet russe, l'empereur d'Allemagne avait fait connaître dans une lettre qu'il écrivit à M. de Cobenzl, qui fut communiquée par celui-ci dans une audience particulière à Saint-Cloud, qu'il appréciait bien ce que les circonstances avaient rendu nécessaire, et qu'il complimentait le chef de l'État sur l'heureuse issue des événements qui venaient de se passer, et lui témoignait le plaisir qu'il ressentait de le voir triompher des complots de ses ennemis.
En général, vous n'écrivez pas assez aux ministres, qui ignorent le langage qu'ils doivent tenir sur chaque événement.
   
Je pense que vous aurez donné des instructions à mon ministre en Amérique sur la conduite qu'il doit tenir sur la soi-disant madame Jérôme Bonaparte. Il doit ne point la voir, ni se rencontrer avec elle, et dire publiquement que je ne reconnais pas un mariage qu'un jeune homme de dix-neuf ans contracte contre les lois de son pays.
   
Faites remettre à l'ambassadeur turc la tabatière et la somme que je vous ai fait connaître vouloir lui donner. J'ai nommé Franchini premier interprète à Constantinople, et M. Ruffin conseiller d'ambassade.    
Quant à la note russe, je pense que vous devez y répondre à peu près dans ces termes : "J'ai reçu, Monsieur, votre note du ..... J'ai vu avec douleur que des propositions qui sous beaucoup de points de vue, sont susceptibles d'être admises, soient accompagnées d'injures et de menaces. Toutefois, je vais mettre votre note sous les yeux de S. M. l'Empereur, et je m'empresserai de vous transmettre les ordres qu'il m'aura donnés."
M. Durand, en remettant votre réponse cachetée à M. d'Oubril, aura soin de lui dire qu'il n'a lu ni la note ni votre réponse, mais qu'il paraît que la note de M. d'Oubril a été rédigée avec une espèce de grossièreté, et qu'il est chargé de lui en faire un reproche personnel. M. d'Oubril ne manquera pas de dire qu'elle lui est venue toute faite de Pétersbourg. M. Durand peut pénétrer par là quel est le fond du sac. Il pourra ajouter qu'il y a lieu de craindre, s'il y a effectivement des menaces dans la note, qu'elle n'irrite beaucoup l'Empereur, et en rester là.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8784. Archives des affaires étrangères. (En minute aux Archives de l'Empire.)    
     
Au maréchal Berthier, ministre de la guerre    
Pont-de-Briques, 11 thermidor an XII.  
(30 juillet 1804)
Mon Cousin, je désire que vous donniez ordre que milord Tweedale, prisonnier anglais à Verdun, retourne en Angleterre sur parole. Il sera de retour avant un an. Vous lui ferez connaître que c'est sur la demande et pour donner une preuve d'estime aux talents et au caractère de M. Fox, que l'Empereur a consenti à ce qu'il retourne à Londres.    
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8785. Dépôt de la guerre.    
     
A M. François, de Neufchâteau  
François de Neufchâteau
Pont-de-Briques, 11 thermidor an XII.
 
(30 juillet 1804)
Monsieur François, de Neufchâteau, Président du Sénat, le message au Sénat, relatif à la nomination d'un membre du tribunal cassation, contient deux erreurs ; j'ai ordonné qu'on les rectifie et qu'il vous soit sur-le-champ transmis. Le compte que vous m'avez rendu des différents désirs du Sénat sera l'objet de mes méditations et, dès mon arrivée, je réunirai un conseil privé pour statuer ce qui sera nécessaire. Il me semble que, s'il est des actes que le Sénat peut faire avec un petit nombre de membres, il en est, tels que les sénatus-consultes organiques, qui devraient exiger la présence des deux tiers au moins des membres existants. Au reste, nous en discuterons en conseil privé.    
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8786. Archives de l'Empire.    
     

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31 juillet 1804

   
     
A M. Cambacérès.  
Pont-de-Briques, 12 thermidor an XII.
 
(31 juillet 1804)
Mon Cousin, faites passer au Conseil d'État le règlement sur les avocats ; c'est une partie essentielle à régler. J'imagine qu'on en laissera la première nomination à l'Empereur.    
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8787. Archives de l'Empire.
   
     
A M. Talleyrand.  
Pont-de-Briques, 12 thermidor an XII
 
(31 juillet 1804)
Je ne suis point de votre opinion sur le protocole avec la Porte. Il faut insister pour qu'elle me donne le même titre qu'à l'empereur d'Allemagne.    
Napoléon.
   
Correspondance de Napoléon Ier, n° 7.8788. Archives des affaires étrangères.    


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Destinataires des Lettres :

Barbé-Marbois

Berthier

Bruix

Cambacérès

Champagny

Daugier

Davout

Decrès

Fouché

Ganteaume

Lacépède

Latouche-Tréville

Lezay-Marnezia

Marmont

Regnier

Talleyrand


Noms cités :
Champagny
Cobenzl
Estève
Grand Seigneur
Jaubert
Marescalchi

 

 

 

 

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