Pour s’assurer les acquis de la
Révolution, la bourgeoisie, sur laquelle Bonaparte s’appuie, n’hésite
pas à renier les principes sur lesquelles elle s’était fondée pour
acquérir ses avantages : la liberté, l’égalité et la fraternité.
Pour assurer son pouvoir, Napoléon
est entraîné dans le cycle des guerres sans fin : imposer son alliance
à tous les Etats et les puissances du Continent, et ruiner celle
qui, par sa position géographique et ses ambitions économiques,
restera toujours son adversaire : l’Angleterre.
Afin d’asphyxier économiquement
l’Angleterre, Napoléon doit fermer tout le continent aux marchandises
anglaises. Ce qui entraîne la formation d’Etats vassaux dans lesquels
la loi du maître s’impose lourdement et suscite rancoeurs et haines.
Ce qui entraîne aussi des guerres dont le résultat sera désastreux
pour les armées françaises : Portugal, Espagne, Russie.
La guerre d'Espagne (1808-1813)
révèle à l'Europe la véritable nature de la domination napoléonienne
et lui apprend que les armées françaises, confrontées à un
peuple insurgé luttant pour ses droits et sa liberté, ne sont pas
invincibles.
En 1812, pour imposer à la Russie
le respect de ses engagements contre l'Angleterre, Napoléon dirige
contre elle la Grande Armée, augmentée de contingents de tous les
pays vassaux et alliés, comme la Prusse et l'Autriche. Il entre
à Moscou, mais ne peut contraindre le tsar à négocier. La retraite
tourne à la catastrophe : surprise par le terrible hiver russe,
la Grande Armée est engloutie. Un immense deuil frappe la France.
Un tel désastre ne s’était jamais produit de mémoire d’homme...
Napoléon abandonne l'armée et
court à Paris rétablir son pouvoir -un instant menacé par la conspiration
du général Malet- et procéder à de nouvelles levées d'hommes pour
reconstituer ses régiments.
Les alliés de la veille se soulèvent
alors contre leur "protecteur". Sous la pression du peuple,
la Prusse devient l'âme d'une nouvelle coalition à laquelle adhèrent
successivement l'Autriche et tous les Etats de la Confédération
du Rhin.
A l'issue de la campagne d'Allemagne
(1813) et de la défaite de Leipzig, la France est envahie. Les Alliés
occupent Paris et Napoléon est contraint à l'abdication (6 avril
1814.)
L'ancienne dynastie des Bourbons,
dans la personne de Louis XVIII, est replacée sur le trône, mais
les acquis principaux de la Révolution sont maintenus.
Napoléon reçoit par
le traité de Paris du 30 mai 1814 la souveraineté de l'île d'Elbe.
Réuni à Vienne, un congrès s'occupe à redessiner l'Europe lorsqu'il
apprend la nouvelle que Napoléon, échappant à la surveillance anglaise,
a débarqué en France et a reconquis le pays (mars 1815). Le congrès
déclare alors que Napoléon Buonaparte, en rompant le traité
de Paris, s'est mis hors la loi, qu'il a démontré qu'il ne saurait
y avoir ni paix ni trêve avec lui. (Déclaration
des Puissances.)
En se séparant, le congrès affirme sa volonté de maintenir la paix,
"et d'étouffer dans sa naissance tout projet tendant à la
détruire par tous les moyens que la Providence a placés dans leurs
mains."
La déclaration s'achève par le rappel
du principe : " il n'y a pour les peuples et les individus
de bonheur que dans le bien-être de tous !"
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Plutôt
que d'attendre que les Alliés aient pu rassembler leurs forces pour
l'attaquer, Napoléon préfère prendre l'initiative.
Mais
il n'était plus "le plus grand génie militaire
de tous les temps. Napoléon a été l'homme d'un
moment, doué de capacités peu ordinaires, mais qui
ne convenaient qu'à un moment très court de l'histoire.
Ce fut une grave erreur de le nommer consul à vie, puisqu'il
y avait toutes les chances qu'à partir d'un certain moment,
il ne corresponde plus aux critères qui l'avaient rendu indispensable.
Napoléon était "Napoléon" parce qu'il
était doué, parce qu'il était ambitieux, mais
aussi parce qu'il était jeune. En vieillissant, il avait
toutes les chances de devenir gâteux (l'exercice du pouvoir
absolu accélère grandement ce processus). Car comme
l'écrivait Thiers : " la toute-puissance porte en soi
une folie incurable". A Waterloo, Napoléon n'était
pas encore vieux, il avait 45 ans. Accroché à
ce qui l'avait amené au pouvoir, il n'a pas pu voir que la
tactique avait changé, et que la sienne n'était plus
adaptée à celle de ses adversaires.