Accueil
Annuaire
Faits et événements
Personnages
Napoléon
La France et le Monde
Waterloo
Belgique
Armées
Uniformes
Reconstitution
Publications
Liens
Nouvelles du Jour
Plan du site
Balises
|
.
|
Journal de Paris, 20 pluviôse an 10, 8 février 1802. |
|
|
|
|
Rouen,
17 pluviôse. Un bahut et une lettre furent remis par des inconnus
à la veuve Duval, aubergiste à la Bouille, le tout portait l'adresse
suivante : Au C.en Pillon, aubergiste au Bourgtheroulde, pour faire tenir au C.en
Ballicorne, horloger à Saint-Pierre du Bourgtheroulde. La veuve
Duval remit le bahut et la lettre au messager du lieu. Celui-ci
s'acquitta de sa commission. L'aubergiste Pillon fait passer la
lettre à l'horloger, et, faute d'occasion, garde le bahut chez lui.
A la réception de la lettre, Ballicorne se rend chez Pillon pour
y prendre l'horloge qu'on dit être renfermée dans le coffre. Il
arrive le 14, vers 6 heures et demie du soir, et se met sur-le-champ
en devoir d'ouvrir le bahut, déposé dans la salle de Pillon. Un
piton empêche d'ouvrir le crochet. Ballicorne se voit contraint
d'appuyer sur ce piton ; mais à peine lui a-t-il imprimé un mouvement,
qu'il se fait une explosion terrible. Des canons de fusil, appropriés
à la longueur du coffre, remplis de poudre et bouchés par les extrémités,
étaient, suivant toute apparence, artistement disposés dans le bahut.
Des lumières y avaient été pratiquées, et le déclin d'une des armes
étant parti par l'action imprimée au piton, le feu se sera sur l'heure
communiqué au reste de l'artifice. L'explosion a fait sauter avec
fracas les murailles de la salle, et les planchers se sont écroulés.
Le malheureux Ballicorne a été jeté dehors parmi les décombres ;
une femme qui était en pension chez le C.en Pillon a été tuée. L'épouse
de cet honnête aubergiste est en danger de perdre la vue des suites
de l'explosion, et sa malheureuse fille est menacée de ne pouvoir
jamais recouvrer la vue. Un jeune matelot, qui était couché dans
la salle, a également failli d'être tué.
On doit des éloges aux habitants qui se sont empressés de tirer
de dessous les décombres mes tristes victimes de événement ; les
secours les plus prompts leur ont été donnés.
Ballicorne était un jeune homme rempli de talent, qui avait une
chambre pour travailler les jours de marché chez le C.en Pillon,
tenant l'auberge de l'Aigle-d'Or.
On attribue à la jalousie cet horrible attentat.
Deux individus, domiciliés dans la commune du Bourgtheroulde, dont
l'un est serrurier et l'autre horloger, sur lesquels sont tombés
les soupçons, ont été aussitôt arrêtés. On apporte la plus grande
activité dans l'instruction.
|
|
|
|
|
Journal de Paris, pluviôse an X –10
février 1802. |
|
|
|
|
Rouen, 19 pluviôse. Le C.en
Thorin, juge de paix du canton de Bourgtheroulde, a recueilli avec
soin tout ce qui pouvait faire reconnaître les auteurs de la machine
infernale, qui a fait sauter la maison du Cen Pillon. Les nommés
Fleury, horloger, et Guyon, armurier, demeurant l'un et l'autre
à Bourgtheroulde, avaient été arrêtés sur la clameur publique. La
veuve Duval et ses domestiques ont reconnu Fleury comme étant l'individu
qui avait apporté le bahut. D'après leurs dépositions et celles
de plusieurs autres témoins, les deux prévenus ont eux-mêmes avoué
successivement leur crime. Ils sont maintenant aux fers, et ils
vont être envoyés à Evreux pour y subir leur jugement. La machine
infernale était composée de sept à huit canons de fusil remplis
de mitraille, les coupables ont déclaré avoir recouvert cette batterie
de cinq livres de poudre. Le déclin de l'arme qui a embrasé la batterie,
était attaché à une bascule, etc. La femme Pillon est toujours dans
le plus grand danger. On a quelque espérance de sauver la fille.
Un citoyen qui était à côté de Ballicorne, au moment de l'explosion,
est aussi très dangereusement blessé. |
|
|
|
_
-
|