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ÉVAIN
(L.-A.-F., baron), lieutenant général, ancien ministre
de la guerre, ministre d'État ; chevalier de l'ordre
de Léopold, le 15 décembre 1833 ; officier, le
14 décembre 1837 ; commandeur, le 18 juillet 1845 ;
grand officier, le 6 octobre 1848.
M. le lieutenant général baron Évain, né
en France, à Angers, en 1775, a consacré à
la Belgique les vingt dernières années de son existence ;
avant de retracer ce qu'il a fait pour sa patrie d'adoption, il
convient de résumer ses glorieux services dans son pays natal.
Élève de l'école militaire de Beaumont-en-Auge,
de 1784 à 1790, M. Évain en sortit comme aspirant
au corps d'artillerie, et passa un an à Paris sous la direction
de l'illustre La Place. Après un brillant examen, il fut
nommé élève d'artillerie (1er septembre 1792).
A l'école de Châlons où il se rendit en quittant
Paris, il eut pour compagnon d'études et pour ami Drouot
de Nancy, que ses frères d'armes devaient surnommer sans
peur et sans reproche,
Le 1er juin 1793, Évain figura dans la promotion d'officiers
d'artillerie, honneur éternel de cette arme, promotion à
laquelle appartinrent Marmont et plusieurs illustrations des armées
françaises. Lieutenant en second au 6e régiment d'artillerie,
il y devint capitaine en premier, fit les campagnes de 1793, 1794,
1795, à l'armée du Nord, reçut la mission de
défendre les côtes depuis Saint-Malo jusqu'à
Honfleur, et en 1800 et 1801 se distingua à l'armée
du Rhin, où il fut remarqué du général
Moreau, comme il l'avait été de Pichegru et de Hoche.
Professeur d'artillerie a l'école d'application, aide de
camp de l'inspecteur général Éblé, chef
de bataillon en 1803, chef d'état-major d'artillerie aux
armées de Hollande et de Hanovre, adjoint en 1804 au général
Gassendi, le colonel Évain lui succéda comme chef
de la division de l'artillerie au ministère de la guerre
(16 février 1809).
Après la campagne de Russie, l'empereur Napoléon dit
au colonel Évain :
« Il ne nous reste ni un canon ni un caisson ; mais nous
avons des ressources immenses, et nos pertes peuvent être
réparées. Au 1er avril 1813, je veux avoir seize cents
pièces attelées et approvisionnées. Si, au
jour indiqué, j'ai mes canons et mes équipages d'artillerie
tout prêts, vous serez général ; dans le cas
contraire, je vous fais pendre. »
— « Sire, répondit Évain, le délai
est court ; mais les arsenaux sont bien approvisionnés; que
Votre Majesté mette à ma disposition les sommes nécessaires,
ses désirs seront remplis. »
L'Empereur écrivit l'ordre de délivrer au colonel
Évain trois millions de francs sur son trésor particulier ;
le 1er avril 1813, les seize cents pièces de canon étaient
attelées et approvisionnées, et Napoléon nommait
le colonel Évain général de brigade et baron
de l'empire.
Ces détails d'organisation pour lesquels Évain avait
travaillé quinze heures par jour, et passé chaque
semaine trois nuits au ministère, ne l'empêchaient
pas d'étudier tous les progrès de l'artillerie et
de se rendre compte de chaque innovation.
Le roi Louis XVIII le maintint à la direction de l'artillerie,
et Napoléon le trouva au ministère de la guerre à
son retour de l'île d'Elbe.
Le général Évain engagea l'Empereur à
différer son entrée en campagne à cause de
l'organisation incomplète de l'artillerie. Sur le champ de
bataille de Waterloo, Napoléon fit allusion à ce sage
conseil.
En 1815, à la seconde restauration, le général
Évain voulut quitter la direction de l'artillerie ;
le maréchal Gouvion Saint-Cyr, ministre de la guerre, s'y
opposa. Mais plus tard cette direction fut supprimée, et
le baron Évain fut nommé lieutenant général
le 4 janvier 1822, puis inspecteur général de l'artillerie.
En 1824, il passa au cadre de retraite.
Le gouvernement de juillet s'empressa de revenir sur une mesure
qui privait l'armée d'une de ses illustrations. Le maréchal
Soult remit le général Évain en activité,
et lorsque le roi Louis-Philippe demanda pour la Belgique un bon
organisateur militaire, le général Évain fut
envoyé à Bruxelles.
Tous les Belges ont applaudi à la loi décernant la
grande naturalisation à l'illustre général
que la confiance du Roi nomma ministre de la guerre, fonctions qu'il
a remplies du 20 mai 1832 au 19 août 1836.
Le 19 août 1836, M. Évain fut nommé ministre
d'État, et le 6 octobre 1848 mis à la retraite comme
lieutenant général.
Quoique admis à la retraite, malgré son âge
et cinquante années de services effectifs, M. le baron Évain
s'est dévoué jusqu'à son dernier jour à
sa patrie adoptive, en présidant diverses commissions et
en entourant de sa sollicitude cette école militaire qu'il
a proposé au Roi de fonder et qu'il a dotée de plusieurs
centaines d'ouvrages militaires, lorsqu'il est mort à Bruxelles
en 1852.
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Beaumont-en-Auge
(écoles militaires)
Laplace
École
de Châlons
Drouot
Marmont
Moreau
Pichegru
Hoche
École
d'application
Éblé
Gassendi
Louis
XVIII
Gouvion
Saint-Cyr
Soult
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