|  | Berthier 
              (Alexandre), le plus intime des confidents de Napoléon, dont 
              il avait été le chef d'état-major pendant l'immortelle 
              campagne d'Italie, en 1796, et qui, depuis, lé décora 
              successivement des titres de maréchal, de grand-veneur, de 
              vice-connétable, de prince souverain de Neuchâtel et 
              Valengrin de prince de Wagram, etc., etc., naquit en1753 à 
              Versailles, d’un officier au corps des ingénieurs-géographes, 
              et mourut en 1815, à Bamberg au château du prince de 
              Bavière, son beau-père.Il occupe une place distinguée dans l'histoire contemporaine, 
              l'homme qui un moment remplaça Bonaparte dans le commandement 
              en chef de l'armée d'Italie, qui acheva la conquête 
              de Rome, qui organisa la république de Milan, et qui attacha 
              son nom à d'importants traités, comme la capitulation 
              d'Ulm (voy.), le traité de Munich (1806), la convention de 
              Koenigsberg, etc.; car cet homme avait la pensée du maître, 
              et son talent c'était de la mettre en application.
 Destiné par son père au corps des ingénieurs, 
              il y entra après en avoir fait les études spéciales, 
              mais bientôt il obtint une compagnie dans les dragons de Lorraine, 
              d'où il passa, comme officier d'état-major, à 
              l'armée expéditionnaire d'Amérique, sous les 
              ordres du général Rochambeau. Devenu colonel aide-major-général 
              pendant là guerre de l'indépendance, où il 
              s'était vaillamment conduit, il fut, après son retour 
              nommé, en 1789, major-général de la garde nationale 
              de Versailles, ville où il s'acquit des droits à l'estime 
              dés bons citoyens par la modération et là fermeté 
              qu'il mit dans ses fonctions, surtout à l'occasion des troubles 
              excités par la nouvelle de la fuite des tantes du roi pour 
              l'Italie.
 Vers la fin de 1791 il fut envoyé à Metz en qualité 
              d'adjudant-général, et bientôt après 
              le maréchal Luckner se l'attacha comme chef d'état-major. 
              Employé dans l'ouest, il y fit son devoir contre l'insurrection 
              avec la même vigueur, et il échappa ainsi aux accusations 
              que motivait sa conduite à l'égard des démagogues 
              à Versailles
 Le 13 juin 1793 il eut trois chevaux tués sous lui en défendant 
              Saumur contre l'armée royaliste; alors il était chef 
              d'état-major du maréchal Biron. Deux ans après 
              il fut promu au grade de général divisionnaire et 
              choisi pour chef d'état-major par le général 
              Bonaparte, lorsqu'il prit le commandement de l'armée d'Italie. 
              C'est la belle époque de la vie militaire de Berthier, qui 
              seconda dignement son chef et eut une glorieuse part aux combats 
              de Millésime, Ceva, Mondovi, au passage du pont de Lodi, 
              à la bataille de Rivoli. Il avait mérité ainsi 
              l'honneur d'apporter au Directoire le traité de Campo-Formio.
 Ce fut au mois de décembre 1797 qu'il remplaça dans 
              le commandement en chef Bonaparte, forcé par la difficulté 
              des négociations à se rendre au congrès de 
              Rastadt. Berthier ne fit que continuer l'exécution des desseins 
              de son général en chef.
 Il suivit en Égypte le héros qui dès ce temps 
              l'associait, pour ainsi dire, à son brillant avenir, et auquel 
              il était lui-même attaché par affection autant 
              que par devoir. De retour avec lui, il devint ministre de la guerre 
              quand son chef et son ami fut nommé premier consul ; mais 
              il ne resta dans ce poste que jusqu'au 2 avril 1800, époque 
              à laquelle il retourna en Italie avec le titre de général 
              en chef. Il ouvrit ainsi la campagne de Marengo, dont la gloire 
              reste à Napoléon. On ne peut pas séparer davantage 
              le reste de ses services militaires de l'histoire des campagnes 
              de l'empereur.
 Berthier fut fait maréchal le 19 mai 1804; les autres dignités 
              plurent sur lui à de courts intervalles, et ce fut pour le 
              grandir encore que l'empereur lui fit épouser la fille du 
              duc Guillaume de Bavière-Birkenfeld , cousin du roi de Bavière, 
              union dont il devait rester à son auteur un souvenir plus 
              digne que ne le donneraient à croire les prétendues 
              réminiscences de l'exilé de Sainte-Hélène, 
              enregistrées dans le Mémorial (tome V, pag. 72 et 
              suiv.). Il y a dans l'honneur des familles quelque chose de plus 
              sacré que les paroles même d'un monarque déchu 
              ; et les invectives qu'à l'égard de cette union l'on 
              s'est cru autorisé à livrer au public, sous la forme 
              de révélations historiques, sont dignes tout au plus 
              de figurer dans un pamphlet.
 A la Restauration de 1814, le prince de Wagram ne fut pas des derniers 
              à signer l'acte de déchéance de Napoléon. 
              Ce fut lui qui, à la tête des maréchaux, prononça 
              l'allocution obligée à Louis XVIII, dans le château 
              de Compiègne. Compris dans la formation de la chambre des 
              pairs, il inspira assez de confiance au roi pour que celui -ci le 
              plaçât à la tête d'une des deux compagnies 
              qu'il ajouta à la première formation de ses gardes-du-corps. 
              On sait que l'autre porta le nom du duc de Raguse. La suite a prouvé 
              que c'était là une mesure habile, car ces deux maréchaux 
              n'ont point failli à la foi jurée envers la Restauration.
 La principauté de Neufchâtel, dont Berthier avait été 
              investi, à titre de fief, par Napoléon, à qui 
              la Prusse l'avait cédée par la convention de Vienne 
              du 3 décembre 1805, rentra en la possession de Frédéric-Guillaume 
              III dès le 25 janvier 1814; cette reprise fut sanctionnée 
              par un article additionnel au traité de Paris du 30 mai 1814; 
              Berthier y adhéra par son acte de renonciation, signé 
              le 2 juillet suivant, moyennant une pension de 25,000 francs réversible 
              par moitié sur sa veuve; pension que le roi de Prusse consentit 
              à lui payer.
 Le prince de Wagram ne jouit pas longtemps des bonnes grâces 
              de Louis XVIII - une lettre qu'il avait reçue de l'île 
              d'Elbe lui suscita des tracasseries contre lesquelles il sut opposer 
              plus de courage qu'on n'en avait à la cour de Napoléon 
              ; pourtant au retour de celui-ci il ne céda pas à 
              l'occasion de se venger. Il prit le parti de se retirer à 
              Bamberg, et sa mort même n'a pas trouvé grâce 
              devant l'esprit de parti pour une résolution aussi loyale. 
              On a prétendu que le suicide qui termina ses jours n'aurait 
              été qu'un dernier acte du vertige que décelait, 
              dans les derniers temps, son état mental. Mais, ne serait-il 
              pas plus juste de dire qu'après avoir cédé 
              une première fois à l'empire des circonstances en 
              sacrifiant à ses devoirs politiques les engagements de l'affection 
              et de la reconnaissance, Berthier ne voulut pas dévorer, 
              comme tant d'autres, l’humiliation d'un nouveau parjure, en répudiant 
              la foi jurée à la Charte de 1814, qui garantissait 
              l'indépendance et la liberté de la France.
 Il existe quelques pièces de monnaie frappées à 
              l'effigie de Berthier, comme prince souverain de Neufchâtel; 
              on en a vu dans le médailler d'un savant amateur. Nous ne 
              sachions pas qu'il ait jamais composé de vers, quoiqu'on 
              l'ait représenté comme un Céladon; mais il 
              a publié les ouvrages suivants : Relation de la bataille 
              de Marengo, Paris, an XIV, in-8° et in-4° avec cartes 
              ; Relation des campagnes du général Bonaparte 
              en Égypte et en Syrie, Paris, 1800, in-8°'.
 On a imprimé à Paris, en 1826, les Mémoires 
              d'Alexandre Berthier, prince de Neufchâtel et de Wagram, 
              1 vol. in-8°.
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