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Jacquemin, dit Charles de Loupoigne

 

Feller (F.-X. de), Biographie universelle, ou Dictionnaire historique, Nouvelle édition par M. Pérennès, tome VI, 1834)

  de Feller
 

Jacquemin (Charles-Joseph), chef intrépide de partisans, appelé vulgairement Charles de Loupoigne, naquit à Bruxelles en 1762. Après avoir fait quelques études, il se destinait à la chirurgie, mais les troubles de son pays lui firent bientôt embrasser une autre carrière (1790). Les innovations que l'empereur Joseph II voulait introduire dans les états belges mirent en insurrection les habitants, qui s'armèrent contre les troupes autrichiennes. Jacquemin s'enrôla dans un corps de volontaires, et se distingua par son intelligence, par un courage à toute épreuve, et digne d'une meilleure cause. Parvenu en peu de temps au grade d'officier, il se couvrit de gloire à la bataille du 22 septembre 1790 ; mais l'Autriche ayant envoyé des masses énormes contre les insurgés, ceux-ci durent enfin céder au nombre. Joseph II étant mort dans cette même année, son frère et son successeur Léopold II par un sage gouvernement, ramena le calme dans la Belgique. Après l'amnistie du 2 septembre, Jacquemin, déterminé à suivre la carrière des armes, profita de cette amnistie et obtint facilement d'être reçu, en 1791, dans un corps de hussards de l'archiduchesse Marie-Christine, sœur de Léopold, et gouvernante des Pays-Bas. La protection de cette princesse lui valut ensuite le grade de lieutenant au régiment de Laudonvert, infanterie légère : il fut chargé de recruter pour ce corps. Peu de temps après, la révolution française ayant amené la guerre entre ce royaume et l'Autriche, Jacquemin eut lieu de se signaler encore en plusieurs rencontres. Il pénétra souvent en France à la tête de sa compagnie , battit des détachements ennemis et ravagea leurs frontières. Les Français ayant conquis la Belgique, Jacquemin fut chargé d'escorter la caisse militaire à Dusseldorff ; il réussit à remplir sa mission mais ensuite il fut fait prisonnier et envoyé dans l'intérieur de la France. Il trouva le moyen d'entamer une correspondance avec Georges Cadoudal (voyez ce nom) et d'autres chefs vendéens. Il retourna secrètement à Bruxelles, où il devint leur émissaire ; il y fut découvert et arrêté mais ses juges, ne trouvant point contre lui de preuves assez convaincantes, lui rendirent la liberté. Jacquemin, ne pouvant vivre dans l'inaction, se retira dans la forêt de Loupoigne, dans le pays wallon, et pendant quelque temps on n'entendit plus parler de lui. C'est dans le silence qu'il formait un corps de partisans à la tête desquels il parut tout à coup dans le canton de Genappe, et pendant plusieurs mois il causa des pertes considérables aux Français. Il disait hautement que le prince Charles (frère de l'empereur François II, actuellement régnant) lui avait confié cette mission ; et il s'en acquittait avec son intrépidité accoutumée. Des forces imposantes ayant été envoyées contre sa troupe, elle fut cernée, dissipée ; mais on ne put s'emparer des chefs, qu'un tribunal militaire condamna à mort, par contumace, le 17 février 1796. Jacquemin demeura longtemps caché ; on crut même qu'il s'était rendu dans la Vendée pour faire cause commune avec es royalistes de ce pays. La conscription militaire ayant occasionné un soulèvement dans la Belgique, Jacquemin reparut alors, et se mit à la tête des mécontents. Nul doute que, dans cette occasion, il ne fût l'agent des chefs supérieurs qui voulaient faire une diversion dans l'intérieur de la Belgique, tandis que les Anglo-Russes débarquaient en Hollande. Le Directoire, qui tyrannisait alors la France, prévit le danger, et envoya une forte armée contre les insurgés, tandis qu'une autre armée allait à la rencontre des troupes débarquées. Vaincu de nouveau par le nombre, Jacquemin se retira avec le reste des siens dans la forêt de Soigne, d'où il portait la guerre et la terreur dans les communes où il y avait des Français. Pendant plusieurs mois, toutes les recherches pour découvrir Jacquemin devinrent ou dangereuses ou inutiles ; mais ce fut lui qui se perdit. Il osa, en plein jour, enlever aux portes de Bruxelles trois hussards français, qu'il força de le suivre dans la forêt. Ce trait d'audace rendit plus vigilants encore ceux qui étaient intéressés à découvrir ses traces. On parvint à arrêter un de ses émissaires, qui fit connaître sa retraite. Le 12 thermidor an 7, (30 juillet 1799), on cerna le bois de Neeryssche, et l'on surprit Jacquemin au moment où il distribuait de l'eau-de-vie à ses gens. Il se battit comme un lion, tua un sergent, blessa plusieurs soldats ; mais, frappé d'une balle dans la cuisse, et d'une autre dans la poitrine, il tomba, et mourut peu d'instants après. Sa tète fut portée à Bruxelles, et placée sur un poteau devant l'hôtel-de-ville. Ceux de ses gens qui ne périrent pas dans le combat furent condamnés à mort et exécutés dans celle ville. Il parait certain que, jusqu'au dernier moment, Jacquemin n'agit qu'en sous-ordre d'un chef puissant : il portait sur la poitrine une croix en sautoir, qu'il assurait avoir reçue du gouvernement autrichien.

 

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