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Jacquemin
(Charles-Joseph), chef intrépide de partisans, appelé
vulgairement Charles de Loupoigne, naquit à Bruxelles
en 1762. Après avoir fait quelques études, il se destinait
à la chirurgie, mais les troubles de son pays lui firent
bientôt embrasser une autre carrière (1790). Les innovations
que l'empereur Joseph II voulait introduire dans les états
belges mirent en insurrection les habitants, qui s'armèrent
contre les troupes autrichiennes. Jacquemin s'enrôla dans
un corps de volontaires, et se distingua par son intelligence, par
un courage à toute épreuve, et digne d'une meilleure
cause. Parvenu en peu de temps au grade d'officier, il se couvrit
de gloire à la bataille du 22 septembre 1790 ; mais l'Autriche
ayant envoyé des masses énormes contre les insurgés,
ceux-ci durent enfin céder au nombre. Joseph II étant
mort dans cette même année, son frère et son
successeur Léopold II par un sage gouvernement, ramena le
calme dans la Belgique. Après l'amnistie du 2 septembre,
Jacquemin, déterminé à suivre la carrière
des armes, profita de cette amnistie et obtint facilement d'être
reçu, en 1791, dans un corps de hussards de l'archiduchesse
Marie-Christine, sœur de Léopold, et gouvernante des Pays-Bas.
La protection de cette princesse lui valut ensuite le grade de lieutenant
au régiment de Laudonvert, infanterie légère
: il fut chargé de recruter pour ce corps. Peu de temps après,
la révolution française ayant amené la guerre
entre ce royaume et l'Autriche, Jacquemin eut lieu de se signaler
encore en plusieurs rencontres. Il pénétra souvent
en France à la tête de sa compagnie , battit des détachements
ennemis et ravagea leurs frontières. Les Français
ayant conquis la Belgique, Jacquemin fut chargé d'escorter
la caisse militaire à Dusseldorff ; il réussit à
remplir sa mission mais ensuite il fut fait prisonnier et envoyé
dans l'intérieur de la France. Il trouva le moyen d'entamer
une correspondance avec Georges Cadoudal (voyez ce nom) et d'autres
chefs vendéens. Il retourna secrètement à Bruxelles,
où il devint leur émissaire ; il y fut découvert
et arrêté mais ses juges, ne trouvant point contre
lui de preuves assez convaincantes, lui rendirent la liberté.
Jacquemin, ne pouvant vivre dans l'inaction, se retira dans la forêt
de Loupoigne, dans le pays wallon, et pendant quelque temps on n'entendit
plus parler de lui. C'est dans le silence qu'il formait un corps
de partisans à la tête desquels il parut tout à
coup dans le canton de Genappe, et pendant plusieurs mois il causa
des pertes considérables aux Français. Il disait hautement
que le prince Charles (frère de l'empereur François
II, actuellement régnant) lui avait confié cette mission
; et il s'en acquittait avec son intrépidité accoutumée.
Des forces imposantes ayant été envoyées contre
sa troupe, elle fut cernée, dissipée ; mais on ne
put s'emparer des chefs, qu'un tribunal militaire condamna à
mort, par contumace, le 17 février 1796. Jacquemin demeura
longtemps caché ; on crut même qu'il s'était
rendu dans la Vendée pour faire cause commune avec es royalistes
de ce pays. La conscription militaire ayant occasionné un
soulèvement dans la Belgique, Jacquemin reparut alors, et
se mit à la tête des mécontents. Nul doute que,
dans cette occasion, il ne fût l'agent des chefs supérieurs
qui voulaient faire une diversion dans l'intérieur de la
Belgique, tandis que les Anglo-Russes débarquaient en Hollande.
Le Directoire, qui tyrannisait alors la France, prévit le
danger, et envoya une forte armée contre les insurgés,
tandis qu'une autre armée allait à la rencontre des
troupes débarquées. Vaincu de nouveau par le nombre,
Jacquemin se retira avec le reste des siens dans la forêt
de Soigne, d'où il portait la guerre et la terreur dans les
communes où il y avait des Français. Pendant plusieurs
mois, toutes les recherches pour découvrir Jacquemin devinrent
ou dangereuses ou inutiles ; mais ce fut lui qui se perdit. Il osa,
en plein jour, enlever aux portes de Bruxelles trois hussards français,
qu'il força de le suivre dans la forêt. Ce trait d'audace
rendit plus vigilants encore ceux qui étaient intéressés
à découvrir ses traces. On parvint à arrêter
un de ses émissaires, qui fit connaître sa retraite.
Le 12 thermidor an 7, (30 juillet 1799), on cerna le bois de Neeryssche,
et l'on surprit Jacquemin au moment où il distribuait de
l'eau-de-vie à ses gens. Il se battit comme un lion, tua
un sergent, blessa plusieurs soldats ; mais, frappé d'une
balle dans la cuisse, et d'une autre dans la poitrine, il tomba,
et mourut peu d'instants après. Sa tète fut portée
à Bruxelles, et placée sur un poteau devant l'hôtel-de-ville.
Ceux de ses gens qui ne périrent pas dans le combat furent
condamnés à mort et exécutés dans celle
ville. Il parait certain que, jusqu'au dernier moment, Jacquemin
n'agit qu'en sous-ordre d'un chef puissant : il portait sur la poitrine
une croix en sautoir, qu'il assurait avoir reçue du gouvernement
autrichien.
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Bruxelles
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