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Ségur (Philippe-Paul comte de) 1780-1873

     
 

 

Philippe de Ségur est né à Paris le 4 novembre 1780. Il était le petit-fils de Philippe-Henri, marquis de Ségur, maréchal de France et ministre de la guerre de 1781 à 1787 ; et fils de Louis-Philippe, ambassadeur de France à la cour de Russie et membre de l’académie française.
En 1799, il s’engage dans le corps des volontaires de Bonaparte, et, grâce à son nom aristocratique, il bénéficie d’un avancement rapide. Attaché à l’état-major du premier consul dès 1802, il est chef d’escadron major en 1807, colonel en 1809, général de brigade et aide de camp de l’Empereur en 1812.
En 1824, il publie une Histoire de Napoléon et de la Grande Armée en 1812.
Nommmé à l’académie française en 1830, il est mort le 25 février 1873.

 
 
 

 

Extrait des Mémoires de Philippe de Ségur :
- Son engagement (ou les illusions d'un jeune homme qui s'engagea pour 'royaliser' l'armée... )
- A l'armée de Macdonald
- Avec Macdonald au Danemark
- Le camp de Boulogne (1804)

     

  Dictionnaire de la conversation et de la lecture, tome 16, Paris 1860.    
 

SEGUR (Philippe-Paul, comte de), lieutenant général, un des quarante de l'Académie Française, né en 1780, est le second des fils du comte de Ségur, le grand-maître des cérémonies. Il passa une partie de sa jeunesse en Angleterre, et termina ensuite son éducation dans le sein de sa famille, à Châtenay. Après la révolution du 18 brumaire, il entra dans l'armée comme enrôlé volontaire. Le vieux maréchal, son grand-père, lui dit à cette occasion: « Tu vas servir un parti qui n'est pas le mien; mais sers ton pays, et une fois sous son drapeau, ne l'abandonne jamais.» Le petit-fils s'est souvenu toute sa vie de cette recommandation. Nommé immédiatement sous-lieutenant, il fit en cette qualité la campagne de la seconde armée de réserve, puis celle de Bavière sous Moreau, et assista à la bataille de Hohenlinden. Ensuite, aide de camp de Macdonald, il fit avec lui la rude campagne d'hiver dans le canton des Grisons, qu'il a racontée sous le titre de Campagne du général Macdonald dans les Grisons (1802). La même année le premier consul l'admit dans son état-major particulier, et lui confia la surveillance du quartier général et de sa personne. Une nuit le général commandant les Tuileries vint le réveiller sur son lit de camp en lui recommandant de changer sur-le-champ les mots d'ordre et de ralliement, et d'organiser toute la garde du château comme en présence et à portée de l'ennemi: un quart d'heure après, et depuis ce moment jusqu'à l'arrestation de Georges et de Pichegru, ce service fut réglé de manière à ce que toute surprise devînt impossible.
En 1805 ce fut le capitaine de Ségur qu'on envoya dans Ulm au feld-maréchal Mack pour le sommer de se rendre. Dans la campagne de Pologne, en 1807, il remplit auprès de Napoléon les fonctions d'olficier d'ordonnance; mais il eut le malheur d'être fait prisonnier par les Russes, et il ne recouvra sa liberté qu'après la paix de Tilsitt. Il commanda ensuite provisoirement un régiment de hussards en Espagne, et enleva avec des lanciers polonais la crête de la Somo-Sierra; fait d'armes qui lui valut sa nomination définitive au grade de colonel. Promu en 1812 général de brigade, il fit en cette qualité la campagne de Russie, dont il a été depuis l'éloquent historien. A la fin de cette même année 1812 l'empereur le nomma gouverneur des pages. Pendant la campagne de 1813 il fut chargé de former et de commander le cinquième régiment des gardes d'honneur (le 3e), qui devait se composer de 2.700 cavaliers, élite de la jeunesse languedocienne, bretonne et vendéenne, et dont les dispositions inspiraient à bon droit quelque inquiétude; mais le général réussit bientôt à se rendre complètement maître del'esprit de ses jeunes soldais, et le cinquième (troisième) régiment des gardes d'honneur mérita d'être cité à la bataille de Hanau comme un des corps qui avaient le plus contribué au salut de l'armée. Dans la campagne de 1814 le corps qu'il commandait se distingua aux combats de Montmirail, de Château-Thierry, de Gui à Trème, et surtout aux deux affaires de Reims. Blessé gravement dans la dernière et transporté à Paris, il quitta cette capitale quand l'ennemi y entra. Il se retira a Tours, qu'il contint jusqu'au 11 avril avec les dépôts du quatrième et du cinquième régiment des gardes d'honneur. Après l'abdication de Napoléon, il adhéra au gouvernement royal, et reçut de Louis XVIII le commandement du corps de cavalerie formé avec les débris de la vieille garde.
A la fin des cent jours il fut chef d'état-major du corps d'armée chargé de la défense de la rive gauche de la Seine, dont le quartier général était a Montrouge. Il s'opposa vainement, devant le prince d'Eckmühl (Davout) et les généraux Grenier et Carnot, à la capitulation de Saint-Gloud, en proposant pour le lendemain l'attaque de l'armée prussienne , qui, témérairement compromise sur la rive gauche de la Seine, aurait pu être écrasée ; mais il était trop tard: les intrigues de Fouché, ses ténébreuses négociations avec les alliés et avec les Bourbons avaient décidé du sort de Paris et de la France. Dès lors le général Philippe de Ségur se retira avec ses enfants et le comte de Luçay, son beau-père, dans la vallée de Montmorency, a Saint-Gratien. C'est là que, revenu tout entier, dans la maturité de l'âge, à la culture des lettres qui avait marqué le début de sa carrière, et qu'il avait toujours aimées et cultivées, il entreprit l'Histoire de Napoléon et de la grande armée en 1812. L'intérêt tout palpitant du sujet, la sincérité de l'historien, ses révélations piquantes, ses réflexions profondes, et outre cela la couleur pittoresque, animée, de son style, placèrent tout d'un coup Philippe de Ségur au rang des premiers écrivains de l'époque. Cet ouvrage excita d'ailleurs quelques-unes de ces réclamations, de ces critiques, qui ne font que confirmer le succès d'un livre, en lui donnant plus d'éclat. Il fallut même que le comte de Ségur mît l'épée à la main pour protéger ce qu'avait écrit sa plume. Encouragé par ce succès, il fit paraître, quatre ans après, en 1829, l'Histoire de Russie et de Pierre le Grand. Même éclat de style, même force de pensées que dans son premier ouvrage. L'Académie Française récompensa ce double succès de Philippe de Ségur en l'appelant à l'unanimité dans son sein, le 25 mars 1830 ; et ce fut la première fois qu'on vit le père et le fils siéger ensemble dans ce corps littéraire. En 1835 Philippe de Ségur publia l'Histoire de Charles VIII; on y trouve, sur l'expédition de ce prince en Italie, et sur les intérêts des divers États de cette péninsule, des documents qui n'avaient pas encore été présentés.
Le maréchal Gourion Saïnt-Cyr l'avait rappelé à l'activité en 1819 ; et les services nouveaux qu'il rendit alors furent récompensés par sa nomination au grade de grand-officier de la Légion d'Honneur. La révolution de Juillet ne l'en retrouva pas moins sans emploi depuis près de deux ans. Rappelé à l'activité parle gouvernement de Louis-Philippe, Ségur fut promu, le 27 février 1831, au grade de lieutenant général. Il vit aujourd'hui complètement étranger aux affaires publiques.

 
 

 

Souvenirs du général Paulin :

   
 

(Fin 1806, à Posen). M. Philippe de Ségur, portant alors les épaulettes de capitaine, maréchal des logis des palais impériaux, était spécialement chargé de l’appropriation des bâtiments que devait occuper Sa Majesté. Je le vis très souvent, à cette époque, avec MM. Bayon et Deschamps, fourriers de la maison de l’Empereur qui, sous un uniforme vert, avec le grade de lieutenant, présidaient au nettoyage, à l’ameublement et aux divers approvisionnements du logement impérial.
Je en sache pas que M. le comte de Ségur, depuis lieutenant général, ait autrement fait la guerre de 1807 à 1814. Il remplissait des fonctions qui l’attachaient de si près à la Maison militaire et au service personnel de l’Empereur que j’ai peine à comprendre la fâcheuse influence sous laquelle il écrivit, dans les premières années de la Restauration, son Histoire de la campagne de Russie. On voit, avec tristesse, percer à chaque page de cet ouvrage une grande exagération de fautes qui ne pouvaient s’éviter dans de si terribles circonstances et une foule d’attaques peu justifiées contre la personne, le caractère et les manœuvres de Napoléon pendant les sinistres journées de 1812.

     

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