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Grégoire
(Henry), curé, député aux états-généraux,
évêque constitutionnel de Blois, député
à la convention nationale et au conseil des cinq cents, législateur,
membre de l’institut, sénateur, comte, commandant de la légion
d’honneur, etc.
Né en 1750, près Lunéville, il embrassa l’état
ecclésiastique, et était curé d’Embermesnil,
lorsqu’en 1789, il fut élu député du clergé
du bailliage de Nancy aux états-généraux. Il
se réunit l’un des premiers de son ordre à la chambre
du tiers, où il fut très applaudi ; s’opposa le 8
juillet 1789 à l’approche des troupes que le roi appelait
vers Paris, et dit «que si les Français consentaient
à redevenir esclaves, ils seraient la lie des nations.
» Le 3 août, il réclama l’humanité de
l’assemblée en faveur des juifs persécutés
alors en Alsace ; peignit ensuite le roi comme entouré des
ennemis du peuple ; dénonça M. de Bouillé,
et l’orgie des gardes du corps au 4 octobre ; avoua, le 23, que
le clergé n’était que le dépositaire de ses
biens, mais prétendit qu’ils devaient retourner aux donateurs
et non à la nation. Il fut aussi le premier ecclésiastique
qui prêta le serment constitutionnel, et fut élu évêque
de Blois. Président de la société des amis
des noirs, il sollicita, en 1791, les droits de citoyen actifs pour
les gens de couleur, et se montra, dans toutes les circonstances,
l’apologiste de leurs prétentions. Lorsque la fuite de Louis
XVI eut donné lieu à la question de l’inviolabilité,
Grégoire se prononça vivement contre le monarque,
et demanda qu’il fût jugé par une convention. Elu,
en septembre 1792, député de Loir-et-Cher à
cette convention, il provoqua, le 20, et fit prononcer, séance
tenante, l’abolition de la royauté, en affirmant que «
les rois étaient dans l’ordre moral ce que les monstres sont
dans l’ordre physique, et que leur histoire était celle du
martyrologe des nations. » Envoyé avec Sagot,
Herault et Simon en Savoie, ce fut pendant son absence que se fit
le procès de Louis XVI. Il écrivit alors que «convaincu
des trahisons non interrompues de ce roi parjure, il demandait qu’il
fût condamné sans appel au peuple.» On le
vit, au mois d’août 1793, inviter Barère à rétracter
l’éloge qu’il avait fait de Louis XII, et s’engager à
prouver que ce prétendu père du peuple en avait été
le fléau. Après la mort de Robespierre, il fit plusieurs
rapports contre les terroristes, qu’il qualifia de vandales,
pour la destruction des monuments des arts et, depuis cette époque,
parla souvent en faveur de la liberté des cultes. Lors de
l’insurrection du 1er prairial, il provoqua des mesures de rigueur
contre les révoltés, et dit : «qu’en révolution,
frapper vite et frapper fort était un grand moyen de salut».
En septembre 1795, il passa au conseil des cinq cents ; essaya,
sans succès, au 18 fructidor, de faire rapporter la mesure
de déportation portée contre Siméon ; et entra,
après la révolution du 18 brumaire, au nouveau corps
législatif. En février 1800, il en fut nommé
président, et le 25 décembre 1801, élu membre
du sénat conservateur, sur la présentation réitérée
du corps législatif ; il est aussi commandant de la légion
d’honneur et membre de l’institut de France. On le vit toujours
parmi les membres du sénat opposés à la tyrannie
de Bonaparte, et il faillit plusieurs fois devenir sa victime. Il
voyagea même en Angleterre et en Allemagne, dans les dernières
années de la puissance de Napoléon, et vota l’un des
premiers sa déchéance et son expulsion du trône
de France, en 1814. Il ne fit point partie de la chambre des pairs,
créée par le roi, et vint, le 2 juillet 1815, faire
hommage à la chambre des représentants de ses ouvrages,
et demanda que l’abolition de la traite des nègres fît
partie du nouvel acte constitutionnel.
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