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Dernière modification: 2/1/2007

Pauline Bonaparte

Pauline Bonaparte (1780-1825), la deuxième fille de Charles-Marie Bonaparte et de Letizia Ramolino, et une des sœurs de Napoléon, est née le 20 octobre 1780 dans la maison familiale à à Ajaccio. En 1793, elle accompagne sa famille lorsqu’elle doit fuir la Corse et se réfugier à Marseille.
En 1797, elle épousa le général Leclerc, et elle l’accompagna dans la funeste expédition de Saint-Domingue, au cours de laquelle Leclerc périt de la fièvre jaune. Rentrée en France, elle se remaria en 1803 avec le prince Camille Borghèse. Remarquable par sa beauté, Pauline mena une vie assez dissolue.
En 1806, Napoléon donna à Borghèse et à son épouse le duché de Guastalla.
Toujours à la recherche des plaisirs, Pauline passa plus de temps à Paris ou à Rome qu’auprès de son époux, qui fut nommé en 1808 gouverneur général des départements français au-delà des Alpes.
Après la chute de Napoléon en 1814, elle le rejoignit à l’île d’Elbe, et elle tentera encore de le rejoindre à Sainte-Hélène.Elle mourut à Florence en 1825.


La main de Pauline refusée par Marmont en 1796
Pauline Bonaparte peinte par la duchesse d'Abrantès.
Le mariage de Pauline avec le prince Borghèse, par Mme de Rémusat.
Pauline par Madame de Boigne
Reproches de Napoléon à Pauline en avril 1804.
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  Mémoires du maréchal Marmont, tome 1, p. 286 :    
  Pendant notre séjour à Montebelle, le général Bonaparte s’occupa de marier sa seconde sœur, Pauline, depuis princesse Borghèse. Il me la fit proposer par son frère Joseph ; elle était charmante ; c’était la beauté des formes dans une perfection presque idéale. Agée de seize ans et quelques mois seulement, elle annonçait déjà ce qu’elle devait être. Je refusai cette alliance, malgré tout l’attrait qu’elle avait pour moi et les avantages qu’elle me promettait ; j’étais alors dans des rêves de bonheur domestique, de fidélité, de vertu, si rarement réalisés, il est vrai, mais souvent aussi l’aliment de l’imagination de la jeunesse. (…) Dans l’espérance d’atteindre un jour cette chimère, remplie de tant de charmes, je renonçai à un mariage dont les effets auraient eu une influence immense sur ma carrière. Aujourd'hui, après le dénouement du grand drame, il est probable qu’en résultat j’ai plus à m’en féliciter qu’à m’en repentir.
L’adjudant général Leclerc, officier- assez médiocre, s’occupa d’elle et l’obtint. Leclerc était un bon camarade, d’un commerce facile et doux, d’une naissance obscure, de peu d’énergie et de capacité. Ce mariage seul a motivé d’abord son avancement rapide, et plus tard, le commandement de l’expédition de Saint-Domingue, si malheureuse et si funeste.
   

La duchesse d’Abrantès, qui n’était en 1801 que l’épouse du général Junot, gouverneur de Paris, connaissait depuis l’enfance tous les membres de la famille Bonaparte. Elle a dépeint dans ses « Mémoires » l’épouse du général Leclerc – qui n’est autre que Pauline Bonaparte, la sœur du premier consul- dans ses préparatifs de départ pour Saint-Domingue.

 

Nous avions perdu Mme Leclerc. Elle avait été, non pas contrainte, mais fortement invitée par son frère à suivre son mari à Saint-Domingue. Je crois que le général Leclerc se serait bien passé de cette addition à son bagage, car c'était une vraie calamité, après qu'on avait épuisé le plaisir de la regarder pendant un quart d'heure, que d'avoir la terrible charge de distraire, d'occuper, de soigner Mme Leclerc. Elle paraissait charmée de partir avec son petit Leclerc, comme elle l'appelait, mais elle en était désolée, et un jour je la trouvai dans un accès de désespoir et de larmes, tout à fait inquiétant pour quelqu'un qui ne l'aurait pas connue comme moi.
- Ah! Laurette, me dit-elle en se jetant dans mes bras, que vous êtes heureuse! Vous restez à Paris, vous ... Mon Dieu, comme je vais m'ennuyer! Et puis ... comment mon frère a-t-il le cœur assez dur, l'âme assez méchante pour m'exiler au milieu des sauvages et des serpents! Et puis je suis malade. Oh! je mourrai avant d'arriver!
Et les sanglots l'étouffaient avec une telle violence que je craignis un moment qu'elle ne se trouvât mal. Je m'approchai de son canapé et, lui prenant les mains je lui parlai comme à un enfant de jouets et de pompons. Je lui dis qu'elle serait reine là-bas, qu'elle irait en palanquin, qu'une esclave serait attentive au moindre de ses mouvements pour exécuter sa volonté, qu'elle se promènerait sous des orangers en fleurs, que les serpents ne devaient lui faire aucune peur, attendu qu'il n'y en avait pas dans les Antilles, que les sauvages n'étaient pas plus à craindre, que ce n'était pas là que la broche était mise pour rôtir les gens. Enfin j'achevai mon discours de consolation en lui disant qu'elle serait bien jolie, mise à la créole.
A mesure que je parlais, Mme Leclerc sanglotait moins bruyamment. Elle pleurait toujours, mais cela ne lui allait plus ma l; car, pour le dire en passant, elle faisait la lippe lorsqu'elle pleurait, ce qui ne lui allait pas bien du tout.
- Et tu crois donc, Laurette, - elle avait la manie de tutoyer indifféremment les gens qui étaient près d'elle dans ses moments d'abandon - tu crois donc que je serai jolie, plus jolie que je ne suis avec un madras mis à la créole, un petit corset, une jupe de mousseline rayée?
Mais il faut avoir vu les yeux, l'expression sérieusement interrogante du regard, la physionomie réfléchie, pour avoir une idée juste de ce qu'était Mme Leclerc oubliant qu'elle partait pour un pays où elle croyait être croquée, parce que je lui présentais une image de toilette nouvelle. Elle sonna sa femme de chambre:
- Apportez-moi tous les madras que vous avez ici.
Elle en possédait d'admirablement beaux que ma mère lui avait donnés et qui venaient d'un ballot d'étoffes des Indes que nous avait apporté le contre-amiral Magon. Il y en avait qui avaient coûté dans le pays jusqu'à cent gourdes. Nous choisîmes le plus joli et, comme cette coiffure était celle que ma mère portait habituellement dans son lit, j'étais accoutumée depuis mon enfance à diriger très habilement les quatre coins cornus. Aussi Mme Leclerc fut-elle ravie de mon talent de coiffure à la créole, quand elle se fut regardée.
- Laurette, me dit-elle en s'arrangeant sur son canapé, tu sais combien je t'aime, ma petite? Tu m'as préféré Caroline. Enfin nous verrons si tu ne t'en repentiras pas. Écoute je vais te prouver combien je t'aime, moi. Il faut que tu viennes à Saint-Domingue. Tu seras la première après moi. Je serai reine, comme tu le disais tout à l'heure, et toi, tu seras vice-reine. je vais parler de cela à mon frère.
Je crus vraiment qu'elle devenait insensée.
- Moi? Aller à Saint-Domingue, madame ! m'écriai-je, mais, bon Dieu, à quoi donc pensez-vous?
- Oh! je sais bien que cela est difficile, mais j'en parlerai à Bonaparte et, comme il aime Junot, il le laissera venir à Saint-Domingue...
Elle était si diffuse dans ses paroles et même dans ses pensées, qu'il me vint à l'esprit qu'elle voulait demander pour Junot le commandement de l'expédition de Saint-Domingue, renvoyer le cher petit Leclerc à son armée d'Angleterre, de l'Ouest, je ne sais où il était avant, et puis s'en venir en pélerine, pour s'habiller à la créole et soumettre l'île par sa beauté. On rira de moi d'avoir eu une semblable idée, mais qui a connu Mme Leclerc ne me trouvera pas si absurde. Pendant que je la regardais d'un air étonné, elle poursuivit, en continuant à arranger les plis de sa robe et les cornes de son madras :
« Nous donnerons des bals, nous ferons des parties dans ces belles montagnes; - elle oubliait déjà les serpents et les sauvages - Junot sera commandant de la ville capitale... Comment l'appelle-t-on? Je dirai à Leclerc que je veux qu'il donne une fête tous les jours. Et puis nous emmènerons Mme Permon. »
Et tout en parlant ainsi, elle me pinçait le nez, me tirait les oreilles, parce qu'elle voulait singer son frère et qu'elle trouvait que ces manières avaient une façon dégagée, ayant un air royal. Et puis une autre fois, elle me donnait d'assez fortes tapes sur mon ventre, ce qui me causait de ces impatiences nerveuses qui vous sont pénibles au point de vous faire pleurer de colère, et la chose sera facilement comprise, si l'on veut se rappeler que j'étais enceinte de huit mois.
Mais le ridicule de toute cette conversation, l'ennui qu'elle commençait à me donner disparurent devant la dernière phrase de cette tête légère, qui ne contenait que du vent. Ma mère, qui l'aimait avec une tendresse égale à celle de Mme Laetitia, ma pauvre mère, qui gisait alors sur un lit de souffrance, dont elle ne devait pas se relever!

(…)
Enfin l'escadre mit à la voile dans le mois de décembre de l'an 1801. Ce que Mme Leclerc emporta de robes, de chapeaux, de bonnets, de futilités multipliées ne se peut nombrer. Trente-quatre vaisseaux de ligne, vingt-deux frégates, une immense quantité de bâtiments de guerre suivaient le vaisseau qui portait la belle Cléopâtre et dans lequel tout ce que le luxe et l'élégance peuvent ajouter à l'utilité avait été réuni pour que la charmante voyageuse n'eût pas même un désir à former. Le général Leclerc aurait été assez porté à ne pas admettre cette foule d'indispensables inutilités, mais Mme Leclerc le prit sur un tel ton à la première parole qu'elle entendit, que le mari s'empressa de se taire pour avoir la paix pendant cet exil auquel il était condamné. C'était un bien singulier mariage que celui-là. Je n'ai jamais compris la raison qui l'avait fait faire, car celle que l'on donnait était absurde. Mme Leclerc traitait son mari fort despotiquement et pourtant elle en avait peur, non pas que ce fût lui qui lui imposât, mais bien le premier consul. Au surplus, elle exigeait de lui des choses bien amusantes à raconter si l'on avait place pour tout dire. (…)

 

 

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Mémoires de Madame de Rémusat :

 
  Vers la fin de 1802, on apprit à Paris la mort du général Leclerc, qui avait succombé à la fièvre jaune à Saint-Domingue. Au mois de janvier, sa jeune et jolie veuve revint en France. Elle était dès lors attaquée d’un mal assez grave qui l’a toujours poursuivie ; mais, quoique affaiblie et souffrante, et revêtue du triste costume de deuil, elle me parut la plus charmante personne que j’eusse vue de ma vie. Bonaparte l’exhorta fort à ne point abuser de sa liberté pour retomber dans les excès qui avaient, je crois, été cause de son départ pour Saint-Domingue ; mais elle ne tarda pas à tenir peu de compte de la parole qu’elle lui donna dans ce moment.  
 

 

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Mémoires de Madame de Boigne :

 
  Je vis là (au bal donné à l'occasion du baptême du roi de Rome) la princesse Borghèse qui me parut la plus ravissante beauté que j'eusse jamais envisagée ; à toutes ses perfections elle joignait l'aspect aussi candide, l'air aussi virginal qu'on puisse le désirer à la jeune fille la plus pure. Si on en croit la chronique, personne n'en eut jamais moins le droit.  
 

 

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Correspondance de Napoléon :

 
 

Paris, le 16 germinal an XII (6 avril 1804).
A Pauline Borghèse
Madame et chère Sœur, j'ai appris avec peine que vous n'aviez pas le bon esprit de vous conformer aux mœurs et aux habitudes de la ville de Rome; que vous montriez du mépris aux habitants, et que sans cesse vous avez les yeux sur Paris. Quoique occupé de grandes affaires, j'ai cependant voulu vous faire connaître mes intentions, espérant que vous vous y conformerez.
Aimez votre mari et sa famille, soyez prévenante, accommodez-vous des mœurs de la ville de Rome, et mettez-vous bien dans la tête que, si à l'âge que vous avez vous vous laissez aller à de mauvais conseils, vous ne pouvez plus compter sur moi.
Quant à Paris, vous pouvez être certaine que vous n'y trouverez aucun appui, et que jamais je ne vous y recevrai qu'avec votre mari. Si vous vous brouillez avec lui, la faute serait à vous, et alors la France vous serait interdite. Vous perdriez votre bonheur et mon amitié.

Napoléon.

 

 
 
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La Malmaison, le 20 germinal an XII (10 avril 1804).
Au cardinal Fesch
Monsieur le Cardinal Fesch, je vous envoie une lettre pour madame Paulette. Je n'ajoute foi qu'à la moitié de ce qui est contenu dans votre lettre; cependant il est fâcheux pour moi de penser que madame Borghèse ne sente pas l'importance dont il est pour son bonheur de s'accoutumer aux mœurs de Rome et de se faire, de l'estime de cette grande ville, une récompense qui doit être douce à un cœur aussi bien né que le sien. Toutefois, je lui fais connaître mes intentions d'une manière très-simple et très-précise; j'espère qu'elle s'y conformera, et l'arrivée de sa mère, d'ailleurs, lui donnera un conseil naturel qui lui sera profitable. Dites-lui donc de ma part que déjà elle n'est plus belle, qu'elle le sera beaucoup moins dans quelques années, et que, toute sa vie, elle doit être bonne et estimée. Il est juste aussi que son mari ait quelque égard à l'habitude qu'elle a de vivre dans Paris, et qu'il lui laisse la liberté à laquelle nos femmes sont accoutumées dans ce pays. Elle devait se faire une étude de plaire à la famille de son mari et à tous les grands de Rome, et établir un ton de société digne du rang quelle occupe, et non ces mauvaises manières que le bon ton réprime, même dans les sociétés les plus légères de la capitale.

Napoléon

 

 

 


 

 

 

 
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