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Itinéraire des Archives
de Caulaincourt :
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Le
16, monté le Roitelet à 7 heures du matin,
ensuite le Moscou ; venu sur les hauteurs en avant de Smolensk,
reconnu la position jusqu'à la droite, vu le corps du maréchal
Ney à la gauche ; bivouaqué derrière le château
de M. Arsanisk. |
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Le
baron Denniée, attaché à l'état
major général de la Grande Armée :
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Le
16, on découvre Smolensk ; chacun est dans la croyance que
l'ennemi a abandonné cette place ; l'Empereur lui-même
partage cette conviction ; il fait appeler le général
Caulaincourt (il était trois heures du matin, et déjà
il faisait grand jour). Il lui donne l'ordre d'y établir
son quartier-général, et à moi de me rendre
aux états.
Nous partons. Bientôt après avoir dépassé
les divisions du 3e corps qui étaient en colonnes sur la
route, nous parvenons à une demi-lieue de Smolensk, c'est-à-dire
à la hauteur de la première ligne des tirailleurs,
qui échangeaient quelques coups de carabine. |
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Le
général de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur
:
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Le
lendemain (16 août), on la resserra encore davantage (la ville) ;
on enleva un cimetière et plusieurs maisons qui commandaient
le plateau sur lequel la ville est bâtie. Un adjudant, placé
en observation par le général Dalton dans un moulin
à vent, s'aperçut le matin que les Russes faisaient
sortir des troupes. Le général s'y rendit et s'assura
que deux ou trois régiments étaient déjà
formés sous les murs et que d'autres les suivaient. L'Empereur
donna ordre de resserrer la ville et de repousser ces troupes, même
de tâcher de les enlever. L'attaque fut chaude. Le général
Dalton et tous les colonels de brigade y furent blessés en
refoulant audacieusement les corps russes jusque sous les murs de
la ville. Il déboucha de la droite des magasins de sel qui
se trouvaient entre la ville et les maisons qui la précédaient,
mais sa blessure ralentit le mouvement qui n'eut pas d'autres suites.
Les Russes se faisaient tuer bravement mais ne tenaient pas. |
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Le
baron Denniée, attaché à l'état
major général de la Grande Armée :
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Le
maréchal Ney, impatient du retard qu'éprouve la marche
de ses troupes, arrive au milieu des tirailleurs : c'est le
dieu Mars ; son aspect, son regard, son assurance entraîneraient
le plus timide. Tout à coup 7 à 800 cosaques réguliers,
masqués par un terrain cahoté et couvert de broussailles,
se précipitent aux cris de hourra !
Ils débordent et ramènent nos cavaliers, enveloppent
le maréchal et le général Caulaincourt, et
les serrent de si près, que le duc d'Elchingen reçoit,
presque à bout portant, une balle qui déchire le collet
de son habit. Toutefois, le désordre ne fut pas de longue
durée, car la brigade Domanget s'étant ralliée,
dégagea le maréchal et poursuivit les cosaques jusque
sous le canon de Smolensk. Enfin l'infanterie du général
Razout, ayant appuyé ce mouvement, permit au maréchal
de se rapprocher assez des remparts pour se convaincre que les Russes
étaient dans l'intention de les défendre.
Néanmoins l'Empereur était si intimement convaincu
que Smolensk était hors d'état de faire une défense
sérieuse et que les Russes n'avaient point l'intention d'y
tenir, qu'il n'ajouta foi aux rapports contraires que lorsque le
général Caulaincourt vint lui-même les lui confirmer.
(Cette circonstance s'explique par l'absence de renseignements certains
sur les localités, par le manque absolu de moyens d'espionnage,
et surtout par les fausses indications que l'Empereur recevait de
ceux mêmes qui auraient dû connaître le pays.)
Néanmoins l'ordre est d'entrer de vive force dans Smolensk.
On dirait que tout doit s'abaisser devant l'Empereur, que sa fortune
commande à tout. Triste et pernicieuse confiance!
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Le
général de Ségur, maréchal-des-logis
du Palais : |
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Napoléon,
parvenu sur la hauteur, vit dans un nuage de poussière de
longues et noires colonnes, d'où jaillissait le reflet d'une
multitude d'armes ; ces masses s'avançaient si rapidement
qu'elles semblaient courir. C'était Barclay, Bagration, près
de cent vingt mille hommes, enfin toute l'armée russe.
A cette vue, Napoléon, transporté de joie, frappa
des mains et s'écria: «. Enfin je les tiens ! »
Il n'en fallait plus douter, cette armée surprise accourait
pour se jeter dans Smolensk, pour la traverser, pour se déployer
sous ses murs et nous livrer enfin cette bataille tant désirée
; l'instant décisif du sort de la Russie était donc
enfin venu.
Aussitôt il parcourt toute la ligne, et marque à chacun
sa place. (...) C'était un champ de bataille qu'il offrait
à l'ennemi. L'armée française, ainsi placée,
était adossée à des défilés et
à des précipices ; mais la retraite importait
peu à Napoléon; il ne songeait qu'à la victoire.
(...)
Quoi qu'il en puisse être, dans la soirée même
du 16, Bagration commença son mouvement vers Elnia. Napoléon
venait de faire planter sa tente au milieu de sa première
ligne, presque à portée du canon de Smolensk, et sur
les bords du ravin qui cerne la ville. Il appelle Murat et Davout
: le premier vient de remarquer chez les Russes des mouvements qui
annoncent une retraite. Chaque jour, depuis le Niémen, il
a l'habitude de les voir ainsi s'échapper ; il ne croit donc
pas à une bataille pour le lendemain. Davout fut d'un avis
contraire; quant à l'empereur, il n'hésita pas à
croire ce qu’il désirait.
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Le
général de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur
:
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Le
soir, l'Empereur fit établir quelques pièces pour
canonner le pont qu'on découvrait assez pour voir défiler
les troupes, les unes entrant en ville et les autres la quittant.
Peu après, on apprit que c'étaient les derniers corps
de Barclay qui venaient d'arriver et qu'une partie de la garnison
avait même déjà été relevée
par eux. Quel était le but de ce changement ? Était-ce
le prélude d'une nouvelle retraite? L’Empereur ne savait
qu'en penser et se dépitait d'avance de l'idée qu'il
faudrait encore marcher et s'éloigner s'il voulait atteindre
cette armée qu'il aurait forcée au combat en l'attaquant
quarante-huit heures plus tôt. Il me demanda ce que je pensais
de ces mouvements. Il cherchait à me faire dire que les Russes
tiendraient et lui livreraient bataille, comme il le désirait.
Il était comme un homme qui a besoin de consolation. Pensant
au contraire que les Russes, n'ayant plus l'initiative de l'attaque
et par conséquent le choix de leurs dispositions, préféreraient
se retirer, je le lui dis franchement :
« — Si c'est ainsi, me répondit l'Empereur, avec
l'accent d'un homme qui prend soudainement son parti, en m'abandonnant
Smolensk, une de leurs villes saintes, les généraux
russes déshonorent leurs armes aux yeux de leurs propres
sujets. Cela me donnera une bonne position. Nous les éloignerons
un peu pour être tranquilles. Je me fortifierai. Nous nous
reposerons et, sous ce point d'appui, le pays s'organisera et nous
verrons comment Alexandre se trouvera de ce parti-là. Je
m'occuperai des corps de la Dwina, qui ne font rien, et mon armée
sera plus formidable, ma position plus menaçante pour la
Russie que si j'avais gagné deux batailles. Je m'établirai
à Witepsk. Je mettrai la Pologne sous les armes et je choisirai
plus tard, s'il le faut, entre Moscou et Pétersbourg. »
Heureux de voir l'Empereur dans de si bonnes et si sages dispositions,
j'y applaudis; il me parut sublime, grand, prévoyant, comme
au jour de sa plus belle victoire. Je lui répondis que cette
marche était réellement celle qui lui donnerait la
paix, parce qu'elle le fortifiait à mesure qu'il avançait,
qu'elle ne lui faisait pas courir des chances trop éloignées,
que la marche des Russes lui prouvait assez qu'ils voulaient l'attirer
dans l'intérieur, l'éloigner de ses points d'appui,
l'enfermer dans leurs glaces, et qu'il ne fallait pas jouer leur
jeu, etc. Sa Majesté parut approuver fort mes réflexions
et avoir tout à fait pris son parti ; je me hâtai de
raconter ma conversation au prince de Neuchâtel pour qu'il
tâchât de maintenir l'Empereur dans ces sages dispositions,
mais il parut douter qu'elles survécussent à la prise
de Smolensk. Hélas ! il avait trop raison ; elles m'avaient
rendu si heureux que je m'étais aussi laissé aller
à des illusions ! |
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Journal
de l'Empire du
dimanche 16 août 1812
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Paris
15 août.
L'anniversaire de la naissance de S.M. L'Empereur et Roi a été
célébré avec tout l'enthousiasme qu'inspire
à des coeurs français une fête si chère
et si auguste. Les cérémonies et les jeux publics
ont été favorisés par un temps superbe et embellis
par un concours immense de spectateurs. (...)
Xe bulletin
de la Grande Armée. Witepsk, le 31 juillet 1812.
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