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Drouet
(Jean-Baptiste) est né à Reims le 29 juillet 1765. Il s'engage
dans l'armée royale en 1782, à dix-sept ans. En 1792, il s'enrôle
dans un bataillon de volontaires nationaux, et il gravit rapidement
les échelons de la hiérarchie militaire en combattant successivement
dans les armées du Nord, de Sambre-et-Meuse et du Danube. Il devient
aide de camp du général Lefèbvre.
Général de brigade en 1799, il combat sous les ordres de Masséna
en Suisse, et se distingue à la bataille de Zurich. L'année suivante,
il prend part à la campagne d'Allemagne sous les ordres de Moreau.
En 1803, il sert dans l'armée de Hanovre, et est fait général de
division.
En 1805, il commande un corps qui pénètre dans la Bavière par la
Franconie. Il joue un rôle décisif à la bataille d'Iéna, et prend
part au siège de Dantzig. En 1807, il est blessé à la bataille de
Friedland, mais il reçoit en consolation la croix de grand officier
de la Légion d'honneur et le titre de comte d'Erlon.
Le 29 mai 1808, Drouet d'Erlon est nommé chef d'état-major du corps
du maréchal Lannes. En 1809, il combat dans le Tyrol les partisans
d'Andréas Hofer. La même année, il reçoit le commandement du 9e
corps de l'armée d'Espagne, défait le général Hill en Estrémadure,
et obtient d'importants succès au Portugal en 1810. Devenu un des
lieutenants de Soult, il se fait remarquer par ses talents militaires
aux batailles de l'Adour, d'Orthès et de Toulouse.
En 1814, il se rallie, comme toute l'armée, aux Bourbons. Drouet
d'Erlon est à Lavaur (Tarn) avec ses troupes, lorsque le duc d'Angoulême
vient les passer en revue. Les aides de camp du duc portent l'uniforme
anglais, ce qui cause un grand mécontentement parmi les troupes.
Ce n'est que la première des erreurs commises par les nouvelles
autorités...
Le général Dupont, qui avait aux yeux des amis du Roi le mérite
d'avoir signé la capitulation de Baylen, était ministre de la guerre.
Lié d'amitié avec le général Drouet, il lui propose le commandement
de la 16e division militaire, comprenant les départements du Nord
et du Pas de Calais . "Voyant beaucoup d'exaltation et de mécontentement dans l'armée, écrit
Drouet dans ses souvenirs,
je crus que je pourrais encore être utile en tâchant de ramener
et d'apaiser les esprits". Il accepte donc ce commandement
et se rend à Lille.
"J'étais loin de m'attendre que de cette époque commencerait, pour moi,
une longue suite de malheurs, de contrariétés, d'injustices, et
que je serais exilé pendant dix ou douze ans."
En mars 1815, la tranquillité qui règne dans les départements
du Nord est troublée par l'annonce du débarquement de Napoléon au
Golfe Juan. Drouet d'Erlon envoie le régiment des Chasseurs à cheval
de l'ex-Garde à Péronne, afin de les rapprocher de Paris pour le
cas où le gouvernement du Roi aurait eu besoin de lui. Mais le général
Lefèbvre-Desnouettes, qui le commande, est entré dans un complot
avec les généraux Lallemand, et il dirige ses chasseurs vers La
Fère afin d'y prendre de l'artillerie et, de là, aller rejoindre
Napoléon.
L'équipée échoue. Drouet d'Erlon n'était pas au courant de la conspiration,
il est néanmoins mis aux arrêts le 13 mars. Après l'entrée de Napoléon
à Paris, le maréchal Davout, nommé ministre de la guerre, rend à
d'Erlon le commandement de la 16e division militaire.
Le 26 mars, Napoléon décide de former des corps d'observation. Le
1er devait comprendre les corps de la 16e division militaire, et
d'Erlon en reçoit le commandement.
Il est élevé à la pairie le 2 juin 1815.
Il combat à la tête du 1er corps lors de la campagne de Belgique.
Le 16 juin, son corps d'armée, par suite de mauvaise transmission
des ordres, se promènera entre les champs de bataille des Quatre-Bras
et de Ligny, et ne se rendra utile nulle part. A Waterloo, le 1er
corps occupe la droite de la ligne de bataille. Il attaque la ligne
anglaise dans une formation inhabituelle, lourde, qui lui vaudra
de sévères pertes lors de la charge de l'Union Brigade.
Compris
dans l'ordonnance du 24 juillet 1815, Drouet d'Erlon gagne l'Allemagne
et se retire à Bayreuth, où il dirige une brasserie.
Amnistié en 1825, il rentre en France, mais il n'est remis en activité
qu'après la révolution de 1830.
En 1834, il est nommé gouverneur de l'Algérie. Nommé maréchal
de France en 1843, il meurt l'année suivante.
Peu après sa mort, sa famille fait paraître ses souvenirs
sous le titre de "Le
Maréchal Drouet, comte d'Erlon. Vie militaire, écrite par lui-même
et dédiée à ses amis".
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