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GASSENDI
(Jean-Jacques-Basilien de), général d'artillerie,
de la même famille que le savant de ce nom (Voy. Gassendi,
XVI, 622), naquit à Digne en 1748, et après avoir
fait de fort bonnes études entra au service dans l'artillerie.
Il était capitaine au régiment de la Fère,
lorsque la révolution éclata, et il commandait la
compagnie où Bonaparte se trouvait lieutenant. Il s'y montra
d'abord fort opposé, et ce dernier a dit qu'ils eurent à
cette occasion quelques démêlés. Ils étaient
cependant restés fort liés ; et lorsque Bonaparte
put ensuite être utile à son ancien capitaine il y
mit beaucoup d'empressement. Après avoir fait toutes les
campagnes de la révolution aux armées du nord, Gassendi
était général de brigade en 1800, quand le
nouveau consul lui donna le commandement de l'artillerie de l'armée
de réserve qu'il conduisait à Marengo. Gassendi fit
avec succès cette brillante campagne ; il se distingua surtout
au passage du Saint-Bernard. A son retour il fut nommé chef
d'une division du ministère de la guerre, puis conseiller
d'état, avec la grand'croix de la Légion-d'Honneur,
celle de la Réunion , le titre de comte, et enfin celui de
sénateur qu'il obtint en 1813. Ayant adhéré
à la déchéance de Bonaparte en 1814, il fut
créé pair de France par Louis XVIII. Napoléon
le fit aussi l'un de ses pairs, lors de son retour en 1815, ce qui
lui ferma ensuite la porte de la nouvelle chambre que forma Louis
XVIII. Il paraissait avoir pris son parti de cette disgrâce,
lorsque le ministre Decazes le rétablit sur ses listes en
1819, dans une de ces promotions que l'on désignait sous
le nom de fournées. Un journal annonça à
cette occasion que Gassendi avait repoussé , dans des formes
et avec des expressions plus qu'inconvenantes, la faveur que le
roi venait de lui accorder. La vérité est qu'il écrivit
dans le mois de décembre au chancelier, pour s'excuser d'assister
à la session ; mais ce fut en exprimant tous ses regrets
d'être empêché de se rendre aux ordres du roi,
par une ophtalmie qui ne lui permettait ni de lire, ni d'écrire.
Il renouvela cette excuse dans une lettre qui fut communiquée
le 27 décembre à la chambre des pairs. Mais plus tard
il exprima positivement le refus d'y siéger, et répondit
par le dilemme suivant au ministère qui lui avait renvoyé
le manteau de la pairie : « Ou je n'étais pas indigne
en 1815, et alors je n'ai point perdu le titre de pair, ou je suis
encore indigne aujourd'hui, et alors je ne puis rentrer dans la
chambre. » Cependant il finit par accepter, et il était
compté au nombre des pairs de France lorsqu'il mourut à
Nuits le 14 décembre 1828. On a de lui : I. Aide-mémoire
à l'usage des officiers d'artillerie de France, attachés
au service de terre, 1re édition, Metz, 1789, 1 vol.
in-8°; 2e édition, Paris, 1819, 2 vol. in-8°. II.
Mes loisirs, par M. de G***, ancien officier au régiment
de La Fère, artillerie, Dijon , 1820, 1 vol. in-18 de
725 pag. Ce volume de poésies, qui n'était pas destiné
au commerce, a été tiré à cent exemplaires
seulement. On y trouve des fragments d'une traduction en vers de
la Jérusalem délivrée, imprimés
dans les Etrennes du Parnasse, de 1778 à 1780. Amanton
a publié un éloge du comte de Gassendi, Dijon, 1828,
in-8°. M—Dj.
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