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Itinéraire des Archives
de Caulaincourt :
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Le
6, l'Empereur a monté le Coquet à 7 heures
du soir, visité la manutention, le pont de pilotis, reconnu
les dehors de la ville sur la route de Riga avec le général
Chasseloup, rentré à 9 heures. |
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Bourgoing,
sous-lieutenant au 5e régiment de Tirailleurs, attaché
à l'état-major du général Delaborde
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A
Witebsk, l’Empereur eut un moment d’indécision sur les mouvements
qu’il devait ordonner. C’est dans cette ville qu’il prit la funeste
détermination de marcher sur Moscou dans une saison déjà
avancée, au lieu d’attendre l’année suivante et de faire
cette guerre en deux campagnes.
Tous les matins, il passait en revue quelques détachements
de sa garde, dans une place carrée rapidement établie
par nos ingénieurs, devant le petit palais de bois qu’il occupait.
De même que les autres généraux présents
à Witebsk, le comte Delaborde se rendait souvent à ces
espèces de parades. Un jour qu’il y assistait, l’Empereur adressa
une très vive allocution à des commissaires de guerre,
ainsi qu'à des chirurgiens et docteurs, leur reprochant, en
termes très durs, l’insuffisance des vivres et des approvisionnements
de tout genre qui se faisait déjà sentir sur quelques
points de notre ligne d’opération. La tâche était
certes bien difficile pour ceux qui avaient à subvenir à
tous les besoins d’une immense armée, conduite dans ces contrées
lointaines et dévastées. Notre général,
comme la plupart des chefs de cette époque, était assez
disposé à fronder les opérations de la guerre;
il commençait d’ailleurs a concevoir des inquiétudes
sur la possibilité de nourrir, dans ces déserts, la
multitude armée qu’on y faisait affluer ; aussi nous rapportat-il
le discours qu’il venait d’entendre, sans beaucoup l’approuver.
«-Je n’augure pas bien, » nous dit-il, « de la mauvaise
humeur que l’Empereur a fait éclater ce matin. Il s’en prend
à de pauvres commissaires des vivres de ce que les troupes
commencent, sur quelques points, à se plaindre d’un dénûment
assez visible déjà ; mais Sa Majesté, qui s’impatiente
de ne pas marcher plus vite en avant, devrait concevoir que dans un
pareil pays, brûlé et saccagé par ses habitants,
les approvisionnements sont, chaque jour, plus difficiles à
réunir. Il fulminait contre ses commissaires pour consoler
ses soldats qui étaient présents ; mais nos grenadiers
sont aussi fins que nous : ils avaient l’air moqueur en écoutant
cette mercuriale, et ils lui demanderont bientôt du pain et
non des paroles. »
Le général alors nous cita quelques-unes des expressions
de ce discours.
« Vous ne déployez pas assez d’activité, messieurs
les docteurs et commissaires des vivres ; je vous renverrai à
Paris soigner les habitantes du Palais-Royal. Vous ne comprenez pas
la sainteté de votre mission. Vous que je charge de veiller
aux besoins de nos soldats, vous voulez coucher dans des draps blancs
; c’est en plein air, c’est dans la boue qu’il faut coucher; car la
gloire n’est pas dans la mollesse, on ne la trouve que dans les privations.
»
«-Tout cela est magnifique, si l’on veut, mais pas assez vrai
pour faire sensation, » ajoutait le général. Des
draps blancs ! de la mollesse! il s’agit bien de cela, vraiment !
De pareilles phrases m’ont produit l’effet de celles que les historiens
classiques mettent, après coup, dans la bouche d’Alexandre
et d’Annibal. Dans le fait, en présence d’auditeurs qui souffrent
et s’inquiètent, ces belles amplifications ne persuadent personne.
»
Notre chef, bien qu’il jugeât avec tant d’indépendance
les paroles de son souverain, était rempli de dévouement
et de courageuse résignation. Mais, dès les premières
phases de la campagne de Moscou, les hommes les plus dévoués
et les juges les plus compétents s’inquiétaient de cette
marche incertaine à la poursuite d’une armée qui imitait,
pour se défendre, le système de ses ancêtres,
les Scythes dévastateurs. |
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Journal
de l'Empire du jeudi 6
août 1812 : |
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Paris,
5 août. Les progrès des armées françaises
et alliées annoncés dans le dernier Bulletin présentent,
lorsqu’on les examine sur la carte, les résultats les plus
importants, et le présage certain d'une issue glorieuse de
la campagne.
Il est remarquable que la principale masse des forces françaises,
réunies sur l'Oula, à l'endroit où la Duna
et le Dnieper se rapprochent le plus, se trouve à une distance
à peu près égale de Tilsitt, ancienne
limite du territoire russe, de Moscou et de Kiovie,
trois villes principales de la Russie d'Europe.
Orcha, où se trouve un des corps de la Grande Armée,
est situé sur la grande route de Wilna à Moscou, et
sur une des routes qui conduisent de Pétersbourg à
Kiow. La distance d'Orcha à Wilna, en suivant la route de
Minsk, est de plus de 80 lieues (de 25 au degré) ; celle
à Tilsitt est de 135 à 140, et celle à Varsovie,
par Minsk et Slonim, de 170, Orcha est sous le même méridien
que Pétersbourg, et on compte sur la carte 135 lieues en
ligne directe ; mais la route fait beaucoup de courbures, à
cause des lacs et marais entre Witepsk et Weliki Luki. Voici quelles
sont les distances d'Orcha à Moscou, d'après la carte
des postes : d'Orcha à Smolensk, 101 westres, ou 24
lieues 1/4 ; de Smolensk à Dorogobusz, 87 vestres, ou
21 lieues 3/4 ; de Dorogobusz à Wiaisma, 77 vestres,
ou 19 lieues 1/4 ; de Wiaisma à Mosaïsk, 115 westres,
ou 28 lieues 3/4 ; de Mosaïsk à Moscou, 99 westres,
ou 24 lieues 3/4. Total d'Orcha à Moscou, 118 à 119
lieues.
Depuis quinze jours, la position des armées russes est devenue
plus fâcheuse. Un coup d’œil sur la carte fait sentir la vérité
de cette assertion.
L'Empereur Alexandre avait annoncé, dans un premier bulletin,
que l'armée sous ses ordres et celle du prince Bagration
devaient se réunir. Ce but a été manqué.
En vain, la grande armée russe a-t-elle reculé de
Wilna à Drissa et de Drissa à Witepsk, pendant l'espace
de plus de 80 lieues. Le corps français qui est à
Orcha forme une telle pointe, que l'Empereur Alexandre se trouvant
à Witepsk, et le prince Bagration étant à Mozyr,
ne peuvent se donner des nouvelles que par un circuit de 110 lieues,
par Mstislaw et Smolensk. On peut dire que ces deux armées
ne communiquent plus ensemble militairement parlant ; elles
ne peuvent plus coopérer directement.
Mais il faut encore observer que l'armée du prince Bagration
est encore coupée elle-même en deux corps qui ne peuvent
agir conjointement. Les deux divisions russes qui sont retournées
en Wolhynie par la route de Pinsk se trouvent séparées
de celles qui se sont repliées sur Mozyr, par toute la longueur
des marais de la Polésie, où il ne passe aucune route
praticable pour un corps d'armée ; cette distance est
de plus de 50 lieues. |
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