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Fouché

 

     

Fouché, Joseph (1759-1820).
Né à la Martinière près de Paimbœuf, le 29 mai 1759, mort à Trieste le 26 décembre 1820.
Fils d’un capitaine de navire marchand, sa santé délicate l’oblige à renoncer à la carrière de son père, et il se voue à l’enseignement dans l’ordre des Oratoriens. En 1789, il quitte l’état ecclésiastique, se fait avocat, et fonde la société patriotique de Nantes.
Elu en 1792 par le département de la Loire Inférieure pour siéger à la Convention, il vote la mort du roi. Envoyé en mission à Lyon, il se livre à une sanglante répression. Il joue un rôle déterminant dans la chute de Robespierre (9 thermidor). Le 20 juillet 1799, il est nommé ministre de la police. Il apporte son appui au coup d’Etat du 18 brumaire, et il est maintenu dans ses fonctions de ministre de la police. Suite à sa rivalité avec Lucien Bonaparte, ministre de l'intérieur, le ministère est supprimé le 15 septembre 1802, et Fouché est nommé sénateur.
Le ministère est rétabli le 9 juillet 1804 ; Fouché en fait un instrument efficace du pouvoir impérial. Mais les initiatives que prend le ministre déplaisent à l’Empereur, et Fouché, qui est nommé gouverneur des provinces illyriennes, doit céder sa place à Savary le 3 juin 1810. Rappelé par Napoléon durant les Cent Jours, Fouché reçoit à nouveau le portefeuille de la police. Nommé président de la commission de gouvernement après la seconde abdication, il favorise le retour du Roi Louis XVIII, et dirige le premier ministère de la seconde Restauration. Mais il doit se retirer le 19 septembre 1815, et est exilé comme régicide en 1816. Il meurt à Trieste en 1820.

 
 

 

Biographie Moderne, Paris 1815 :

 
 

Fouché (de Nantes), duc d’Otrante, député à la Convention nationale, ministre de la police générale, sénateur, pair, etc.
Membre distingué de la congrégation de l’Oratoire, à l’époque de la révolution, il en embrassa la cause avec chaleur ; fut élu député de la Loire-Inférieure à la convention nationale, et y vota la mort de Louis XVI. Il se fit peu remarquer à la tribune avant le 9 thermidor ; fut presque toujours en mission à Nantes, à Nevers, à Moulins et à Lyon, où il fit couler le sang, avec une fureur que peu de proconsuls ont surpassée ; se brouilla avec Robespierre peu de temps avant sa chute, et se ménagea pourtant des liaisons intimes dans la propre maison de Maximilien, qui lui servirent ensuite pour connaître ses desseins, et les faire avorter : il eut le talent de désunir les frères et la sœur, avec laquelle il vivait depuis longtemps, et fonda leur ruine réciproque sur les dissensions qu’il avait fomentées. Depuis lors il intrigua plus que jamais auprès des thermidoriens et des montagnards ; s’attache successivement à l’un et à l’autre parti, ou plutôt les fit servir tous les deux à garantir sa personne de la juste vengeance des Lyonnais ; échappa ainsi aux nombreuses dénonciations dirigées contre lui ; fut menacé plusieurs fois d’arrestation, et enfin compris au nombre des députés proscrits après l’insurrection jacobine du 1er prairial an 3, à laquelle il avait puissamment contribué. Amnistié par la loi du 4 brumaire, il vécut dans la retraite jusqu’en 1799, et à cette époque remplaça Trouvé, ministre du Directoire à Milan. Destiné ensuite à la place d’envoyé près la république batave, il ne fit que paraître à La Haye, et fut appelé au ministère de la police, où il ne tarda pas à se montrer l’ennemi de ces mêmes jacobins qu’il avait défendus si longtemps. Toujours infatigable dans les intrigues politiques, il ne tarda pas à se servir de l’autorité que venait de lui confier le directoire pour accélérer sa chute, et contribua, s’il ne la provoqua pas même, à la révolution du 18 brumaire. Resté ministre de la police sous Bonaparte, qu’il venait de donner pour maître à la France, il déploya de grands talents dans cette administration, et s’y conduisit plutôt en homme d’Etat qu’en inquisiteur politique. Froid sans passions ; observateur fin et rusé ; profondément versé dans l’histoire secrète des hommes et des choses, il possédait les qualités propres à remplir dignement ses importantes fonctions, et si elles n’eurent pour résultat qu’une effroyable tyrannie, et un despotisme intolérable pour des Français, on doit dire au moins que Fouché fit toujours ce qui dépendit de lui pour en adoucir les rigueurs. C’est cependant, et on ne peut le dissimuler, sous son ministère que furent frappés de mort, ou de déportation, cette foule de malheureux jacobins et royalistes, pour des conspirations, souvent inventées, et presque toujours dirigées par la police elle-même ; c’est sous son ministère que malgré le droit des gens et celui de l’humanité, on tortura, dit-on, des infortunés étrangers, et des régnicoles, parmi lesquels on citait le capitaine anglais Whright, le général Pichegru et le saxon Sahla, pour leur faire avouer des choses qu’ils ignoraient, ou qu’il n’était pas de leur honneur de dévoiler ; c’est enfin sous son ministère que renaquirent ces infâmes prisons d’Etat, toujours remplies de victimes, qui ne durent la cessation de leurs maux qu’à la chute du tyran. Devenu sénateur, à la fin de 1802, il reprit les rênes de la police en 1804 ; fut disgracié, et remplacé par Savary en 1810 pour avoir, assure-t-on, fait prévenir Lucien que son frère voulait le mettre en arrestation ; puis envoyé successivement à Rome, où il ne se rendit pas, et dans sa sénatorerie d’Aix, où il resta jusqu’en 1813, que son successeur à la police ayant voulu s’emparer de sa personne, l’obligea à se sauver à Dresde, auprès de Napoléon. Il alla de là remplacer Junot, dans le gouvernement général des province Illyriennes, et se sauva à Naples aussitôt que les Autrichiens eurent pris possession de Laybach. Convaincu dès lors que la cause de Bonaparte était perdue, il insinua, à ce qu’on prétend, dans l’esprit de Murat, l’idée de traiter avec les Anglais, et c’est à lui qu’on doit la rédaction du traité qui lia ce transfuge à une coalition qui devait amener sa perte. Peu content de ce succès, qui n’était que le prélude de plus grands desseins, il se rendit à Lyon auprès du maréchal Augereau, qu’il tâcha de convaincre de l’inutilité de sa défense, et qu’il voulait, dit-on, faire déclarer dès lors pour un prince de la maison de Bourbon. Repoussé par ce vieux républicain, qu’il ne put séduire, mais qu’il ébranla pourtant, il se rendit à Toulouse, auprès du maréchal Soult, dans les mêmes vues, et ne cessa ses instances à cet égard que quand il fut convaincu, par une dépêche de lord Wellington, qui avait été consulté à ce sujet, que les alliés traitaient franchement avec Napoléon au congrès de Châtillon. Demeuré sans emploi pendant la Restauration, il devint l’objet des inquiétudes des uns, et des espérances des autres, et vit secrètement les coryphées de chacun des partis déçus dans leurs espérances. Echappé à l’arrestation dont il avait été menacé depuis le débarquement de Bonaparte, il redevint son ministre le 20 mars 1815 ; fut élu ensuite à la chambre des représentants par plusieurs départements, puis créé pair le 2 juin. Il montra beaucoup de modération pendant la courte durée du second règne de Napoléon ; laissa agir et parler librement contre lui, et ménagea tellement les choses, qu’il était tout à la fois l’espoir des royalistes, le régulateur des républicains, et l’homme de confiance des Bonapartistes, qui voulaient une régence et Napoléon II. On sait trop comment il se conduisit dans le gouvernement provisoire qu’il présidait, et avec quelle adresse il amena les partis à la nécessité de s’entendre et de capituler sans effusion de sang. Après le retour du roi, il fut conservé au ministère, à la grande surprise des uns, et à la satisfaction des autres ; mais il était impossible qu’un tel homme pût conserver longtemps la confiance publique dans des circonstances aussi difficiles ; aussi fut-il remplacé deux mois après, et envoyé à Dresde en qualité d’ambassadeur. Le temps nous apprendra si ce caméléon politique en est enfin venu à sa dernière couleur, et s’il n’aura pas encore le talent de tromper la bonne foi de quelque gouvernement.

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