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Dernière modification: 23/08/2004

Roederer

Né à Metz le 15 février 1754, Pierre-Louis Roederer est le fils d’un premier substitut du procureur du roi au parlement de Metz. Après des études de droit à Strasbourg, il est d’abord avocat, puis achète en 1780 une charge de conseiller au parlement de Metz. En 1788, il publie un écrit sur « la Députation aux Etats-Généraux ».
Le député du Tiers-Etat de la ville de Metz ayant été invalidé, Roederer se présente à sa place et est élu à la fin d’octobre 1789. Membre du comité des Finances, il participe à la rédaction des textes relatifs au nouveau régime des impôts. Il se lie alors avec Sieyès, Mirabeau et Talleyrand.
En janvier 1790, il provoque l’abolition de tous les ordres religieux, et s’oppose à ce que la religion catholique soit déclarée nationale.

Il défend les noirs et les hommes de couleur, et demande pour eux l’exercice des droits civiques. Il se prononce également pour la liberté absolue de la presse.

Lors de la dissolution de l’Assemblée nationale constituante, il est nommé procureur-syndic du département de la Seine.

Dans la matinée du 10 août, il décide le roi Louis XVI, contre l’avis de la reine, à se rendre dans l’Assemblée nationale, et joue ainsi un rôle capital dans la chute de la Monarchie.
Octave Aubry écrira à ce propos :
« Ainsi est tombée la monarchie. Elle n’a pas résisté, s’est affaissée mollement. Il est probable que sans Roederer, Louis n’eût pas quitté les Tuileries. Il eût suivi le conseil de la Reine, n’eût pas abandonné ses défenseurs : Suisses et volontaires, qui vont se faire massacrer derrière lui pour sauver l’honneur royal. La responsabilité de Roederer paraît donc entière, il a passé sa vie à essayer de l’atténuer, n’y a point réussi. Il s’est dérobé au premier devoir de sa charge qui était de protéger le roi, a reporté ce soin sur l’Assemblée, qu’il en savait bien incapable. Sa seule excuse, c’est qu’il n’était pas royaliste. Et pourtant il dira, il répétera qu’il n’y a pas d’autre forme de gouvernement pour les Français que la monarchie… Que faut-il donc penser* ? Ceci, simplement : se sentant le plus faible, il a hurlé avec les loups… »
               * (C'est ici Octave Aubry qui dit ce qu'il faut penser, et son avis n'engage que lui.)

Sous la Convention, Roederer devient rédacteur au Journal de Paris, et rend compte des séances de l’assemblée et du procès du Roi. Après la chute des Girondins, il se fait très discret et ne réapparaît dans la vie publique qu’après le 9 thermidor ; il devient alors propriétaire du Journal de Paris, fonde le Journal d’économie politique et siège à l’Institut.  En mars 1798, il est présenté par Talleyrand à Bonaparte, se lie avec lui et rapproche le jeune général de Sieyès. Il participe avec eux à la préparation du coup d’état du 18 brumaire. « Talleyrand et moi fûmes les deux intermédiaires qui négocièrent entre Sieyès et Bonaparte », écrira-t-il.

Le Premier Consul le récompense en le faisant conseiller d’Etat, puis sénateur. Roederer reste en rapports constants avec Bonaparte.
« Rentré chez lui, Roederer note aussitôt les entretiens et les rétablit avec un accent, une netteté, un réalisme humain qui nous rendent la voix même de Bonaparte ; C’est le premier interviewer de son temps. Aucun mémorialiste de l’époque n’a su l’égaler. » écrira Octave Aubry.

En 1802, Roederer est nommé à la tête de la Direction de l’esprit public, puis nommé sénateur.

En 1806, il est député par le Sénat auprès de Joseph Bonaparte pour le féliciter de son accession au trône de Naples. Il est alors nommé ministre des finances du nouveau royaume.

Revenu en France lorsque Joseph monte sur le trône d’Espagne, il est chargé par Napoléon d’une mission d’inspection dans ce pays ; à l’issue de celle-ci,  il est fait comte, puis ministre auprès du grand duc de Berg,

Après la Restauration, Roederer se retire de la vie publique et se consacre à la rédaction de ses souvenirs ; après la Révolution de juillet 1830, il entre à la Chambre des pairs, et meurt en 1835.

Sa fille avait épousé le général Gourgaud.

 

 

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