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Paris,
le 24 frimaire an 7.
- Un
bruit parti de Vienne s'est répandu aujourd'hui : c'est
celui de la mort de Bonaparte. Les variantes du récit le
rendent justement suspect ; on fait mourir ce général
de trois manières : en rase campagne, dans un combat, dans
une rue, en se rendant à une assemblée, et dans une
réunion des notables d'Egypte. On joint à cette prétendue
nouvelle celle de la prise d'assaut d'Alexandrie par 12 mille Turcs ;
rien n'est moins vraisemblable. Les Turcs n'avaient pas 12 mille
hommes sur ce point. Douze mille Turcs, s'ils y avaient existé,
n'auraient pas pris d'assaut une place fortifiée, défendue
par 4 mille Français, commandés par le général
Kléber. Des bruits de cette nature ont été
si souvent répandus, les ennemis de la République
française sont si perfidement astucieux, ils font entrer
dans leurs combinaisons tant d'artifices, qu'ils pourraient bien
faire circuler des nouvelles de cette espèce, ou pour égarer
certains cabinets de l'Europe, ou pour donner à leurs complices
d'Italie un exemple à suivre, ou pour favoriser quelques
trames qu'ils ourdissent dans l'intérieur. Le rapprochement
de quelques dates fortifie prodigieusement ces présomptions.
La lettre de Vienne, qui annonce le prétendu événement,
est du 4 décembre ; le courrier de Constantinople était
arrivé la veille, c'est-à-dire le 3 décembre.
Or, un courrier de Bonaparte est parti d'Alexandrie le 18 brumaire
(8 novembre) ; il faudrait donc que Bonaparte eût été
tué au Caire, Alexandrie attaquée ensuite et prise
dans l'intervalle du 8 novembre au 3 décembre, en tout 25
jours : à peine ce temps entier suffirait-il pour transmettre
une nouvelle du Caire à Constantinople, et de là à
Vienne ; et comme il faut cependant supposer nécessairement
un peu d'intervalle entre la prétendue mort de Bonaparte
et l'attaque d'Alexandrie, entre l'attaque de cette place et sa
prise, rien ne paraît moins vraisemblable que ces nouvelles
répandues, qui auraient dû d'ailleurs arriver plus
promptement par l'Italie, où l'on ne connaissait en aucune
manière ces événements le 14 frimaire, date
des dernières lettres d'Ancône.
Encore une observation bien importante : la lettre de Constantinople
qui a donné lieu à celle de Vienne est du 17 novembre,
et les lettres reçues d'Alexandrie par le courrier de Bonaparte
sont du 8 du même mois.
- Salicetti
, membre du conseil des cinq-cents, part pour Gênes, avec
une mission près l'armée d'Italie.
- L'état
de siege des cantons de Malmédy, Butgembach, Saint-Witt,
Reutand, Viel-Salm et Stavelot, est provisoirement levé.
- Extrait d'une
lettre du citoyen Bigarne, capitaine de gendarmerie, à son
père.
Anvers, le 1er frimaire.
Les brigands sont battus de toutes parts ; je marche à
leur poursuite, avec un fort détachement de ma compagnie,
de l'artillerie et de l'infanterie. J’espère, comme par le
passé, triompher de ces coquins, et qu'un génie bienfaisant,
celui de la liberté, vous conservera votre fils, quoique
dans plusieurs affaires il ait échappé à la
fureur de ces bandits.....
Je commande à des braves; ils m'aiment tous ; déjà,
et plus d'une fois, ils ont, à l'envi l'un de l'autre, conservé
leur chef. Je désirerais que vous les vissiez : ce sont
des soldats, comme moi enfants de la liberté, nés
pour elle, et par conséquent la défendre, et soutenir
la République.
(Gazette
nationale, ou le Moniteur universel, 25 frimaire an 7.)
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