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Pauline
Bonaparte
Mémoires de Marmont, tome 1, page 286 : |
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Pendant
notre séjour à Montebello, le général
Bonaparte s’occupa de marier sa seconde sœur, Pauline, depuis princesse
Borghèse. Il me la fit proposer par son frère Joseph
; elle était charmante ; c’était la beauté des
formes dans une perfection presque idéale. Agée de seize
ans et quelques mois seulement, elle annonçait déjà
ce qu’elle devait être. Je refusai cette alliance, malgré
tout l’attrait qu’elle avait pour moi et les avantages qu’elle me
promettait ; j’étais alors dans des rêves de bonheur
domestique, de fidélité, de vertu, si rarement réalisés,
il est vrai, mais souvent aussi l’aliment de l’imagination de la jeunesse.
(…) Dans l’espérance d’atteindre un jour cette chimère,
remplie de tant de charmes, je renonçai à un mariage
dont les effets auraient eu une influence immense sur ma carrière.
Aujourd'hui, après le dénouement du grand drame, il
est probable qu’en résultat j’ai plus à m’en féliciter
qu’à m’en repentir.
L’adjudant général Leclerc, officier- assez médiocre,
s’occupa d’elle et l’obtint. Leclerc était un bon camarade,
d’un commerce facile et doux, d’une naissance obscure, de peu d’énergie
et de capacité. Ce mariage seul a motivé d’abord son
avancement rapide, et plus tard, le commandement de l’expédition
de Saint-Domingue, si malheureuse et si funeste. |
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Bonaparte
à l'armée d'Italie
Mémoires de Marmont, tome 1, page 296 : |
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Dès
l’instant même où Bonaparte arriva à la tête
de l’armée, il eut dans sa personne une autorité qui
imposait à tout le monde ; quoiqu’il manquât d’une certaine
dignité naturelle, et qu’il fût même gauche dans
son maintien et ses gestes, il y avait du maître dans son attitude,
dans son regard, dans sa manière de parler, et chacun, le sentant,
se trouvait disposé à obéir. En public, il ne
négligeait rien pour maintenir cette disposition, pour l’augmenter
et l’accroître ; mais dans son intérieur, avec son état-major,
il y avait de sa part une grande aisance allant jusqu’à une
douce familiarité. Il aimait à plaisanter, et ses plaisanteries
n’avaient jamais rien d’amer : elles étaient gaies et de bon
goût ; il lui arrivait souvent de se mêler à nos
jeux, et son exemple a plus d’une fois entraîné les graves
plénipotentiaires autrichiens à en faire partie. Son
travail était facile, ses heures n’étaient pas réglées,
et il était toujours abordable au milieu du repos. Mais, une
fois retiré dans son cabinet, tout accès non motivé
par le service était interdit. Quand il s’occupait du mouvement
des troupes et donnait des ordres à Berthier, son chef d’état-major,
comme lorsqu’il recevait des rapports importants, pouvant motiver
un long examen et des discussions, il gardait seulement près
de lui ceux qui devaient y prendre part, et renvoyait toutes les autres
personnes, quel que fût leur grade.
On a dit qu’il dormait peu, c’est un fait complètement inexact
: il dormait beaucoup, au contraire, et avait même un grand
besoin de sommeil, comme il arrive à tous les gens nerveux
et dont l’esprit est très actif. Je l’ai vu souvent passer
dix à onze heures dans son lit. Mais, si veiller devenait nécessaire,
il savait le supporter et s’indemniser plus tard, ou même prendre
d’avance du repos pour supporter les fatigues prévues ; enfin,
il avait la faculté précieuse de dormir à volonté.
Une fois débarrassé des devoirs et des affaires, il
se livrait volontiers à la conversation, certain d’y briller
; personne n’y a apporté plus de charme et n’a montré,
avec facilité, plus de richesse ou d’abondance dans les idées.
Il choisissait ses sujets et ses pensées plutôt dans
les questions morales et politiques que dans les sciences, où,
quoiqu’on ait dit, ses connaissances n’étaient pas profondes.
Il aimait les exercices violents, montait souvent à cheval,
y montait fort mal, mais courait beaucoup ; enfin à cette époque
heureuse, si éloignée, il avait un charme que personne
n’a pu méconnaître. Voilà ce qu’était Bonaparte
pendant la mémorable campagne d’Italie. |
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