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Chaptal,
Mes Souvenirs sur Napoléon, p. 394. |
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Napoléon
se servait lui-même des journaux pour faire la guerre à ses ennemis,
surtout aux
Anglais. Il rédigeait personnellement toutes les notes qu'on insérait
dans le Moniteur, en réponse aux diatribes ou aux assertions qu'on
publiait dans les gazettes anglaises. Lorsqu'il avait publié une
note, il croyait avoir convaincu. On se rappelle que la plupart
notes n'étaient ni des modèles de décence, ni des exemples de bonne
littérature; mais nulle part il n'a mieux imprimé le cachet de son
caractère et de son genre de talent. |
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Mathieu
Molé, Souvenirs, p. 102. |
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Il
écrivit au roi d'Angleterre. Pour toute réponse, lord Grenville,
au nom de son maître, adressa à Talleyrand une note où il indiquait
assez qu'à moins d'y être contrainte par la force des événements,
l'Angleterre ne traiterait qu'avec les Bourbons. C'est alors que
prit naissance cette guerre de plume et d'injures que Bonaparte
fit à tous les cabinets dans son Moniteur et qu'il faut attribuer
plus encore à son défaut d'éducation qu'à la violence de son caractère.
En attaquant tel ou tel ministre, ou en insultant tel ou tel membre
d'une famille régnante, Bonaparte croyait user de simples représailles
envers les journaux anglais. Il ignorait que ces derniers, loin
de sortir du cabinet des ministères, étaient rédigés par des hommes
obscurs auxquels il était aussi inconvenant que superflu de répondre.
On verra combien de fautes ses fausses idées sur l'Angleterre lui
firent commettre. Mais je m'aperçois que j'anticipe. |
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Le Moniteur, 13 pluviôse an X, 1er février
1802 : |
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C'est
toujours avec un nouvel étonnement que nous voyons les longs articles
des journaux anglais et les discours des membres du parlement sur
la sortie de l'escadre de Brest. Il est difficile de concevoir comment,
lorsque nous sommes en état de paix, une expédition qui se rend
à Saint-Domingue pour y rétablir la tranquillité, peut inquiéter
la Jamaïque. . . . . On ne reconnaît pas dans ces discours les sentiments
d'Européens civilisés, mais les craintes des tartares du Thibet.
Pour l'honneur de la civilisation de notre siècle, ne nous faisons
pas plus barbares et plus fous que nous ne sommes. Ces discussions
puériles, et qui montrent simplement la mauvaise foi des hommes
qui les provoquent, sont bien contraires aux ordres qui furent donnés
à Brest lors de la signature des préliminaires. Le préfet demandant
des instructions pour le cas où l'escadre du lord Cornwallis, poussée
par le mauvais temps, serait forcée de se réfugier dans Brest, il
lui fut répondu, non seulement de la laisser entrer dans le port,
mais même de ne prendre aucune espèce de précautions extraordinaires
; car c'est la plus grande injure qu'on puisse faire à des Européens
civilisés, que de leur laisser voir que l'on soupçonne possible
une conduite que l'honneur et les droits des nations ont rendue
sans exemple. |
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Le Moniteur, 19 pluviôse an X, 7 février 1802 : |
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Paris,
le 18 pluviôse. Les journaux anglais
ont beaucoup parlé d'un prétendu drapeau qui aurait été pris
en Égypte, à la bataille du 30 ventôse, au corps dit les
invincibles de Bonaparte. Il n'y a jamais eu de corps portant
ce nom. Il est vrai qu'à cette bataille, le 3e bataillon de la 21e
légère, composé de trois cents hommes, dont plus de la moitié étaient
des gens du pays, ayant été envoyés en tirailleurs pour déborder
une aile, trente hommes seuls restèrent à la garde du drapeau. Les
tirailleurs ayant été ployés, les trente hommes furent entourés
et périrent tous. Par-là le drapeau tomba au pouvoir de l'ennemi.
Le premier consul, passant à Lyon la revue de cette demi-brigade,
et ne voyant pas de drapeau au 3e bataillon, avant de déclarer que
l'honneur de la demi-brigade n'était en rien compromis par cet événement,
acquit la preuve que pas un des trente hommes restés pour la garde
du drapeau, n'avait survécu.
Le
genre de service auquel est tenue l'infanterie légère, fait que
lorsqu'on lui donne des drapeaux en temps de paix, elle doit, en
temps de guerre, les laisser au dépôt. C'est pour avoir manqué à
cet usage, que ce drapeau a été pris. (*)
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L'article suivant, bien dans la manière de Bonaparte, est un
résumé de la situation politique en février 1802. Son importance
sur le plan historique n'échappera à personne.
Le Moniteur, 27 pluviôse an 10 -16
février 1802. |
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Paris,
le 26 pluviôse (an 10).
Le
traité de Lunéville a consacré l'indépendance de la République italienne
; au moment où le traité se signait, ce pays, encore pays de conquête,
vivait sous un régime provisoire, tout à fait à la disposition du
général commandant l'armée française.
Il a fallu procéder à l'organisation de ce pays : cela a été l'objet
de la consulte à Lyon.
Il y avait deux espèces d'organisation à lui donner.
Une dans le genre de celle qu'elle avait eue en 1796. On pouvait
l'imposer par la force, mais elle n'aurait jamais été accueillie
par les habitants. Elle aurait produit désordre et dissensions civiles
; elle aurait été pour les voisins de la Cisalpine un objet d'épouvante,
parce qu'elle aurait été un centre d'anarchie.
La seconde était une organisation à peu près dans le genre de celle
que les habitants ont proposée, avec un gouvernement central et
fort.
Toutes les places ont été facilement remplies, car peu de pays abondent
en citoyens aussi distingués par leurs lumières que par leur probité.
Mais la première place, dans ces circonstances, n'était pas facile
à remplir. On a pris à cet égard le parti que dictait l'intérêt
du pays, et nous osons le dire, l'intérêt bien entendu de ses voisins.
Le gouvernement est installé à Milan.
Les principales lois qui doivent mettre en mouvement la constitution
vont se faire ; sans effort et dans peu de temps, le pays se trouvera
entièrement organisé.
Ceux qui croient que les nations peuvent s'organiser dans un jour,
dans une heure, par la seule rédaction d'une charte, doivent trouver
dans cette marche quelque chose d'extraordinaire.
Mais ceux qui sont convaincus qu'un peuple n'a une constitution
que lorsqu'elle marche, et que chez toutes les nations, les moments
d'organisation sont des crises terribles, qui produisent des malheurs,
seront bien convaincus que le parti qu'a pris la consulte, à Lyon,
est tout à la fois sage et naturel ; et alors tout ce que l'on peut
débiter pour chercher dans son résultat, ce qui n'y est pas, n'est
que du bavardage.
Mais la France va donc réunir à ses 30 millions d'habitants,
l'accroissement d'influence attaché aux quatre millions qui habitent
la République italienne !! De là on feint de s'alarmer, et l'on
se récrie sur la puissance et l'ambition de la France.
Comparons cependant l'influence de la France dans les différentes
parties de l'Europe, depuis le traité de Lunéville, à celle qu'elle
avait en 1788.
En 1788, la France exerçait en Italie une espèce de patronage bien
déterminé sur le roi de Sardaigne, sur le roi de Naples, et sur
la République de Venise.
Sur la République de Venise ! parce qu'elle était géographiquement
l'ennemie de l'Autriche.
Sur le roi de Naples ! par le pacte de famille.
Sur le roi de Sardaigne ! il était lié à la France par l'impuissance
de défendre la Savoie et le comté de Nice, par des doubles alliances,
et plus encore par les prétentions de la maison d'Autriche sur le
Montferrat : ainsi donc dans le système de l'Europe, la France avait
une influence marquée en Italie, sur trois grands Etats ayant 12
millions de population.
Aujourd'hui Venise est à l'empereur.
Naples… le pacte de famille n'existe plus.
La République italienne doit donc compenser l'une et l'autre de
ces pertes.
Ainsi la France n'a pas accru son influence.
La cession de Venise à l'empereur a donné à ce prince un ascendant
marqué et sur l'Adriatique et sur l'Italie ; et si la République
italienne languissait désorganisée, si elle n'était pour la France
une alliée sûre et fidèle, la politique de l'Italie serait à la
disposition de l'Autriche. Il n'y aurait plus d'équilibre, et le
résultat d'une guerre où nous avons vaincu dans cent combats, où
nous avons deux fois trouvé la paix sous les murs de Vienne, aurait
été de nous mettre dans une position pire que celle où nous étions
avant la guerre.
La France ne doit pas exercer sur les pays voisins un pouvoir désordonné
; mais elle doit veiller avec attention à conserver l'équilibre,
véritable garant de la durée de la paix.
Dans le système de l'Allemagne, la Pologne, la Turquie et la suède
se réunissaient au système politique de la France. La Pologne n'est
plus. Elle a augmenté la puissance de nos voisins.
La Turquie, en proie à la guerre civile, n'a juste que la consistance
nécessaire pour continuer à exister. Elle ne peut plus être d'aucun
poids dans les affaires d'Allemagne.
L'acquisition qu'a faite la Russie en Pologne, le degré de civilisation
et de puissance auquel cet Etat est parvenu dans les temps modernes,
le temps qui change et modifie tout, a appelé les descendants de
Charles XII à maintenir l'équilibre de la Baltique, mais ne leur
a plus laissé aucune puissance réelle dans les affaires d'Allemagne.
L'accroissement des quatre départements du Rhin, n'équivaut pas
pour la France à l'accroissement qu'ont reçu ses voisins par le
partage de la Pologne. Par là la France a fait double perte, puisqu'elle
a vu un de ses alliés naturels d'une population considérable, non
seulement s'annuler dans la balance de l'Europe, mais encore renforcer
ceux qu'il devait contenir.
Dans l'équilibre des affaires d'Allemagne, la France a donc encore
plutôt perdu que gagné ; et si elle eût dû souscrire aux deux partages
de la Pologne, et n'avoir en compensation, ni la Belgique, ni les
quatre départements du Rhin, elle aurait cessé d'être, ce qu'elle
a toujours été, Puissance du premier ordre.
Nous ne continuerons pas plus longtemps ce parallèle, et nous ne
démontrerons pas combien est différente la position de la France
en 1788, ou après les préliminaires de Londres, Tippo-Saïb, comme
la Pologne, a disparu du système de l'Inde, et ses états ont accru
l'immense territoire des Anglais.
Aucune nation n'a montré autant de modération que la France.
Conquérante dans la guerre, elle a tout restitué à la paix. Mais
elle doit se tenir dans des limites qui, si elle les dépassait,
décèleraient dans le gouvernement une indigne faiblesse et une étrange
ineptie.
Equilibre dans les affaires d'Allemagne, équilibre dans les affaires
d'Italie, voilà le système de la France.
Qu'elle ne donne pas la loi, mais qu'elle ne la reçoive pas !
A considérer la situation politique de l'Europe sous tous les points, on
voit que la France n'a gagné aucune nouvelle influence ; elle s'est
maintenue au rang où elle était.
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