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Waterloo battle 1815

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1789-1815.com

   Waterloo   >   Gourgaud   >  

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Journal de Gourgaud

     
 

     
  Gourgaud (Gaspard), est né à Versailles le 14 novembre 1783, et décédé en 1852. Elève à l'école polytechnique en l'an 8, officier d'artillerie. Premier officier d'ordonnance de l'Empereur. Il accompagne Napoléon à Sainte-Hélène.
Son journal est une source précieuse pour l'étude de la bataille de Waterloo et de la captivité de Sainte-Hélène.
 
 
 

Il permet de suivre l'édification de la légende napoléonienne par Napoléon lui-même. Il a été publié pour la première fois en 1899 par le vicomte de Grouchy et Antoine Guillois.
En 1933, Octave Aubry a entrepris une nouvelle édition du Journal de Gourgaud, qui a paru en 1947. Il reprochait à l'édition précédente d'avoir écourté beaucoup de scènes et d'avoir omis des phrases qui avaient paru d'un ton trop cru.
Le journal de Gourgaud a été amputé lors de ses publications successives du récit de la bataille de Waterloo. Celui-ci s'écartait trop du récit idéalisé publié par Gourgaud sous la dictée de Napoléon.

Le journal de Gourgaud a de suite été considéré comme "le document le plus immédiat, le plus décisif sur la captivité de Napoléon".
O. Aubry écrivait : "A la lettre, l'on ne connaît pas Napoléon si l'on n'a pas lu le Journal de Gourgaud. (...) Remarque essentielle : son journal n'a pas été écrit pour être publié. Il l'a tracé pour soi-même, afin de se souvenir plus tard. (...) D'où cet accent incomparable, cette prodigieuse liberté, cette véracité unique..."

Les extraits qui sont donnés ici proviennent de l'édition qui en a été donnée par Octave Aubry.

     
         

 

Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, édition Octave Aubry, Paris, 1947 :

   
 

Le 18 (septembre 1815). Sa Majesté me parle de Lannes, de Murat, de Kléber, de Desaix et assure que ce dernier était le meilleur général qu'Elle eût jamais connu. Elle exprime d'amers regrets sur la mort de Lannes, car Elle sait combien je l'aimais : "Clauzel et le général Gérard promettaient beaucoup, Bernadotte n'a pas de tête, c'est un vrai Gascon, il ne restera pas là où il est, son tour de s'en aller viendra aussi."

Le 19. Mme Bertrand a une inflammation au cerveau ; on la saigne deux fois. Sa Majesté dit que si elle mourait, ce serait bien heureux. L'Empereur me raconte que de toutes les actrices de Paris, il n'a voulu avoir que Mlle Georges, que tout ce qu'on a raconté de la petite Saint-Aubin est faux, que les femmes les plus jolies sont celles qui sont les plus difficiles à avoir.

 Le 20. – Beau temps. 76° Fahrenheit. Je reprends les papiers et les cartes que j'ai sauvés de Waterloo. 2° 46' de latitude et 7° de longitude.

Le 28 [septembre] : Sa Majesté m’appelle pour causer de Waterloo. “Ah ! si c’était à recommencer !” s'écrie-t-Elle.

     
  Le passage suivant est très intéressant, car il montre comment, alors qu'il était encore sur le "Northumberland" en route vers Sainte-Hélène, Napoléon travaille avec Las Cases à bâtir sa légende... au prix de quelques libertés prises avec la vérité :      
 

Le 30 (septembre). (...) Avant le déjeuner, Sa Majesté me fait appeler : Las Cases lui a rapporté qu'hier j'ai dit à l'amiral qu'Elle ne commandait pas en chef au 13 vendémiaire, ce qui est vrai. L'Empereur me gronde beaucoup, me dit que c'est lui qui commandait et que d'ailleurs cela ne me regarde pas, qu'il est le maître de dire à l'amiral ce qu'il veut et que je ne dois pas le démentir, s'il ne dit pas vrai. "Je ne savais pas que Votre Majesté eût parlé ; l'amiral m'a questionné, j'ai dit la vérité." L'Empereur se fâche de plus en plus, me recommande de ne plus parler à l'amiral ; s'il me questionne, je ne dois plus répondre. Il m'invite à imiter Las Cases et va même jusqu'à s'écrier : "Vous passerez au service des Anglais." Je réponds : "Sire, j'ai refusé de passer au service de Russie en 1814, ce n'est pas pour passer à présent à un service étranger… j'aime mieux être soldat en France."

Le 3 octobre. J'ai une explication avec Las Cases sur ce qu'il a raconté à l'Empereur une conversation que j'ai eue avec lui sur la mort du duc d''Enghien. Il me demande pourquoi je suis venu et m'assure que Sa Majesté me donnerait 300.000 francs pour me faire un sort, si je consentais à m'en aller. Je rembarre vigoureusement Las Cases. "Je n'approuverai jamais la mort du duc, ni celle de Pichegru… Si je suis venu, c'est parce que j'étais auprès de Sa Majesté, que j'ai suivie partout depuis quatre ans, excepté à l'île d'Elbe. Je lui ai sauvé la vie et l'on aime ceux que l'on a obligés. Si j'avais cru qu'Elle revenait en France pour en faire le malheur, je n'aurais pas repris ma place auprès d'Elle. Mais vous, Monsieur, vous ne connaissiez pas l'Empereur, vous n'étiez pas connu de lui, même de vue… Alors, pourquoi ce grand dévouement ?" Je vois autour de moi bien des intrigues et des faussetés. Pauvre Gourgaud, qu'allais-tu faire dans cette galère !

     
         
 

Le 5 octobre (...) Le soir, Sa Majesté me fait appeler, cause religion, éléctricité, etc. Elle m'affirme que l'homme est le produit, l'enfant de l'atmosphère et de l'électricité combinées.

Le 7 octobre. (...) A midi, Sa Majesté me dicte plusieurs pages sur la campagne d'Italie et le siège de Toulon, puis amène la conversation sur la duchesse d'Abrantès ; "Elle faisait partie de la police de M. de Blacas en 1814, et en recevait 1.500 francs par mois. Junot l'a épousée par gloriole. Il avait la manie d'aimer les nobles." Las Cases prétend que l'Empereur lui a dit : "Gourgaud ne causera plus avec l'amiral, je lui ai taillé de la besogne."

     
  Et voici quelques conversations sur la bataille de Waterloo.      
 

Le 1er décembre : (...) “Soult n’est bon qu’à être intendant d’une armée. Il n’y avait que moi qui pouvais réussir. Clauzel ! Ah ! Clauzel, il est jeune, il a des moyens, de la vigueur ; je ne crains que celui-là !”

Jeudi 13 juin 1816. - Je décide l’Empereur à s’habiller et à déjeuner dans le jardin. Il me parle de Waterloo. “Les hommes de 1815, dit-il, n’étaient pas les mêmes que ceux de 1792. Les généraux craignaient tout. (...)

"Soult n’avait pas un bon état-major ; j’avais des officiers d’ordonnance beaucoup trop jeunes, comme Regnault ou Montesquiou ; ce n’étaient que des aides de camp. Ney m’a fait bien du mal avec son attaque partielle à la Haie-Sainte et en faisant changer de position à l’artillerie que vous aviez placée : elle protégeait bien ses troupes, au lieu qu’en marchant en avant, elle pouvait être chargée, ce qui eut lieu en effet. (...) C’est la fatalité, car malgré tout je devais gagner cette bataille."(...)

L’Empereur me dicte sur Waterloo ; je l’engage à ne pas parler mal de certains généraux, tels que Ney, Vandamme, etc. ; il me répond : “Il faut dire la vérité ! ”

Dimanche 16 mars 1817. (...) A 4 heures, l’Empereur, qui est de bonne humeur, me dicte sur Whright, sur la conspiration de Moreau. “Que le Moniteur de ce temps-là est beau à lire !” Il nous faut rédiger un récit de Waterloo ; il a un moyen de l’envoyer en Angleterre ; on l’imprimera en français et en Anglais ; cela me donnera un grand renom et me rapportera beaucoup d’argent, et enfin ma mère l’apprendra par cœur. Il me dicte ensuite ses réflexions : il n’a pas pu bien voir la bataille, il voulait faire, comme à Montmirail, une attaque perpendiculaire et la conduire lui-même, mais l’arrivée de Bulow l’a forcé de rester dans une position centrale ; Ney n’a pas pu comprendre cette attaque.

     
 

Les notes de Gourgaud permettent de connaître des détails sur la vie de Napoléon d'après ses propres souvenirs, ses opinions, etc :

Sur les femmes :

     
  (L'Empereur) me traite bien, se promène avec moi, me parle de ses amours avec Mme Duch..., Mme Gazzani, me dit qu'à son passage à Lyon, Elle a eu une bonne fortune, Mme Pellaprat. Sa Majesté ajoute que les femmes sont souvent bonnes à consulter, que si Elle remontait jamais sur le trône, Elle consacrerait deux heures par jour à leur parler, qu'Elle a appris bien des secrets de Mme de Rovigo et de Mme de Montebello. (le 5 novembre 1815).      
  Sur le général Clausel :      
  Clauzel ! Ah ! Clauzel, il est jeune, il a des moyens, de la vigueur ; je ne crains que celui-là !” Las Cases interrompt : "Eh bien ! sire, s'il réussit, ce sera fort avantageux pour Votre Majesté. - Croyez-vous qu'il soit assez bête pour me céder sa place ? J'ai bien des partisans, mais s'il réussissait, il en aurait aussi beaucoup. On oublierait vite les grandes choses que j'ai faites pour penser à celui qui sauverait la France. Et puis les derniers ont toujours raison ; on oublie le passé pour le présent."      
  Sur Eugène de Beauharnais :      
  Je ne vois personne de capable de faire de grandes choses. Eugène est une vraie tête carrée, j'entends par là qu'il a du jugement, des qualités, mais non ce génie, ce caractère ferme qui distinguent les grands hommes. (1er décembre 1815.)      
  Sur le général de Montholon :   Montholon  
  Sa Majesté me dit que Montholon est un coquin. "Qu'il soit cocu tant qu'il voudra, mais qu'il ne soit pas espion !" (Le 7 décembre 1815.)      
  Sur le maréchal Soult :      
  Soult n’est bon qu’à être intendant d’une armée. (1er décembre 1815.)      
  Sur les assemblées :      
 

Las Cases dit à Sa Majesté qu'il est bien probable qu'Elle remontera sur le trône, que la Russie y contribuera. L'Empereur estime que cela ne peut avoir lieu que si les jacobins devenaient les maîtres en Europe : « Il n'y a que moi qui puisse les mater, mais il y a pour cela bien des chances, car je vois des assemblées secrètes. C'est une terrible chose, pour un souverain, que les assemblées délibérantes. J'en vois en Prusse, dont le roi est assez sot pour faire le libéral et promettre des Chambres. Il verra ce que cela lui coûtera! (le 5 novembre 1815). J'ai peut-être eu tort de former des chambres ; j'ai cru que cela me serait utile et me procurerait des moyens que je n'aurais pas eus en restant dictateur. J'ai eu tort de perdre un temps fort précieux en m'occupant de constitution, d'autant plus que mon intention était d'envoyer promener les Chambres une fois que je me serais vu vainqueur et hors d'affaire. Mais c'est en vain que j'ai espéré trouver des ressources dans ces Chambres. Je me suis trompé. Elles m'ont nui avant Waterloo et m'ont abandonné après. (Le 29 novembre 1815).

"La constitution anglaise ne saurait convenir à la France. Je ne me suis occupé de constitution, au retour de l'île d'Elbe, que pour céder à la mode, mais, victorieux, j'aurais renvoyé les Chambres. C'est une terrible chose qu'une assemblée délibérante ; la constitution anglaise ne convient qu'à l'Angleterre. (8 décembre 1815.)

Sa Majesté se promène avec moi et me parle de constitution : "Il ne faut point d'assemblées délibérantes, dit-Elle, les hommes sur lesquels on croit, dans ces assemblées, pouvoir compter, changent trop facilement d'avis. Waterloo ! Waterloo... la constitution anglaise n'est pas bonne pour la France..." (Le 16 décembre 1815).

Sa Majesté se promène avec moi et me parle de constitution : "Il ne faut point d'assemblées délibérantes, dit-Elle, les hommes sur lesquels on croit, dans ces assemblées, pouvoir compter, changent trop facilement d'avis. Waterloo ! Waterloo... la constitution anglaise n'est pas bonne pour la France..." Le 16 décembre 1815).

     
  Sur ce que devait faire Louis XVIII après Waterloo :      
 

Le roi devrait commencer par montrer de la rigueur et ensuite user de douceur. Il faut qu'il soit tout à fait un roi féodal et qu'il rétablisse les parlements. Il peut tout faire à présent ; plus tard il ne le pourra plus. Il faut qu'il profite de la stupeur où est la nation et de la présence des armées étrangères. La constitution anglaise ne saurait convenir à la France. (Le 8 décembre 1815.) Bertrand annonce de mauvaises nouvelles. L'Empereur ne voit que sang et malheurs en France. Selon lui, ce que les Bourbons ont de mieux à faire, c'est de profiter du séjour des étrangers pour opérer une Saint-Barthélémy de tous les révolutionnaires; "Ah ! Sire… - On dira ce qu'on voudra, la Saint-Barthélémy a tué le parti protestant, qui ne s'est jamais relevé depuis." Nous sommes tous tristes. (Le 12 janvier 1816.)

     
  Sur la campagne d'Egypte :      
  Si j'y étais resté, je serais à présent empereur d'Orient. Sans Saint-Jean-d'Acre, toute la population se déclarait pour moi. J'aurais pu aller aux Indes. (Le 5 novembre 1815).      
  Sur le système décimal :      
   Le 3, dimanche. – L'Empereur me dicte sur le système décimal qu'il critique sans l'entendre.      
      (à suivre.)  

 

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