Mirabeau,
(Honoré Gabriel Riquetti, comte de) 1749-1791.
Homme
politique français, un des personnages les plus marquants de la
Révolution, et l'orateur le plus brillant de l'Assemblée constituante.
Né avec une tête disproportionnée
et un pied tordu, il fut de plus défiguré à trois ans par une petite
vérole mal soignée, Cette laideur, qui contrastait avec la beauté
reconnue des autres membres de sa famille, et la désaffection de
son père (l'écrivain économiste Victor Riquetti Mirabeau, auteur
de "l'Ami des hommes") qui en résultait, lui fit
très tôt prendre conscience de sa différence.
Placé à quinze ans dans l'école de l'abbé Choquart, qui était une
sorte de maison de correction pour les fils de famille indisciplinés,
Mirabeau y reçut des leçons de mathématiques du célèbre Lagrange.
A dix-sept
ans, il entra comme sous-lieutenant dans le régiment de Berry-cavalerie
; il étudia alors tous les ouvrages d'art militaire qu'il pouvait
se procurer. Mais son père, ayant appris quelques frasques du jeune
homme, obtint une lettre de cachet et le fit enfermer à l'île de
Ré, envisageant même de le faire déporter dans les colonies hollandaises.
Libéré grâce à l'intercession du gouverneur de l'île, Mirabeau prit
part à la conquête de la Corse (1768) comme officier de la légion
de Lorraine, et il y reçut le brevet de capitaine.
Rendu à la vie civile,
il se rendit dans le Limousin pour s'occuper de terres appartenant
à son père. En 1772, il épousa Mlle de Marignane, une riche héritière
de la ville d'Aix.
S'étant endetté outre mesure, son père le fit enfermer par lettre
de cachet pour le soustraire à ses créanciers. Il fut emprisonné
au château d'If le 20 sept. 1774 ; il y rédigea un "Essai
sur le despotisme".
Il fut ensuite transféré
au fort de Joux. Ayant obtenu de se rendre quelquefois à Pontarlier,
il séduisit Sophie de Ruffey, marquise de Monnier, jeune épouse
d'un vieux magistrat au parlement de Besançon, et se sauva avec
elle en Hollande. Il fut, pour cet enlèvement, condamné à avoir
la tête tranchée en effigie. Après avoir vécu quelque temps de sa
plume, en traduisant des ouvrages historiques anglais, il fut arrêté
en 1777, ramené en France, et enfermé au donjon de Vincennes.
Pendant les trois
années et demie de sa captivité, Mirabeau écrivit "Des
lettres de cachet et des prisons d'état", et des romans
licencieux.
Libéré de Vincennes,
il se rendit à Pontarlier, et obtint la réformation du jugement
qui le condamnait à la peine de mort pour le rapt de Sophie Monnier.
En 1784, Mirabeau
se rend à Londres où il complète ses études politiques sur les institutions
anglaises. Il y publie des "Considérations sur l'ordre de
Cincinnatus".
De retour à Paris,
il publie des "Doutes sur la liberté de l'Escaut", et
des brochures sur la Caisse d'Escompte, sur la banque de Saint-Charles
et sur la Compagnie des eaux de Paris.
En 1785, le ministre
Calonne lui confie une mission secrète à Berlin, afin de sonder
les dispositions du successeur de Frédéric II, et de négocier un
emprunt pour la France.
De retour en France,
Mirabeau publie une brochure intitulée "Dénonciation de l'agiotage
au roi et aux notables", qui lui valut de nouveaux ennuis.
En 1788, il fait paraître un important ouvrage sur la Monarchie
prussienne.
A la fin de 1788,
un écrit anonyme, intitulé "Histoire secrète du cabinet
de Berlin", défraye la chronique et scandalise l'opinion
publique. Cet ouvrage, qui maltraitait fort l'empereur Joseph II
et le roi de Prusse, est condamné par le parlement à être brûlé
par la main du bourreau.
Mirabeau, qui tenait
à prendre part aux grands événements qui s'annonçaient en France,
voulut se faire élire député de la noblesse de Provence. Mais cet
ordre le rejeta, parce qu'il ne possédait ni propriété, ni fief.
Mirabeau alors se
fit élire par le Tiers-Etat d'Aix et de Marseille
Lorsque Mirabeau
parcourut la Provence au début de 1789, il recueille partout un
triomphe populaire. Mais son voyage est aussi marqué par des insurrections
et l'établissement de gardes bourgeoises destinées à protéger les
propriétaires contre "la populace".
C'est dans les séances
des Etats-Généraux, devenus l'Assemblée nationale, que Mirabeau
donnera toute la mesure de son talent d'orateur et d'homme politique.
Entouré de publiciste
genevois, tels Duroveray et Clavière, Mirabeau prolongea son action
politique au moyen d'une feuille d'information intitulée :
Etats-Généraux.
Mais pour le grand
public, peu habitué encore aux débats parlementaires, Mirabeau fait
figure de brouillon, d'agitateur; C'est ainsi que le décrit au tout
début du mois de juin, l'auteur d'une brochure :
|