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Documents   >  Le Moniteur  

Dernière modification: 20/02/2006

Gazette Nationale ou le Moniteur universel.
A dater du 7 nivôse an 8, les Actes du Gouvernement et des Autorités constituées, contenus dans le Moniteur, sont officiels.


 

N° 285. Mercredi, 15 messidor an 12 de la République ( 4 juillet 1804).
(Extraits)

   
  République Batave. Amsterdam, le 28 juin (9 messidor). Plusieurs vaisseaux américains viennent d'entrer au Texel ; on les a soumis à la quarantaine.
- Les Anglais ont recommencé leur piraterie sur nos côtes. Ils viennent d'enlever quelques embarcations près de Fatecyk, dont les équipages, conduits dans les ports d'Angleterre, sont obligés de servir sur la flotte anglaise.
Parmi les bâtiments enlevés, il y a trois jours, près de l'embouchure de la Meuse, se trouvent deux navires sous pavillon prussien.
- La commission du département de l'intérieur a fait son rapport sur les marais desséchés dans le département de la Hollande, pendant le courant de l'année dernière ; on a gagné un terrain considérable qui a été changé dans les meilleurs pâturages ; si l'on continue encore quelque temps, comme l'on a fait pendant quatre ans, non seulement l'Etat y gagnera considérablement, mais aussi sera amélioré le climat, depuis longtemps en mauvaise réputation chez les étrangers, à cause de son insalubrité.
 

République Batave

 

 

 

 

  Angleterre. Londres, le 19 juin (30 prairial.)
Extrait du Daily advertiser.
Après une longue discussion qui a eu lieu à la chambre des communes, et qui a duré jusqu'à cinq heures du matin, le bill de M. Pitt, sur le recrutement de l'armée a été adopté à une majorité de 42 voix : 265 membres ont voté en faveur du bill, et 223 contre.
Ainsi les vœux et l'espoir des deux oppositions coalisées se trouvent entièrement déçus. M Pitt s'est montré le défenseur des privilèges de la couronne. Il a déclaré ouvertement à ses adversaires qu'il comptait fermement sur l'adhésion de la chambre, et que quand bien même le bill serait rejeté, les chefs de l'opposition n'en seraient pas moins trompés dans leurs projets. Qu'ils pouvaient faire tous leurs efforts pour faire rejeter le bill ; mais qu'il conserverait sa place en dépit d'eux, tant qu'il aurait le suffrage de sa majesté et de ses loyaux sujets. Il s'était montré depuis longtemps le défenseur de la prérogative royale, et c'était vouloir renverser un des principes fondamentaux de la constitution iencore monarchique de l'Angleterre, que de contester le droit qu'avait le roi de nommer ses ministres.
   
 

- M. Drake est arrivé à Londres.

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  (Morning Chronicle)
Londres, le 22 juin (3 messidor). On se rappelle que dans les discussions qui ont eu lieu pour la réunion de l'Irlande, les personnes qui ont parlé pour ou contre cette mesure, se sont accordées à considérer le parlement irlandais comme une assemblée sans honneur et sans principes ; tous ont reconnu qu'il était avantageux de détruire ce corps, puisqu'il était contraire aux intérêts de ceux que son devoir lui commandait de protéger. Les Anglais cependant eurent lieu de déplorer cet avantage du royaume d'Irlande : ils ne peuvent se dissimuler que c'est l'importation de cent membres de cette même assemblée qui a fait pencher la balance dans les dernières divisions parlementaires, et qui a décidé les plus chers intérêts de ce pays. De 60 ou 70 membres irlandais présents, 16 seulement ont voté contre le ministre ; 4 membres écossais se sont prononcés en faveur du bill, et 45 autres ont fait partie de la minorité.
   
- C'est probablement,nt pour faciliter les nouvelles levées de M. Pitt, que ses collègues ont annoncé qu'il n'y aura plus de potences dans ce pays.
Le comte de Stanhope a inventé une machine au moyen de laquelle un pianiste en l'adaptant à son instrument, écrit sa musique à mesure qu'il l'exécute. Le mouvement qu'il donne aux touches se commmunique à la machine qui copie, et le morceau achevé, on le trouve parfaitement noté.
   
  Intérieur.
Paris, le 14 messidor.
Le Publiciste, dans un de ses derniers numéros, annonce à l'Europe, que de grands changements vont avoir lieu dans l'Italie inférieure, que les Etats du Pape vont être démembrés, et que le cardinal Fesch doit prendre une grande part à ces événements.
 

Napoléon journaliste

V. Corresp. Napoléon

  Si la France devait intervenir dans de tels changements, il est peu vraisemblable que ce fût pour démembrer le territoire du Pape.  
  Mais qui a fait la confidence au Publiciste de ces grands plans ? Un journaliste d'Augsbourg ! Et de qui ce journaliste a-t--il reçu ces informations ? D'un agent payé par l'Angleterre. Et quel est le but de l'Angleterre ? D'alarmer le continent, d'effrayer le St. Père ; de faire croire à l'Europe qu'elle est sur un volcan, et que la France veut tout bouleverser pour tout envahir. L'agent anglais fait son métier ; le journaliste d'Augsbourg gagne son argent ; mais comment se fait-il que le Publiciste dont le rédacteur est un homme de sens, dont les intéressés sont des hommes recommandables, se prête à cet agiotage politique ? C'est que le rédacteur se repose sur un commis subalterne, et que les intéressés ne se donnent pas la peine de lire les articles politiques qui s'impriment dans leur journal.
La même feuille vient aussi d'apprendre à l'Europe que le roi de Naples va partir pour la Sicile, et que Mr. Acton, que ce prince, éclairé sur l'intérêt de son gouvernement, avait chassé du cabinet, est au moment de rentrer avec l'appui d'une grande puissance.
Qui a mis le Publiciste dans cette confidence ? Un bulletin à la main, qui se rédige à Francfort. Et qui a donné cette nouvelle à l'auteur du bulletin ? Un agent anglais. Et quel est l'intérêt de cet agent ? C'est de donner à croire que la France veut s'emparer de Naples ; c'est de faire supposer que l'Europe prend intérêt à ce grand ministre, qui a sacrifié le bien du pays qu'il gouvernait, à l'avantage de l'Angleterre ; à ce ministre qui, né Français, est le plus ardent ennemi de la France ; qui brouilla la cour de Naples avec celle de Versailles ; qui fut l'opprobre et est devenu l'horreur des peuples des Deux-Siciles, et qui ne voudrait ressaisir le pouvoir qu'afin de porter le roi de Naples à tomber encore dans les mêmes fautes qu'il a commises en l'an 5 et en l'an 6. Mais ce gouvernement n'a levé ni soldats, ni subsides. Eh ! qu'importe à Mr. Acton, qui a tous ses fonds placés à Londres, qu'importe au rédacteur du bulletin, qui écrit à Francfort, pourvu qu'en inquiétant l'Europe, il serve l'Angleterre !
   
  Le Publiciste annonça aussi il y a plusieurs mois qu'un traité venait d'être conclu, par lequel la Porte cédait la Morée à la France. De qui ce journal tenait-il cette nouvelle ? D'un faiseur de bulletin de Hambourg ou de Bruxelles, qui le tenait d'un agent anglais.  

Morée

 

  De pareilles rapsodies ne fixent pas d'abord l'attention ; cependant on ne tarde pas à reconnaître leur but par les effets qu'elles produisent. Or voici ce qui est arrivé. Les papiers français furent mis soigneusement sous les yeux de la Porte, et le général Brune eut lieu d'être fort surpris, quand le reis-effendi les lui montra, et lui apprit que, de ce qu'ils disaient que la Morée était cédée à la France, on avait conclu que la France était dans l'intention de s'emparer de la Morée.  

Brune

Reis-effendi

  Il y a plusieurs mois que, sur la foi des journaux français, la cour de Vienne croyait que la France faisait marcher 60.000 hommes en Italie ; et que, sur la foi des journaux allemands, le gouvernement français aurait pu penser qu'au lieu de deux régiments, la cour de Vienne faisait marcher 60.000 hommes en Souabe. Quand on a voulu remonter à la source de ces nouvelles, on a appris que les gazettes allemandes les tenaient de bulletins à la main faits en France, et les gazettes françaises, de bulletins à la main faits en Allemagne, les uns et les autres payés par des agents anglais.
Si les personnes intéressées dans l'entreprise des journaux, ne veulent pas qu'ils soient l'écho de cette turbulence anglaise qui, ne pouvant diviser en effet le continent et faire marcher ses armées, répand qu'il est divisé et que ses armées sont en marche, ils doivent porter une attention journalière sur la partie politique de leurs feuilles. Si, de leur côté, les rédacteurs craignent qu'on ne leur suppose un peu plus que de la négligence, ils doivent s'abstenir de puiser les nouvelles de France dans la gazette d'Augsbourg, et dans les bulletins à la main de Francfort, d'Hambourg et de Bruxelles. C'est ce que nous avons voulu prouver par cet article.
   
     


 

 

 

 

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