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Le tribunal criminel de la Seine s’est occupé pendant toute
la journée du 15, de l’affaire du nommé Tartanson,
dit Carbonnel, originaire de la Martinique, accusé d’assassinat
non-consommé envers la fille Leclerc, qu’il a blessée
de 22 coups de couteau. Il règne beaucoup d’incertitude sur
les causes qui l’ont porté à ce crime. Il assure que
la fille Leclerc était une fille publique qu’il fréquentait
depuis quelque temps ; que cette femme ayant conçu de la
jalousie, avait cherché à l’assassiner, et que c’était
en parant les coups, en repoussant le couteau, qu’il lui avait fait
des blessures, dont quelques-unes sont au cou, derrière la
tête, et une autre au bas de la cuisse. Il a accompagné
cette explication de détails vraiment dégoûtants,
que ses conseils ont eu la loyauté d’abandonner. C’est sur
le dessein de tuer, et principalement sur la préméditation
de l’homicide, qu’ils ont fait rouler sa défense. Ils ont
supposé qu’étant venu chez la fille Leclerc, l’ayant
trouvé rebelle à ses désirs, il avait pu se
porter d’abord à des menaces, et ensuite à des excès
contre lesquels la loi punit d’une peine afflictive, autre que la
peine de mort. Les jurés sont entrés en délibération
à neuf heures du soir : ils n’étaient point encore
rentrés le lendemain à midi. Il y a tout lieu de croire
que, n’ayant pu s’accorder à l’unanimité, ils passeront
les 24 heures. (Journal de Paris, 17 vendémiaire an 10.)
- Les jurés, dans l’affaire Tartanson, ne pouvaient être
divisés que sur le point important de la préméditation.
Aussi ont-ils déclaré unanimement que l’attaque à
dessein de tuer avait été effectuée par l’accusé,
contre Catherine Leclerc, et à la majorité d’onze
voix contre une, qu’il avait commis ce crime avec préméditation.
- Tartanson a entendu avec le même sang-froid qui ne l’avait
pas abandonné pendant tout le débat, la condamnation
à mort prononcée contre lui par le tribunal.
(Journal de Paris 18 vendémiaire an 10.) |
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