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Régnier
(Claude-Ambroise), duc de Massa-Carrara, député aux
états-généraux, membre du conseil des Anciens,
conseiller d’état, grand-juge, ministre de la justice, grand-cordon
de la légion d’honneur, etc.
Né à Blamont, département de la Meurthe, le
6 novembre 1749, il exerçait la profession d’avocat à
Nancy, à l’époque de la révolution, dont il
embrassa la cause, et fut élu, en 1789, député
du bailliage de Nancy aux états-généraux. Il
s’y occupa beaucoup, dans les comités, d’administration et
de judicature ; parut peu à la tribune, quoiqu’entièrement
dévoué au côté gauche, avec lequel il
vota constamment ; s’éleva contre l’institution des jurés
en matière civile, et proposa de mettre en accusation le
vicomte de Mirabeau, à la suite de l’affaire qu’il s’était
suscitée par l’enlèvement des cravates de son régiment
; lors de l’affaire de Nancy, il en défendit aussi la municipalité
contre les reproches des royalistes. Elu, en 1795, député
du département de la Meurthe au conseil des anciens, il s’opposa
à l’admission de Job Aymé, et à la rentrée
des prêtres réfractaires ; fut successivement secrétaire,
puis président du conseil, et y fut réélu en
1799, époque à laquelle il devait en sortir. Lié
avec les auteurs de la révolution du 18 brumaire, il fut
un de ceux qui se réunirent, le 7 novembre au matin, chez
M. Lemercier, président du conseil des anciens, pour y arrêter
les mesures définitives et les moyens d’assurer le succès
de cette conspiration, et présenta le projet de décret
qui transférait les conseils à Saint-Cloud. Devenu
président de la commission intermédiaire, il entra,
après l’organisation de la nouvelle constitution, au conseil
d’état, section des finances, et réunit, le 15 septembre
1802, sous la dénomination de grand-juge, les deux ministères
de la justice et de la police générale. Fouché,
ayant été rappelé à ce dernier département,
en 1804, Régnier conserva son titre de grand-juge et le portefeuille
de la justice. Il fut ensuite nommé grand-officier de la
légion d’honneur, et décoré du cordon rouge
le 1er février 1805. Il conserva le ministère de la
justice jusqu’en novembre 1813, et Bonaparte voulant, à cette
époque, avoir pour président du corps législatif
un homme entièrement et servilement dévoué
à ses volontés, jeta les yeux sur Régnier,
qu’il nomma d’abord ministre d’état, et le fit, deux jours
après, président du corps législatif, dont
les membres l’accueillirent fort mal. La dissolution de cette autorité
par Bonaparte, au 31 décembre 1803, fut le terme des grandeurs
et des dignités de M. le duc de Massa ; en vain, écrivit-il,
le 8 avril 1814, au gouvernement provisoire, pour lui adresser son
adhésion à la déchéance de son maître,
et lui demander s’il était encore président du corps
législatif, il n’en reçut point de réponse,
et mourut peu de temps après à Paris, le 24 juin 1814,
avec la réputation d’un serviteur fidèle, et d’un
ministre peu habile. |
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