Accueil
Annuaire
Faits et événements
Personnages
Napoléon
La France et le Monde
Waterloo 1815
Belgique
Armées
Uniformes
Reconstitution
Publications
Liens
Nouvelles du Jour
Plan du site
Balises
|
.
|
Barras |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Barras
(Paul, vicomte de) 1755-1829. Toutes les biographies de Barras donnent
des détails différents de sa carrière. On en retiendra qu'il entra
jeune dans l'armée (dans le régiment de Languedoc ?), qu'il a servi
aux Indes, donné sa démission, et assisté à la prise de la Bastille.
Elu à la Convention par le département du Var, il siège avec les
Montagnards et vote la mort du roi. Envoyé en mission dans le Midi
avec Fréron, il participe au siège de Toulon, où il fait connaissance
de Bonaparte.
Devenu suspect à Robespierre, Barras rassemble autour de lui tous
ceux qui se sentent menacés par l'Incorruptible (notamment Fouché,
Tallien, Fréron) et contribue de façon décisive à la chute de la
Montagne (journée du 9 thermidor). Nommé général en chef de
l'armée de l'intérieur, il écrase le 13 vendémiaire an III (5 octobre
1795) l'insurrection royaliste, avec l'appui de Bonaparte.
Elu directeur en vertu de la constitution de l'an III, il
mène une vie fastueuse. C'est grâce à lui que Bonaparte reçoit le
commandement de l'armée d'Italie. Grâce à son habileté politique
(il est un des instigateurs du coup d'état du 18 fructidor an V),
il parvient à se maintenir au Directoire jusqu' au coup d'état du
18 brumaire, auquel il ne tente pourtant pas de s'opposer
|
|
|
|
|
Il donne sa démission et se retire
dans son château de Grosbois, mais le Premier Consul le contraint
à se retirer à Bruxelles. En 1805, il retourne en Provence, mais suspect
de conspiration, il est assigné à résidence à Rome. Il rentre en France
à la chute de l'Empire et, bien que régicide, est excepté de la proscription
qui frappe tous ceux qui avaient voté la mort de Louis XVI.
Barras a assisté à la prise de la Bastille, il été à l'origine de
la chute de Robespierre, il a connu Bonaparte à Toulon, il l'a pris
à son service en vendémiaire et l'a fait nommer général en chef de
l'armée de l'Intérieur, puis de celle d'Italie, il lui a fait connaître
Joséphine de Beauharnais et a dirigé la France pendant 4 ans. C'est
donc un personnage important dans l'histoire. Napoléon en a fait "le
roi des Pourris". Peut-être pour faire oublier tout ce qu'il
lui devait.
Les Mémoires de Barras ont été publiés en 1895-1896 par Georges
Duruy. Jean Tulard écrit dans sa biographie : "De toute
manière les mémoires de Barras ne sauraient constituer une source
solide pour la période en raison de la haine de l'ancien directeur
pour son protégé." Je préfère ce qu'écrit Alfred Fierro
dans "Mémoires de la Révolution" : "En tout état
de cause, la partialité de Barras est évidente et ses mémoires doivent
être utilisés avec beaucoup de précautions."
Le Dictionnaire Robert 2 écrit : "Ses mémoires donnent une
description intéressante de la vie politique, sociale et des mœurs
sous le Directoire." |
|
|
|
|
Biographie
universelle, ancienne et moderne,
par une société de gens de lettres et de savants (Biographie
Michaud). Supplément, tome 57,
Paris, 1838 : |
|
|
|
|
BARRAS
( Paul-François-Jean-Nicolas, comte de), l'un des cinq premiers
directeurs de la république française, naquit le 20
juin 1755 (1766 en 1834 ?), à Fos-Emphoux, village de la
Provence. Il était l’aîné de trois frères
de la branche cadette d'une ancienne famille originaire de Digne
, et si ancienne qu'on disait proverbialement : «Noble comme
les Barras, aussi anciens que les rochers de la Provence. »
Ce fut chez son oncle, chef d'escadre, qu'alla descendre, dans son
voyage en Provence, Monsieur, depuis Louis XVIII. Le jeune Barras
fut élevé avec peu de soin dans son pays natal. Né
avec des passions vives et un goût effréné pour
les plaisirs, il commença de bonne heure sa carrière
militaire, en qualité de sous-lieutenant dans le régiment
de Languedoc ; mais ses fredaines l'en firent sortir en 1775. On
l'envoya alors à l'Ile-de-France, dont un de ses parents
était gouverneur, et il y entra dans le régiment de
Pondichéry. Se rendant à la côte de Coromandel,
il faillit périr. Le vaisseau qui le portait, assailli par
la tempête, donna contre des écueils qui bordent les
Maldives. Tout l'équipage s'abandonnait au désespoir,
lorsque , tirant les matelots de leur stupeur, Barras leur fit construire
un radeau, monta dessus avec eux, et réussit à gagner
une île habitée par des sauvages. Un mois après,
il fut secouru et transporté avec ses compagnons à
Pondichéry. Son aventure eut un certain éclat, et
lui valut quelque renommée. Un peu plus tard, il concourut,
sous les ordres du général Belle-Combe, à la
défense de Pondichéry, investi par les Anglais. Après
la reddition de la ville, il assista , sur l'escadre de Suffren,
au combat de la Progua. Ayant ensuite pris
parti dans l'Inde pour son parent le gouverneur, contre le maréchal
de Castries, ministre de la marine, il en éprouva du désagrément
et donna sa démission (1).
De retour en France avec le grade de capitaine, il vint a Paris
, et s'y livra à son goût pour le jeu et les femmes,
ce qui dérangea sa fortune, d'ailleurs médiocre. On
le confondit souvent avec son frère le chevalier, dont la
passion pour le jeu était encore plus violente, et qui a
fini par en être la victime. Avant son départ pour
l’Inde, Barras s’était marié avec mademoiselle Templier,
fille d’un riche marchand de Cotignac.
Mais, préférant le séjour de Paris, il continua
d'y habiter tandis que sa femme restait en Provence. Ainsi il se
trouvait dans cette ville au mois de juillet 1789, et il fut présent
à la prise de la Bastille. Il est faux que dès lors
il ait manifesté des opinions révolutionnaires : bien
qu'on ne le rangeât point, de même que son frère,
parmi les adversaires de la révolution, qu'on désignait
sous le nom d'aristocrates, il penchait ouvertement pour le parti
de la cour. Appelé comme témoin devant le Châtelet,
dans la procédure sur les attentats des 5 et 6 octobre, il
déposa : « qu'ayant entendu trois individus dire
des choses affreuses contre le roi et la reine, il avait voulu leur
représenter l'innocence du roi ; mais qu'ayant été
mal reçu, il s'était éloigné en frémissant
d'horreur. » Les événements qui suivirent
amenèrent de grands changements dans ses opinions, et il
paraît évident que voyant la révolution devenir
la route du pouvoir et de la fortune, ce fut par calcul qu'il s'en
fit partisan (2). C’était
d'ailleurs un de ces hommes qui, par leur immoralité et le
désordre de leurs affaires , appartiennent nécessairement
a toute espèce de révolution. S'étant rendu
en Provence , vers le commencement de 1790, il y obtint par de violentes
déclamations, quelque ascendant sur la multitude (3).
On le nomma administrateur du département du Var, puis juré
à la haute-cour d'Orléans, et enfin, au mois de septembre
1792, député à la convention nationale, où
il siégea dès le commencement sur la crête de
la Montagne , et où il vota la mort de Louis XVI, sans appel
et sans sursis (4). Envoyé
en septembre 1793 dans le Midi avec Fréron, il se porta vers
Toulon, au moment où cette ville s'était livrée
aux Anglais pour se soustraire au joug de la convention. Il courut
alors les plus grands dangers : après avoir échappé
en combattant, à des gens apostés qui attaquèrent
sa voiture a Pignans, il s'embarqua à Saint-Tropez, arriva
de nuit à Nice, et arrêta, au milieu de son armée,
le général Brunet , qu'il accusa d'avoir été,
avec le contre- amiral Trogoff, l'auteur secret de la reddition
de Toulon. Il mit ensuite en état de siège Marseille,
où il se montra néanmoins un peu moins cruel que son
collègue Fréron. S'étant porté immédiatement
sur Toulon , il suivit lui-même toutes les opérations
du siège de cette place. Son premier soin fut d'éloigner
de l'armée assiégeante le général en
chef Carteaux, dans la seule vue de s'attribuer les honneurs du
succès. Mais ce succès se fit longtemps attendre :
l'armée de la république échoua dans plusieurs
attaques ; elle était dans l'état le plus déplorable
; et les représentants commissaires, désespérant
de réussir, avaient écrit à la convention qu'il
fallait se retirer derrière la Durance, lorsque le général
Dugommier, secondé par l'activité et l'intelligence
d'un jeune officier d'artillerie, Bonaparte, réussit à
s'emparer des forts des Anglais, et les força de rentrer
dans la place. Fréron et Barras désavouèrent
alors la dépêche alarmante qu'ils avaient adressée
à la convention ; et peu de jours après, ils entrèrent
dans Toulon. C'était Barras qui avait distingué le
jeune capitaine d'artillerie, et qui lui avait fait confier la direction
des principales attaques (5)
, malgré l'opinion de son collègue Salicetti , compatriote
de Bonaparte , qui en faisait peu de cas. « Il est faux
comme un jeton », dit-il à Barras. — « Cela
est possible, répondit celui-ci, mais il est habile
; j'ai été frappé de l'intelligence qu'il a
montrée pour élever la première batterie.
» Ce fut par l'effet des batteries, que les Anglais se virent
contraints d'évacuer la place. Les commissaires
représentants y exercèrent alors d'horribles massacres
( Voy. Fréron , XVI,)
(6). Selon l'usage de ce temps-là, ils
rendirent en même temps compte de leurs opérations
à la convention nationale et a la société des
Jacobins, et par une cruelle dérision, ils annoncèrent
« que les seuls honnêtes gens qu'ils eussent trouvés
dans la ville , étaient les galériens. »
On conçoit que cette société, où ils
siégeaient parmi les membres les plus exaltés, ne
leur épargna pas les éloges. Seul avec Fréron,
Barras y fut nominativement excepté des plaintes portées
par 400 sociétés populaires de ces contrées,
contre tous les représentants qui y avaient été
en mission. Cependant il eut le malheur de déplaire à
Robespierre par l'excès même de son effervescence,
et le redoutable dictateur avait résolu de l'envelopper dans
la grande proscription méditée contre ceux de ses
collègues qu'il appelait les brigands de la Montagne.
Retranché dans son appartement au Palais-Royal, où
il avait formé sous sa main une espèce d'arsenal,
Barras était résolu de repousser la force par la force,
et de périr en vendant chèrement sa vie, plutôt
que de se laisser traîner à l'échafaud. Dès
qu'il sut qu'une conspiration se formait contre Robespierre, il
se joignit aux membres des comités, qui, menacés comme
lui de l’échafaud, tentèrent un effort pour renverser
leur oppresseur. C'est ainsi qu'il devint un des principaux auteurs
de la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794). Nommé
par ses
collègues commandant de la garde nationale de Paris, et secondé
par sept autres représentants, il dispersa les troupes d'Henriot
et s'empara de Robespierre ; puis après avoir rendu compte
à la convention des mesures prises et du dévouement
général qui s'était manifesté pour l'exécution
de ses décrets, s'étant démis du commandement,
il acquit par là de la popularité et beaucoup d'influence.
Le 23 septembre , il dénonça Moïse Bayle et Granet
comme fauteurs des derniers troubles du Midi, et comme ayant été
les ennemis de Marat : c'était encore alors un crime que
Barras lui-même ne devait pas tarder à partager. Inculpé
a son tour par Granet et par Escudier comme dilapidateur, il fut
justifié par un décret. En novembre, nommé
membre du comité de sûreté générale,
il se déclara tout à fait contre les Montagnards,
et se jeta dans le parti de la réaction, désigné
sous le nom de Thermidorien, parce qu'il avait renversé Robespierre
le 9 thermidor. |
|
|
|
|
Pour
ne pas perdre sa popularité, il se prononça, en janvier
1795, contre les émigrés du Haut et du Bas-Rhin. Peu
de jours après, il provoqua la célébration de
l'anniversaire du supplice de Louis XVI, et, voulant intéresser
le peuple à cette commémoration, il fit décréter
la remise aux indigents des effets engagés au Mont-de-Piété.
Peu de temps après, il fut élu président. Lorsque
le 1er avril la convention fut assiégée par le peuple
des faubourgs, qui venait lui demander du pain et la constitution
de 1793, Barras montra encore beaucoup d'énergie ; il fit déclarer
Paris en état de siège, et donner le commandement des
troupes à Pichegru, auquel on l'adjoignit pendant le péril.
Le 20 mai suivant, il fut chargé de la direction de la force
armée, et il acheva la défaite du parti terroriste.
On lui confia ensuite différentes missions pour l'approvisionnement
de Paris , et il dirigea la force armée qui protégea
les arrivages. A Saint-Omer il étouffa les troubles occasionnés
par le pillage d'un convoi de grains, et fit traduire les séditieux
au tribunal criminel. A sa rentrée dans la convention il fut
nommé de nouveau l'un des membres du comité de sûreté
générale. C'était l'époque où la
réélection forcée des deux tiers des conventionnels
excitait des troubles, et où le parti royaliste commençait
a se montrer. Barras en prit occasion de présenter a l'assemblée
des réflexions sur la situation de la république : il
jura qu'elle triompherait des royalistes et des anarchistes, et quelques
jours après, il proposa des mesures contre les séditieux,
et surtout contre les journalistes. Les sections de Paris se déclarèrent
contre la convention ; et, la crise étant imminente, Barras
parla avec force contre les factieux, et demanda la permanence. Les
colonnes sectionnaires ayant marché le 13 vendémiaire
( 5 oct. 1795) contre la convention, Barras, qui avait signalé
ce mouvement comme dirigé par le parti royaliste, fut encore
chargé du commandement général de la force armée.
Ce fut dans cette circonstance qu'il employa sous ses ordres Bonaparte,
qui depuis longtemps sollicitait en vain, auprès du comité
de salut public, sa réintégration dans le grade de général
de brigade (Voy. Napoleon). Barras l'employa de la manière
la plus utile, et ce fut réellement Bonaparte qui fit toutes
les dispositions de défense. La convention
triompha (7), et l'on vit Barras attribuer franchement
au jeune général tous les honneurs de la victoire. Il
loua hautement, en présence de l'assemblée, les dispositions
qu'il avait faites ; sa nomination au grade de général
de division fut votée par acclamation, et aussitôt après
on lui donna le commandement de Paris. Son protecteur Barras fut un
des cinq directeurs créés par la constitution de l'an
3, et il alla avec ses collègues s'établir dans le palais
du Luxembourg. Ce fut ainsi que commença, après la plus
sanglante révolution, le retour graduel des Français
au gouvernement monarchique. On a blâmé avec raison,
sous beaucoup de rapports, le système qui fut adopté
par ce nouveau gouvernement. Cependant il est juste de dire que d'abord
il comprit, mieux que la convention, les moyens de terminer à
la fois les guerres du dehors et les dissensions de l'intérieur.
Quant a Barras , il s'occupa toujours beaucoup moins des affaires
que de ses plaisirs : il eut des chevaux, une meute, des équipages,
table ouverte, enfin une cour, de beaux aides de camp et de jolies
maîtresses : mesdames de Château-Regnault, Tallien et
Beauharnais étaient en quelque sorte ses sultanes favorites.
Toutefois, par la violence de son caractère, il conserva un
grand ascendant sur ses collègues ; et, si ce ne fut par l'éloquence,
ce fut par son énergie et son audace qu'il domina souvent les
délibérations. Pour ne pas montrer de suite une cupidité
criante , il ne prenait rien, mais il se laissait donner 50, 100.000
francs par les fournisseurs et les hommes à grandes affaires
qu'il favorisait. Ce fut alors que Mme Tallien lui présenta
le fameux Ouvrard qui, pour première affaire, obtint une fourniture
de la marine. Quant à Ramel, son ancien collègue à
là convention, il le fit nommer ministre des finances, et reçut,
pour prix de ce service, quelques poignées d'assignats ou de
mandats sans valeur ; mais il se fit adjuger plusieurs propriétés
nationales, entre autres un hôtel dans la rue des Francs-Bourgeois,
un autre dans la rue de Babylone, puis le château de Ruel. Il
fit aussi dans le même temps l'acquisition de la terre de Grosbois
qui devint à la fois son quartier général et
son rendez-vous de chasse ; fournisseurs, solliciteurs, chiens, chevaux,
aventuriers de toute espèce, telle fut partout la suite de
Barras. Pendant tout le ministère de Ramel il roula sur l'or
et l'argent. Du reste, on sait qu'en France, et surtout depuis la
révolution, de pareils travers n'ont jamais fait beaucoup de
tort au pouvoir ; ils n'ôtèrent donc rien au crédit
de Barras, et il est même sûr qu'il fut alors le plus
populaire des cinq directeurs ; ce qui est plus remarquable, c'est
qu'il était dans ce gouvernement le protecteur connu des anciens
nobles. Sa cour offrait un singulier mélange des plus grands
noms de l'ancienne France et des hommes les plus fameux de !a révolution.
Qu'on ne perde pas de vue que lui et ses quatre collègues étaient
investis d'un pouvoir absolu sur l'armée, et qu'ils étaient
portés naturellement à marcher sur les traces du comité
de salut public. Quoi qu'on en ait dit, il n'est pas douteux que Bonaparte
n'ait mis tous ses soins à obtenir la faveur de Barras, et
que dans cette vue il n'ait pas hésité à lui
épargner l'ennui d'une passion usée, en recevant de
sa main, pour femme, la veuve du général Beauharnais,
si célèbre depuis sous le nom de l'impératrice
Joséphine. S'étant ainsi assuré de la protection
de Barras, Bonaparte lui présenta comme infaillible la conquête
de l'Italie qu'il proposa de diriger lui-même. |
|
|
|
|
Carnot,
dont il avait su aussi gagner la confiance, fut l'examinateur et le
juge du plan, d'abord remis à Barras. Les services qu'il avait
rendus à la convention le 13 vendémiaire (5 octobre
1798) et la faveur résultant de cet exploit lui firent également
obtenir sans peine les suffrages des trois autres directeurs. Ayant
pris le commandement de l'armée d'Italie, qu'il mena si rapidement
à la victoire, il ouvrit une correspondance confidentielle,
soit avec Carnot, soit avec Barras, auquel il adressait plus particulièrement
ses aides de camp chargés de missions secrètes. Quand,
après le traité avec le roi de Sardaigne, il eut fait
son entrée à Milan, tant de pouvoir réuni dans
ses mains offusqua les directeurs, et ils voulurent qu'il partageât
le commandement avec Kellermann. Voyant tout son avenir compromis
par cette résolution, Bonaparte envoya des instructions à
son aide de camp Murat qui était alors a Paris, et déjà
très avant dans la confiance dé Barras. Il le chargea
de s'assurer entièrement le patronage de ce directeur, en faisant
mettre a sa disposition un million qui était en dépôt
à Gènes ; et, tandis que Murat pressait Barras de détourner
ses collègues de disloquer l'armée d'Italie, Joséphine
circonvenait Carnot pour le même objet. Sur les observations
de celui-ci, le directoire remit en délibération la
séparation des deux armées, et il fut décidé
que Bonaparte resterait le maître absolu de l'Italie. Que ne
lui fallut-il pas alors d'adresse et de ménagements pour se
maintenir en même temps dans la faveur de Barras et de Carnot
déjà en pleine rivalité ! Barras était
fort mécontent de son collègue qui aurait voulu conduire
à son gré toutes les opérations de la guerre
; et le rigide Carnot s'indignait de ce que Barras, protecteur éhonté
de tous les traitants , de tous les fournisseurs, s'enrichissait de
leurs pots de vin, et par ce funeste exemple répandait dans
toutes les parties de la république une contagion de rapine
et de concussions. Et ce fléau ne s'arrêtait point aux
affaires de l'intérieur ; à l'ouverture de la campagne
de 1797, l'antique république de Venise craignant pour son
existence, l'ambassadeur Quirini vint implorer contre les projets
de Bonaparte l'appui du directoire. Saisissant avec empressement une
pareille occasion, Barras lui dépêcha un aide de camp
pour le sonder, et mettre à prix la protection qu'il lui offrait.
Le puissant directeur, voulait bien consentir à préserver
les Vénitiens de leur ruine, si de leur côté ils
mettaient à sa disposition une somme de deux cent mille ducats.
Quirini ayant consulté son gouvernement fut autorisé
a suivre cette négociation, mais avec la recommandation de
prendre des sûretés. En faisant intercepter un courrier
du gouvernement de Venise, Bonaparte découvrit cette intrigue
; et comme elle contrariait ses projets, il la signala au directoire,
sans toutefois compromettre le nom de Barras (8).
Le traité préliminaire de Leoben, en donnant plus d'activité
aux négociations diplomatiques, donna aussi plus d'intensité
aux passions politiques du dedans et du dehors. Le directoire d'ailleurs
était divisé. La mésintelligence entre Barras
et Carnot prenait un tel caractère de violence et d'aigreur,
qu'un déchirement dans l'Etat était inévitable
par la raison que les partis se groupaient autour de ces deux directeurs,
qui formaient comme deux sommités opposées dans le gouvernement.
Le parti de Barras, en minorité dans les deux conseils, l'emportait
au directoire sur le parti de Carnot qui, aux yeux des révolutionnaires,
penchait trop décidément vers la paix au dehors et vers
un système de modération dans l'intérieur. La
réunion de Clichy, où n'entraient que des membres du
corps législatif, voulait donner la prépondérance
à Carnot et à Barthélémy. Barras, en butte
aux attaques de ce parti, fit tomber un accès de sa colère
sur Poncelin, rédacteur d'un journal qui l'avait fort mal traité,
et qui, enlevé par des sbires, fut indignement flagellé
dans une des chambres du palais directorial (Voy. Poncelin, au Supp.).
Cet étrange abus de pouvoir redoubla les clameurs, et le nom
de Barras retentit dans tous les journaux en même temps qu'il
figurait sur les placards dont chaque jour les murs de Paris étaient
couverts. C'était le prélude d'événements
plus importants, et auxquels chaque parti se préparait. |
|
|
|
|
La
majorité du directoire, conduite par Barras, ne négligeait
rien pour mettre l'armée dans ses intérêts.
Ce fut à cette époque qu'il envoya Dubois de Crancé
à Bonaparte pour l'obliger a se prononcer. Déjà
blessé par les discours et les écrits des orateurs
et des journalistes du parti clichyen, le général
en chef de l'armée d'Italie envoya son aide de camp Lavalette
à Barras, avec une lettre où il offrait à la
majorité du directoire de marcher sur Paris à la tête
de vingt-cinq mille hommes, si les affaires prenaient une tournure
défavorable à la république. Barras fit signer
à ses deux collègues une réponse secrète
d'approbation et d'acceptation. Mais, pour l'exécution du
coup d'état qu'on méditait contre les conseils, et
dont le plan fut d'abord arrêté chez Barras, les amis
de ce directeur jetèrent les yeux sur Hoche dont l'armée
d'ailleurs était plus rapprochée de Paris que celle
d'Italie. Mme Tallien ayant contribué à ce choix par
l'ascendant qu'elle exerçait sur Barras, on vit Mme de Staël
et sa coterie, fortifiées par le parti qui prônait
et exaltait Bonaparte, faire concevoir des craintes sur les suites
de l'intervention de Hoche, en représentant ce général
comme très entreprenant et d'une ambition dangereuse. Ainsi
fut écarté Hoche, au moment où il allait entrer
dans la carrière du pouvoir. La marche des troupes fut suspendue
par suite de l'éveil que cet incident donna aux deux conseils
; et le triumvirat directorial, voulant s'assurer désormais
l'action entière du gouvernement, pour frapper le coup d'état
qui n'était qu'ajourné, écarta les ministres
qui n'étaient pas exclusivement à sa disposition.
Barras se promettait surtout par ce changement d'ôter le portefeuille
de la guerre à Carnot, et, en renversant Pétiet, sa
créature, de faire donner celui des affaires étrangères
a Talleyrand qui y était porté par la coterie de Mme
de Staël. Mais Rewbell, qui votait avec Barras, repoussait
Talleyrand qu'il qualifiait, dans sa grossièreté révolutionnaire,
d'intrigant, d'émigré ayant joué tous les partis
: « Cela est possible, dit Barras, mais trouvez-en un qui
connaisse mieux tous les cabinets, qui ait autant de talent, et
qui puisse servir aussi utilement un gouvernement qui ne doit plus
être celui des sans-culottes !... » A force
d'entendre vanter Talleyrand, Rewbell renonça à son
opposition, et Barras annonça le changement des ministres
à Bonaparte, changement qui irrita au dernier point le parti
de Clichy et les amis de Carnot. Willot, arguant de la déclaration
de Barras au Châtelet en 1790, où il s'était
dit lui-même âgé de 33 ans, prétendit
qu'il n'avait pas l'âge de 40 ans exigé par la constitution
pour être directeur, et fit passer la proposition d'un message
au directoire pour savoir quel était l'âge de Barras
lors de son entrée en fonctions. Par là on espérait
l'expulser du gouvernement. Le directoire écrivit au conseil
que Barras était né le 30 juin 1755 ; qu'ainsi, à
l'époque de son entrée en fonctions, il avait quarante
ans plus trois mois, et par conséquent l'âge voulu
par la loi. Barras publia même a l'appui de cette assertion
un acte de naissance que l'on crut être celui de son frère
(9). Au reste, cette attaque, d'un caractère
trop vague pour les circonstances, ne pouvait pas avoir d'autre
résultat que de donner l'éveil à celui contre
lequel on la dirigeait, et de le décider à surprendre
ses ennemis avant qu'ils eussent rassemblé des moyens suffisants
pour le renverser (10). On
pourra juger dans quelle disposition d'esprit était
Barras par la lettre confidentielle qu'a cette même époque
l'aide de camp Lavalette écrivit à Bonaparte. «
Ce matin j'ai vu Barras ; il m'a paru bien affecté de tout
ce qui se passe. Il ne m'a pas caché que la division est
très prononcée entre les membres du directoire.— Nous
nous tiendrons fermes, m'a-t-il dit, et si nous sommes décrétés
d'accusation, nous monterons à cheval et nous les écraserons.
– Il m'a répété que, dans la crise où
ils se trouvaient, de l'argent les aiderait puissamment. Je lui
ai fait votre proposition ; il l'a acceptée avec
transport , et vous écrit a ce sujet. » Cette proposition
n'était rien moins que l'offre de trois millions pour aider
le directoire dans son coup d'état. Barras ne tarda pas en
effet à demander à grands cris de l'argent à
Bonaparte lui-même. « Point de retard, lui
disait-il, songe bien que c'est avec de l'argent seulement
que je peux remplir tes honorables et généreuses intentions.
» En attendant les trois millions promis, Bonaparte envoyait
a Paris son lieutenant Augereau, pour diriger la journée
qui se préparait contre les conseils et la minorité
du directoire. Le 5 août, Lavalette mandait encore à
Bonaparte : «Barras dit à qui veut l'entendre : J'attends
le décret d'accusation pour monter à cheval et marcher
contre les conspirateurs des conseils, et bientôt leurs têtes
rouleront dans les égouts. » Ces menaces faites par
un homme d'exécution ne laissaient pas d'intimider les conseils.
Toutefois, Laréveillère et Rewbell ne partageaient
pas d'abord les passions fougueuses de Barras, ni la violence de
ses projets : aussi était-ce sur lui que se portait plus
particulièrement l'animadversion publique ; c'était
à ses liaisons avec Bonaparte, avec Hoche et avec d'autres
généraux, qu'on attribuait l'esprit dont les troupes
étaient animées. Dans le triumvirat il y avait donc
hésitation, lorsque Barras pressait le coup d'Etat. La situation,
d'ailleurs, se compliquait par les lenteurs que l'Autriche mettait
a conclure la paix, espérant trouver, dans les troubles qui
agitaient la France, des chances d'arrangement plus favorables.
Barras ayant poussé Rewbell et Laréveillère-l’Epeaux
à la rupture de l’armistice, l'ordre de reprendre les hostilités
allait être expédié, lorsque Carnot et Barthélémy
demandèrent que leur opinion motivée, pour s'opposer
à une mesure si désastreuse, fût inscrite sur
le registre des délibérations. Cette demande ayant
effrayé Barras, la question fut ajournée. Mais sur
une nouvelle dépêche peu pacifique de Bonaparte, le
triumvirat posa de nouveau la question déjà débattue.
Une explication avec les deux directeurs dissidents eut lieu dans
la nuit du 14 au 15 août, et se renouvela dans la matinée
; elle fut des plus vives : il y eut même des provocations
entre Barras et Carnot. Toutefois, les deux directeurs du parti
de la paix parvinrent a faire ajourner de nouveau tout projet de
recommencer la guerre. Lavalette fit ainsi part à Bonaparte
de ces déchirements du directoire. «Voici mot pour
mot ce que m'a dit Barras avant-hier : Enfin, j'ai déchiré
le voile ce matin au directoire. Il était question des
négociations d'Italie. Carnot prétendait que Bonaparte
était dans une situation assez avantageuse, quand il signa
les préliminaires, pour ne souscrire qu'à des conditions
qu'il pût tenir par la suite. J'ai défendu Bonaparte
; j'ai dit à Carnot : tu n'es qu'un vil scélérat
; tu as vendu la république, et tu veux égorger ceux
qui la défendent : infâme brigand ! Il n'y a pas
un pou de ton corps qui ne soit en droit de te cracher au visage.
Carnot me répondit d'un air embarrassé : Je méprise
vos provocations, mais un jour j'y répondrai. » A l'arrivée
d'Augereau à Paris, Barras avait annoncé cette nouvelle
a Lavalette en lui disant, « Sa présence en fera
pâlir plus d'un, surtout quand nous lui aurons conféré
un titre qui donnera plus de poids à ses actes. » En
effet, Augereau fut nommé commandant de Paris, et destiné
in petto à se mettre à la tête du mouvement
contre les conseils. C'était particulièrement avec
Barras qu'il conférait à ce sujet. Dans une dépêche
confidentielle à Bonaparte, il lui disait : «Hâtez-vous
de recueillir et d'envoyer, par un officier de confiance, toutes
les pièces trouvées à Venise, Vérone
et autres lieux, qui dévoilent le système royal de
Clichy ; elles donneront lieu à démasquer les traîtres
et à provoquer leur supplice : c'est au directeur Barras
qu’il faut les adresser... » Ce fut sur ces pièces
qu'on fonda le coup d'état provoqué par Barras, Augereau
et le ministre de la police, Sotin. Le prince de Carency, fils aîné
du duc de la Vauguyon, ayant révélé à
Barras et à Sotin le secret des royalistes qui devaient opérer
leur mouvement contre les triumvirs directoriaux, le 3 septembre,
ceux-ci paralysèrent le mouvement par leurs menées
dans le corps législatif ; et le lendemain, 18 fructidor
(4 sept. 1797), ils assurèrent leur attaque dirigée
par Augereau, qui, après avoir investi le lieu des séances
des deux conseils, en força l'entrée, et se saisit
des députés qu'on voulait proscrire. Cinquante-quatre
furent condamnes à la déportation, ainsi que les directeurs
Carnot, Barthélémy, et plusieurs journalistes. Carnot
parvint a se soustraire à la déportation par la fuite.
Dans la journée même du 18 fructidor, Barras et Lavalette
annoncèrent leur triomphe à Bonaparte ; et par post-scriptum
le directeur ajouta : «La paix, la paix ! mais honorable
et solide, mais non pas l'infâme proposition de Carnot...»
Deux jours après, il lui écrivit encore : «
Les infâmes journalistes auront leur tour aujourd'hui. La
résolution des cinq-cents sera adoptée. On nous donne
demain deux collègues, François de Neuchâteau
et Merlin (qui remplacèrent en effet les deux directeurs
proscrits). Termine la paix, mais une paix honorable ; que le Rhin
soit limite ; que Mantoue soit à la république cisalpine
, et que Venise ne soit pas à la maison d'Autriche.
Voilà le vœu du directoire épuré ;
voilà celui de tous les républicains ; voilà
ce que veulent l'intérêt de la république et
la gloire bien méritée du général et
de l'immortelle armée qu'il commande. » Il lui écrivit
encore deux jours après : « Ton silence est bien étrange,
mon cher général ; les déportés sont
partis hier ; Augereau se conduit on ne peut mieux, il a la confiance
des deux partis; elle est bien méritée. Les Bourbons
partent demain pour l’Espagne (11)
». Mais, malgré toutes ses avances à Bonaparte,
Barras conservait à son égard une grande méfiance,
au sujet des 3 millions que le conquérant de l'Italie ne
lui avait pas envoyés. Bonaparte, de son côté,
n'entendait pas se soumettre au pouvoir toujours croissant de Barras,
et gêné par ses instructions relatives à la
paix, dont la révolution du 18 fructidor pressait le dénouement,
il renouvela le stratagème de l'offre de sa démission
et de la menace de sa retraite. Bien que son énorme puissance
donnât déjà beaucoup d'ombrage aux directeurs,
ils ne pouvaient pas, dans l'état des affaires, se passer
de ses services. En conséquence Barras, d'accord avec ses
collègues, lui envoya à Passeriano, au moment où
les négociations touchaient à leur terme, Bottot,
son secrétaire intime, qui fut chargé de le sonder.
Bonaparte devina facilement la mission de cet émissaire:
il se joua de lui, et fit la paix au mépris de ses instructions.
Le directoire n'osa pas se plaindre ; et, quelques mois plus tard,
lorsque Bonaparte revint de Rastadt, où ce général
avait paru un instant pour y diriger les négociations, on
lui fit une magnifique réception (10 décembre 1798).
C'était Barras qui présidait ce jour-là le
directoire : il adressa à Bonaparte une réponse ridiculement
emphatique, puis termina en lui donnant l'accolade fraternelle.
Ses collègues suivirent cet exemple, et ils pressèrent
aussi fort tendrement dans leurs bras le héros pacificateur.
Ce fut une véritable scène de comédie, où
personne ne dit sa pensée. Il est sûr que dès
lors Bonaparte aurait voulu renverser le directoire et s'emparer
du pouvoir ; mais, selon son expression, la poire n'était
pas mûre. Les directeurs, qui l'avaient pénétré,
mais qui craignaient de se dévoiler, lui offrirent la perspective
d'une invasion de l'Angleterre. Il préféra la conquête
aventureuse de l'Egypte. Barras et le ministre Talleyrand s'entendirent
pour l'y pousser. |
|
|
|
|
S'étant
ainsi débarrassé de l’ambitieux général,
le directoire se crut plus affermi ; mais il avait à lutter
contre les efforts souvent réunis des royalistes et des jacobins.
Ces derniers inquiétaient tellement Barras que, dans la semaine
même qui avait suivi la révolution du 18 fructidor, il
n'avait pas hésité à se mettre en rapport avec
des agents du prétendant, cherchant à les rassurer,
et les couvrant de sa protection. On sait que ce fut lui qui fit alors
écarter la proposition de bannir tous les nobles. On ne peut
douter que, frappé de l'instabilité de tous les gouvernements
révolutionnaires, il n'ait voulu, dans ce temps là,
se faire un appui d'un autre côté, et qu'à la
même époque il n'ait combattu de tout son pouvoir les
anarchistes dans les élections. Au mois de mai 1798, il fit
tous ses efforts pour que celles où ce parti avait prévalu
fussent annulées. Il avait à ses ordres une police de
sûreté, dont la principale affaire était d'épier
les démarches des Jacobins. Les royalistes avec lesquels il
était en rapport furent contraints de lui faire parvenir des
bulletins sur cette faction anarchique, qui leur était encore
mieux connue qu'à lui-même. Ces bulletins lui furent
toujours remis par l'entremise de Macé de Bagneux, son ami,
qui vivait avec lui, occupant une partie de son appartement au Luxembourg.
Quel contraste dans cet homme qui venait de frapper si cruellement
lui-même le parti royaliste à la journée du 18
fructidor ! Sentant cette contradiction, il disait dans l'intimité,
qu'il n'avait agi dans cette occasion que pour sa sûreté
personnelle. Il convenait aussi qu'il avait échappé
à un grand danger, ne concevant pas comment le directoire avait
pu triompher dans une lutte où toutes les chances étaient
pour les conseils. « Il ne leur aurait fallu, disait-il , qu'assez
d'énergie et d'unanimité pour porter le décret
d'accusation ! » Ces contradictions dans les pensées
et dans les actions de Barras, expliquent assez sa conduite ultérieure.
Maintenant nous devons le considérer sous l'influence de l'époque
si remarquable où le directoire, n'étant plus retenu
par aucun contrepoids, envahit l'Egypte en pleine paix, renversa le
pape, révolutionna la Suisse, subjugua le royaume de Naples
et, faisant crouler le trône de Sardaigne, suscita une nouvelle
coalition plus formidable que la première. Pendant ces événements
qui remplissent un intervalle de quinze mois, Barras n'eut que les
apparences de la suprématie, puisque Rewbell, plus maître
que lui de ses mouvements, l'obtenait presque toujours par sa fermeté
ou son obstination , sachant gagner et amener à ses vues ses
trois autres collègues, que Barras, toujours occupé
de ses plaisirs, ne soignait et ne ménageait pas assez. Quoiqu'il
dirigeât exclusivement tout ce qui avait rapport a la guerre,
Rewbell parvint à en faire donner le portefeuille à
Schérer, son parent et sa créature, et à prodiguer
les places les plus importantes a tous ses affidés. L'accaparement
de toutes les affaires était tel de la part de ce dur Alsacien,
que Barras n'était pas sûr de la plus petite faveur,
à moins de l'emporter de vive force et par des menaces. Cette
tyrannie de Rewbell devint si insupportable pour Barras, qu'il l'obligea
en mai 1799, de sortir du directoire, en acceptant la boule noire,
que d'abord il avait été convenu de faire tomber dans
les mains de Laréveillère-l’Epeaux. Barras préféra
l'autre combinaison, bien qu'il prévît que Sieyes serait
le remplaçant , et que celui-là avait derrière
lui un parti très puissant. Le directoire, plus que jamais
en butte au mécontentement général, se voyait
obligé, bien que privé de ses meilleurs généraux,
de résister aux efforts de la seconde coalition qui, sur le
vaste théâtre de la guerre, obtenait des succès
effrayants. A la suite d'une révolution appelée la journée
du 30 prairial (18 juin 1799), trois des cinq directeurs, Treilhard,
La Réveillère-Lépeaux et Merlin de Douai, furent
éliminés par le corps législatif. Gohier, Roger-Ducos
, ex-conventionnel, tous deux de la plus complète nullité,
Moulins, général presque ignoré, devinrent les
collègues de Barras , dont le talent politique consistait dans
l'audace, et de Sieyes, doué de toute l'astuce d'un mauvais
prêtre. Entre toutes les journées de la révolution,
celle-là se distingua par cette exception , qu'elle s'opéra
sans émeute comme sans baïonnettes, par la seule force
des actes législatifs. Il était aisé de voir
que Barras ayant résisté à ce mouvement, mais
ne l'ayant pas fait, avait perdu de son influence. Il lui en resta
néanmoins assez pour faire appeler Fouché de Nantes
au ministère de la police. Toutes les factions s'agitaient,
et la France était sur un volcan. |
|
|
|
|
C'est
ici qu'il faut placer le récit des relations de Barras avec
les agents de Louis XVIII, que voulait rétablir l'empereur
de Russie, Paul Ier, chef de la nouvelle coalition. Le Neuchâtelois
Fauche-Borel (Voy. ce nom, au Supp.), qui déjà avait
gagné Pichegru à la cause royale, fut chargé
de ces périlleuses communications.
Un rapport fut fait à ce sujet, par les envoyés de Louis
XVIII à l'empereur de Russie, qui approuva les négociations,
et le prétendant expédia aussitôt à Barras
des lettres patentes que le comte de Saint-Priest remit à Guérin
de St-Tropez, ami et confident de ce directeur. Ces lettres patentes
avaient pour base les demandes faites au nom de Paul Barras, qui consentait
à rétablir la monarchie, dans la personne de Louis XVIII,
lequel, de son côté, promettait à Barras sûreté,
indemnité : sûreté, en engageant sa parole
royale de s'interposer entre Paul Barras et tout tribunal quelconque
qui voudrait connaître de ses opinions, de ses votes et de sa
vie passée, et d'annuler par son pouvoir souverain toute recherche
à cet égard ; indemnité, en lui assurant le paiement
d'une somme au moins équivalente a celle que pourraient lui
valoir deux années d'exercice encore au directoire. Cette somme
était évaluée largement à douze millions
de livres tournois, y compris les deux millions qui devaient être
distribués entre ses coopérateurs, sans compter la somme
nécessaire aux frais du mouvement à effectuer dans Paris.
Telle fut la substance des lettres patentes du 8 mai 1799 revêtues
de la signature du roi, contresignées par le comte de Saint-Priest
et scellées du sceau de l'Etat. Voici maintenant le récit
que Fauche-Borel a publié : « Je me suis bien gardé
de représenter M. de Barras, régicide, comme revenu
franchement aux Bourbons et comme accueillant avec transport le projet
qui tendait à rétablir Louis XVIII. J'ai dit et j'ai
prouvé que Barras avait ouvert une négociation secrète
avec les agents du roi, et que le roi s'était assuré
de l'assentiment de l'empereur Paul Ier, qui était alors le
chef de la coalition armée contre la France. Et dans ce quelle
circonstance eut lieu cette négociation? Au moment où
la république était dans le plus grand péril,
déchirée par les factions dans l'intérieur, et
au dehors attaquée sur ses frontières mêmes par
des armées victorieuses. La destinée de la France, ou
plutôt celle du gouvernement directorial, allait dépendre
d'une seule bataille. Or, j'ai dit que, dans un avenir si menaçant,
M. de Barras négocia secrètement pour sa sécurité,
pour s'assurer au besoin un asile, de l'argent et du repos. Tel on
a vu Fouché, régicide, négocier à Gand
avec Louis XVIII, d'abord dans la vue de sa sécurité
future et de la conservation de ses richesses ; puis, par un délire
d'ambition, changer de vue et former un plan plus vaste. »
Barras vivait encore lorsque cet écrit a paru , et il n’y a
opposé aucune dénégation. Du reste, comme dans
toutes les intrigues politiques essentiellement cachées, il
y eut la négociation confidentielle, dont Guérin de
St-Tropez, ancien officier de marine, fut l'intermédiaire,
et la négociation, en quelque sorte ostensible, que Fauche-Borel
exécuta. D'autres agents encore y furent employés, et
nous savons que l'abbé de Crangeac, neveu de Précy,
eut, pour le même objet, plusieurs conférences secrètes
au Luxembourg. Pour plus de sûreté, Barras fit à
ses collègues quelques ouvertures ; mais il est certain qu'il
ne donna aucun renseignement, et que surtout il ne compromit pas les
agents royalistes avec qui il continua d'avoir des rapports (12).
|
|
|
|
|
Pendant
les deux mois de crise qui précédèrent l'invasion
du pouvoir par Bonaparte, Barras seconda Sieyes dans son opposition
aux Jacobins exagérés, qui voulaient faire déclarer
la patrie en danger, afin de s'emparer du gouvernement. Ils n'avaient
pour eux que deux des directeurs nouvellement élus, Gohier
et Moulin. Barras, blasé par la possession du pouvoir, par
l'habitude de la dissolution, et d'ailleurs en proie aux anxiétés
d'une négociation épineuse, semblait disposé
à se neutraliser. Sieyes conspirait avec son humble collègue,
Roger-Ducos, pour renverser la constitution qu'il n'avait pas faite,
et y substituer son sénat absorbant et son i-grand électeur
dont il eût été le i-grand chancelier. Ce grand
électeur était le duc de Brunswick, appuyé par
des armées, par sa haute réputation et par des alliances.
Mais il fallait à Sieyes un chef d'exécution, un moteur
visible. Moreau seul, parmi tous les généraux, depuis
la mort de Joubert, avait assez de réputation, de crédit
pour se charger d'un tel rôle ; mais il n'avait pas assez de
caractère : sans en rejeter le projet, il en déclina
l'exécution. Alors Sieyes se crut obligé de mettre dans
ses intérêts son collègue Barras ; comme il n'avait
pas avec lui de liaisons d'intimité, il lui adressa son confident
Chazal, après l'avoir averti de mettre beaucoup de prudence
dans ses discours. Chazal arriva chez Barras, lui débita d'abord
des lieux communs, en parlant des dangers que présentaient
d'un côté les royalistes et de l'autre les jacobins ;
il passa ensuite à la situation de la république, à
celle des membres du directoire, enfin à la nécessité
d'un autre ordre de choses. Barras répondit avec humeur : «
Tous ces maux sont dus à ton grand-prêtre ; il entrave
toutes nos délibérations, il conspire : sa tête
très sûrement et peut-être les nôtres rouleront
dans les rues de Paris qu'il agite et qu'il trompe. » Cette
réponse portée à Sieyes, le détermina
à ne plus différer le renversement du directoire, pour
établir son gouvernement projeté. Mais son embarras
était grand sous le rapport de l'exécution. Moreau persistait
dans son refus, quand on apprit que Bonaparte venait de débarquer
à Fréjus (9 octobre 1799).La patrie est sauvée!
s'écria Sieyes avec un transport involontaire ; et Bonaparte
était a peine entré dans Paris, qu'il lui envoya des
émissaires. Bientôt fut établi chez ce général
un comité qu'il présidait lui même, et auquel
Sieyes et ses adhérents ne manquaient pas d'assister. Barras
eut aussi des conférences avec Bonaparte, mais sans confiance
ni intimité. Il y fut pourtant question, une fois, des moyens
de sauver l'Etat : Talleyrand, Fouché, Real étaient
présents ; chacun redoutait le retour de l'anarchie. Bonaparte
dit : « Si Barras n'était pas membre du gouvernement,
je ne verrais aucune garantie, et je m'en irais : c'est lui qui doit
se mettre seul à la tête des affaires. » Barras
répondit : « Je m'occupe de garantir la France des entreprises
des méchants. J'irai au corps législatif lui exprimer
ce qu'il convient de faire, et je donnerai ma démission...»
Tous alors feignirent de l'en dissuader. Barras ajouta : « Le
changement dont vous sentez la nécessité est prévu
partout, il est urgent ; le corps législatif désignera
un chef provisoire pris hors de l'armée, en attendant la réunion
d'une assemblée constituante et l'organisation définitive
de la France... Quant a moi, je n’accepterai rien ; je veux me retirer
des affaires. » Cette opinion fut combattue ; on aperçut
du dépit, et l’on vit bien qu'il y avait de la froideur entre
Barras et Bonaparte. Sieyes n'avait pas manqué de mettre celui-ci
en garde contre les projets de son collègue ; il lui avait
même révélé des détails qu'il tenait
du ministre prussien Haugwitz, sur la négociation secrète
avec les Bourbons, que Fauche-Borel avait communiquée à
la cour de Berlin , et il avait représenté Barras comme
un lâche parjure qui, voyant la république en danger,
voulait transiger avec ses ennemis. Fort de cette révélation
et de quelques autres confidences de Sieyes, Bonaparte se promit d'en
profiter autant que les circonstances le permettraient. Ainsi tout
marchait à une révolution, et chacun se préparait
à en tirer parti, quand Dubois de Crancé, ministre de
la guerre, et l'un des jacobins les plus prononcés de ce temps-là,
se fit tort d'arrêter Bonaparte. Il en demanda l'ordre a Barras,
et lui dit du ton le plus résolu : « Signez l'ordre
d'arrêter le despote qui veut monter sur le trône ; je
le tue. » — « Je me f... de ce tout ce qui arrivera
: je vais me mettre au bain ; qu'on ne me tracasse pas davantage.
» Ce fut. toute la réponse de Barras. Il ne savait rien
de ce qui se passait aux Tuileries, lorsque mesdames Tallien et de
Carvoisin vinrent lui apprendre que Bonaparte, a la tête de
la force armée , s'emparait définitivement du pouvoir.
Il en parut confondu et s'écria douloureusement : « Ce
petit b… de gueux nous a tous trompés! » Quoique
maître de la force armée, Bonaparte craignait cependant
encore Barras ; et, voulant le dépopulariser, il dit alors
hautement qu'il lui avait proposé de se mettre au-dessus des
lois, et le menaça, s'il osait faire la moindre tentative pour
s'opposer à son entreprise, de révéler tout ce
qu'il lui avait proposé en faveur des royalistes. C'était
la démission du directeur que Bonaparte voulait ainsi arracher;
et, en effet, Barras l'envoya a Saint-Cloud, par une lettre entortillée
dans laquelle on parut entrevoir quelques regrets a travers les assurances
d'adhésion à des événements auxquels il
ne pouvait plus s'opposer. Dès que Bonaparte eut cette démission,
il voulut rattacher au nouvel ordre de choses son ancien protecteur,
mais Barras refusa les ambassades et les commandements qui lui furent
offerts. Le lendemain Bottot s'étant présenté
de sa part à Bonaparte, le nouveau consul l'apostropha ainsi,
frémissant de colère: «Que venez-vous faire? m'espionner
pour votre Barras ! Il sait que je n'aime pas le sang ; dites-lui
qu'il se rende sur-le-champ à Bruxelles, car si j'eusse connu
huit jours plus tôt l'affaire des lettres patentes, je les lui
aurais fait placer sur la poitrine, et je l'aurais fait fusiller ainsi
que vous... » Barras, qui s'était retiré dans
sa terre de Grosbois, fut obligé de la vendre et de se rendre
à Bruxelles , avec défense de revenir sans une permission
(13). Ainsi exilé, le malheureux directeur
parut vivre dans un complet éloignement de toute affaire politique.
Cependant on ne peut douter qu'il ne nourrît secrètement
dans son âme un grand désir de vengeance. Lié
depuis longtemps avec Moreau, il connut en 1803 les projets de ce
général, et fut alors relégué à
Toulon. Plus tard, impliqué dans la conspiration dite de Charles
IV en faveur des Bourbons de France et d'Espagne, il fut soupçonné,
mais sans motifs, d'avoir communiqué avec l'amiral anglais
Exmouth, par l'entremise de Constant, son maître d’hôtel
; car il tenait encore un grand état de maison, étant
sorti du directoire avec plus de deux millions de fortune. A la suite
de cette affaire, où il y eut quelques victimes, Barras, relégué
à Rome, y resta près de deux ans. Là il renoua
ses anciennes relations avec Murat qui lui était encore attaché,
et qui le couvrit tant qu'il put de sa protection pendant tout le
temps de défaveur et d'exil. |
|
|
|
|
Enfin
la restauration offrit de nouveau à Barras l'accès de
Paris, dont si longtemps il avait regretté le séjour.
Il vint, en 1814, occuper, rue des Francs-Bourgeois, l'hôtel
qu'il avait donné a M. Victor Grand, ancien intendant de sa
maison. C'est là que Fauche-Borel,
qui n'avait jamais eu avec lui de relations que par écrit,
fit sa connaissance personnelle. « Je compris en le voyant,
dit-il dans ses "Mémoires", qu'il
n'avait pas dévié des sentiments qu'il m'avait paru
avoir adoptés avant et depuis l'avènement de Bonaparte
au pouvoir. Il cherchait depuis à se réhabiliter dans
l'opinion publique, contre laquelle il avait sans doute beaucoup a
lutter, parce qu'elle juge toujours trop les hommes d'état
comme des citoyens ordinaires. Barras paraissait intimement convaincu
de la nécessité d'une réunion franche de tous
les partis autour du roi, qui seul pouvait assurer le repos et la
tranquillité dont la France éprouvait un si grand besoin.
Ces dispositions me semblaient d'autant plus heureuses, que je n'ignorais
pas qu'il exerçait déjà dans Paris, sur les débris
du parti républicain, une influence qui ne resta pas inaperçue.
» C'était au moment où l'on commençait
a tramer le retour de Bonaparte relégué à l'île
d'Elbe. L'un des hommes les plus fameux de l'époque, Fouché
, disgracié et relégué lui-même en Italie
par Bonaparte, inconsolable d'avoir été étranger
aux derniers événements, et réuni déjà
au parti qui se reformait contre les Bourbons, fit épier Barras.
Sachant qu'il voyait Fauche et Guérin de S. Tropez, soupçonnant
qu'il agissait dans les intérêts du roi, et craignant
qu'il ne parvînt à faire échouer la conspiration
qui tendait au retour de Napoléon, il lui détacha Lombard-Taradeau
pour le sonder et le ramener à ses idées. Tallien, qui
avait marché dans la Convention avec Barras, entrait aussi
dans les vues de Fouché. Quant à Lombard-Taradeau, compatriote
de Barras, et dès longtemps un de ses protégés,
mais devenu la créature et le commensal de Fouché, il
inspira de la défiance a l'ancien directeur, qui repoussa durement
ses insinuations ; mais Lombard ne se tint pas pour battu ; il revint
a la charge et le pressa de voir au moins son ancien collègue.
« Je ne veux pas voir Fouché, dit Barras, parce
qu'il a porté la livrée du tyran, et moi je n'ai pas
porté cette livrée. » Toutefois , Barras
ayant fait part de ces menées a Guérin de St-Tropez,
qui avait toujours sa confiance, celui-ci lui dit qu'il ne fallait
pas repousser l'émissaire de Fouché, et il lui représenta
que, dans la situation des choses, il devait tout entendre et tout
savoir. Barras insistant pour ne pas recevoir chez lui Fouché,
on convint d'un rendez-vous sur le boulevard St-Antoine ; et le rendez-vous
eut lieu dans le mois d'août 1814. L'ancien ministre de la police
indiqua les bases de son plan à Barras, et lui dit : «
Nous savons que vous agissez contre nous, et que vous voulez conserver
les Bourbons ; nous n'en voulons point, et vous ne devez pas plus
en vouloir que nous. Que pouvez-vous en attendre ?.... »
Barras furieux lui répondit : « Vous êtes des
coquins, des misérables, vous avez servi le tyran ; mais moi
je ne me suis pas vautré, et je ne donnerai jamais les mains
a ce qu'il ressaisisse le pouvoir. – Vous avez tort,
reprit Fouché, de vous laisser emporter par le ressentiment
; il s'agit ici de et bien autre chose que de petits souvenirs et
de petites passions ; il s'agit des plus grands intérêts
de la terre. Avec nous, je vous le promets, vous serez influent ;
cet homme d'ailleurs est usé, et n'est plus à craindre.
Nous ne voulons le faire rentrer que pour rallier l'armée et
lui redonner toute sa force; ensuite nous le.... », et
il fil signe qu'on le poignarderait. – « Vous le tuerez
! répondit Barras, mais qui mettrez-vous a sa place
? cette vermine de famille, ce bambin ? — Nous trouverons
le moyen aussi de les annuler. » Ici Fouché et Barras
se séparèrent. Quelques jours plus tard ce dernier sollicita
une audience du roi pour lui dire tout. Le premier mouvement de Louis
XVIII fut d'accorder cette audience ; mais des intrigues de cour l'y
firent renoncer, et tous les avertissements, tous les conseils que
Barras pouvait donner se bornèrent a une conversation qu'il
eut chez le duc d'Havré avec M. de Blacas. II fit d'inutiles
efforts pour faire comprendre à ce ministre qu'on était
sur un volcan ; qu'on ne devait pas ignorer les intelligences qui
existaient entre l'île d'Elbe, Murat, Joseph Bonaparte en Suisse,
l'armée, les généraux et même les Tuileries,
et qu'il était urgent de prendre une autre marche. M. de Blacas
fit entendre à Barras que des intérêts personnels
excitaient souvent de fausses craintes ; qu'il ne fallait pas s'en
rapporter aux alarmistes qui ne cherchaient qu'a grossir le danger.
— « Je savais bien, répliqua Barras, que
vous ne me comprendriez pas. Vous êtes mon parent. A vingt-cinq
ans vous avez émigré, vous avez vingt ans d'émigration,
et vous n'avez rien appris ni rien oublié. Vous ne comprenez
pas le danger que court le roi. Vous êtes sur un volcan,vous
ne vous en doutez même pas. Du reste, soyez tranquille , je
ne veux pas me placer entre le roi et vous. Je voudrais seulement
contribuer au repos de la France par la stabilité des Bourbons
; mais il y a des choses que je ne veux révéler qu'au
roi. Tout ce que je puis vous dire, pour que vous en fassiez le rapport
a S. M., c'est que la conjuration est flagrante.. » La
conférence finie, M. de Blacas se plaignit a Guérin
des réticences de Barras. Guérin en justifia le motif,
et il insista fortement pour que Barras fût admis auprès
du roi, ajoutant qu'il y allait peut-être du salut de la monarchie,
« Quoi ! répond M. de Blacas, voudriez-vous
exposer madame la duchesse d'Angoulême a tomber évanouie
a la vue d'un homme qui a voté la mort de son père ?
» Voyant M. de Blacas intraitable, il lui insinua que peut-être
Barras s'ouvrirait tout à fait s'il recevait de la main du
roi une lettre qui pût le porter à ne rien cacher a son
ministre. Cet expédient fut agréé, et le roi
écrivit de sa main la lettre suivante : « Les circonstances
ne me permettant pas de voir en ce moment M. le général
comte de Barras, et connaissant les services qu'il a cherché
à me rendre dans le temps qu'il était membre du directoire
exécutif, ainsi que ceux qu'il peut me rendre encore en ce
moment, je l'engage a communiquer avec MM. les duc d'Havré
et comte de Blacas, auxquels il doit avoir une pleine et entière
confiance. Signé : Louis. Aux Tuileries, le 30 août 1814.»
Barras reçut avec joie la lettre de Louis XVIII, qui lui offrait
une garantie dans l'avenir ; mais, n'ayant aucune confiance en M.
de Blacas, et ne pouvant plus se dissimuler qu'il venait de se compromettre
en pure perte pour lui et pour l’Etat vis-à-vis de son propre
parti, il persista dans sa résolution de ne révéler
qu'au roi lui-même les secrets de la conjuration. Il annonça
au duc d'Havré que, ne pouvant plus être utile à
S. M., il allait se rendre dans le midi de la France pour éviter
les confidences d'un parti qu'il n'avait plus l'espoir de rattacher
aux intérêts du monarque ; et il se rendit dans sa terre
des Aigalades, près de Marseille. La catastrophe du 20 mars
et la seconde invasion de la France justifièrent les avertissements
de Barras, et attestèrent sa bonne foi dans les révélations
qu'il avait offertes. Rentré a Paris peu de temps après
le second retour du roi, il se mit de nouveau en rapport avec le duc
d'Havré. On ne peut pas douter que la haine profonde dont il
était animé contre Napoléon et les siens ne fût
alors le véritable motif de son zèle pour les Bourbons.
Avant même la seconde entrée de Louis XVIII dans Paris,
il avait fait passer à ce prince plusieurs mémoires
et avertissements qui furent mis sous les yeux du roi. Quand Fauche
résolut au commencement de 1816 de faire imprimer et de publier
le Précis historique des différentes missions dans
lesquelles il avait été employé pour la cause
de la monarchie, Barras sachant qu'il devait y figurer, et craignant
d'être compromis auprès de son parti, fit tout pour dissuader
Fauche de ce projet. Voyant qu'il ne pouvait obtenir un tel sacrifice,
il agit sourdement pour mettre obstacle à la publication ;
et il obtint du ministre de la police un ordre en vertu duquel la
première édition fut saisie. Vingt-huit exemplaires
seulement furent sauvés et répandus. Barras, très
contrarié de cette publicité partielle, dit un jour
à Fauche : « Voyez dans quelle fausse position ce
vous me mettez. Je suis forcé de répondre aux personnes
qui me demandent si ce que vous dites est vrai relativement aux lettres
patentes. Ne pouvant vous désavouer entièrement, que
puis-je dire? Que c'est Bottot et Mounier qui ont conduit cette affaire
dans laquelle vous n'auriez pas du me faire figurer. Vous me rendrez
suspect à mes amis et à mes connaissances, et je n'apprendrai
plus rien, si vous ne faites pas un correctif que vous ajouterez comme
note additionnelle a votre Précis historique, et que vous refondrez
ensuite dans votre récit, lors d'une seconde édition.
Là, vous expliquerez que c'est avec Bottot et Mounier que vous
avez traité directement ; et comme je communiquai dans le temps
votre première lettre au directoire, je puis avouer sans inconvénient
que j'ai reçu des propositions de l'étranger. »
Fauche consentit à ces modifications ; et il continua d'entretenir
avec Barras les mêmes rapports, au grand mécontentement
des vieux républicains qui circonvenaient celui-ci, et qui
disaient entre eux : « Il est bien étonnant que,
lorsque ce nous parlons à Barras des lettres patentes, il les
désavoue, et qu'en ce même temps il reçoive aussi
bien ce Fauche-Borel qui les a mises au jour. » En effet
Fauche était reçu chez Barras sur un pied très
amical (14). Au mois de juin
1819 parut une déclaration intitulée : Le général
Barras à ses concitoyens. Loin d'avoir aucun rapport direct
avec les écrits de Fauche, cette espèce de désaveu
regardait spécialement les Souvenirs et anecdotes secrètes,
publiées par Lombard de Langres, qui y avait inséré
diverses anecdotes très piquantes sur les dernières
années du règne de Bonaparte, et qu'il annonçait
avoir puisées dans des conversations que le général
Lefebvre, duc de Dantzick, avait eues chez Barras et souvent même
à sa table. Ces anecdotes étaient vraies ; mais leur
divulgation parut alors prématurée. Le duc de Dantzick
se voyant compromis dépêcha ses aides de camp pour faire
supprimer l'édition. Il y avait une page qui révélait
également les rapports qu'avait eus Barras avec Louis XVIII
avant et pendant l'année 1814. Voilà ce qui donna lieu
au désaveu qui fut d'ailleurs suggéré à
Barras par ceux qui l'entouraient. Il contribua aussi beaucoup a faire
supprimer l'édition des i-Souvenirs et anecdotes secrètes,
parce que certains faits qui y étaient consignés
l'auraient compromis avec le parti qui déjà maîtrisait
l'opinion publique. Ce fut dans ce sens qu'il publia la déclaration
dont il s'agit : c'était moins encore une réfutation
captieuse de faits avérés qu'une profession
de foi de républicanisme pour satisfaire l'opinion de l'époque.
Ainsi il est évident que sur son déclin l'ex-directeur
fut circonvenu par une coterie qui voulait le faire mourir républicain,
et sans aucunetache de royalisme. Ces contrariétés
empoisonnèrent les derniers jours de Barras, infirme et ne
quittant plus son fauteuil. Il ne voulut cependant pas désavouer
les publications de Fauche-Borel, où tout se trouvait dévoilé,
et qui parurent avant sa mort, bien qu'on l'ait obsédé
pour tirer de lui un désaveu. Barras mourut le 29 janvier 1829,
âgé de 74 ans, à Chaillot (15).
Une tentative d'enlèvement de ses papiers politiques eut lieu
aussitôt par l'ordre du ministre de la justice Peyronnet ; mais
déjà ces papiers avaient été soustraits.
Le 1er février, Barras fut inhumé au cimetière
de l'Est. M. Pierre Grand, et M. Hortensius de Saint-Albin, tous les
deux avocats à la cour royale, prononcèrent chacun un
discours funèbre sur sa tombe (16)
; (1834 : suppr 1854 et ils le louèrent sans restriction de
ses vertus républicaines). On annonça bientôt
après la publication des mémoires de Barras ; mais cette
publication n'a pas eu lieu : on sait que sa veuve y met obstacle.
— Barras était grand et assez bel homme. Sans esprit ni culture,
il avait cette sorte d'intelligence prompte qui tient au caractère.
Ses manières étaient prévenantes ; il était
actif, brave, généreux, rendait volontiers service ;
mais ces qualités furent obscurcies par la dissolution de ses
mœurs. Dans tout ce qui a été publié au nom de
Napoléon, on voit sans cesse celui-ci occupé de repousser
et de dénier ses rapports avec Barras et surtout les services
qu'il en avait reçus. Cependant il est incontestable que ce
fut cet ancien représentant qui le premier sut le distinguer,
l'apprécier et l'employer utilement au siège de Toulon
; et il n'est pas moins notoire que ce fut encore lui qui, au 13 vendémiaire,
le produisit, et fut la première cause de sa haute fortune.
Après tant de persécutions et d'ingratitude, on comprend
aisément les motifs de pareilles dénégations.
Barras n'a pas eu d'enfants. Il avait deux frères : l'un était
chanoine de St- Victor, à Marseille ; l'autre, qui avait émigré
(le chevalier), était un joueur effréné ; il
s'est noyé par désespoir. B –p.
|
|
|
|
|
Notes |
|
|
|
|
(1)
Les événements conduisirent alors Barras au cap de
Bonne-Espérance ; il y servit sous le général
Conway, vec lequel il eut des démêlés au sujet
des mauvais traitements qu’on infligeait aux soldats sans mesure
comme sans pitié. Ce zèle philantropique le fit accuser
d’indiscipline : on le nota comme insubordonné. Déjà
au sujet de ses débats avec le ministre Castries, la cour
de France avait lancé contre lui des ordres arbitraires,
qu’on n’osa pas exécuter par égard pour sa famille.
(Retour au texte.)
- |
|
|
|
|
(2)
Délégué par le club des Jacobins de Marseille,
Barras vint à Avignon en 1791, pour y opérer une réconciliation
entre les deux partis qui avaient fait la révolution. Mais
tout rapprochement était impossible entre des hommes désintéressés
qui n'avaient voulu que rendre le pays français, et une faction
anarchique dont Duprat, Mainvielle, Rovère, etc., étaient
les chefs, et qui ne respirait que le meurtre et le pillage. Barras
ne pouvait réussir dans une négociation où le
maire d'Arles, avec plus de talent, avait échoué (Voy,
Antonelle, LVI , 368). Dépourvu de toute instruction, parlant
peu et parlant mal, Barras paraissait alors doux, froid, timide, apathique,
irrésolu, et il était loin de faire entrevoir cette
ambition, ce caractère dominateur qu'il déploya deux
ans après. Il séjourna environ deux mois à Avignon,
et y resta neutre, dînant chez Mainvielle ou chez Duprat, et
soupant chez le père de l'auteur de cette note, lequel était
alors commandant de la garde nationale, ou chez son associé
qui était maire. A—T. (Retour au texte.)
|
|
|
|
|
(3)
Si l’on en croit Despaze dans les Cinq Hommes, brochure évidemment
dictée par Barras (Paris 1796, in-18), dès 1789 il écrivit
contre les désordres des courtisans, et s’unit, les 12, 13
et 14 juillet à la masse des insurgés qui réduisirent
la Bastille. (Retour au texte.) |
|
Despaze
|
|
|
(4)
Selon la brochure déjà citée, Barras avait demandé
la déchéance du roi avant le massacre des prisonniers
d’Orléans en 1792. (Retour au texte.) |
|
|
|
|
(5)
Dans les compilations de Sainte-Hélène on fait dire
à Bonaparte que ce fut un autre représentant, nommé
Gasparin, qui eut alors le mérite de le distinguer et de l'apprécier
; mais il est de toute notoriété que ce fut Barras.
Gasparin était sans crédit et sans influence ; c'est
ce qu'attestent tous les témoignages, tous les écrits
du temps ; Barras était au contraire, surtout pour les affaires
militaires, l'homme influent, le directeur principal de la commission.
On verra plus tard quels motifs Napoléon avait pour nier qu'il
lui eut tant d'obligation. (Retour au texte.) |
|
|
|
|
(6)
C'est par erreur que notre collaborateur Beaulieu a dit, à
l'article Fréron, que le jeune Bonaparte avait commandé
l'artillerie qui fut chargée des massacres après la
prise de Toulon. Tous les témoignages et tous les renseignements
nous ont offert la preuve que ces massacres furent exécutés
par des fusillades ; qu'il n'y fut pas employé une seule pièce
de canon, et qu'ainsi ils ne purent pas être dirigés
par un officier d'artillerie. (Note de l'édition de 1834 –
supprimée dans l’édition de 1854.) (Retour
au texte.) |
|
|
|
|
(7) Après le 15 vendémiaire, Danican,
qui avait combattu pour les sections, publia en Angleterre, où
il se réfugia, une brochure intitulée : i-les Brigands
démasqués, ou Mémoire pour servir à l’histoire
du temps présent, Londres, 1796, in-8°. Barras, en grand
costume de directeur, est représenté en frontispice
avec cette légende : Paul Barras, premier du nom, roi de France,
de Navarre et de Lombardie, duc de Brabant, comte de Nice, prince
de Liège, électeur de Cologne, etc.) (Retour
au texte.) |
|
|
|
|
(8)
Quirini s'était déjà fort avancé, et il
avait signé des lettres de change pour sept cent mille francs.
Lorsque la république de Venise tomba définitivement,
il lui fut impossible de les payer. On l'arrêta le 3 décembre.
1797, et il fut conduit au château de Milan, d'où il
s'évada quelques mois après. (Retour au
texte.) |
|
|
|
|
(9)
On accusa dans le temps Barras d'avoir fait arracher du registre des
baptêmes de sa commune le feuillet sur lequel était inscrit
l'acte véritable de sa naissance. A—T. (Retour
au texte.) |
|
|
|
|
(10)
Peu de temps après parut un pamphlet dicté par Barras
lui-même, qui a pour titre: les Crimes de Barras, pour
servir de base à son acte d’accusation. On se doute bien que
ces crimes, au nombre de neuf, sont autant de vertus civiques.
Et après ce début : Vil avorton de l'honneur français,
vient l'apologie de ses rares et sublimes vertus, qu'on dit
être son plus grand crime. (Retour au
texte.) |
|
|
|
|
(11)
C'étaient les Bourbons de la branche d'Orléans et le
prince de Conti. (Retour au texte.) |
|
|
|
|
(12)
Dans un écrit publié par Barras en 1819, sous ce titre
: le général Barras à ses concitoyens,
il donne à ce sujet les explications suivantes : « Au
fort de la proscription exercée contre moi par Buonaparte,
les uns ont répandu que j’en recevais en secret un traitement
particulier et même des bienfaits ; les autres ont répandu
en même temps et depuis, qu’avant le 18 brumaire j’aurais pris
part à des entreprises tentées contre la forme du gouvernement
dont le dépôt nous était confié par la
nation…… Une proposition venue des pays étrangers fut, dans
le temps, apportée à l’un des membres du directoire.
A l’instant même le directoire tout entier en eut connaissance.
Si le témoignage unanime de tous mes anciens collègues
qui vivent encore ne suffisait pas pour ce fait historique, les archives
du directoire comme celles des ministères feraient foi que
tout ce qui a pu avoir lieu en conséquence de cette proposition
n’a existé que par délibérations spéciales
du directoire, portées en ses registres secrets, et dont les
ministres d’alors, particulièrement ceux des relations étrangères
et de la police, suivirent l’exécution. Je déclare que
non seulement je n’ai reçu aucun traitement de Buonaparte,
mais qu’il a refusé le remboursement même d’avances faites
de mes deniers et de mon propre mouvement au ministère de la
guerre, en l’an 7, pour le besoin de nos armées, dans une circonstance
des plus urgentes. Je déclare que depuis je n’ai jamais reçu
de qui que ce soit aucun genre de traitement, même de réforme.
J’ai dû au gouvernement impérial une persécution
continue ; je dois au gouvernement constitutionnel le repos de la
vie privée désormais abritée sous les lois, comme
celle de tous les citoyens qui respectent l’ordre social. Voilà
mon existence, mon ambition, mes vœux. » Ces faits, au reste,
seraient bien éclaircis, si jamais les mémoires de Barras
sont publiés. Il paraît certain, si l’on en croit ceux
qui jusqu’à la fin ont connu ses intimes pensées, qu’à
propos des propositions de Louis XVIII, il était convenu d’attirer
à Vesel ce prince et ses partisans, et d’opérer à
son égard comme le fit depuis Bonaparte à l’éagrd
du duc d’Enghien. Cela paraît assez probable ; mais ce qui ne
le paraît pas moins, c’est qu’en se rendant ainsi l’intermédiaire
entre les révolutionnaires impitoyables et Louis XVIII, Barras
était assez habile pour se ménager, quel que fût
l’événement, un moyen de mettre en sûreté
sa personne et sa responsabilité. D-r._r. (Retour
au texte.) |
|
|
|
|
(13)
On fit alors une caricature dégoûtante sur la manière
dont il rendait cette terre qui, achetée depuis par le général
Moreau, porta toujours malheur à son propriétaire. A—T.».
(Retour au texte.) |
|
|
|
|
(14)
Barras demeurait alors rue Bleue, n. 20. L'auteur de cette note qui
depuis 1791, l'ayant perdu de vue , et ne l'ayant aperçu que
dans quelques cérémonies publique, n'avait jamais été
l'encenser dans son palais du Luxembourg, ni se vautrer, comme disait
Barras lui-même, alla le visiter dans son domicile bourgeois,
où il eut peine à le reconnaître. L'ancien directeur
n'avait alors que 63 ans ; mais les regrets sur sa grandeur passée,
les ennuis de sa position actuelle semblaient l'avoir vieilli plus
que les ans, l'abus des plaisirs et les infirmités. C'était
toujours le même homme qui, en 1791, froid, taciturne embarrassé,
hésitait sur la bannière qu'il avait à suivre.
Mais il était plus catarrheux, cacochyme, morose, rapetissé
tant au moral qu'au physique, et semblait encore flotter entre la
république et la monarchie. Sa conversation n'offrait rien
de positif ni d'intéressant. Il se plaignait vaguement de tout
le monde, et paraissait regretter surtout d'avoir quitté le
certain pour l'incertain. Cette irrésolution explique assez
la conduite antérieure et subséquente de Barras, et
démontre bien évidemment qu'il n'avait jamais eu que
l'audace et l'activité du moment, quand il était stimulé
par l'intérêt ou l'ambition, et qu'il tenait en main
tous les moyens de satisfaire ses goûts ou de se maintenir au
pouvoir ; mais que, dans toutes les autres circonstances, il ne fut
réellement qu'un homme fort ordinaire. A—t» (note de
l’édition de 1834.) (Retour au texte.) |
|
|
|
|
(15)
Ce fut là qu’il passa les dernières années de
sa vie, vivant assez modestement et recevant quelques amis. Il se
faisait appeler citoyen par ses gens. (Retour
au texte.) |
|
|
|
|
(16)
Le discours de M. Hortensius de St.Albin fit partie d’une brochure
intitulée Obsèques du général Barras
(1er février 1829.) Paris in-8° de 12 pages. On y trouve
l’éloge du caractère généreux et facile
de Barras comme homme privé. Ce discours est précédé
d’une notice sur Barras tirée du Constitionnel ; on
y relate des traits de bienfaisance. M. de Saint-Albin père,
dépositaire des manuscrits de Barras prépare, dit-on,
la publication de ses mémoires ; ils éclaireront, sans
doute, des faits qui, jusqu’à présent n’ont été
présentés qu’avec passion par des écrivains de
parti. (D-R-R.) (Retour au texte.) |
|
|
|
_
Retour au haut
de la page.
|