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N°
97. Jeudi, 7 nivôse an 12 de la République (29 décembre
1803.)
Spectacles.
En France, dans les circonstances qui partout ailleurs paraîtraient
les plus difficiles, après les tributs offerts à la
patrie par le génie, la science, le dévouement et
la libéralité, on peut compter sur ceux de la gaieté
et de l’esprit, attributs aimables du caractère national,
ornements légers des plus solides vertus. Pour nos soldats,
ce fut toujours une habitude que de chanter à l’approche
du combat, et de consoler les ennemis par des traitements généreux
après les avoir vaincus. C’est sur le rythme de quelque refrain
guerrier que leurs cohortes marchent, que la hache du constructeur
retombe, que le matelot s’élance au haut des mâts.
Le péril est sur la côte, la joie s’y place près
de lui, elle repousse son image et la dissipe comme un vain fantôme.
Chez une nation voisine, dit-on, un soldat est chargé d’être
plaisant pour toute sa compagnie : dans nos bataillons, sous leur
agreste abri, sur nos chaloupes rapides, chacun est gai pour soi
à toute heure et pour tout le monde. Nos ennemis ont un talent
particulier pour des caricatures grossières ; trop souvent
chez eux c’est une injure que la plaisanterie, ils ne distinguent
point le sarcasme de l’insulte : nous, au contraire, et c’est encore
un avantage que nous avons sur eux, habiles à surprendre
le ridicule où il est, et ne le cherchant qu’où il
se trouve, nous savons discerner dans nos ennemis, et ce qu’ils
ont d’estimable, et surtout ce qu’ils ont de risible.
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La
Flottille, divertissement
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Aussi,
dans les nombreuses petites pièces de circonstance que nos
préparatifs maritimes ont fait naître, et notamment
dans une bluette donnée au théâtre de Louvois,
l’auteur a fait une plaisanterie très bonne et très
française, en faisant paraître en présence de
nos soldats matelots et de nos matelots-soldats, de leurs chefs
et des braves pêcheurs habitants de la côte, deux prisonniers
anglais du nombre de ceux dont on a fait des recrues, sous
le nom de volontaires, qu’on a forcés de quitter
leurs cabinets pour les camps, et d’échanger leur obscur
costume pour d’éclatants uniformes.
L’un d’eux, auquel on demande s’il est soldat, répond plaisamment
: Non, Monsieur, je suis notaire.
Goddam (dit-il), en nous faisant volontaire par force,
Savez-vous ce qu’on fait, je ne m’en cache pas,
Des meilleurs citoyens, de très mauvais soldats…
L’autre,
auquel les dames de Londres n’ont pas encore fait don de sa cuirasse
préservative des rhumes, ne demande que la paix et son retour
dans son pays : ils en obtiennent en effet les moyens de la générosité
française, et se rembarquent après avoir entendu,
de la bouche d’un pécheur, une espèce d’ultimatum,
que des applaudissements unanimes ont sanctionné :
Nous
aurons comme vous et commerce et vaisseaux,
Et, quand l’égalité sera bien établie,
Nous lutterons alors d’efforts et d’industrie.
Voilà la paix ; voilà comme nous la ferons.
C’est arrêté ; c’est dit ; et maintenant, chantons,
etc. etc.
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Cette
petite vue d’un point de la côte, ce croquis d’une halte militaire,
et d’une fête villageoise, a été esquissé
par le citoyen Nanteuil, auteur de diverses productions légères
très agréables : du mouvement, de la gaîté,
un bon esprit, l’expression des sentiments et des vœux communs à
tous les Français, voilà ce qu’on trouve dans son ouvrage
; le zèle, l’ensemble et l’enthousiasme des acteurs, donnent
la vie au tableau, et à la scène un degré d’illusion
à laquelle on ne peut se livrer sans intérêt,
et même sans émotion. |
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Extrait
du rapport de la Préfecture de Police du 7 nivôse (29
décembre) |
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Royalistes.
– Avant-hier soir, un figuriste nommé Collaud, demeurant
rue faubourg du Temple, a promené dans le jardin du Tribunat
le buste en cire du ci-devant roi, revêtu de ses décorations
; il offrait de le vendre et se permettait les plaisanteries les
plus indécentes. Il a été de suite arrêté
; perquisition a été faite dans son domicile, on y
a trouvé trois figures pareilles et le creux qui avait servi
à les couler. Hier, on a été informé
que des mouleurs et des fabricants de boites de carton avaient fait
un grand nombre de bonbonnières pour le jour de l’an, avec
les portraits en cire des individus de la famille des Bourbons.
Des perquisitions ont eu lieu, et une grande quantité de
ces boites ont été saisies avec l’exergue significatif
en langue allemande. On cherche à remonter à la source
de cette affaire.
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Figuriste
Jardin du Tribunat
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