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31 décembre 1803 - 1er nivôse an XII

 

On lit dans le Moniteur de ce jour :

  le Moniteur
 

N° 99. Samedi 9 nivôse an 12 de la République (31 décembre 1803).

     
 

Danemarck.
Copenhague, 17 décembre (25 frimaire).
D’après les dernières nouvelles officielle parvenues au gouvernement, il paraît que la maladie épidémique qui règne à Malaga est loin d’être à son terme. La fièvre qui s’était manifestée sur quelques vaisseaux espagnols à Barcelone, diminue de jour en jour.
- Conformément au vœu exprimé par le séant de Hambourg au ministre de Danemarck près le cercle de Basse-Saxe, la régence de Gluckstadt vient de défendre aux pilotes de Blankenese et d’Helgoland, d’avoir aucune communication avec les vaisseaux qui seraient en quarantaine, et de toucher à des corps morts ou marchandises que la mer jetterait sur la côte, sans une permission de la régence.
- De huit vaisseaux qui sont partis au printemps pour le Groënland, six sont de retour. On n’a point de nouvelles des deux autres.

     
 

Espagne.
Cadix, le 22 novembre (30 brumaire).
La paix a été rétablie entre les Etats-Unis d’Amérique et l’empereur de Maroc, mais elle n’a pu l’être encore entre les mêmes Etats et la régence tripolitaine ; en conséquence, le commandant des forces américaines dans la Méditerranée, a pris contre Tripoli la mesure suivante, qu’il a notifiée au consul de sa nation en cette ville :
A bord du vaisseau des Etats-Unis, la Constitution,
En la baie de Gibraltar, le 12 novembre 1803.
« Monsieur, comme les Etats-Unis d’Amérique et la régence de Tripoli sont en guerre entr’eux et dans un état d’hostilités réelles, j’ai jugé à propos, afin de mettre l’ennemi à l’étroit, en empêchant qu’il ne lui soit porté aucun secours, de faire bloquer le port de Tripoli par une escadre de bâtiments de guerre servant sous mes ordres. Vous êtes prié de donner avis de cette communication au gouvernement de Cadix, à tous les consuls des puissances neutres y résidants, comme aux consuls des Etats-Unis dans tous les ports d’Espagne, afin qu’ils puissent prévenir les bâtiments navigants sous leurs pavillons respectifs, que tous les bâtiments neutres qui tenteraient d’entrer dans le port de Tripoli, ou qui seraient rencontré. Sur la côte voisine de ce port après que cette communication sera reçue par les puissances neutres, seront arrêtés par l’escadre sous mes ordres, et conduits en tel port où ils puissent être jugés.
J’ai l’honneur, etc.
Signé, Edward Preble, commandant en chef des bâtiments de guerre des Etats-Unis, dans la Méditerranée.

     
 

Intérieur.
Bruxelles, le 5 nivôse.
Depuis la loi d’amnistie rendue à l’égard de différentes classes d’émigrés, la population de la ville de Bruxelles a considérablement augmenté. Diverses familles françaises qui vivaient en Allemagne, depuis plusieurs années, se sont fixées dans nos murs. La plus grande partie des absents belges, partis en 1794, y sont successivement rentrés ; enfin, de nombreuses familles d’étrangers riches, et surtout de Hollandais, y ont transporté leur domicile et paraissent devoir s’y fixer.

  Bruxelles  
  Paris, le 8 nivôse. Le premier consul, parti aujourd'hui à six heures du matin, sera absent pendant très peu de jours.      

 

Ministère de la Justice. Tableau de la situation de Paris du 9 nivôse an XII.

   
 

Evasion. Le nommé Fauche-Borel (de Neuchâtel) s’est évadé hier de la maison du Temple, où il était détenu, et avait pris les habits de son neveu, qui avait été le voir, il a été découvert et arrêté aujourd'hui par le citoyen Pasque, inspecteur général du Ministère, dans une maison de la rue Saint-Lazare où il s’était caché ; les détails de cette évasion seront donnés dans une note particulière.

  Fauche-Borel  

 

 

 

Extrait du rapport d’un observateur à Desmarest, du 9 nivôse.

  Desmarets
 

On répandait hier et avant-hier le bruit que l’expédition allait avoir lieu sous huit jours et que, déjà, tous les régiments qui doivent faire partie de cette expédition étaient embarqués ou prêts à l’être. On dit aussi ce matin que le ministre de la guerre a été informé, par une dépêche télégraphique, que le général Augereau et son armée ont reçu ordre de quitter Bayonne et de se rendre à Brest. Quoiqu’il en soit, dans les meilleurs sociétés, le public a peu de confiance dans la réussite de la fameuse flottille et il en manque tout à fait pour les nouveaux marins qui y sont employés. Il ne parle d’eux tous qu’avec une extrême ironie, et demande par dérision pourquoi Jeanbon Saint-André ne commande pas le débarquement. L’on assure en même temps que l’ouragan du 28 décembre ou 6 nivôse (sic) a fait submerger beaucoup de bateaux plats et même de chaloupes canonnières, et qu’on a perdu beaucoup de troupes embarquées à bord. Les dégâts de cet ouragan qui, d’après les nouvelles les plus récentes, s’est étendu sur presque toute la surface de la France paraissent exagérés d’une manière alarmante, surtout à l’égard des ports de mer.

 

Augereau

 
  Le citoyen Meneval, secrétaire intime du premier consul, paraît être en faveur plus que jamais ; on se plaisait à répéter hier dans plusieurs sociétés que Bonaparte lui avait fait présent d’une superbe voiture et de deux chevaux magnifiques provenant des écuries d’Hanovre. Dans plusieurs endroits on remarque que des intrigants se vantent de connaître particulièrement ce jeune homme et offrent sa protection à ceux qui sollicitent quelque place supérieure, ou quelque remboursement et qu’ils se font largement payer une protection idéale qu’ils sont, assure-t-on, loin eux-mêmes d’obtenir.  

Meneval

 

 

 
  – Le mécontentement de la majeure partie des négociants de la capitale et du peuple en général augmente tous les jours. La misère publique s’accroît par la surcharge des impôts et la cherté excessive des objets de première nécessité. Les ennemis de celui d’en haut, toujours présents, en déversent tout le blâme, en attribuent la principale cause à Bonaparte, et au régime aristocratique et militaire qui maintient, disent-ils, une prépondérance dans toute la France ; les anciens du gouvernement craignent surtout quelques révoltes partielles de la part des nouvelles levées de la conscription militaire.
Candide.
 
     

 

Extrait du Rapport de la Préfecture de Police du même jour.

   
 

Partout on ne s’occupe depuis hier que de l’expédition. On dit que tous les bruits qui ont été semés jusqu’à ce jour n’ont eu d’autre motif que de déjouer les espions anglais, que toutes les embarcations sont prêtes, qu’il ne s’agit plus que de les réunir et il résulte de nombreux rapports que l’espérance du succès est générale. On a dit dans quelques salons que le premier consul, dans la nuit qui a précédé son départ, avait fait partir secrètement un officier supérieur de sa garde pour Pétersbourg.

 

 

 

 
  Exclusifs. – Quelques enragés se sont réunis hier à la Tabagie, passage du Saumon. Ils attendent avec impatience, disent-ils, des nouvelles de l’expédition, parce que de là dépend le sort des patriotes. Ils ajoutent, en parlant des détenus, qu’on n’a pas pris encore les meilleures têtes, qu’ils ont beaucoup de frères et amis sur la vigueur desquels ils peuvent compter en temps et lieu. Ils font un grand éloge de l’énergie et des talents patriotiques de Perrin d’Herval, médecin, Dutil, maître de langues, et du nommé Fabre, autrefois municipal. Ces hommes ne se regardent point comme battus.      

 

 

 

 

 

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