|
Les chasseurs
à cheval, depuis leur institution, se virent affecter la
couleur verte pour fond de leur habillement. En 1804, les régiments
de chasseurs à cheval étaient au nombre de 24. Ils
se distinguaient entre eux par la disposition d’une couleur distinctive
sur le collet et les parements, la même couleur étant
attribuée aux régiments par série de 3 :
1 à 3 : écarlate ;
4 à 6 : jonquille ;
7 à 9 : rose ;
10 à 12 : cramoisi ;
13 à 15 : orange ;
16 à 18 : bleu céleste ; (les 17e et 18e chasseurs
ont été licenciés en 1794) ;
19 à 21 : aurore ;
22 à 24 : capucine ;
25 à 27 : garance ;
28 à 30 : chamois.
Dans chaque série, le 1er régiment portait la couleur
distinctive au collet et aux parements, le second régiment
avait le collet vert et les parements de couleur, et le 3e portait
le collet de couleur et les parements verts.
Les trompettes portaient le plus souvent la tenue aux couleurs inversées,
mais certains régiments firent preuve à cet égard
d’une grande liberté.
Au début
de l’Empire, les régiments de chasseurs à cheval portent
le dolman. Il est vert à boutons, galons et tresses blancs,
Le défaut de poche au dolman obligeait les régiments
à conserver la sabretache, malgré que cet effet ne
leur fût pas reconnu par les règlements.
Beaucoup de régiments avaient pour la petite tenue un
surtout, qui est en fait un habit à revers et à
basque longues.
En 1804, le ministre
prescrit pour les chasseurs à cheval l’habit à revers,
dit surtout, comme habit de grande tenue. Pour ménager leurs
surtouts neufs, plusieurs régiments feront les campagnes
suivantes avec leurs dolmans.
L’habit surtout se porte avec une veste sans manches, verte ou de
la couleur distinctive, tressée et galonnée à
la manière hongroise. La veste de drap blanc est également
en usage. Quelques régiments introduisent un nouvel habit
de petite tenue, plus pratique et plus économique : c’est
un habit-veste sans revers, boutonnant droit sur la poitrine, et
à pans courts, qui sera connu plus tard sous le nom d’habit
à la Kinski.
Les shakos à flamme portés sous le Consulat sont remplacés
par un shako de feutre à visière fixe, orné
d’une cocarde placée sur le milieu du fût. Il est complété
au moyen d’un cordon natté terminé par deux raquettes.
En campagne, les chasseurs font usage d’un couvre-shako de toile
cirée noire. Les chasseurs de la compagnie d’élite
portent le colback de peau d’ours, orné d’une flamme de la
couleur distinctive.
Les chasseurs portent le pantalon à la hongroise de drap
vert, galonné de blanc, avec un galon en forme de pique,
de trèfle ou de nœud hongrois aux ouvertures du pont.
En campagne, les chasseurs font usage d’un pantalon ample de drap
vert, basané, boutonnant sur le côté.
Alors que la plupart
des régiments portent en 1807 l’habit à revers, quelques
régiments se distinguent par une tenue peu conforme au règlement.
Ainsi, le 5e chasseurs reste fidèle à son ancienne
tournure : dolman vert, qu’il conservera jusqu’en 1814 pour les
escadrons guerroyant en Espagne, buffleterie jaune, et même
shako à flamme, complètement passé de mode
mais auquel le corps reste attaché, parce qu’il est “d’un
bel effet”. Cette fidélité aux traditions n’empêche
pas le régiment d’innover ; ainsi, il est parmi les premiers
à coiffer tous ses officiers du colback, coiffure pourtant
réservée -réglementairement- à la seule
compagnie d’élite. Cette pratique s’étendra à
la plupart des autres régiments.
Le dolman du 5e régiment comporte des pattes d’épaule,
et est encore à trois rangées de boutons. Par la suite,
il sera à cinq rangées, suivant assez tardivement
le mouvement de la mode.
Quant au 24e régiment, il porte l’habit à la Kinski,
et sera un des premiers régiments à faire succéder
cet vêtement au surtout comme habit de grande tenue. Cet habit-veste
se boutonne au moyen de 7 à 9 gros boutons sur le devant.
La forme de cet habit diffère dans ses détails de
régiment à régiment.
Espagne
1808-1813
Éloignés de leurs sources d’approvisionnement traditionnelles,
les régiments de chasseurs à cheval qui guerroyaient
en Espagne se virent dans l’obligation d’user des ressources locales.Les
fusions d’escadrons provisoires dans d’autres régiments obligèrent
souvent les corps à improviser un semblant d’uniformité.
Ainsi, des escadrons provenant des 7e et 20e chasseurs furent incorporés
en 1811 dans le 13e régiment, dont ils formèrent les
5e, 6e, 7e et 8e escadrons, faisant ainsi du 13e le plus gros corps
de l’arme.
Bien qu’il ne fût pas d’ordonnance, le pantalon large, porté
par-dessus la botte, était largement répandu dans
les régiments. Les officiers portaient le pantalon de drap
vert ou gris, orné de deux bandes de la couleurs distinctive
sur le côté. Cette partie de l’habillement étant
celle qui s’usait le plus vite, on vit les régiments qui
combattaient en Espagne porter le pantalon fait du drap le plus
répandu dans la péninsule, de couleur marron. Au 15e
régiment, le colonel autorisait les chasseurs qui s’étaient
fait faire des pantalons d’une autre couleur, à les conserver,
à condition qu’ils soient de la forme des pantalons marrons.
1809-1810
Au cours de la campagne de 1809, les régiments de chasseurs
à cheval présentent encore beaucoup de variété
entre eux.
Certains régiments conservent l’habit à revers, d’autres
portent l’habit à la Kinski, quelques-uns portent les deux
formes d’habit. L’usage du colback pour tous les officiers, et non
plus seulement pour ceux de la compagnie d’élite, tend à
se généraliser.
Au 19e régiment, tous les officiers portent le colback, dont
la flamme est blanche, les officiers ont des pantalons gris. Les
officiers portent en grande tenue l’habit surtout, et ils disposent
pour la petite tenue d’un habit sans revers, fermant sur la poitrine
au moyen de 9 boutons, à pans longs, nommé frédéric.
Les chasseurs ont un pantalon à la hongroise, un pantalon
d’écurie en drap vert liseré d’aurore et un pantalon
de toile blanche boutonnant sur le côté. Le régiment
porte en grande tenue l’habit-veste, dit à la kinski, et
en tenue journalière il porte ses anciens surtouts.
Les chasseurs ont une veste de drap blanc pour la grande tenue,
et une veste de toile pour les corvées et distributions.
1811-1812
Le général Bordesoulle, inspecteur de la cavalerie
du corps d’observation de l’Elbe, écrivait le 18 juin 1811
:
“J’ai remarqué que les régiments de chasseurs
ont des habits de différentes formes, les uns fort courts,
d’autres beaucoup plus longs, d’autres boutonnés droits,
dits à la Kinski, d’autres à petits revers. Les uns
ont la culotte hongroise, d’autres le garniment en basane, d’autres
le pantalon garni.”
Les œuvres des dessinateurs allemands de cette époque témoignent
de cette diversité. Malheureusement, ils ne permettent pas
de connaître en détail la tenue exacte portée
par chaque régiment.
La plaque de shako en fer blanc représentant un aigle se
généralise dans les corps. Elle remplace la plaque
en losange ou la cocarde placée au centre du fût.
Quelques régiments de chasseurs, comme le 16e, ont porté
pendant quelque temps des plaques de shako rayonnantes, probablement
inspirées de celle des lanciers polonais de la Garde.
1813-1814
Le règlement de 1812, qui devait être mis en application
à partir de 1813, donnait aux chasseurs à cheval l’habit-veste
à revers carrés, agrafés dans toute leur hauteur,
retroussis ornés de cors de chasse verts et pattes à
la Soubise sur les basques.
Le décret règlementait pour la tenue de campagne le
pantalon de cheval basané, déjà porté
dans les corps depuis de nombreuses années. Il était
vert, fermé par 18 boutons, son ouverture latérale
étant bordée d’un passepoil.
La compagnie d’élite reçut, en remplacement du colback,
le shako semblable à celui des grenadiers d’infanterie.
Les trompettes portaient l’habit vert sans revers, à la livrée
de l’Empereur, portant le collet et les parements affectés
au régiment.
Malgré le règlement, plusieurs corps conservèrent,
soit par obligation, soit par esprit de corps, des particularités
régimentaires.
|
|
|
|