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Van der Noot (Henri) 1750 - 1826

 

  Mahul (Alphonse), Annuaire nécrologique pour 1822.    
 

NOOT (Henri-Nicolas van der), fils de l'amman, ou chef de la police de Bruxelles, naquit en cette ville en 1750.
Il fit ses études à l'université de Louvain, fut nommé, très jeune encore, avocat au grand conseil du Brabant, et se fit peu remarquer dans l'exercice de cette profession. Son imagination ardente, son âme dévorée d'une ambition démesurée, lui firent embrasser avec chaleur contre Joseph II la cause des nobles, des moines et des privilégiés, qui voyaient avec indignation que le roi voulait réformer quelques abus, dont eux seuls profitaient. Il soutint ce qu'il appelait leurs droits dans une brochure qu'il publia à cette occasion. Non seulement il attaqua avec âpreté les mesures en elles-mêmes qui, il faut l'avouer, furent souvent accompagnées d'excès révoltants, mais encore il dirigea ses insultes contre la personne de l'Empereur. Un mandat de prise de corps fut lancé contre Noot, qui n'eut que le temps de se réfugier en toute hâte en Hollande. Beaucoup de mécontents vinrent le rejoindre, et il se forma une réunion connue sous le nom de comité de Breda, dont le but était d'expulser les Autrichiens des Pays-Bas.
Van der Noot, aigri par ses griefs personnels, dominait l'assemblée par ses déclamations d'autant plus virulentes que, dans son fanatisme, il était convaincu de la justice de sa cause. Les mécontents parvinrent à établir des correspondances dans toutes les provinces, et furent bientôt en état d'agir. On organisa un corps d'armée de volontaires que l'on confia au commandement du brave Van der Mersch, excellent officier supérieur. Le général Mersch fit, à la tête d'une centaine de jeunes gens, une irruption sur le territoire autrichien. Ces jeunes têtes, exaltées par le fanatisme politique et religieux, firent des prodiges de valeur. Van der Mersch remporta avec cette armée insurrectionnelle des avantages importants, entre autres auprès de Turnhout, où il battit complètement l'armée autrichienne, commandée par le général Schroeder. Toutes les provinces s'insurgèrent, et se rangèrent en masse sous la bannière de Van der Noot.
Bruxelles et Gand expulsèrent les garnisons autrichiennes, et bientôt après toute la Belgique fut évacuée. Van der Noot fut nommé président d'un congrès national établi à Bruxelles pour organiser les moyens de révolution. Il fit dans la capitale du Brabant son entrée triomphale aux acclamations universelles du peuple, du clergé et des moines. Le duc et la duchesse d'Ursel, l'archevêque de Malines, les princes d'Aremberg, le comte Auguste de la Marck, commandant un régiment français, le comte de Thiennes, ministre de la police des Pays-Bas, et beaucoup d'autres puissants personnages, briguèrent l'honneur d'assister à son triomphe, et lui donnèrent des preuves du plus grand dévouement.
Le pouvoir exécutif fut confié à un grand conseil, dont Van der Noot était le président. Mais comme l'enthousiasme n'a qu'un moment et que la médiocrité n'impose pas longtemps, Van der Noot, exposé au grand jour, parut bientôt dans toute sa faiblesse ; ce ne fut plus que l'avocat médiocre de 1789, avec ses phrases sonores et sa virulence aveugle. On lui reconnut toujours le même zèle, mais on lui dénia le talent nécessaire. Dans la situation critique des affaires, il fallait un véritable homme d'État. Van Eupen, plus adroit et plus subtil, éclipsait déjà Van der Noot : cet homme nouveau fut nommé secrétaire du pouvoir exécutif, et exerça un ascendant immense sur tout le conseil et même sur le président, qu'il accablait souvent du poids de sa supériorité.
Cependant la nouvelle constitution ne satisfaisait pas également tous les citoyens. Des dissensions naquirent bientôt des exigences des classes et des particuliers. Cette république naissante fut déchirée par les troubles civils. On comparait la constitution belge avec celle qui venait d’être proclamée en France, et l'on demandait que les droits et les principes d'égalité y fussent également consacrés. Les prêtres et les nobles s'opposaient vivement à ces prétentions ; tous voulaient des modifications à la constitution, mais dans un sens contraire. De graves désordres furent la suite immédiate de cette lutte funeste. Selon l'usage invariable dans de pareilles circonstances, quelques maisons furent pillées, dévastées, les maîtres égorgés par la populace ; et des têtes sanglantes furent portées sur des piques, jusque dans la salle même du Congrès ! Le pusillanime Van der Noot se contentait de gémir en secret sur ces horreurs, et achevait par la faiblesse de sa conduite de se déconsidérer. Le général Van der Mersch montra beaucoup d'énergie à la tête de plusieurs compagnies de volontaires de Bruxelles, en essayant de réprimer les désordres qui se multipliaient.
Van Eupen avait conquis tout l'ascendant de Noot : plusieurs hommes du peuple conservaient seuls par habitude quelque vénération pour le chef nominal du gouvernement provisoire, et le proclamaient encore dans les rues : Père de la patrie ! Pendant ce temps les Autrichiens avaient pris des mesures pour rentrer en possession de la Belgique. Le brave Van der Mersch était la seule ressource qui restât à Van der Noot ; mais indigné des horreurs de l'oligarchie, il se déclara pour les Vonkistes, parti opposé aux aristo-théocrates, et qui avait à sa tête l'avocat Vonk ; le gouvernement provisoire l'abandonna. Il lutta en héros contre des forces immenses, fut battu, et ses troupes se dispersèrent. La conquête devint facile aux Autrichiens, qui rétablirent bientôt la domination impériale. Van der Noot abandonna Bruxelles le 2 décembre 1790, et se retira de nouveau en Hollande, où il vécut ignoré.
En 1792, il publia une adresse à ses concitoyens, dans laquelle il leur conseillait de se réunir aux Français ; quelque temps après le Directoire exécutif de France l'accusa d'actes séditieux, et le fit arrêter à Bergopzoom, en 1796. Son innocence ayant été proclamée après une année de captivité dans la citadelle de Bois-le-Duc, il retourna à Bruxelles, où il resta dans l'obscurité.
On lui attribue une brochure dans laquelle il réclamait, en 1814, le rétablissement de l'ancienne constitution.
Van der Noot mourut à Stroombeck, près de Bruxelles, vers le milieu de l'année 1826, et non en 1817, comme l'a dit prématurément la Biographie Arnault.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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