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Waterloo battle 1815

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  Annuaire 1789-1815   >    Waterloo 1815   >   Questions  >

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Les erreurs de Napoléon à Waterloo
qu'il est magistralement parvenu à cacher

     
 
  Le 17 juin 1815 vers six heures de l'après-midi, Napoléon, entouré de son état-major, arrive au lieu-dit « la Belle-Alliance », au terme d'une poursuite engagée le matin depuis les Quatre-Bras.
Le temps est épouvantable, la visibilité très réduite. Il a devant lui un vallon, et il semble que l'armée de Wellington ait pris position sur le versant opposé et qu'elle soit décidée à arrêter là sa retraite.
Il existe un grand nombre de témoignages émanant de l'entourage de l'Empereur, et ils vont nous permettre de nous faire une idée de la façon dont celui-ci analyse la situation à ce moment.
   
 

Le général Gourgaud, alors colonel et premier officier d'ordonnance de l'Empereur, a tenu un journal dans lequel on lit :
« Au sortir du village du Caillou, nous distinguâmes toute l'armée anglaise occupant la belle position de Mont Saint-Jean, en avant de la forêt de Soignes. Plusieurs batteries que l'ennemi nous démasqua, et l'approche de la nuit, arrêtent notre avant-garde ; elle était, d'ailleurs, très fatiguée.
 »

   
  Le mameluk Ali, de son vrai nom Louis-Etienne Saint-Denis, qui figurait dans l’état-major de l’Empereur en costume oriental, écrit :
« L’horizon, qui était gris, ne permettait pas à l’œil nu de voir distinctement ; (...) nous étions sur la fin du jour. »
 
Ali Saint-Denis
Souvenirs du mameluck Ali, Paris 1926, page 109.
 
  Dans le bulletin dicté le 20 juin, Napoléon dit :
« A dix heures du soir, l'armée anglaise occupant Mont-Saint-Jean par son centre, se trouva en position en avant de la forêt de Soignes ; il aurait fallu pouvoir disposer de trois heures pour l'attaquer, on fut donc obligé de remettre au lendemain. »
   
  Un des aides de camp de l'Empereur, le général Drouot, raconte ainsi l'arrivée dans son discours du 23 juin 1815 :
« Le premier corps qui était en tête, attaqua et culbuta plusieurs fois l'arrière-garde ennemie, et la suivit jusqu'à la nuit, qu'elle prit position sur le plateau en arrière du village de Mont-Saint-Jean, sa droite s'étendant vers le village de Braine, et sa gauche se prolongeant indéfiniment dans la direction de Wavre. Il faisait un temps affreux. Tout le monde était persuadé que l'ennemi prenait position pour donner à ses convois et à ses parcs le temps de traverser la forêt de Soignes, et que lui-même exécuterait le même mouvement à la pointe du jour. »
   
  Deux remarques s'imposent ici :
1°) L'Empereur et son aide de camp situent de façon erronée l'armée adverse qui est disposée en avant du village de Mont-Saint-Jean.
2°) L'avis unanime du côté français est que Wellington va continuer sa retraite dès le lendemain, ce que confirme l'officier d'ordonnance Gourgaud :
   
  « Les avis sont très variés. Des personnes peu versées dans l'art de la guerre vont en reconnaissance. La flatterie leur fait croire l'ennemi en retraite, etc. Ils se bercent de ces idées là, de l'entrée triomphante à Bruxelles, etc., (...) »  
 
 

Dans ces conditions, la nécessité de procéder à un examen méthodique du terrain ne se fait pas sentir.
Cette erreur sera lourde de conséquences le lendemain.

 

 
  Napoléon revient sur ses pas pour loger dans une grosse ferme qu'il a remarquée en chemin, la ferme du Caillou.  
Ferme du Caillou
 
  Le mameluk Ali raconte :
« ... il fit tirer ses bottes qu’on eut de la peine à lui arracher, ayant été mouillées toute la journée, et, déshabillé, il se mit au lit où il dîna. La nuit, il dormit peu, étant dérangé à tout moment par les allants et venants : l’un venait lui rendre compte d’une mission, l’autre recevoir les ordres, etc. »
 
Souvenirs du mameluck Ali, Paris 1926, page 110.
 
  Le chirurgien Bourgeois rend compte de l’état d’esprit qui règne à ce moment au quartier général de l’Empereur :
« On était généralement persuadé que l'armée anglaise consacrerait la nuit à continuer son mouvement de retraite, et personne ne mettait en doute qu'on ne dût le lendemain arriver à Bruxelles : ainsi l'on se plaisait à considérer la campagne comme terminée, puisque déjà l'on se croyait maître de cette ville. »
 

René Bourgeois

* Relation fidèle et détaillée de la dernière campagne de Buonaparte, par un témoin oculaire, Paris 1815, page 45

 
  Cette opinion règne également dans la troupe, comme l’indique ce passage de la lettre écrite le 1er août par le lieutenant Martin, du 45e de ligne (1e corps, Drouet d’Erlon) :
« …nous fûmes contraints de nous arrêter à une demi lieue de Mont-Saint-Jean, autrement dit la ferme de la Belle-Alliance, (...) nous savions en gros que Wellington avait encore la plus grande partie de son armée aux environs de Bruxelles, mais nous ne comptions pas sur une affaire générale avant quelques jours, que nous lui croyions nécessaires pour la rassembler entièrement.. »
 
Lettre du lieutenant Jacques Martin, de Genève, écrite à sa mère le 1er août 1815, publiée dans le Carnet de la Sabretache, 1895.
 
  Quoiqu'il ait raconté plus tard, Napoléon n'est pas sorti de la ferme du Caillou pendant la nuit pour reconnaître le terrain.
Autant que la fatigue et la pluie, c'est la conviction dans laquelle il est que les Anglais ne tiendront pas la position qui fait que Napoléon ne juge pas nécessaire de partir en reconnaissance. Il est persuadé que les Anglais, comme la veille aux Quatre-Bras, vont reprendre leur marche de retraite dès l’aube, tout comme il croit que les Prussiens se retirent vers le Rhin, et qu’il a réussi sa manœuvre de séparation des deux armées.
Erreur d’appréciation funeste, qui sera la cause première de la catastrophe du lendemain.
     
  Il faut ici relever un travers de l'esprit de Napoléon qui a été avoué même par ses plus grands admirateurs, comme Frédéric Masson et Henry Houssaye : Napoléon a perdu le sens des réalités, il prend ses espérances pour des faits : la fortune l'a si souvent favorisé, et ses plus grands revers n'ont pas pu le corriger de ce travers.    
  Le témoignage du valet de chambre de l’Empereur, Marchand, précise celui d’Ali :
« A trois heures, il fit appeler son premier officier d'ordonnance, le colonel Gourgaud, lui dit d'aller reconnaître l'état du terrain, et si l'artillerie pourrait manœuvrer ; on voyait qu'il était impatient de pouvoir attaquer. (…) Le colonel Drouot (*) rapporta que les chemins étaient tellement dénaturés et les terres mouillées qu'il ne pensait pas qu'on pût faire manœuvrer l'artillerie qu'elles ne fussent un peu séchées. L'Empereur après ce rapport continua de rester dans son lit, mais se leva de bonne heure, et vit avec plaisir le temps s'éclaircir (…).
 »
 
(*) Il est probable que Marchand a voulu désigner Gourgaud
 
  Au petit matin, toujours persuadé que les Anglais vont continuer leur retraite, Napoléon envoie le général Dejean porter l'ordre au général d'Erlon de se mettre en mouvement et de suivre l'ennemi. Mais le maréchal Ney, le général Reille et le général d'Erlon font savoir à l'Empereur qu'au contraire, l'ennemi se dispose à recevoir la bataille.
Incrédule, Napoléon va aux avant-postes, et il vérifie le fait par lui-même.
   
  Gourgaud, son premier officier d’ordonnance, a noté dans son journal :
« Le 18 au matin, des rapports semblables [la retraite supposée des Anglais] arrivent. Divers commandants de corps écrivent, cependant, que l'armée anglaise paraît s'être réunie avec l'intention de livrer bataille. S.M. donne ordre au comte d'Erlon de pousser en avant. A peine cet ordre est-il parti que Ney, d'Erlon, Reille l'envoient dire à Sa Majesté que toute l'armée anglaise est en position, et offre la bataille. Sa Majesté monte alors à cheval, et se rend à notre position. Elle parcourt la ligne, et reconnaît celle des ennemis.
 »
 
Relation d’un officier général français, bataille de Waterloo, Nouvelle Revue rétrospective, 1896, n° 24, page 370.
 
 

Fleury de Chaboulon, secrétaire de l'Empereur, écrit :
« Napoléon fut surpris lorsque le jour lui découvrit que l'armée anglaise n'avait point quitté ses positions et paraissait disposée à accepter la bataille. Il fit reconnaître ces positions par plusieurs généraux, et pour me servir des expressions de l'un d'eux, il sut qu'elles étaient défendues par une armée de canons, et par des montagnes d'infanterie. »

 

Fleury de Chaboulon
Mémoires pour servir à l'histoire de la vie privée, du retour, et du règne de Napoléon en 1815, 1820, tome II, p. 172.

 
  Le commandant de l’artillerie du 1er corps, le général Dessales confirme l’erreur d’appréciation de Napoléon à ce moment :
« L'Empereur avait fait une reconnaissance dès le matin. Il ne croyait pas encore que les Anglais voulussent lui livrer bataille ; il fit faire plusieurs mouvements sur la droite pour s'en assurer. »
 
Général Dessales
Souvenirs du général Dessales, dans Revue de Paris, 15 janvier 1895.
 
  Napoléon dit à d'Erlon :
« Ordonnez aux troupes de faire la soupe, de mettre les armes en état, et nous verrons vers midi.
 »
 
Drouet d’Erlon,
Vie militaire, Paris, 1844,
page 97.)
 
  Le chirurgien Bourgeois, de l’état-major, confirme :
« Le jour ayant paru, l'armée prit les armes et fut très surprise de voir que les Anglais avaient non seulement conservé toutes leurs positions de la veille, mais qu'ils paraissaient encore très disposés à les défendre. Buonaparte, qui avait paru craindre qu'ils ne lui échappassent pendant la nuit, fut très satisfait de les retrouver à son réveil. »
 
Relation fidèle (...) par un témoin oculaire, Paris 1815, page 46
 
  Deux généraux français, Lamarque et Berthezène, qui n’étaient pas à Waterloo (le premier était en Vendée, le second avec le maréchal Grouchy), firent en 1816 un voyage sur les lieux et ils se livrèrent à une enquête sur les événements auprès des généraux qui étaient auprès de l’Empereur, notamment le maréchal Soult. Ils confirment tous deux que Napoléon se trompait encore au petit matin :  

Lamarque

Berthezène

 
  « Le mauvais temps avait duré toute la nuit. A la pointe du jour on aperçut encore les Anglais dans leur position. L'Empereur, à qui on en fit le rapport, dit que c'était une arrière-garde qui couvrait la retraite et ordonna au général Drouet de la faire suivre par une division. Un de ses aides de camp fit en même temps une reconnaissance sur toute la ligne et découvrit que ce n'était pas seulement une arrière-garde, mais toute l'armée disposée à combattre en avant de la trouée de la forêt de Soignes. L'Empereur voulut s'en assurer par lui-même, on perdit un temps précieux et il était plus de dix heures quand les troupes se mirent en mouvement. »  
Essai historique sur les Cent Jours, dans Mémoires et souvenirs du général Lamarque, publiés par sa famille, Paris 1835, page 111
 
  Quant au général Berthezène, il écrit :
« Pendant la nuit, Napoléon reçut l'avis que l'armée anglaise faisait sa retraite ; il le crut d'autant plus facilement qu'il ne pouvait se persuader que Wellington voulut livrer bataille dans une telle position, et sans aucun doute celui-ci ne l'eut pas fait, s'il n'avait compté sur la coopération du général prussien. A cette nouvelle, l'Empereur avait ordonné au comte d'Erlon de se mettre en mouvement et de suivre vivement l'ennemi [en note : « le général Dejean fut porteur de l’ordre. »] ; mais comme rien dans le camp anglais ne confirmait cet avis, on dut se préparer à combattre. Dès qu'il fit jour, l'Empereur reconnut lui-même la position et donna les ordres pour l'attaque. »
 
Berthezène, Souvenirs militaires de la République et de l’Empire, Paris, 1855, vol.II.
 
  La concordance des témoignages de l'entourage de Napoléon ne laisse que peu de doutes sur le fait que l'Empereurl s'est complètement mépris sur la stratégie de ses adversaires.
Pour cacher son erreur d'appréciation stratégique, et en même temps son ignorance en ce qui concerne l'existence de la position fortifiée de Hougoumont, il a inventé, dans son troisième récit, une sortie nocturne tout à fait invraisemblable, à pied, une longue promenade qui lui aurait pris des heures dans les conditions décrites.
 
 
         
  On aura noté que ce sont le maréchal Ney et les généraux d'Erlon et Reille qui ont tiré Napoléon de son erreur. Il présentera cependant les choses de façon diamétralement opposée lorsqu'il racontera la conférence d'état-major qu'il a tenue le matin à la ferme du Caillou :
Dans l’ouvrage publié en 1818 d’après les dictées de Napoléon à Sainte-Hélène, le général Gourgaud écrit :
     
  « A la pointe du jour, l'Empereur, en déjeunant, dit : "Sur cent chances, nous en avons quatre-vingt pour nous." En ce moment arrivait le maréchal Ney, qui venait de visiter la ligne, et qui dit : "Sans doute, Sire, si Wellington était assez simple pour rester là ; mais je viens vous annoncer que la retraite est prononcée, et que si vous ne vous hâtez de les attaquer, ils vont nous échapper." L'Empereur n'attacha pas une grande importance à ce rapport : il lui paraissait évident que puisque le duc de Wellington n'avait pas battu en retraite avant le jour, c’est qu'il était décidé à courir les hasards d'une bataille. »  
Gourgaud,
Campagne de 1815,
page 72.
 
 

Par cette simple anecdote dictée à Gourgaud, Napoléon va renverser les rôles, asseoir sa supériorité de jugement, et charger le maréchal Ney d'une réputation d'hurluberlu, d'homme sans tête ni caractère, que l'on retrouvera dans tous les récits de la bataille de Waterloo écrits par les historiens de toutes nationalités.
Quand on pense au courage, au sang-froid et à la détermination dont a fait preuve au cours de la retraite de Russie le maréchal Ney, qui parvint à sauver les débris de la Grande Armée, on ne peut être que consterné de voir la façon dont Napoléon salit sa réputation au moyen d'une anecdote fabriquée de toutes pièces.
De ce fait, tous les récits prennent l'orientation dictée et voulue par Napoléon.
Et ceci n'est pas un point de détail.

   
 

 

Napoléon a maintenant réalisé que Wellington offre la bataille, mais il n'a pas compris pourquoi. Il est toujours persuadé que les Prussiens sont hors jeu, comme il le dit encore à son frère Jérôme, lorsque celui-ci a évoqué, au cours de la conférence du Caillou, l'éventualité d'une intervention prussienne :

 
 
  « La jonction des Prussiens avec les Anglais est impossible avant deux jours, après une bataille comme celle de Fleurus, suivis comme ils le sont par un corps de troupes considérable. »    
  Son secrétaire, Fleury de Chaboulon confirme :
« il ne vint dans l'esprit de personne que les Prussiens, dont quelques partis assez nombreux avaient été aperçus du côté de Moustier, pussent être en mesure de faire sur notre droite une diversion sérieuse. »
 
Fleury de Chaboulon,
tome II, p. 166.
 
  On le voit, la bataille de Waterloo s'engage sous de mauvais auspices :
Napoléon, dans son assurance de ne faire qu'une bouchée de Wellington, n'a pas reconnu le terrain de façon suffisante, ce que confirmera le maréchal Soult dans une conversation qu'il aura en 1839 avec l'historien britannique Napier :
 
 
  « il livra la bataille de Waterloo sans avoir examiné la position de l'ennemi par lui-même. Il se fia au rapport du général Haxo. Dans ses beaux jours, il l'aurait examinée et réexaminée en personne. »
 
Napier 
 
 

 

L'erreur de localisation, relevée dans le Bulletin et le discours de Drouot, se retrouve aussi dans l'ordre que Napoléon dicte à onze heures, et qui prescrit de bombarder le village de Mont-Saint-Jean, puis de s'en emparer. La configuration particulièrement trompeuse du terrain, à laquelle vient s'ajouter une erreur sur la carte de Ferraris et l'absence de reconnaissance expliquent ces erreurs. Ajoutons que l'ignorance de l'existence d'un ensemble fortifié derrière le bois de Hougoumont vont entraîner la paralysie du 2e corps d'armée.

   
 

 

Mais le pire, ce qui va causer la catastrophe finale, c'est l'ignorance totale de l'approche de l'armée prussienne et son intervention inopinée dans la bataille. Ce que Napoléon s'efforcera de masquer dans tous ses récits. Dans le bulletin, il écrira que c'est dès avant neuf heures qu'il était au courant de la menace prussienne par une lettre trouvée sur une ordonnance prussienne capturée. Dans les récits de Sainte-Hélène, c'est après l'attaque contre Hougoumont et avant l'attaque du 1er corps que Napoléon aurait aperçu des troupes « sur les hauteurs de Saint-Lambert », et ce n'est qu'après cette découverte qu'un hussard prussien, porteur d'une lettre, aurait été capturé.
Les différences entre ces différentes versions provenant du même auteur auraient dû suffire pour jeter de la suspicion sur les affirmations de Napoléon. Mais il n'en a rien été.

   
  Les témoignages écrits des deux sous-chefs d'état-major du 6e corps (Janin et Combes-Brassard), celui du général Durutte, commandant la 4e division du 1er corps, et de nombreux autres témoignages écrits par les protagonistes tant français que prussiens montrent que la surprise fut totale, lors du déclenchement de l'attaque du 4e corps de Bülow, qui avait pu cheminer jusqu'au champ de bataille, inaperçu grâce au relief d'une part, et à la négligence des Français de l'autre.    
  Mais les affirmations contradictoires de Napoléon ont eu bien plus de poids dans l'écriture de l'histoire de la bataille que tous les témoignages des acteurs. Et ce d'autant plus que les témoignages des acteurs qui ont écrit après la parution des récits de Sainte-Hélène ont été contaminés par ceux-ci.  
 
  Napoléon ne pouvait pas être soupçonné.
Après avoir dirigé de main de maître, pendant près de vingt ans, la première entreprise de propagande moderne, Napoléon savait que ses affirmations seraient acceptées sans examen critique, et que son prestige couvrirait les incohérences de ses récits.
 
 
  Ne disait-il pas au général Montholon le 23 juillet 1817 : 
« Les historiens rendent trop souvent l'histoire inintelligible par leur ignorance ou leur paresse. Quand ils ne comprennent pas ou ne savent pas, ils font de l'esprit au lieu de faire des recherches qui leur apprendraient la vérité. »
Et aussi : « La vérité de l’histoire ne sera probablement pas ce qui a eu lieu, mais seulement ce qui sera raconté. » ?
 
 
  Le philosophe et historien français Bertrand de Jouvenel constatait avec raison :
« Celui qui a commandé quatorze ans à l'Europe commande encore à la postérité. L'historien qui l'approche froidement, comme les soldats qui prétendaient l'arrêter au pont de Grenoble, se rallie à son service, obéit à la consigne posthume, écrit en dramaturge. »
 
Bertrand de Jouvenel,
Napoléon et l’Économie dirigée, le Blocus continental,
1942, Avant-propos.
 
 
Le pouvoir de Napoléon reposait sur sa réputation d'infaillibilité et sur celle de la sûreté de son jugement. Il était donc vital pour lui, tant qu'il conservait l'espoir de revenir au pouvoir ou de le léguer à son fils, d'entretenir ce mythe, fût-ce au prix des plus grands mensonges, fût-ce au prix de la réputation de ses maréchaux.
Telle est la force morale de Napoléon, que face à ses affirmations, même les plus osées, les yeux se baissent, l'intelligence abdique, pour maintenir intact le prestige d'un nom qui a profondément influencé pendant deux siècles la pensée militaire du monde occidental.
 
 
 
Bernard Coppens
 
 
 
         

  Napoléon s'est-il trompé en lisant la carte à Waterloo ?      
 

Comment le maréchal Soult lisait la carte.

     
         

 

 

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