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Itinéraire des Archives
de Caulaincourt :
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Le
17, monté l'Embelli à 9 heures du matin,
vu la position du moulin à vent, des divisions Gudin, Friant
et Morand, les Polonais, fait la reconnaissance de la droite, ordonné
l'attaque à 2 heures. Rentré à 8 heures du
soir en longeant les murs de Smolensk, après avoir visité
le champ de bataille des divisions Friant et Morand. |
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Le
général de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur
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N'espérant
donc plus qu'on vint l'attaquer, comme il s'en était flatté
depuis qu'il savait que le prince Bagration avait rallié la
grande armée le 4, et ne pouvant donner à son armée
le repos nécessaire, tant qu'il aurait l'ennemi en forces si
près de lui, l'Empereur prit, le 10, son parti d'aller le chercher,
et il prononça son mouvement par sa droite pour passer le Dnieper
à Rossasna, pendant que les Russes faisaient, avec le même
projet, le même mouvement pour nous attaquer sur la rive droite.
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Le
baron Denniée, attaché à l'état
major général de la Grande Armée :
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Le
17, au point du jour, l'Empereur parcourt toute la ligne.
La gauche, appuyée sur le Dniéper, est sous le commandement
du maréchal Ney ; le centre, sous celui du maréchal
Davoust ; et la droite, également appuyée sur
le fleuve, est commandée par le prince Poniatowsky, qui débouche
le matin à la tête du 5e corps (les Polonais). Cette
troupe, que l'on voit réunie pour la première fois,
est admirablement belle ; son enthousiasme est au comble ; elle
va combattre sous les yeux de l'Empereur ; mais elle combattra contre
des murailles.
Au moment où Napoléon parcourait la droite, je me
trouvais auprès des généraux Éblé
et Guilleminot, qui s'étaient arrêtés pour examiner
les positions, quand le général Éblé,
de sa voix sentencieuse et grave, nous dit : — « Il veut toujours
prendre le bœuf par les cornes! » Comment n'envoie-t-il pas
les Polonais passer le Dniéper à deux lieues au-dessus
de la ville ? »
Ces paroles sont revenues plus d'une fois à ma pensée.
Les remparts de la ville étaient armés d'un nombre
considérable de canons; mais le feu le plus meurtrier et
le plus soutenu venait des batteries que les Russes avaient établies
sur les hauteurs de la rive opposée. Les positions de notre
artillerie ayant été fixées par l'Empereur
lui-même, l'attaque ne tarda pas à devenir générale.
Toutefois, l'ennemi, dont les forces allaient toujours croissant,
opposait une résistance opiniâtre aux généreux
efforts de nos soldats ; les obus, la mitraille décimaient
nos rangs, et les Russes, tantôt assaillants et tantôt
repoussés, disputèrent le terrain pied à pied,
jusqu'au moment où, vers le soir, ils furent violemment refoulés
sous les murs de la ville ; alors, nos feux dirigés
avec habileté redoublèrent sur toute l'étendue
de la ligne sans parvenir cependant à ébranler les
murailles. Enfin la nuit, loin d'apporter quelque répit à
ces scènes d'horreur, ne vint prêter son ombre que
pour augmenter l'effroi de la journée, et rendre plus hideux
le triste tableau d'une ville en flammes, qui bientôt ne devait
plus offrir que des monceaux de cendre.
Ainsi le Russe, en se retirant, allumait partout l'incendie, et
ne laissait après lui que des ruines ; ainsi on vit
s'évanouir l'espérance de posséder une ville
que l'on supposait, avec raison, abondamment pourvue.
(...) La prise de Smolensk avait coûté 12,000 hommes
: on avait besoin de repos après un tel succès. |
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Le
général de Ségur, maréchal-des-logis
du Palais :
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Le
17, dès le point du jour, l'espérance de voir l'armée
russe rangée devant lui réveilla Napoléon;
mais le champ qu'il lui avait préparé était
resté désert ; néanmoins il persévéra
dans son illusion. Davout la partageait ; ce fut de ce côté
qu'il se rendit. Dalton, l'un des généraux de ce maréchal,
a vu des bataillons ennemis sortir de la ville et se ranger en bataille.
L'empereur saisit cet espoir, que Ney, d'accord avec Murat, combat
en vain.
Mais pendant qu'il espère encore et attend, Belliard, fatigué
de ces incertitudes, se fait suivre par quelques cavaliers ; il
pousse une bande de Cosaks dans le Dnieper, au-dessus de la ville,
et voit, sur la rive opposée, la route de Smolensk à
Moscou couverte d'artillerie et de troupes en marche. Il n'y a plus
à en douter, les Russes sont en pleine retraite. L'empereur
est averti qu'il faut renoncer à l'espoir d'une bataille,
mais que d'une rive à l'autre ses canons pourront inquiéter
la marche rétrograde de l'ennemi.
Belliard proposa même de faire franchir le fleuve à
une partie de l'armée, afin de couper la retraite à
l'arrière-garde russe, chargée de défendre
Smolensk; mais les cavaliers envoyés pour découvrir
un gué firent deux lieues sans en trouver, et noyèrent
plusieurs chevaux. Il existait cependant un passage large et commode
à une lieue au-dessus de la ville. Dans son agitation, Napoléon
poussa lui-même son cheval de ce côté. Il fit
plusieurs werstes dans cette direction, se fatigua et revint.
Dès lors il parut ne plus considérer Smolensk que
comme un passage, qu'il fallait enlever de vive force et sur-le-champ.
Mais Murat, prudent quand la présence de l'ennemi ne réchauffait
pas, et qui, avec sa cavalerie, n'avait rien à faire à
un assaut, combattit cette résolution.
Un si violent effort lui paraissait inutile, puisque les Russes
se retiraient d'eux-mêmes. Quant au projet de les atteindre,
on l'entendit s'écrier « que, puisqu'ils ne voulaient
point de bataille, c'était assez loin les poursuivre, et
qu'il était temps de s'arrêter. »
L'empereur répliqua. On n'a point recueilli le reste de leur
entretien. Cependant, comme ensuite on entendit le roi dire qu'il
s'était jeté aux genoux de son frère ; qu'il
l'avait conjuré de s'arrêter, mais que Napoléon
ne voyait que Moscou, qu'honneur, gloire, repos, tout pour lui était
là ; que cette Moscou nous perdrait ! » on vit bien
quel avait été le sujet de leur dissentiment.
Un fait certain, c'est qu'en quittant son beau-frère les
traits de Murat portaient l'empreinte d'un profond chagrin; ses
mouvements étaient brusques, une violence sombre et concentrée
l'agitait; le nom de Moscou sortit plusieurs fois de sa bouche.
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de
Baudus, aide de camp du maréchal Bessières :
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Dans la matinée
du 17, l'ennemi renforça les troupes déjà nombreuses
qui occupaient les faubourgs de Smolensk, sur la rive gauche du
Dniéper. Cette opération était de nature à
accroître les espérances dont se berçait Napoléon;
mais elles ne tardèrent pas à être détruites,
car nous vîmes bientôt la route qui conduit de Smolensk
à Moscou se couvrir des colonnes de Bagration qui se retiraient.
Ce mouvement annonçait si hautement la détermination
prise par Barclay d'évacuer ce poste, qu'on ne saurait trop
expliquer pourquoi Napoléon attaqua cette ville. A défaut
du sentiment d'humanité qui eût dû l'arrêter,
la diminution de nos forces était déjà si considérable
à cette époque que, dans notre situation, tout ce
qui nous en restait devait être conservé et ménagé
avec le plus grand soin. Cette réflexion seule semblait lui
faire une loi de ne plus s'exposer à l'avenir à faire
répandre beaucoup de sang, à moins d'une nécessité
bien démontrée. Ces motifs ne le touchèrent
pas, car bientôt il ordonna l'attaque. Après un combat
acharné, surtout au premier corps, l'ennemi fut forcé
de chercher un abri derrière ses murailles. Les pertes furent
à peu près égales de part et d'autre. Si nous
eûmes l'avantage de foudroyer les Russes avec une nombreuse
artillerie à laquelle ils ne purent opposer qu'un nombre
inférieur de pièces, ils eurent, eux, celui de combattre
en partie à couvert.
Les divisions Friant, Gudin et Morand souffrirent beaucoup ; seules
elles avaient conservé dans toute leur perfection les excellentes
traditions de l'admirable armée du camp de Boulogne. Le maréchal
Davoust, qui les avait toujours commandées, avait entretenu
dans leurs rangs cet esprit d'ordre, d'ensemble et de discipline,
source des beaux triomphes qu'il obtint à leur tête
dans les campagnes de 1805, 1806, 1807 et 1809. C'était une
perte irréparable que celle d'un si grand nombre de ces soldats
d'élite
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Le
général de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur
:
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Le
17, les Russes furent forcés d'évacuer tous les dehors
de la ville. L’Empereur fit rapporter les batteries de brèche
et placer trente pièces pour abattre le pont qu'on apercevait
parfaitement depuis qu'on s'était rapproché de la
ville. Cette batterie incommodait tellement l'ennemi que ses colonnes
y défilaient à la course. On ne put plus douter qu'il
fût en pleine retraite. L’Empereur, voulant donner l'assaut,
des officiers du génie et d'état-major furent reconnaître
l'enceinte à la toucher, mais on n'avait pas une échelle !
Enfin, les rapports décidèrent l'Empereur à
renoncer à ce projet. Vers le soir, le mouvement de retraite
de l'ennemi fut visiblement prononcé. Depuis le matin, la
ville était en feu. L'incendie, alimenté par l'ennemi
lui-même, n'avait point cessé. Il augmenta encore pendant
la nuit. C'était un spectacle affreux et le cruel prélude
de ce que nous devions voir à Moscou. Ne pouvant dormir,
je me promenais (il était 2 heures du matin). Je faisais
de tristes réflexions sur les conséquences que pourrait
avoir cette guerre si l'Empereur ne suivait pas ses bonnes inspirations
de la veille. Ces scènes d'horreur et de dévastation
me donnaient, je crois, le pressentiment de celles dont je serai
plus tard le malheureux témoin. Ma conversation de la veille
avec l'Empereur me revenait sans cesse à l'esprit et me consolait
un peu, mais la réflexion du prince de Neuchâtel me
poursuivait au même instant et mon expérience ne me
portait que trop à partager son opinion et ses appréhensions.
La nuit était froide. Je m'approchai d'un feu qui était
en avant des tentes de l'Empereur, du côté de la ville,
et je m'y assoupissais lorsque Sa Majesté y vint avec le
prince de Neuchâtel et le duc d'Istrie. Ils contemplaient
cet incendie qui éclairait tout l'horizon, déjà
animé par le feu de nos bivouacs :
« — C'est une éruption du Vésuve, s'écria
l'Empereur en me frappant sur l'épaule et me tirant de mon
assoupissement. N'est-ce pas, ajouta-t-il, que c'est un beau spectacle,
monsieur le Grand écuyer !
« — Horrible, Sire. »
« — Bah! reprit l'Empereur, rappelez-vous, messieurs, ce mot
d'un empereur romain : le corps d'un ennemi mort sent toujours bon.
»
Chacun fut suffoqué de cette réflexion. Quant à
moi, je me rappelai tout de suite celle du prince de Neuchâtel
et l'une et l'autre retentirent longtemps au fond de mon cœur. Je
le regardai ; nous levâmes d'intelligence les yeux comme des
gens qui se comprenaient sans se parler et qui ne voyaient que trop
qu'il n'y avait plus à compter sur les bonnes inspirations
qui m'avaient naguère rendu si heureux.
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Journal
de l'Empire du
août 1812 : |
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Grand-Duché
de Varsovie. Varsovie, 23 juillet. Les députations
polonaises envoyées à Dresde et à Wilna sont
ici de retour. Il y aura demain une séance extraordinaire
de la Confédération générale, dans laquelle
il sera fait lecture de la réponse que S.M. L'Empereur a
daigné faire à la députation ; ensuite
un Te Deum sera chanté dans la cathédrale, et la journée
se passera en réjouissances.. |
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