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Waterloo battle 1815

 

 

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16 août 1812     17 août 1812    18 août 1812

 

     

 

 
 

 

Itinéraire des Archives de Caulaincourt :

   
 

Le 17, monté l'Embelli à 9 heures du matin, vu la position du moulin à vent, des divisions Gudin, Friant et Morand, les Polonais, fait la reconnaissance de la droite, ordonné l'attaque à 2 heures. Rentré à 8 heures du soir en longeant les murs de Smolensk, après avoir visité le champ de bataille des divisions Friant et Morand.

     

 

Le général de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur :

   
  N'espérant donc plus qu'on vint l'attaquer, comme il s'en était flatté depuis qu'il savait que le prince Bagration avait rallié la grande armée le 4, et ne pouvant donner à son armée le repos nécessaire, tant qu'il aurait l'ennemi en forces si près de lui, l'Empereur prit, le 10, son parti d'aller le chercher, et il prononça son mouvement par sa droite pour passer le Dnieper à Rossasna, pendant que les Russes faisaient, avec le même projet, le même mouvement pour nous attaquer sur la rive droite. .      

 

Le baron Denniée, attaché à l'état major général de la Grande Armée :

   
 

Le 17, au point du jour, l'Empereur parcourt toute la ligne.
La gauche, appuyée sur le Dniéper, est sous le commandement du maréchal Ney ; le centre, sous celui du maréchal Davoust ; et la droite, également appuyée sur le fleuve, est commandée par le prince Poniatowsky, qui débouche le matin à la tête du 5e corps (les Polonais). Cette troupe, que l'on voit réunie pour la première fois, est admirablement belle ; son enthousiasme est au comble ; elle va combattre sous les yeux de l'Empereur ; mais elle combattra contre des murailles.
Au moment où Napoléon parcourait la droite, je me trouvais auprès des généraux Éblé et Guilleminot, qui s'étaient arrêtés pour examiner les positions, quand le général Éblé, de sa voix sentencieuse et grave, nous dit : — « Il veut toujours prendre le bœuf par les cornes! » Comment n'envoie-t-il pas les Polonais passer le Dniéper à deux lieues au-dessus de la ville ? »
Ces paroles sont revenues plus d'une fois à ma pensée.
Les remparts de la ville étaient armés d'un nombre considérable de canons; mais le feu le plus meurtrier et le plus soutenu venait des batteries que les Russes avaient établies sur les hauteurs de la rive opposée. Les positions de notre artillerie ayant été fixées par l'Empereur lui-même, l'attaque ne tarda pas à devenir générale. Toutefois, l'ennemi, dont les forces allaient toujours croissant, opposait une résistance opiniâtre aux généreux efforts de nos soldats ; les obus, la mitraille décimaient nos rangs, et les Russes, tantôt assaillants et tantôt repoussés, disputèrent le terrain pied à pied, jusqu'au moment où, vers le soir, ils furent violemment refoulés sous les murs de la ville ; alors, nos feux dirigés avec habileté redoublèrent sur toute l'étendue de la ligne sans parvenir cependant à ébranler les murailles. Enfin la nuit, loin d'apporter quelque répit à ces scènes d'horreur, ne vint prêter son ombre que pour augmenter l'effroi de la journée, et rendre plus hideux le triste tableau d'une ville en flammes, qui bientôt ne devait plus offrir que des monceaux de cendre.
Ainsi le Russe, en se retirant, allumait partout l'incendie, et ne laissait après lui que des ruines ; ainsi on vit s'évanouir l'espérance de posséder une ville que l'on supposait, avec raison, abondamment pourvue.
(...) La prise de Smolensk avait coûté 12,000 hommes : on avait besoin de repos après un tel succès.

     

 

Le général de Ségur, maréchal-des-logis du Palais :

   
 

Le 17, dès le point du jour, l'espérance de voir l'armée russe rangée devant lui réveilla Napoléon; mais le champ qu'il lui avait préparé était resté désert ; néanmoins il persévéra dans son illusion. Davout la partageait ; ce fut de ce côté qu'il se rendit. Dalton, l'un des généraux de ce maréchal, a vu des bataillons ennemis sortir de la ville et se ranger en bataille. L'empereur saisit cet espoir, que Ney, d'accord avec Murat, combat en vain.
Mais pendant qu'il espère encore et attend, Belliard, fatigué de ces incertitudes, se fait suivre par quelques cavaliers ; il pousse une bande de Cosaks dans le Dnieper, au-dessus de la ville, et voit, sur la rive opposée, la route de Smolensk à Moscou couverte d'artillerie et de troupes en marche. Il n'y a plus à en douter, les Russes sont en pleine retraite. L'empereur est averti qu'il faut renoncer à l'espoir d'une bataille, mais que d'une rive à l'autre ses canons pourront inquiéter la marche rétrograde de l'ennemi.
Belliard proposa même de faire franchir le fleuve à une partie de l'armée, afin de couper la retraite à l'arrière-garde russe, chargée de défendre Smolensk; mais les cavaliers envoyés pour découvrir un gué firent deux lieues sans en trouver, et noyèrent plusieurs chevaux. Il existait cependant un passage large et commode à une lieue au-dessus de la ville. Dans son agitation, Napoléon poussa lui-même son cheval de ce côté. Il fit plusieurs werstes dans cette direction, se fatigua et revint.
Dès lors il parut ne plus considérer Smolensk que comme un passage, qu'il fallait enlever de vive force et sur-le-champ. Mais Murat, prudent quand la présence de l'ennemi ne réchauffait pas, et qui, avec sa cavalerie, n'avait rien à faire à un assaut, combattit cette résolution.
Un si violent effort lui paraissait inutile, puisque les Russes se retiraient d'eux-mêmes. Quant au projet de les atteindre, on l'entendit s'écrier « que, puisqu'ils ne voulaient point de bataille, c'était assez loin les poursuivre, et qu'il était temps de s'arrêter. »
L'empereur répliqua. On n'a point recueilli le reste de leur entretien. Cependant, comme ensuite on entendit le roi dire qu'il s'était jeté aux genoux de son frère ; qu'il l'avait conjuré de s'arrêter, mais que Napoléon ne voyait que Moscou, qu'honneur, gloire, repos, tout pour lui était là ; que cette Moscou nous perdrait ! » on vit bien quel avait été le sujet de leur dissentiment.
Un fait certain, c'est qu'en quittant son beau-frère les traits de Murat portaient l'empreinte d'un profond chagrin; ses mouvements étaient brusques, une violence sombre et concentrée l'agitait; le nom de Moscou sortit plusieurs fois de sa bouche.

     

 

de Baudus, aide de camp du maréchal Bessières :

   
 

Dans la matinée du 17, l'ennemi renforça les troupes déjà nombreuses qui occupaient les faubourgs de Smolensk, sur la rive gauche du Dniéper. Cette opération était de nature à accroître les espérances dont se berçait Napoléon; mais elles ne tardèrent pas à être détruites, car nous vîmes bientôt la route qui conduit de Smolensk à Moscou se couvrir des colonnes de Bagration qui se retiraient. Ce mouvement annonçait si hautement la détermination prise par Barclay d'évacuer ce poste, qu'on ne saurait trop expliquer pourquoi Napoléon attaqua cette ville. A défaut du sentiment d'humanité qui eût dû l'arrêter, la diminution de nos forces était déjà si considérable à cette époque que, dans notre situation, tout ce qui nous en restait devait être conservé et ménagé avec le plus grand soin. Cette réflexion seule semblait lui faire une loi de ne plus s'exposer à l'avenir à faire répandre beaucoup de sang, à moins d'une nécessité bien démontrée. Ces motifs ne le touchèrent pas, car bientôt il ordonna l'attaque. Après un combat acharné, surtout au premier corps, l'ennemi fut forcé de chercher un abri derrière ses murailles. Les pertes furent à peu près égales de part et d'autre. Si nous eûmes l'avantage de foudroyer les Russes avec une nombreuse artillerie à laquelle ils ne purent opposer qu'un nombre inférieur de pièces, ils eurent, eux, celui de combattre en partie à couvert.
Les divisions Friant, Gudin et Morand souffrirent beaucoup ; seules elles avaient conservé dans toute leur perfection les excellentes traditions de l'admirable armée du camp de Boulogne. Le maréchal Davoust, qui les avait toujours commandées, avait entretenu dans leurs rangs cet esprit d'ordre, d'ensemble et de discipline, source des beaux triomphes qu'il obtint à leur tête dans les campagnes de 1805, 1806, 1807 et 1809. C'était une perte irréparable que celle d'un si grand nombre de ces soldats d'élite

     

 

Le général de Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur :

   
 

Le 17, les Russes furent forcés d'évacuer tous les dehors de la ville. L’Empereur fit rapporter les batteries de brèche et placer trente pièces pour abattre le pont qu'on apercevait parfaitement depuis qu'on s'était rapproché de la ville. Cette batterie incommodait tellement l'ennemi que ses colonnes y défilaient à la course. On ne put plus douter qu'il fût en pleine retraite. L’Empereur, voulant donner l'assaut, des officiers du génie et d'état-major furent reconnaître l'enceinte à la toucher, mais on n'avait pas une échelle ! Enfin, les rapports décidèrent l'Empereur à renoncer à ce projet. Vers le soir, le mouvement de retraite de l'ennemi fut visiblement prononcé. Depuis le matin, la ville était en feu. L'incendie, alimenté par l'ennemi lui-même, n'avait point cessé. Il augmenta encore pendant la nuit. C'était un spectacle affreux et le cruel prélude de ce que nous devions voir à Moscou. Ne pouvant dormir, je me promenais (il était 2 heures du matin). Je faisais de tristes réflexions sur les conséquences que pourrait avoir cette guerre si l'Empereur ne suivait pas ses bonnes inspirations de la veille. Ces scènes d'horreur et de dévastation me donnaient, je crois, le pressentiment de celles dont je serai plus tard le malheureux témoin. Ma conversation de la veille avec l'Empereur me revenait sans cesse à l'esprit et me consolait un peu, mais la réflexion du prince de Neuchâtel me poursuivait au même instant et mon expérience ne me portait que trop à partager son opinion et ses appréhensions. La nuit était froide. Je m'approchai d'un feu qui était en avant des tentes de l'Empereur, du côté de la ville, et je m'y assoupissais lorsque Sa Majesté y vint avec le prince de Neuchâtel et le duc d'Istrie. Ils contemplaient cet incendie qui éclairait tout l'horizon, déjà animé par le feu de nos bivouacs :
«  — C'est une éruption du Vésuve, s'écria l'Empereur en me frappant sur l'épaule et me tirant de mon assoupissement. N'est-ce pas, ajouta-t-il, que c'est un beau spectacle, monsieur le Grand écuyer !
« — Horrible, Sire. »
« — Bah! reprit l'Empereur, rappelez-vous, messieurs, ce mot d'un empereur romain : le corps d'un ennemi mort sent toujours bon. »
Chacun fut suffoqué de cette réflexion. Quant à moi, je me rappelai tout de suite celle du prince de Neuchâtel et l'une et l'autre retentirent longtemps au fond de mon cœur. Je le regardai ; nous levâmes d'intelligence les yeux comme des gens qui se comprenaient sans se parler et qui ne voyaient que trop qu'il n'y avait plus à compter sur les bonnes inspirations qui m'avaient naguère rendu si heureux.

     

 

Journal de l'Empire du août 1812 :

   
 

Grand-Duché de Varsovie. Varsovie, 23 juillet. Les députations polonaises envoyées à Dresde et à Wilna sont ici de retour. Il y aura demain une séance extraordinaire de la Confédération générale, dans laquelle il sera fait lecture de la réponse que S.M. L'Empereur a daigné faire à la députation ; ensuite un Te Deum sera chanté dans la cathédrale, et la journée se passera en réjouissances..

 
 

 

 

L'Aveuglement de Napoléon  par Bernard Coppens

 

18 août 1812

 

 

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