Il défend les noirs et les hommes de couleur, et
demande pour eux l’exercice des droits civiques. Il se prononce également
pour la liberté absolue de la presse.
Lors de la dissolution de l’Assemblée
nationale constituante, il est nommé procureur-syndic du département de la
Seine.
Dans la matinée du 10 août, il décide le roi
Louis XVI, contre l’avis de la reine, à se rendre dans l’Assemblée
nationale, et joue ainsi un rôle capital dans la chute de la Monarchie.
Octave Aubry écrira à ce propos :
« Ainsi est tombée la monarchie. Elle n’a pas résisté, s’est affaissée
mollement. Il est probable que sans Roederer, Louis n’eût pas quitté les
Tuileries. Il eût suivi le conseil de la Reine, n’eût pas abandonné ses
défenseurs : Suisses et volontaires, qui vont se faire massacrer derrière
lui pour sauver l’honneur royal. La responsabilité de Roederer paraît donc
entière, il a passé sa vie à essayer de l’atténuer, n’y a point réussi. Il
s’est dérobé au premier devoir de sa charge qui était de protéger le roi, a
reporté ce soin sur l’Assemblée, qu’il en savait bien incapable. Sa seule
excuse, c’est qu’il n’était pas royaliste. Et pourtant il dira, il répétera
qu’il n’y a pas d’autre forme de gouvernement pour les Français que la
monarchie… Que faut-il donc penser* ? Ceci, simplement : se sentant le plus
faible, il a hurlé avec les loups… »
* (C'est ici Octave Aubry qui dit ce qu'il faut penser, et
son avis n'engage que lui.)
Sous la Convention, Roederer devient
rédacteur au Journal de Paris, et rend compte des séances de
l’assemblée et du procès du Roi. Après la chute des Girondins, il se fait
très discret et ne réapparaît dans la vie publique qu’après le 9 thermidor ;
il devient alors propriétaire du Journal de Paris, fonde le
Journal d’économie politique et siège à l’Institut. En mars 1798, il
est présenté par Talleyrand à Bonaparte, se lie avec lui et rapproche le
jeune général de Sieyès. Il participe avec eux à la préparation du coup
d’état du 18 brumaire. « Talleyrand et moi fûmes les deux intermédiaires
qui négocièrent entre Sieyès et Bonaparte », écrira-t-il.
Le Premier Consul le récompense en le faisant
conseiller d’Etat, puis sénateur. Roederer reste en rapports constants avec
Bonaparte.
« Rentré chez lui, Roederer note aussitôt les entretiens et les rétablit
avec un accent, une netteté, un réalisme humain qui nous rendent la voix
même de Bonaparte ; C’est le premier interviewer de son temps. Aucun
mémorialiste de l’époque n’a su l’égaler. » écrira Octave Aubry.
En 1802, Roederer est nommé à la tête de la
Direction de l’esprit public, puis nommé sénateur.
En 1806, il est député par le Sénat auprès de
Joseph Bonaparte pour le féliciter de son accession au trône de Naples. Il
est alors nommé ministre des finances du nouveau royaume.
Revenu en France lorsque Joseph monte sur le
trône d’Espagne, il est chargé par Napoléon d’une mission d’inspection dans
ce pays ; à l’issue de celle-ci, il est fait comte, puis ministre auprès du
grand duc de Berg,
Après la Restauration, Roederer se retire de
la vie publique et se consacre à la rédaction de ses souvenirs ; après la
Révolution de juillet 1830, il entre à la Chambre des pairs, et meurt en
1835.
Sa fille avait épousé le général
Gourgaud.