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  Waterloo battle 1815

 

 

 

 

 

 

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Le Bulletin du 20 juin 1815

     
 

     
 

C’est par un supplément extraordinaire du Moniteur du 21 juin 1815 que la France apprit la nouvelle du désastre de Waterloo. Il contenait le bulletin de l’armée dicté par Napoléon à Laon le 20 juin à son secrétaire Fleury de Chaboulon, en présence de Maret, duc de Bassano, et relu par Fleury devant les généraux Bertrand, Drouot, “et les autres aides de camp”, dont Flahaut.

D’après le témoignage de Fleury, Napoléon a voulu, dans le bulletin, raconter toute la vérité. Mais la plupart des historiens n’ont pas tenu compte de ce document, n’y voyant qu’une œuvre de propagande : Napoléon, en effet, prétend que les troupes françaises ont pris le hameau de Mont-Saint-Jean, ce qui est manifestement faux. Pourtant, cette affirmation n’entache en rien la véracité du récit : si Napoléon a cru que ses soldats s’étaient rendus maîtres du hameau, c’est parce qu’il a commis une erreur en lisant la carte : il a pris la ferme de la Haie-Sainte pour celle de Mont-Saint-Jean, et a cru que le hameau se trouvait derrière la crête du terrain, 1000 mètres plus avant que sa position réelle. Une erreur sur la carte, et la physionomie du terrain ont permis cette confusion.

Cette erreur de lecture de la carte est confirmée par le discours de Drouot, la lettre du général Foy (du 23 juin), mais aussi par l’ordre dicté à onze heures du matin le 18 juin.

On remarquera aussi que le bulletin ne fait pas mention du château d’Hougoumont, et qu’il ne parle que d’un bois...

S’il ne faut pas prendre pour argent comptant toutes les affirmations du bulletin, il faut néanmoins rendre à celui-ci la place qu’il mérite : une pièce essentielle pour la compréhension de la bataille de Waterloo.

 
 
 

  Nouvelles de l'Armée.
(Le Moniteur Universel, Supplément extraordinaire au N° du 21 juin. [1815]
   
  (...)
"Dans la matinée du 17, l'Empereur s'est rendu aux Quatre-Bras, d'où il a marché pour attaquer l'armée anglaise ; il l'a poussée jusqu'à l'entrée de la forêt de Soignes avec l'aile gauche et la réserve. L'aile droite s'est portée par Sombres[1] à la suite du feld-maréchal Blücher, qui se dirigeait sur Savres[2], où il paraissait vouloir se placer.
A dix heures du soir, l'armée anglaise occupa Mont-Saint-Jean par son centre, se trouva en position en avant de la forêt de Soignes ; il aurait fallu pouvoir disposer de trois heures pour l'attaquer, on fut donc obligé de remettre au lendemain.
Le quartier-général de l'Empereur fut établi à la ferme de Caillou, près Planchenoit. La pluie tombait par torrents. Ainsi, dans la journée du 16, la gauche, la droite et la réserve, ont été également engagées à une distance d'à peu près deux lieues.

Bataille de Mont-de-Saint-Jean.

A neuf heures du matin, la pluie ayant un peu diminué, le 1er corps se mit en mouvement, et se plaça, la gauche sur la route de Bruxelles, et vis-à-vis le village de Mont-Saint-Jean, qui paraissait le centre de la position de l'ennemi. Le second corps appuya sa droite à la route de Bruxelles, et sa gauche à un petit bois à portée de canon de l'armée anglaise. Les cuirassiers se portèrent en réserve derrière, et la garde en réserve sur les hauteurs. Le 6e corps, avec la cavalerie du général d'Aumont, sous les ordres du comte Lobau, fut destinée à se porter en arrière de notre droite, pour s'opposer à un corps prussien qui paraissait avoir échappé au maréchal Grouchy, et être dans l'intention de tomber sur notre flanc droit, intention qui nous avait été connue par nos rapports, et par une lettre du général prussien, que portait une ordonnance prise par nos coureurs.
Les troupes étaient pleines d'ardeur. On estimait les forces de l'armée anglaise à 80 mille hommes ; on supposait que le corps prussien, qui pouvait être en mesure vers le soir, pouvait être de 15 mille hommes. Les forces ennemies étaient donc de plus de 90 mille hommes. Les nôtres étaient moins nombreuses.
A midi, tous les préparatifs étant terminés, le prince Jérôme, commandant une division du 2e corps, et destiné à en former l'extrême gauche, se porta sur le bois dont l'ennemi occupait une partie. La canonnade s'engagea ; l'ennemi soutint par 30 pièces de canon les troupes qu'il avait envoyées pour garder le bois. Nous fîmes aussi de notre côté des dispositions d'artillerie. A une heure, le prince Jérôme fut maître de tout le bois, et toute l'armée anglaise se replia derrière un rideau. Le comte d'Erlon attaqua alors le village de Mont-Saint-Jean, et fit appuyer son attaque par 80 pièces de canon. Il s'engagea là une épouvantable canonnade, qui dut beaucoup faire souffrir l'armée anglaise. Tous les coups portaient sur le plateau. Une brigade de la 1re division du comte d'Erlon s'empara du village de Mont-Saint-Jean ; une seconde brigade fut chargée par un corps de cavalerie anglaise, qui lui fit éprouver beaucoup de pertes. Au même moment, une division de cavalerie anglaise chargea la batterie du comte d'Erlon par sa droite, et désorganisa plusieurs pièces ; mais les cuirassiers du général Milhaud, chargèrent cette division, dont trois régiments furent rompus et écharpés.
Il était trois heures après midi. L'Empereur fit avancer la garde pour la placer dans la plaine sur le terrain qu'avait occupé le premier corps au commencement de l'action : ce corps se trouvant déjà en avant. La division prussienne, dont on avait prévu le mouvement commença alors à s'engager avec les tirailleurs du comte Lobau, en prolongeant son feu sur tout notre flanc droit. Il était convenable, avant de rien entreprendre ailleurs, d'attendre l'issue qu'aurait cette attaque. A cet effet, tous les moyens de la réserve étaient prêts à se porter au secours du comte Lobau et à écraser le corps prussien, lorsqu'il se serait avancé.
Cela fait, l'Empereur avait le projet de mener une attaque par le village de Mont-Saint-Jean, dont on espérait un succès décisif ; mais par un mouvement d'impatience si fréquent dans nos annales militaires, et qui nous a été souvent si funeste, la cavalerie de réserve s'étant aperçue d'un mouvement rétrograde que faisaient les Anglais pour se mettre à l'abri de nos batteries, dont ils avaient déjà tant souffert, couronna les hauteurs du mont Saint-Jean et chargea l'infanterie. Ce mouvement, fait à temps et soutenu par les réserves, devait décider de la journée, fait isolément et avant que les affaires de la droite ne fussent terminées, devint funeste.
N'y ayant aucun moyen de contremander, l'ennemi montrant beaucoup de masses d'infanterie et de cavalerie, et les deux divisions de cuirassiers étant engagées, toute notre cavalerie courut au même moment pour soutenir ses camarades. Là, pendant trois heures, se firent de nombreuses charges qui nous valurent l'enfoncement de plusieurs carrés et six drapeaux de l'infanterie anglaise, avantage hors de proportion avec les pertes qu'éprouvait notre cavalerie par la mitraille et les fusillades. Il était impossible de disposer de nos réserves d'infanterie jusqu'à ce qu'on eût repoussé l'attaque de flanc du corps prussien. Cette attaque se prolongeait toujours et perpendiculairement sur notre flanc droit. L'Empereur y envoya le général Duhesmes avec la jeune garde et plusieurs batteries de réserve. L'ennemi fut contenu, fut repoussé et recula ; il avait épuisé ses forces et l'on n'en avait plus rien à craindre. C'est ce moment, qui était celui indiqué pour une attaque sur le centre de l'ennemi. Comme les cuirassiers souffraient par la mitraille, on envoya quatre bataillons de la moyenne garde pour protéger les cuirassiers, soutenir la position et si cela était possible, dégager et faire reculer dans la plaine une partie de notre cavalerie.
On envoya deux autres bataillons pour se tenir en potence sur l'extrême gauche de la division, qui avait manœuvré sur nos flancs, afin de n'avoir de ce coté aucune inquiétude, le reste fut disposé en réserve, partie pour occuper la potence en arrière de Mont-Saint-Jean, partie sur le plateau en arrière du champ de bataille qui formait notre position de retraite.
Dans cet état de chose la bataille était gagnée, nous occupions toutes les positions que l'ennemi occupait au commencement de l'action, notre cavalerie ayant été trop tôt et mal employée, nous ne pouvions plus espérer de succès décisifs. Mais le maréchal Grouchy ayant appris le mouvement du corps prussien, marchait sur le derrière de ce corps, ce qui nous assurait un succès éclatant pour la journée du lendemain. Après huit heures de feux et de charge d'infanterie et de cavalerie toute l'armée voyait avec satisfaction la bataille gagnée et le champ de bataille en notre pouvoir.
Sur les huit heures et demie, les quatre bataillons de la moyenne garde qui avaient été envoyés sur le plateau au-delà de Mont-St-Jean pour soutenir les cuirassiers, étant gênés par sa mitraille, marchèrent à la baïonnette pour enlever ses batteries. Le jour finissait, une charge faite sur leur flanc par plusieurs escadrons anglais les mirent en désordre, les fuyards repassèrent le ravin, les régiments voisins qui virent quelques troupes appartenant à la garde à la débandade, crurent que c'était de la vieille garde et s'ébranlèrent : les cris tout est perdu, la garde est repoussée, se firent entendre, les soldats prétendent même que sur plusieurs points des malveillants apostés ont crié sauve qui peut. Quoiqu'il en soit, une terreur panique se répandit tout à-la fois sur tout le champ de bataille, on se précipita dans le plus grand désordre sur la ligne de communication, les soldats, les canonniers, les caissons se pressaient pour y arriver ; la vieille Garde qui était en réserve en fut assaillie, et fut elle-même entraînée.
Dans un instant, l'armée ne fut plus qu'une masse confuse, toutes les armes étaient mêlées, et il était impossible de reformer un corps. L'ennemi qui s'aperçut de cette étonnante confusion, fit déboucher des colonnes de cavalerie ; le désordre augmenta, la confusion de la nuit empêcha de rallier les troupes et de leur montrer leur erreur.
Ainsi une bataille terminée, une journée finie, de fausses mesures réparées, de plus grands succès assurés pour le lendemain, tout fut perdu par un moment de terreur panique. Les escadrons même de service, rangés à côté de l'Empereur, furent culbutés et désorganisés par ces flots tumultueux, et il n'y eut plus d'autre chose à faire que de suivre le torrent. Les parcs de réserve, les bagages qui n'avaient point repassé la Sambre, et tout ce qui était sur le champ de bataille sont restés au pouvoir de l'ennemi. Il n'y a eu même aucun moyen d'attendre les troupes de notre droite ; on sait ce que c'est que la plus brave armée du monde, lorsqu'elle est mêlée et que son organisation n'existe plus.

(...)

     

 

 

 

 

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