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Neuchâtel

     
 

     
 

1707-1805 : Souveraineté du roi de Prusse.
1806-1814 : Souveraineté d'Alexandre Berthier.
1814-1848 : Retour du roi de Prusse.

Documents.

 
 
         
 

1707-1805

L’Etat de Neuchâtel (Neuenburg) était en 1789 une principauté comprenant le comté de Neuchâtel et la seigneurie de Valengin.
Bien qu’appartenant géographiquement à la Suisse, Neuchâtel n’était pas membre de la Confédération, mais un canton allié. L’indépendance de la principauté de Neuchâtel, à titre d’alliée des Suisses, avait été reconnue par le traité de Westphalie de 1648.
Lorsque la duchesse de Nemours, à qui appartenait la souveraineté sur Neuchâtel, mourut sans enfants en 1707, un grand nombre de prétendants firent valoir leurs droits sur sa succession. Le 3 novembre 1707, le tribunal souverain des Etats du pays attribua la souveraineté à Frédéric I, roi de Prusse, comme plus proche héritier de la maison de Châlons, au grand scandale du parti républicain.
Ceci ne signifie pas que la principauté fût une partie du royaume de Prusse, comme on le lit trop souvent.
Neuchâtel était un Etat indépendant dont le souverain était le roi de Prusse (comme les Pays-Bas dits autrichiens n’étaient pas une partie de l’Autriche, mais des provinces indépendantes dont le souverain était le souverain héréditaire d’Autriche).
L’Encyclopédie qualifiait de la façon suivante la principauté de Neuchâtel :
« Ce petit Etat est donc aujourd'hui une souveraineté indépendante, héréditaire aux filles, à défaut d’enfants mâles, inaliénable sans le consentement des peuples, et indivisible. Elle ne peut même être donnée en apanage à aucun prince cadet de la maison de Brandebourg. L’autorité souveraine est limitée par les droits des peuples. »
Lors de la prise de possession de sa souveraineté, le roi de Prusse garantit à ses nouveaux sujets toutes leurs anciennes libertés et franchises.
Le pays était gouverné par un Conseil d’Etat, composé de 26 membres, dans lequel dominait l’oligarchie de la ville de Neuchâtel, et auquel étaient joints des commissions administratives.
En 1752, la principauté comptait 32.335 habitants, dont 4318 étrangers (recensement ordonné par le roi de Prusse Frédéric II).
La révolution française eut de grands échos dans la principauté, où les émigrés étaient accueillis à bras ouverts par la régence, alors que la bourgeoisie était très influencée par les idées révolutionnaires venues de France.

     
 

1806-1814

Le 15 décembre 1805, le roi de Prusse, par le traité de Schönbrunn, cédait à Napoléon le pays de Neuchâtel.
Un rescrit du 28 février 1806 annonça au peuple de Neuchâtel qu’il avait changé de maître, en violation du serment qui portait que le roi de Prusse possédait la principauté « dans toute son indépendance, inaliénabilité et indivisibilité ».
Comme l’écrivait un Neuchatelois en 1813, « le roi de Prusse n’avait qu’un droit : celui de renoncer à ses obligations envers nous en nous déliant de ses serments envers lui. Il avait le droit de nous rendre libres et de nous émanciper, mais non celui de nous vendre comme un peuple bétail."
Le 18 mars 1806, le général Oudinot entraità Neuchâtel à la tête d’une division pour prendre possession du pays.
Le 30 mars 1806, Napoléon, pour donner à son major-général le maréchal Berthier un "témoignage de sa satisfaction pour les bons services qu’il ne cessait de lui rendre", lui fit présent de la principauté transmissible à ses enfants mâles légitimes et naturels, par ordre de primogéniture.
Berthier nomma comme gouverneur de sa principauté François-Victor Lespérut. Un décret de Berthier du 4 avril 1806 décida que rien ne serait changé à l’administration civile et militaire du pays.

     
 

1814-1848

En 1815, le pays de Neuchatel est agrégé à la confédération suisse comme 21e canton.

 

     
         
  Documents      

  Voyer d’Argenson, Mélanges tirés d’une grande bibliothèque, vol 54, 1785, p. 241 :    
 

La duchesse de Nemours, héritière de la maison de Longueville, et en cette qualité souveraine de Neuchâtel, mourut en 1707. Elle avait voulu disposer, par testament, de sa principauté ; mais on n’y eut aucun égard. D’un autre côté, Guillaume de Nassau d’Orange, prince devenu roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume III, avait prétendu faire revivre les droits de la maison de Châlons sur Neuchâtel, même avant la mort de la duchesse de Nemours, et il les avait cédés au roi de Prusse Frédéric I. Celui-ci les soutint vivement ; et la décision de cette grande affaire de la succession de Neuchâtel ayant été abandonnée aux Etats du pays même, ils prononcèrent, à la pluralité des voix, en faveur du roi de Prusse, au préjudice de tous les prétendants français et autres. Cette disposition ayant été confirmée par le traité d’Utrecht en 1713, le roi de Prusse actuellement régnant est encore en possession de cette souveraineté ; mais elle est extrêmement bornée par les privilèges immenses dont les Neuchâtelois jouissent, et qui leur ont été confirmés par leur nouveau souverain, et de plus par les traités de conbourgeoisie avec Berne, et d’alliance avec quelques autres cantons. Ainsi, dans le dernier état des choses, Neuchâtel est une république très libre, sous la protection du canton de Berne. L’avantage le plus clair que le roi de Prusse retire de cette souveraineté, est un revenu d’environ cent mille livres de France, et l’entretien du gouverneur qu’il y envoie, et qui y réside tout le temps que le roi juge à propos. Il préside au Conseil d’Etat ; mais il n’y a que sa voix, et ce n’est que dans le cas de partage tout à fait égal qu’elle devient décisive. Le roi nomme aussi les membres du Conseil d’Etat ; mais il les choisit dans el pays même, et l’on peut appeler des décisions de ce conseil aux trois Etats du pays, en qui réside la véritable souveraineté. Les trois ordres de ces Etats sont celui de la noblesse, celui des officiers et châtelains des différents districts, et celui de la bourgeoisie de Neuchâtel. Ils s’assemblent tous les ans, et choisissent pour traiter et juger les affaires en dernier ressort, quatre membres de chaque ordre, c’est-à-dire, quatre gentilshommes, quatre châtelains, et quatre bourgeois, auxquels ressortissent les tribunaux et le consistoire du pays. La milice n’est obligée à marcher que pour le service particulier de Neuchâtel ou celui des Suisses ses alliés, mais jamais pour celui de son souverain en Allemagne. Ce n’est même qu’avec la permission des Etats que le roi de Prusse fait quelques recrues dans sa souveraineté, et les Neuchâtelois sont admis comme Suisses dans les services étrangers.

 

Voir : Bataillon de Neuchâtel -

Voir: République helvétique

     

  Dictionnaire géographique portatif, par M. Vosgien, 1789    
 

Neuchâtel : Canton souverain de Suisse, borné O. par la Franche-Comté, N. par l’évêché de Bâle, E. et S. par les cantons de Berne et de Fribourg, et par un lac de 7 lieues de long sur 2 de large, qui porte son nom, et est aussi appelé i-lac d’Yverdun. Le canton a 12 lieues de long et 5 de large ; il a eu longtemps ses comtes particuliers. Jeanne de Hochberg, qui en était l’unique héritière, le transporta à Louis d’Orléans, duc de Longueville, son époux, en 1540. Marie d’Orléans, duchesse de Nemours, qui avait été investie de cette principauté en 1694, étant morte en 1708, le droit à la succession fut contesté ; mais les Etats accordèrent la principauté au roi de Prusse ; ce qui lui fut confirmeé par la paix d’Utrecht. L’air du pays est doux, et en général le terrain assez fertile, surtout en bon vin. Les habitants sont spirituels, industrieux et laborieux, mais fort vains. Ils sont protestants, excepté la baronnie de Laudron, et ont été affranchis du droit d’aubaine en France en 1774. (Vosgien 1789)

Neuchatel, Neaconum, belle et considérable ville de Suisse, capitale de la souveraineté de même nom, sur le lac de Neuchâtel. Il y a de beaux édifices publics et particuliers, un château sur la hauteur, un beau temple et une très belle place. La rivière de Sion la traverse. Cette ville a une étroite alliance de combourgeoisie avec le canton de Berne. Elle est à 5 lieues N. de Lausanne, 10 O. de Berne, 7 N.O. de Fribourg, 94 S.E. de Paris. Longitude 24.45 latitude 47 5. (Vosgien 1789)

     

 

 

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