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Soult (Jean de Dieu) : Né à Saint-Amans-la Bastide en (1769), il s’engage
en 1785 dans le régiment Royal-Infanterie (n° 24) . Sergent en 1791,
il est nommé général de brigade en 1794, et général de division en
1799 ; il participe à la bataille de Zurich, puis à la défense de
Gênes, où Masséna le nomme lieutenant-général.
Maréchal d’Empire en 1804, il participe aux batailles d’Austerlitz,
d’Iéna et d’Eylau.
Fait duc de Dalmatie en 1808, il combat en Espagne jusqu’en 1812.
En 1814, il tente d’arrêter l’invasion de Wellington dans le midi,
mais il est battu à Toulouse.
Ministre de la guerre sous la première Restauration, il se rallie
à Napoléon aux Cent-Jours, est fait Pair de France et nommé major
général de l’armée du Nord. Il
avait, le 8 mars 1815, publié l'ordre du jour suivant : |
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Soldats ! Cet homme qui naguères
abdiqua aux yeux de toute l'Europe un pouvoir usurpé, dont il avait
fait un si fatal usage, Buonaparte est descendu sur le sol français
qu'il ne devait plus revoir.
Que veut-il ? la guerre civile : que cherche-t-il ? des traîtres
: où les trouverait-il ? serait-ce parmi ces soldats qu'il a trompés
et sacrifiés tant de fois en égarant leur bravoure ? serait-ce au
sein de ces familles que son nom seul remplit encore d'effroi ?
Buonaparte nous méprise assez pour croire que nous pouvons
abandonner un souverain légitime et bien aimé pour partager le sort
d'un homme qui n'est plus qu'un aventurier. Il le croit, l'insensé
! et son dernier acte de démence achève de le faire connaître.
Soldats, l'armée française est la plus brave armée de l'Europe ;
elle sera aussi la plus fidèle.
Rallions-nous atour de la bannière des lys, à la voix de ce père
du peuple, de ce digne héritier des vertus du grand Henri. Il vous
a tracé lui-même les devoirs que vous avez à remplir. Il met à votre
tête ce prince, modèle des chevaliers français dont l'heureux retour
dans notre patrie a déjà chassé l'usurpateur, et qui aujourd'hui
va, par sa présence, détruire son seul et dernier espoir.
Paris, le 8 mars 1815.
Le
ministre secrétaire d'état de la guerre,
Signé
maréchal duc de Dalmatie.
Dans ses Mémoires, Charles d'Agoult
rapporte le fait suivant, qui lui avait été rapporté par le général
Evain en 1830 :
(...) au retour de l'Ile d'Elbe, ayant
été mandé aux Tuileries, il attendit quelque temps. L'Empereur causait
avec beaucoup de vivacité avec le maréchal Soult, et en sortant
le maréchal dit avec fermeté à l'Empereur : "Vous avez rompu
les traités, vous venez porter à la France la guerre civile et étrangère.
"
Le général Evain était un homme sérieux et véridique. Mais comment
expliquer ces paroles du maréchal Soult qui, quelques jours après,
à Waterloo, était le major général de l'Empereur ?
Le général Thiébault, qui avait bien
connu Soult en Espagne (et qui l’appréciait peu), écrit à son sujet
dans ses “Mémoires “ :
"Maintenant cet homme, qui
à l’encontre des faits les plus authentiques est parvenu à se faire
la réputation d’un grand homme de guerre, qu’a-t-il fait comme major
général ? Que Waterloo réponde ! Si Napoléon avait eu un major général
seulement ordinaire, il n’eût pas perdu cette bataille, attendu
qu’à quatre lieues de distance et à travers un pays ami, il ne fallait
que savoir faire parvenir à temps un ordre au maréchal Grouchy.
On peut juger d’ailleurs ce qu’il fut en cette grave occurrence
par le mot de Napoléon qui, indigné que le maréchal Soult n’eût
envoyé ses ordres au maréchal Grouchy que par un seul officier,
se retourna en disant avec indignation : “Mon pauvre Berthier en
aurait envoyé vingt-cinq”. Mais en voilà trop pour établir cette
vérité importante que le maréchal Soult n’est fait pour être ni
chef d’armée, ni major général d’une armée. " (Mémoires,
t. 4, p.415)
Ne
peut-on pas envisager l'hypothèse selon laquelle le maréchal Soult,
convaincu de ce que le retour de Napoléon devait entraîner la ruine
de la France, a dans ses fonctions de major général, mis toute la
mauvaise volonté possible, afin que la guerre se termine au plus
tôt, permettant à la France de s'en sortir sans trop de dégâts ?
A
ma connaissance, Soult n'a jamais rien écrit sur cet épisode de
sa vie.
Autorisé à rentrer en France en 1819, il est rappelé à la
Chambre des Pairs en 1827. Sous la monarchie de juillet, il est
ministre de la guerre (de 1830 à 1834) et de 1840 à 1845, et sera
aussi ministre des Affaires étrangères et président du Conseil..
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