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Evain (Louis-Auguste-Frédéric) 1775-1852

 

(Ferd. Veldekens) Le Livre d'or de l'Ordre de Léopold et de la Croix de fer, tome 1, Bruxellles 1858.

   
 

ÉVAIN (L.-A.-F., baron), lieutenant général, ancien ministre de la guerre, ministre d'État ; chevalier de l'ordre de Léopold, le 15 décembre 1833 ; officier, le 14 décembre 1837 ; commandeur, le 18 juillet 1845 ; grand officier, le 6 octobre 1848.
M. le lieutenant général baron Évain, né en France, à Angers, en 1775, a consacré à la Belgique les vingt dernières années de son existence ; avant de retracer ce qu'il a fait pour sa patrie d'adoption, il convient de résumer ses glorieux services dans son pays natal.
Élève de l'école militaire de Beaumont-en-Auge, de 1784 à 1790, M. Évain en sortit comme aspirant au corps d'artillerie, et passa un an à Paris sous la direction de l'illustre La Place. Après un brillant examen, il fut nommé élève d'artillerie (1er septembre 1792). A l'école de Châlons où il se rendit en quittant Paris, il eut pour compagnon d'études et pour ami Drouot de Nancy, que ses frères d'armes devaient surnommer sans peur et sans reproche,
Le 1er juin 1793, Évain figura dans la promotion d'officiers d'artillerie, honneur éternel de cette arme, promotion à laquelle appartinrent Marmont et plusieurs illustrations des armées françaises. Lieutenant en second au 6e régiment d'artillerie, il y devint capitaine en premier, fit les campagnes de 1793, 1794, 1795, à l'armée du Nord, reçut la mission de défendre les côtes depuis Saint-Malo jusqu'à Honfleur, et en 1800 et 1801 se distingua à l'armée du Rhin, où il fut remarqué du général Moreau, comme il l'avait été de Pichegru et de Hoche.
Professeur d'artillerie a l'école d'application, aide de camp de l'inspecteur général Éblé, chef de bataillon en 1803, chef d'état-major d'artillerie aux armées de Hollande et de Hanovre, adjoint en 1804 au général Gassendi, le colonel Évain lui succéda comme chef de la division de l'artillerie au ministère de la guerre (16 février 1809).
Après la campagne de Russie, l'empereur Napoléon dit au colonel Évain :
« Il ne nous reste ni un canon ni un caisson ; mais nous avons des ressources immenses, et nos pertes peuvent être réparées. Au 1er avril 1813, je veux avoir seize cents pièces attelées et approvisionnées. Si, au jour indiqué, j'ai mes canons et mes équipages d'artillerie tout prêts, vous serez général ; dans le cas contraire, je vous fais pendre. »
— « Sire, répondit Évain, le délai est court ; mais les arsenaux sont bien approvisionnés; que Votre Majesté mette à ma disposition les sommes nécessaires, ses désirs seront remplis. »
L'Empereur écrivit l'ordre de délivrer au colonel Évain trois millions de francs sur son trésor particulier ; le 1er avril 1813, les seize cents pièces de canon étaient attelées et approvisionnées, et Napoléon nommait le colonel Évain général de brigade et baron de l'empire.
Ces détails d'organisation pour lesquels Évain avait travaillé quinze heures par jour, et passé chaque semaine trois nuits au ministère, ne l'empêchaient pas d'étudier tous les progrès de l'artillerie et de se rendre compte de chaque innovation.
Le roi Louis XVIII le maintint à la direction de l'artillerie, et Napoléon le trouva au ministère de la guerre à son retour de l'île d'Elbe.
Le général Évain engagea l'Empereur à différer son entrée en campagne à cause de l'organisation incomplète de l'artillerie. Sur le champ de bataille de Waterloo, Napoléon fit allusion à ce sage conseil.
En 1815, à la seconde restauration, le général Évain voulut quitter la direction de l'artillerie ; le maréchal Gouvion Saint-Cyr, ministre de la guerre, s'y opposa. Mais plus tard cette direction fut supprimée, et le baron Évain fut nommé lieutenant général le 4 janvier 1822, puis inspecteur général de l'artillerie. En 1824, il passa au cadre de retraite.
Le gouvernement de juillet s'empressa de revenir sur une mesure qui privait l'armée d'une de ses illustrations. Le maréchal Soult remit le général Évain en activité, et lorsque le roi Louis-Philippe demanda pour la Belgique un bon organisateur militaire, le général Évain fut envoyé à Bruxelles.
Tous les Belges ont applaudi à la loi décernant la grande naturalisation à l'illustre général que la confiance du Roi nomma ministre de la guerre, fonctions qu'il a remplies du 20 mai 1832 au 19 août 1836.
Le 19 août 1836, M. Évain fut nommé ministre d'État, et le 6 octobre 1848 mis à la retraite comme lieutenant général.
Quoique admis à la retraite, malgré son âge et cinquante années de services effectifs, M. le baron Évain s'est dévoué jusqu'à son dernier jour à sa patrie adoptive, en présidant diverses commissions et en entourant de sa sollicitude cette école militaire qu'il a proposé au Roi de fonder et qu'il a dotée de plusieurs centaines d'ouvrages militaires, lorsqu'il est mort à Bruxelles en 1852.

 

Beaumont-en-Auge
(écoles militaires)

Laplace

École de Châlons

Drouot

Marmont

Moreau

Pichegru

Hoche

École d'application

Éblé

Gassendi

Louis XVIII

Gouvion Saint-Cyr

Soult

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

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