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Clive (1725-1774)

 

Dictionnaire de la Conversation et de la lecture, tome 5, 1853 :

   
  Clive (Robert, baron de Plassey, lord), marin célèbre, le fondateur de la puissance britannique aux Indes orientales, naquit le 29 septembre 1725, dans le domaine de Styche, comté de Shrop, et annonça dès son enfance aussi peu de dispositions pour l'élude que de vivacité et de hardiesse. Son père, qui était jurisconsulte, lui procura un emploi d'expéditionnaire dans les bureaux de la Compagnie des Indes orientales, et en 1743 il fut envoyé à Madras. Quand il y fut arrivé, il chercha, il est vrai, à accroître ses connaissances ; mais son naturel ardent et ses perpétuelles querelles avec ses collègues ne lui permirent pas de rester dans cette position. Échangeant la plume contre l'épée, il ne tarda point à attirer sur lui l'attention générale dans les guerres que la Compagnie eut à soutenir contre les Français et contre les indigènes. Au siège de Pondichéry, en 1744, il fut nommé enseigne, et en 1748, après la prise du fort Devicotta, promu aux fonctions de payeur. En 1750, il s'empara de la ville d'Arcot, et battit à diverses reprises avec une poignée d'hommes des forces démesurément supérieures. Il détrôna le roi Tritchinaholi, et rétablit le nabab d'Arcot en possession de ses États.
Atteint d'une violente fièvre nerveuse, qui lui inspira la plus noire mélancolie, et dont il ne put plus jamais se débarrasser, il revint en 1753 en Angleterre, où il fut promu au grade de lieutenant-colonel et nommé commandant du fort Saint-Georges. En 1755, il s'en retourna aux grandes Indes, où il infligea de sévères châtiments aux bandes pillardes des États Marahttes. Ces actions d'éclat et d'autres encore, qui témoignaient des rapides progrès que la puissance anglaise faisait aux Indes, excitèrent particulièrement le ressentiment de Sourajah-Dowla , nabab du Bengale, presque indépendant du Grand-Mogol. Celui-ci attaqua à l'improviste les établissements des Anglais dans le Bengale, et exerça à l'égard des Anglais les plus horribles cruautés. Clive fut envoyé avec une petite flotte et un corps de 1.900 hommes à l'embouchure du Gange, à l'effet de tenir de là en bride la puissance bengale. Pendant qu'il s'emparait, en 1757, de Calcutta, le nabab arrivait à la tête d'un armée de 50,000 hommes et d'une nombreuse artillerie. Le nabab ayant repoussé toute espèce de proposition, Clive résolut d'attaquer nuitamment l'ennemi avec les faibles forces dont il disposait. Sa tentative échoua ; mais elle inspira au nabab une telle frayeur, qu'il conclut la paix, abandonna Calcutta aux Anglais, et leur céda une certaine partie du Bengale.
Clive entra alors en négociation secrète avec l'un des parents et des généraux du nabab, à qui il promit la dignité de nabab pour prix de sa trahison. Mir Jaffier non-seulement accepta la proposition, mais fit en outre de grandes promesses. Le 26 juin 1757 , Clive, à la tète de mille Européens, de 2.000 cipayes et de 8 mortiers de 8 livres, attaqua à Plassey l'armée du nabab, forte de 20.000 chevaux et de 40.000 hommes d'infanterie avec 53 pièces de canon, et la mit complètement en déroute. Il s'empara ensuite de Moxoudabat, sa capitale, fit proclamer Mir Jaffier nabab du Bengale, tandis que Dowla périssait assassiné dans sa fuite. Cette victoire amena plus tard des événements qui fondèrent la puissance anglaise dans les Indes. Pour prix de son élévation au trône, Mir Jaffier dut payer à la Compagnie des sommes immenses, à titre d'indemnité. Clive à lui seul obtint une gratification de 256.000 liv. sterl., indépendamment du titre de noble de l'empire mogol, titre auquel était attaché un fief rapportant plus de 30,000 liv. sterl. par an. Le nouveau nabab n'ayant pas pu réunir les sommes nécessaires pour s'acquitter, dut livrer ses places les plus importantes et laisser saisir ses revenus.
En 1760, Clive revint en Angleterre. Il fut reçu avec distinction par le peuple, par le gouvernement et par la Compagnie, et créé pair d'Irlande, sous le titre de baron de Plassey. Trois années plus tard, de nouveaux troubles ayant éclaté aux Indes orientales, Clive y fut renvoyé avec le titre de commandant en chef des forces britanniques et de gouverneur général. Quand il arriva à Calcutta, le nabab d'Aoude, l'ennemi le plus acharné des Anglais, était déjà battu ; et le Grand-Mogol, qui séjournait comme prétendant auprès du nabab d'Aoude, s'était déjà placé sous la protections des armes anglaises. Mettant cette circonstance à profit , Clive se fit nommer par le Grand-Mogol feudataire des provinces de Bengale, de Bahar et d'Orissa ; concession qui donnait à la compagnie les droits de souveraineté sur un territoire où l'on ne comptait pas moins de 15 millions d'habitants. Clive s'efforça en outre d'apporter plus d'ordre dans le finances de la compagnie et d'organiser un système d'administration plus régulier. Cependant il se démit de ses emplois en 1767, pour retourner en Europe.
Le roi le créa chevalier de l'ordre du Bain ; mais le peuple l'accusa d'avoir indignement abusé de ses pouvoirs dans l'Inde. Sur la motion de Burgoyne, le parlement décida, en 1773, que sa conduite serait l'objet d'une enquête. Clive se défendit parfaitement ; et le parlement non-seulement repoussa l'accusation dont il était l'objet, mais encore déclara qu'il avait bien mérité de la patrie. On ne saurait nier cependant les injustices qu'il laissa commettre dans l'intérêt de la Compagnie. Clive avait amassé dans l'Inde une fortune énorme, évaluée à plus d'un million sterling, et la Compagnie lui faisait en outre une pension de 10,000 liv. ster. Quand éclata la guerre contre les insurgés de l'Amérique du Nord, on offrit à Clive le commandement en chef de l'armée destinée à agir contre eux ; mais il le refusa. Au milieu de toutes ses richesses, Clive était toujours en proie à la tristesse la plus profonde ; et en 1774 il mit lui-même un terme à ses souffrances, en se tirant un coup de pistolet.
 

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