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Davoust
(Louis-Nicolas), prince d’Eckmüll, duc d’Auerstaëdt, maréchal
d’empire, grand-cordon de la légion d'honneur, et de plusieurs
ordres étrangers, ministre de la guerre, etc., etc.
Né à Anneaux (Yonne), le 10 mai 1770, d’une famille
distinguée, il fit ses premières études à
l’Ecole militaire de Paris avec Bonaparte, et perdit, jeune encore,
son père, tué par l’imprudence d’un garde-chasse.
Il commença sa carrière militaire, en 1785, par le
grade de sous-lieutenant dans le régiment de royal Champagne
cavalerie, qu’il contribua à insurger contre ses chefs en
1790 ; fut renvoyé de ce corps pour cause d’insubordination,
et parut à la barre de l’assemblée législative
après la journée du 10 août 1792 pour y adhérer
à la déchéance du roi et demander du service.
Placé presqu’aussitôt à la tête d’un bataillon
du département de l’Yonne, il ne tarda pas à s’y faire
remarquer par son brillant courage, et sa promotion aux grades supérieurs
fut la récompense méritée de ses nombreux exploits
aux armées du Nord et du Rhin, en 1793, 1794 et 1795. Bonaparte,
parvenu au commandement en chef de l’armée d’Italie, l’appela
bientôt près de lui, et l’emmena ensuite en Egypte,
où il faisait partie du corps d’armée de Desaix, lorsqu’il
marcha dans la Haute-Egypte. Il se signala constamment dans toutes
les affaires ; contribua au succès de la célèbre
journée d’Aboukir, et de retour en France, commanda les grenadiers
de la garde consulaire. Elevé enfin au grade de général
de division, puis créé maréchal d’Empire, en
1804 ; il commandait, en 1805, un corps d’armée considérable
sur les côtes de Flandres ; fit ensuite la campagne de 1806,
se distingua à Jéna, où il eut son chapeau
emporté et ses habits criblés de balles, et y obtint
le titre de duc d’ Auerstaëdt. Il entra ensuite à Berlin
avec son corps d’armée ; pénétra en Pologne,
et se couvrit de gloire à Eylau, à Heilsberg et à
Friedland. La campagne de 1809 contre l’Autriche lui fournit de
nouvelles occasions de développer ses talents militaires
et son brillant courage ; il eut aussi une grande part au gain de
la bataille d’Eckmüll, le 22 avril ; le 30 juin, il attaque
une des îles du Danube, vis-à-vis Presbourg, et s’en
empara le 5 juillet ; préluda ensuite à la bataille
de Wagram, par de brillants succès à Enzersdorff,
et le lendemain donna des preuves de son courage ordinaire à
Wagram. Nommé prince d’Eckmüll le 3 octobre 1807, il
fut bientôt après décoré de la grand-croix
de l’ordre de Saint-Etienne de Hongrie. La campagne de 1812 en Russie,
où il commandait le 1er corps, ouvrit un vaste champ à
sa valeur, et l’on ne peut citer une des batailles données
dans cette trop mémorable campagne, sans avoir l’occasion
de rappeler les traits d’héroïsme et de courage du prince
d’Eckmüll. Revenu sur les bords de l’Elbe au commencement de
1813, il commanda dans la 32e division militaire avec des pouvoirs
extraordinaires, en vertu du sénatus-consulte du 3 avril,
et fit en mai le siège d’Hambourg, dont il s’empara le 30,
et où il se maintint jusqu’à la chute de Bonaparte,
qu’il se refusa longtemps à croire ; enfin, le 5 mai 1814,
il annonça ces événements à son corps
d’armée, dont il remit le commandement au général
Gérard, et revint en France, où il vécut dans
ses terres jusqu’à l’invasion de Napoléon, qui l’appela
au ministère de la guerre le 21 mars 1815, et le nomma pair
le 2 juin suivant. Le commandement général de l’armée
sous paris lui ayant été déféré
après la bataille de Waterloo, on sait tout ce qu’il fit
pour rallier cette armée, la réorganiser, et rétablir
son moral ; et c’est dans ces circonstances critiques extraordinaires
que, le 30 juin, il signa , avec les chefs de l’armée, une
adresse à la chambre des représentants, dans laquelle
on remarquait ce passage : « Les Bourbons n’offrent aucune
garantie à la nation, l’inexorable historie racontera un
jour ce q’ils ont fait pour remonter sur le trône de France
: elle dira aussi la conduite de l’armée, et la postérité
jugera qui mérita le mieux l’estime du monde. » Forcé
bientôt, par la capitulation de Paris, de passer avec l’armée
au-delà de la Loire, il y rétablit la discipline,
pourvut à tous les besoins des troupes, dont il provoqua
l’entière soumission au roi et remit, le 1er août,
son commandement au maréchal duc de Tarente qui vint le remplacer.
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