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Dernière modification:
25/05/2005
Compagnies
de Réserve 1805-1814
Les
compagnies de réserve furent créées par le décret
impérial du 24 floréal an 13 (14 mai 1805).
Ce décret organisait 107 compagnies (une dans chaque département,
à l’exception de la Seine qui s’en voyait attribuer deux).
L’effectif des compagnies variait selon la population et l’étendue
de chaque département. Elles étaient réparties
suivant leur force en six classes, respectivement de 210, 160, 120,
100, 60 et 36 hommes. (Voir le tableau
des classes et effectifs.)
Ces unités étaient, d’après le décret,
particulièrement destinées à fournir la garde
des hôtels de préfecture, des archives des départements,
des maisons de détention, des dépôts de mendicité,
des prisons de police et des prisons criminelles, mais il était
précisé que leur service ne devait apporter aucun changement
aux obligations et à la surveillance de la gendarmerie.
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Ces compagnies
furent instituées essentiellement pour donner aux préfets,
agents de l’autorité impériale, une force armée
qui pût remplacer tant l’armée, appelée à
mener la guerre à l’extérieur de l’Empire, que la garde
nationale : les grandes heures de la Révolution étant
passées, il ne convenait plus à l’Empereur de laisser
une importance politique et militaire à une institution qui
n’était plus de saison. |
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Les compagnies devaient
être formées au moyen de la réserve du département
: lorsqu’une classe de conscription était levée, elle était
répartie en conscrits pour l’armée active et conscrits pour
rester en réserve, ou être uniquement destinés à
porter l’armée au pied de guerre si les circonstances l’exigeaient.
Par exemple, la loi du 27 nivôse an 13 (17 janvier 1805), relative
à la conscription de l’an 14, levait 30.000 conscrits pour l’armée
et 30.000 pour la réserve. Et un décret impérial
du 24 floréal an 13 (14 mai 1805 - le jour même où
avait été pris le décret concernant les compagnies
de réserve) avait puisé dans la réserve de l’an 13
de quoi augmenter l’armée de 15 000 hommes. C’est donc dans cette
catégorie de conscrits en sursis que devaient être recrutées
les compagnies départementales.
Les officiers devaient être choisis parmi les officiers en retraite
ou en réforme d’un grade égal ou supérieur à
l’emploi à pourvoir.Les
sous-officiers devaient être pris, dans la mesure du possible, parmi
les sous-officiers et soldats à la retraite, ou parmi les individus
qui avaient servi six ans dans la ligne et avaient obtenu un congé
absolu en bonne et due forme.
Les lois générales de la conscription étaient applicables
aux conscrits de la réserve, que ce soient celles relatives à
la désertion, au remplacement ou à la taille requise (1m544
pour un conscrit, 1m652 pour un remplaçant.)
Dans chaque département, la compagnie de réserve était
commandée par un capitaine (un lieutenant dans les compagnies de
la 6e classe), sous l’autorité supérieure du préfet
qui exerçait la même autorité et les mêmes droits
que les colonels ont sur les officiers, sous-officiers et soldats des
régiments de ligne qu’ils commandent (art. XVIII du décret).
Le préfet devait se faire rendre des comptes fréquents sur
l’instruction et la discipline de la compagnie, et la visiter de temps
en temps.
Répartition
des départements
Le territoire de l’Empire était subdivisé en légions
de gendarmerie, chacune de celles-ci, composée de quatre départements,
était sous le commandement d’un colonel de l’arme. Les compagnies
de réserve étaient regroupées théoriquement
par légion (voir le tableau des
compagnies de réserve); le colonel était l’inspecteur
des compagnies des départements qui formaient sa légion,
et rendait compte au ministre de l’instruction, administration, police,
discipline, tenue et service des compagnies. Il devait recevoir toutes
les semaines leur état de situation, passer tous les trois mois
la revue et controler leur comptabilité.
Les compagnies devaient être en activité le 1er vendémiaire
an XIV (23 septembre 1805).
Outre leur rôle de garde préfectorale et les missions qui
leur étaient dévolues par le décret de création,
les compagnies de réserve furent surtout actives dans la chasse
aux réfractaires et aux déserteurs, dans l’escorte des conscrits
et des prisonniers, et dans le maintien de la sûreté publique
dans les villes et sur les routes.
Les compagnies de réserve n’eurent pas une vaste carrière
militaire.
Quelques compagnies du Sud-Ouest prirent part à la guerre d’Espagne,
les compagnies du Nord furent rassemblées à la hâte
pour s’opposer à la descente des Anglais dans l’île de Walcheren
en 1809, et les compagnies de l’Est participèrent aux combats de
la campagne de France en 1814.
Une réserve
pour l'armée
Les compagnies de réserve n’étaient pas, aux yeux de Napoléon,
qu’une force supplétive de la gendarmerie dans les départements.
Il s’agissait aussi d’un vaste réservoir de soldats pour la Garde
et pour l’armée, recrutés et formés en douce, sans
venir grossir officiellement les chiffres déjà très
lourds de la conscription. Dès la fin de 1806, il puisa dans les
compagnies de réserve pour former le régiment des Fusiliers
de la garde ; en janvier 1808, il demandera mille six cents hommes pour
les légions de réserve, bientôt transformées
en régiments de ligne ; en juillet 1810, il préleva 1038
hommes pour recruter le régiment des gardes nationales de la Garde
; en février 1812, 1053 pour le régiment de la Garde de
Paris. En février 1813, c’est un régiment complet, le 37ème
léger, qui est créé au moyen de contingents fournis
par toutes les compagnies de réserve de l’Empire. Et tout au long
de leur histoire, elles furent régulièrement mises à
contribution pour renforcer les régiments de ligne de soldats déjà
formés.
Le 31 mai 1814, une ordonnance royale supprimait les compagnies de réserve,
qui devaient être licenciées avant le 1er juillet. Les officiers
étaient mis en retraite ou en réforme, les sous-officiers
et soldats qui voulaient continuer à servir furent incorporés
dans l’infanterie de ligne suivant leurs grades. Les armes devaient être
affectées à la garde nationale, les effets d’habillement
et d’équipement vendus aux enchères.
Le 21 mai 1815, Napoléon écrivit à son ministre de
l’intérieur, Carnot, en lui demandant d’autoriser les préfets
à organiser les compagnies de réserve sur le même
pied qu’en 1814. Mais la chute défintive de l’Empire empêcha
cette mesure de recevoir son exécution.
Le général
Marbot prétend dans ses Mémoires
que les préfets s'étaient complu à former leur compagnie des hommes les
mieux constitués et qu'elles étaient devenues une sorte de garde prétorienne.
D'après lui, elles ne quittaient jamais les principales villes du département,
faisaient très peu de service et étaient régulièrement exercées au maniement
des armes, à la marche et aux manœuvres. Et il ajoute : il ne leur manquait
que le « baptême du feu » pour être des troupes parfaites.
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