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Dernière modification le 24 février 2005. Qui a ordonné la formation des colonnes du 1er corps ? Plusieurs historiens ont vu
dans la disposition des colonnes de d'Erlon une des causes déterminantes
du désastre de Waterloo. L'inconcevable formation... En 1839, dans son
"Précis politique et militaire de la campagne de 1815",
le général Jomini évoque la disposition des colonnes
de 1er corps : Tous les récits sont
tellement contradictoires, qu'il finit par déclarer : Mais deux ans plus tard, dans une "Lettre au duc d'Elchingen", publiée dans le Spectateur militaire, (1841, p 243.) Jomini voit dans "l'inconcevable formation du premier corps en masses beaucoup trop profondes" une des causes principales qui amenèrent le désastre. "A mon avis,
poursuit-il, quatre causes principales amenèrent ce désastre: Le thème était lancé, et désormais, plus aucun historien, surtout s'il était apologiste de Napoléon, n'allait raconter la bataille sans voir dans la formation des divisions de d'Erlon la cause de l'échec de l'attaque, et sans faire porter à Ney et à d'Erlon la responsabilité de cette disposition malheureuse. Il semble qu'aucun de ces écrivains n'ait songé un instant que si Napoléon n'avait pas lui-même critiqué la massive ordonnance du 1er corps, ce ne pouvait être que parce qu'elle n'avait pas eu à ses yeux une importance déterminante dans le résultat, ou parce qu'il l'avait ordonnée lui-même ! L'avis de
Bugeaud "Qui pourrait ne pas déplorer l'indifférence sur les détails d'exécution, quand on pense qu'à Waterloo, après trente ans de guerre, la division Marcognet s'est portée sur l'ennemi, en une colonne (à distance entière), dont la fraction était un bataillon déployé ? Que faire d'une pareille colonne ? Rien. La fraction en est trop étendue pour qu'on puisse la manoeuvrer dans aucun sens, et il est impossible d'en tirer sans de longs tâtonnements, une bonne disposition contre la cavalerie. L'événement le prouva bien. Une brigade de cavalerie anglaise, qui était masquée, chargea brusquement cette malheureuse division, qui ne put lui faire aucun feu. Dans l'impossibilité de tirer et d'agir les soldats mirent leurs fusils sur la tête pour parer les coups de sabre. La division fut défaite et perdit son canon. La même manoeuvre fut ordonnée à la division Lamarque pendant la bataille de Wagram, et si elle n'eut pas des résultats aussi déplorables, c'est qu'elle ne fut pas chargée. Je ne puis m'empêcher de remarquer, à l'appui de mes raisonnements de l'autre jour, qu'il eût été bien heureux pour la division Marcognet qu'elle eût été par pelotons et qu'elle eût commencé un en-avant en bataille au moment où elle fut chargée par la cavalerie. Les hommes accoutumés à ne voir que le grand de la guerre ont cherché les causes de la perte de la bataille uniquement dans les grandes dispositions. En y regardant de près, on les trouverait peut-être dans les détails d'exécution." Notons que Bugeaud est un militaire compétent. Considéré comme le meilleur colonel de l'armée, il commandait en 1814 et en 1815 le 14e de ligne, et s'il n'était pas présent à la bataille de Waterloo, la suite de sa carrière (il est devenu maréchal de France) montre qu'il savait de quoi il parlait, et que son avis est à prendre en considération, surtout quand, comme c'est le cas dans la lettre suivante (du 12 octobre 1833), il écrit au maréchal Soult qui était, lui, présent à Waterloo : "Tous les
épisodes de la bataille de Waterloo que j'ai pu recueillir m'ont
convaincu que cette journée eût été terminée
à notre avantage à 2 heures après-midi s'il y avait
eu à la tête des corps d'armée, des divisions, des
brigades, des hommes plus capables, en général, et surtout
plus dévoués. Presque partout les attaques furent maladroitement
et timidement engagées, sans cet ensemble, cette unité d'efforts,
cette harmonie qui commandent la victoire. Quoi de plus pitoyable que
les efforts partiels qui eurent lieu autour de la ferme de la Belle-Alliance
? ( ... ) Et ces trois divisions dE... [sic] qui se
laissent bouleverser par une brigade de cavalerie anglaise, parce qu'elles
sont formées en 3 colonnes serrées dont le bataillon déployé
est la fraction. Elles formaient cette figure. (...) On notera que Bugeaud écrit au maréchal Soult (major général à Waterloo) que c'est Napoléon lui-même qui a ordonné cette formation. Si l'on se souvient que Napoléon ne l'a pas critiquée dans ses écrits, il y a tout lieu de croire que c'est Napoléon en personne qui l'a ordonnée, quoiqu'en aient dit tous les historiens napoléonistes. Mauduit écrit : Mauduit ne veut pas
envisager que ce pouvait être Napoléon qui ne connaissait
pas le règlement en usage dans son armée... C'est pourtant
ce qu'affirme le général Bardin
dans son Dictionnaire : Plus fort encore, Mauduit oublie, page 313 de son ouvrage, qu'il a cité à la page 3 10 une note dictée par le général Durutte dans laquelle celui-ci raconte qu'ayant voulu se mettre en potence afin de faire face à des troupes qui menaçaient la droite, on lui répondit "qu'on ne pouvait rien changer aux dispositions de l'Empereur". Et Durutte poursuit : "il exécuta l'ordre reçu, dès qu'il vit les divisions de la gauche en mouvement." C'est donc plus
que probablement Napoléon qui a prescrit les dispositions de l'attaque,
parmi lesquelles, sans doute, la formation massive de l'infanterie ; Ney,
Drouet d'Erlon et les généraux divisionnaires n'ont fait
qu'obéir. On ne discute pas les ordres de l'Empereur, puisqu'il
sait tout mieux que quiconque. Ce 18 juin 1815, cet état d'esprit
voulu par Napoléon aura des conséquences dramatiques pour
son armée... ______
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