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Beker   1770-1840

     
  Le général Beker (Bagert) fut chargé par le gouvernement provisoire de veiller sur la sûreté de Napoléon à la Malmaison après Waterloo.      

  Biographie des hommes du jour, par G. Sarrut et B. Saint-Edme, tome 5, Paris, 1840.    
  BEKER (Léonard-Nicolas).
M. le lieutenant-général BEKER ( Léonard-Nicolas), comte de Mons, pair de France, grand-croix de la Légion-d'Honneur, grand-croix de l'ordre militaire de Bavière, commandeur de l'ordre de Saint-Louis et chevalier de la couronne de fer, né à Ober-nay (Bas-Rhin) en 1770, entra au régiment de Languedoc dragons, en 1786.
Après avoir passé rapidement par les grades inférieurs, il passa en 1793 à l'état-major général dans lequel il a constamment servi avec distinction aux armées du Nord, de l'Ouest, de Sambre-et-Meuse, de Saint-Domingue et d'Italie.
Le nom de ce général sera longtemps cher aux habitants de la Vendée. Les administrateurs du département, du district de La Chataigneraye et de Fontenay-le-Peuple, en apprenant le départ de l'adjudant-général Beker, après la première pacification de la Vendée, à laquelle il avait contribué par sa mission près de Stofflet, par ordre du général en chef et des représentants du peuple, lui exprimèrent, par écrit, leurs regrets dans les termes suivants :
 
 
 

« Nous souhaitons, si nous sommes encore condamnés à éprouver le fléau de la guerre, que le bien du service vous appelle de nouveau dans nos murs ; vous y trouverez autant d'amis que de citoyens. »
Arrivé à l'armée du Nord en 1796, l'adjudant-général Beker fut employé comme chef d'état-major de la division Desjardin, à l'armée de Sambre-et-Meuse, et lors des préliminaires de paix de Leoben, il retourna en Hollande, où le général Dejean, commandant en chef, l'employa utilement pour apaiser des troubles qui avaient éclatés dans la province de Frise. Il empêcha, par la fermeté de son caractère, une rupture entre les Orangistes et les patriotes, et reçut, pour prix de cet important service, des témoignages de satisfaction du général en chef et des autorités avec lesquelles sa mission l'avait mis en rapport.
A la paix de Campo-Formio, un ordre du ministre de la guerre appela l'adjudant-général Beker à Paris, pour faire partie de l'expédition de Saint-Domingue, comme chef d'état-major du général Hédouville, agent du Directoire, chargé de prendre possession de la partie espagnole de cette île, cédée à la France par le traité de Bâle avec l'Espagne.
Après avoir passé un an dans cette colonie, M. Beker revint avec le général Hédouville en France, et fut envoyé immédiatement à l'armée d'Italie à la tête d'une brigade, dans la division Serrurier, qui, pendant sa retraite sur Lecco, eut constamment à lutter contre les attaques réitérées de l'armée austro-russe, commandée par le célèbre Souvarow.
C'est à la bataille de Cassano que le général Beker, après avoir eu deux chevaux tués sous lui, et fait d'inutiles efforts pour arrêter l'armée austro-russe au passage de l'Adda, fut atteint d'un biscaïen et laissé pour mort sur le champ de bataille. A peine convalescent, il obtint du général en chef Mélas l'autorisation de rentrer en France sur parole ; n'étant pas échangé il ne put faire la campagne de Marengo, mais il fut employé comme général de brigade dans la division Grouchy, pendant la campagne de Hohenlinden à l'armée du Rhin ; et à la paix de Lunéville, le premier consul le nomma au commandement du département du Puy-de-Dôme, patrie du célèbre général Desaix, dont le général Beker avait épousé la sœur. Il conserva ce commandement jusqu'en 1805, et rejoignit la division Suchet dans le 5e corps d'armée aux ordres du maréchal Lannes.
Dans cette campagne à jamais mémorable, le général Beker fut promu au grade de général de division, et dans la campagne suivante, il entra en Prusse à la tête d'une division de six régiments de dragons. Il fut cité honorablement dans le cours de cette glorieuse campagne, notamment par un ordre du jour dans lequel l'empereur témoignait sa satisfaction au général Beker pour sa belle conduite dans plusieurs combats et la prise d'un corps considérable de Prussiens à Auclam.
En Pologne, le général se comporta avec la même valeur aux combats de Nazielk, de Golymin, de Pultusk, et couvrit avec sa division, renforcée d'une brigade de cavalerie légère, le corps du maréchal Davoust, pendant la cessation des hostilités. A son arrivée à la grande armée, le maréchal Masséna ayant demandé à l'empereur le général Beker pour son chef d'état-major, celui-ci quitta le commandement d'une division avec laquelle il avait eu de fréquentes occasions de se distinguer, pour passer à des fonctions que la haute réputation du maréchal lui avait fait accepter et durant lesquelles il acquit toute la confiance de cet illustre capitaine.
Après la paix de Tilsitt, le général Beker suivit le mouvement du 5e corps d'armée en Silésie, où il reçut le titre de comte de l'empire avec une dotation de 5.000 fr. Sa santé, délabrée par les fatigues de la guerre, le força de se retirer dans ses foyers d'où il fut rappelé pour remplir une seconde fois les fonctions de chef d'état-major du maréchal Masséna dans la dernière campagne contre l'Autriche, en 1809. Sa conduite dans cette campagne et notamment à la bataille d'Essling fut constamment honorable ; il en fut récompensé par le titre de grand officier de la Légion-d'Honneur, qui fut l'unique promotion faite à la suite de cette sanglante bataille.
Accusé d'exercer trop d'influence sur l'esprit du maréchal, et devenu suspect par la manifestation de son opinion sur les conséquences du système de guerre adopté par l'empereur, le général Beker reçut l'ordre d'aller prendre le commandement de Belle-Isle en mer, ce qui était une disgrâce, puisqu'il ne fut pas employé à l'armée de Russie.
De retour dans ses foyers, il rendit en 1814, au département du Puy-de-Dôme, un dernier service en se chargeant, sur la demande du préfet, du commandement supérieur des troupes, que l'occupation des 7e et 19edivisions militaires par les Autrichiens y avait fait refluer ; il parvint à arrêter des troubles prêts à éclater entre les militaires et les citoyens.
Un corps autrichien ayant pénétré jusqu'à Clermont, le maréchal de Wrede, commandant l'armée austro-bavaroise, envoya au général Beker une lettre patente conçue en ces termes : Les généraux des armées alliées sont invités à prendre sous leur protection spéciale les propriétés de ce général, à titre de réciprocité pour sa belle conduite et la noblesse de ses procédés ; ils seront utiles à ce brave et digne militaire qui n'a jamais cessé de faire le bien là où il a pu.
En 1815, le général Beker fut nommé, par les électeurs du Puy-de-Dôme, président du collège et député à la chambre des représentants. Lors de la seconde abdication de l'empereur, le gouvernement provisoire lui ordonna de se rendre à la Malmaison pour y veiller à la sûreté de Napoléon et l'accompagner jusqu'à Rochefort ; cet ordre était conçu dans les termes suivants :
« Je vous transmets, général, copie d'un arrêté du gouvernement qui vous charge d'accompagner l'empereur Napoléon. Votre caractère connu est une garantie que vous aurez et que vous ferez rendre à ce prince les égards et respects que l'on doit au malheur, et vous trouverez chez chaque autorité civile et militaire, dans l’âme de chaque citoyen, les secours que vous pourriez être dans le cas de réclamer pour la sûreté de sa personne ; il vous suffira de montrer l'arrêté de la commission du gouvernement, je ne vous donne pas d'autres instructions.
« Le Maréchal, Prince d'ECHMUHL.
« Ministre de la Guerre, »
Le général Beker remplit avec habileté cette mission difficile et dangereuse, au succès de laquelle la France et l'Europe étaient intéressées, et lorsque l'empereur prit la funeste résolution de se livrer aux Anglais, le général Beker, auquel les instructions du gouvernement prescrivaient de l'accompagner jusqu'à bord de l'escadre anglaise, lui en fit l'observation ; l'empereur répondit brusquement : N'en faites rien, car on ne manquerait pas de dire que vous m'avez livré aux Anglais, et je veux épargner cet affront à la France. Embrassez-moi, général, je vous remercie des soins que vous avez pris de ma personne.
Telles furent les dernières paroles prononcées par l'empereur au moment où il quitta le sol de la patrie, en adressant au prince régent d'Angleterre une lettre pour lui demander l'hospitalité sur le foyer britannique, tandis que la sainte alliance avait prononcé son exil sur le rocher de Sainte-Hélène.
Après avoir rendu compte de sa mission au gouvernement, le général Beker rentra définitivement dans ses foyers, où, malgré les services rendus, à toutes les époques, à son département, il ne fut pas exempt des persécutions exercées en 1816 contre les hommes qui ont le plus honoré leur pays. On lui donna l'ordre de se rendre en surveillance à Poitiers, et, malgré la révocation de cette injuste mesure par le roi en son conseil, le préfet, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, le somma de quitter le département.
L'ordonnance du 5 septembre de la même année lui rendit la liberté, et, par celle du 5 mars 1819, il fut appelé à la chambre des pairs, où il a honorablement siégé depuis parmi les défenseurs des libertés publiques.

   

 

 

Relation de la mission du Lieutenant-Général Comte Beker auprès de l'Empereur Napoléon,
depuis la seconde abdication jusqu'au passage à bord du Bellérophon, Clermont-Ferrand, 1841.

 

 

 
 
 

Le général Beker sur Wikipedia ::https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_L%C3%A9onard_Bagert_Beker

     
 

     

 

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