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Desmarets

 

  Biographie universelle, ancienne et moderne, par une société de gens de lettres et de savants (Biographie Michaud). Supplément, tome 62, Paris, 1837 :    
 

Desmarets (Charles), fameux chef de la police impériale, naquit en 1763 à Compiègne, fils d'un artisan qui obtint pour lui de l'évêque de Soissons une bourse au collège de Louis-le-Grand, où il fut élévé avec l'abbé Legris-Duval, devenu plus tard célèbre par la fondation d'une maison de charité pour les orphelins savoyards. Doué d'un esprit fin et délié, Desmarets brilla parmi ses compagnons d'études. Il s'était voué à l'état ecclésiastique lorsque la révolution survint, et changea ses projets. Prêtre et chanoine de la cathédrale de Chartres, il abandonna aussitôt le ministère sacré. Entreprenant par caractère et révolutionnaire par goût, il ne put rester spectateur impassible de la lutte qui s'engagea entre les divers partis. D'abord employé dans une administration militaire, il épousa une demoiselle de Neufchâtel en Suisse, et fut attaché à l'administration des vivres dans l'armée d'Italie. Quoique dans un poste secondaire, il eut plus d'une fois l'occasion de se faire remarquer par les chefs de l'armée, et particulièrement par Bonaparte, à qui l'on croit que dès lors il rendit quelques services. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'aussitôt après le 18 brumaire il remplaça à la police M. Tissot, dans la direction des affaires les plus importantes et les plus secrètes. D'un caractère souple et rusé, ayant beaucoup de mémoire et une aptitude particulière à poser des question insidieuses, il était parfaitement à sa place. Impassible et sans attachement pour personne, il vit tomber Fouché, et sut gagner les bonnes grâces de Savary qui lui succéda. Il conserva son emploi pendant quinze années, et fut successivement chargé de surveiller, de réprimer, et même, on peut le dire, quelquefois d'inventer ou tout au moins d'arranger tous les complots qui occupèrent la police impériale pendant ce long intervalle. On cite notamment l'affaire du faux Kolly, envoyé à Valencay au roi d'Espagne (voyez Ferdinand VII, au Suppl.) Toute la correspondance et les pièces contrefaites, afin de tromper le jeune prince, étaient de la main de Desmarets. Personne assurément n'a dû plus que lui être dans le secret de tous les actes ténébreux de cette époque. Cette opinion généralement répandue fit espérer que les Mémoires posthumes qu'il avait laissés offriraient les révélations les plus curieuses ; mais sur ce point l'attente du public fut complètement trompée. Ces mémoires que l'on a publiés en 1833, 1 vol. in-8° ne sont évidemment qu'une apologie, une justification personnelle par laquelle Desmarets se proposait de répondre aux graves reproches qui lui étaient adressés. On n'y trouve pas un éclaircissement utile sur les affaires du duc d'Enghien, de Pichegru, du capitaine Wright et de tant d'autres mystères d'iniquité que personne mieux que lui n'avait dû connaître. Après la chute de Napoléon, Desmarets se retira dans une propriété qu'il possédait près de Compiègne ; et c'est là qu'il est mort en 1832, après avoir pendant les Cent jours repris sa place à la police ; ce qui le fit porter sur une liste de suspects et mettre en surveillance arès le second retour des Bourbons, à la fin 1815, par son ancien supérieur Fouché, devenu une fois encore ministre de la police. Desmarets, il faut le dire à sa louange, ne laissa pas une fortune proportionnée à celle qu'il aurait pu faire s'il eût manqué de probité. Napoléon l'a fait chevalier de le légion d'honneur. (1).
M_dj. (Michaud jeune.)
(1) En 1823 les mémoires de Méhée de la Touche donnèrent lieu à une polémique de laquelle il résulta que Desmarets avait joué un mauvais rôle dans l'affaire de V. Couchery (Voyez le Journal des Débats du 16 décembre 1823.) p 398-399.

 

 

 

 

 

 

     
 

 

     

 

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