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Dernière
modification le 15 janvier 2007.
Philippe de Ségur : Le
Camp de Boulogne
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Le
Camp de Boulogne
L’armée
mieux organisée, vêtue, disciplinée et exercée
qu’on ne l’a vue depuis, avait été mise sur le pied
le plus formidable: cent cinquante mille hommes, cinquante-huit
vaisseaux de ligne français, douze vaisseaux bataves et dix-huit
cents transports armés, allaient être prêts contre
l'Angleterre! Le 18 juillet Napoléon reparut à Boulogne-sur-mer,
au milieu de ses camps et de sa flottille. En arrivant, ses premiers
mots au maréchal Soult furent: « Combien vous faut-il
de temps pour embarquer? - Trois jours, Sire. - Je ne vous en donne
qu'un! répliqua l'Empereur. - C'est impossible, répondit
le maréchal. - Impossible; Monsieur ! s'écria l'Empereur,
je ne connais point ce mot-là! il n'est pas français,
rayez-le de votre dictionnaire ! » Et, en effet, il prescrivit
sur-le-champ des mesures telles, que l’embarquement devint possible
en vingt-quatre heures.
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Mais
le lendemain, soit l’habitude de vaincre les difficultés les
plus grandes, soit souvenir d'avoir eu tant de fois raison, même
contre les plus habiles, trop de confiance l'emporta. Ainsi trompe
le bonheur, et souvent l’expérience. Ce jour-là, tout
entier à sa flottille, il voulut, pour l'exercer, la mettre
sous voiles, en vue de l'escadre anglaise, en dépit d'un ciel
menaçant et malgré les conseils d’un contre-amiral.
Celui-ci s'obstinant, lui s'irrita. Sa violence fut telle qu'il y
eut un moment où le marin, la main sur la garde de son épée,
crut devoir se mettre en défense contre un outrage. L’Empereur,
incapable d'une voie de fait, le fit désarmer ; et, passant
outre, il voulut qu'on mît en mer.
Ce que le contre-amiral avait prévu arriva. Napoléon,
il est vrai, demeura vainqueur des Anglais, dont il repoussa l'escadre,
et prit même un bâtiment ; mais il fut vaincu par la tempête
à laquelle il s'était refusé de croire. Lui-même
eut peine à y échapper ! Quatre de ses embarcations
périrent. Alors, reconnaissant sa double faute, il, les répara
toutes deux : l'une par une nuit entière d'efforts qu'il passa
dans la tour de l'Heurt, à sauver ses marins de leur naufrage
; l'autre en avouant son tort au contre-amiral, en lui pardonnant
le sien, et en lui faisant oublier sa violence.
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Pendant
les vingt-cinq jours qui suivirent, il s’occupa de son immense plan
de descente, dont nous verrons bientôt l'ensemble, et de ses
camps devant lesquels il se présentait pour la première
fois comme Empereur. Il vit les larges chaussées et les canaux
d'écoulement exécutés par ses ordres, travaux
qui assainissaient ces camps et les liaient entre eux, ainsi qu'avec
les abords des contrées environnante. L'esprit actif et ingénieux
de ses soldats s'était plu à embellir les entours de
leurs baraques du luxe de mille jardins ornés de fleurs, d'inscriptions
à sa louange, d'obélisques et de pyramides la plupart
surmontés du buste, couronné de lauriers, de leur Empereur.
Lui, se mêlant familièrement à eux, entrant dans
tous les détails de leur bien-être, et leur prodiguant
avec discernement des mots heureux, des faveurs et un avancement mérités,
les enivra d'enthousiasme.
Le 15 août, jour de sa fête, il y mit le comble. Cet anniversaire
marqua l'une des plus grandes solennités de son règne,
celle de la distribution à l'armée de l'Ordre d'Honneur.
Le canon de Boulogne l'annonça ; celui d'Anvers et de Cherbourg,
proclamant à la fois l'inauguration de ces deux ports nouveaux,
y répondirent. L'entrée victorieuse à Boulogne,
le soir même, d'un fort détachement d’élite de
la flottille compléta cette journée, dont un monument
rappelle la mémoire.
Le 26 août, jour de son départ, fut signalé par
un nouveau succès de cette flottille. Aidé de Bruix,
l’Empereur le remporta contre l’escadre ennemie dont un bâtiment
fut coulé bas et qui fut menacée même d’abordage.
Elle recula sous nos feux à demi portée, et devant Napoléon,
en vue, en tête, commandant lui-même et le plus exposé
aux bordées anglaises. Cet essai victorieux termina ce voyage
guerrier de l’Empereur. L’Angleterre sur pied tout entière
en avait frémi d’effroi ! |
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