Armées
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Dernière modification: 15/03/2005
Pourquoi Révolution Belgique, et non pas Révolution Brabançonne ? Le mot belgique était, jusqu’en 1789, un adjectif. On disait : les provinces belgiques, la Gaule belgique, les troupes belgiques (comme on dit germanique). Mais les habitants des provinces belgiques étaient les Belges. Ce n’est que vers 1792 que l’adjectif belge s’est substitué à l’adjectif belgique. Quant au terme la Belgique pour désigner le pays géographique, l’ensemble des provinces belgiques, on voit dans le Moniteur que les Etats de Flandre s’en servent déjà dans leur manifeste du 4 janvier 1790. Les événements couverts par les articles rassemblés dans l’ouvrage sont connus sous le vocable de Révolution brabançonne. Mais le terme est réducteur (car le mouvement toucha l’ensemble de nos provinces) et tend de ce fait à donner une idée fausse et sous-évaluée de la portée de ces événements. On pourrait à juste titre parler de Révolution belge. Mais l’appellation est réservée à celle de septembre 1830. C’est pourquoi il paraît judicieux de revenir à l’appellation de Révolution belgique, qui a le mérite de l’exactitude. C’est d’ailleurs de cette façon que les événements sont désignés à l’époque, comme en témoigne le passage suivant du Moniteur, : Extrait d’un discours prononcé à la tribune de la Société des Amis de la Constitution de Paris, par M. Stourm, le 28 novembre 1790, sur la position actuelle de la Belgique. "Je ne prétends pas justifier les intentions de l’empereur ni applaudir à ses mesures contre les Belges ; je suis loin d’avoir une entière confiance dans la maison d’Autriche ; mais je dois défendre ces braves Vonckistes, indignement persécutés et plus indignement calomniés. Beaucoup d’entre eux se trouvent parmi vous, messieurs, et sont dignes d’y être. Vos principes sont les leurs, et voilà précisément ce qui leur a fait éprouver tant de persécutions. C’est pour avoir prêché à leurs concitoyens la constitution française qu’ils ont été proscrits. Et c’est ici, à cette tribune, que l’on ose se déclarer pour leurs ennemis, qui sont les nôtres ! Oui, messieurs, que Van der Noot, Van Eupen et leurs complices ne s’en prennent qu’à eux-mêmes si l’empereur recouvre aujourd'hui sa domination dans les Pays-Bas. Jaloux de régner, ils n’ont point voulu consulter leur nation, et ils ont repoussé avec la fureur du fanatisme les justes réclamations des amis de la liberté et de l’égalité, des véritables auteurs de la révolution belgique."
JOURNAUX ET HISTOIRE Mallet du Pan, traitant de la responsabilité du journaliste, écrivait en 1789 : Nous préparons des matériaux pour l’histoire. Il faut bien reconnaître que, jusqu’à présent, l’histoire s’est fort peu servi de ces matériaux. Les journaux présentent sur le plan historique un intérêt certain. Ils permettent de replacer les événements dans leur contexte, de les revivre comme les contemporains les ont vécus, de faire mieux comprendre leurs espoirs, leurs craintes, leurs illusions. Ils réintroduisent dans l’histoire la notion de durée, celle de l’imprévu, de la rupture, de l’inimaginable qui se produit pourtant, là où l’histoire traditionnelle ne présente à l’esprit qu’un enchaînement inéluctable, une suite d’événements obligés. Par la variété de leur information, ils ouvrent sans cesse de nouvelles perspectives de recherche, et suggèrent de nouvelles liaisons entre les faits. La multiplicité des titres offre un éventail qui permet de varier les points de vue, de multiplier les comparaisons et, par là, d’affiner les analyses. Devant la richesse de la matière qui reste à explorer, on peut être assuré que l’histoire n’a pas fini de nous livrer de ses secrets.
La liberté de la presse s’est imposée en France en juin 1789 et a explosé en juillet, avec la prise de la Bastille. On ne s’étonnera donc pas de l’attention que portèrent les nouveaux journaux aux révolutions belgique et liégeoise. Un journal, le Moniteur universel, offrait l’information la plus vaste et la plus sûre en politique étrangère. Mais il n’a commencé à paraître que le 24 novembre 1789, soit un mois après le commencement de l’insurrection belgique. C’est la raison pour laquelle ce recueil des articles du Moniteur Universel est précédé des articles des principaux journaux parisiens traitant de ces événements antérieure-ment au 24 novembre. Cette juxtaposition permettra au lecteur de constater que, dès le début de la belle aventure de la liberté de la presse, la concurrence et la course à l’information entraînaient les travers qu’on reproche encore aujourd’hui à la profession. Elle permettra aussi de mieux sentir, par la différence de ton, en quoi le Moniteur se différenciait de ses rivaux, et pourquoi il acquit d’emblée une position prépondérante dans la presse révolutionnaire.
Chronique des Révolutions belgique et liégeoise.
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