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Sur
les fusils inventés par Pauly.
Quelques personnes me sauront peut-être gré de leur
dévoiler le mécanisme des fusils inventés par
Pauly ; il m'est d'autant plus facile de satisfaire leur curiosité,
que le seul fusil de cette espèce qu'il y ait à Lyon,
est à ma disposition. Il a été essayé,
il y a peu de jours, aux Broteaux, en présence de plusieurs
amateurs, aux désirs desquels a cédé l'un des
chefs de la manufacture ; cet essai sera bientôt répété.
On a été surpris des avantages multipliés que
présentent ces armes, et on ne doute pas que par la suite,
elles ne soient les seules auxquelles les chasseurs aient recours.
Déjà les personnes qui s'en sont servies ne veulent
plus revenir aux fusils ordinaires.
Pour les charger, on lève une bascule à laquelle la
culasse est fixée ; une cartouche est placée
dans le canon, près de la culasse ; un grain de poudre,
qu'on met dans le trou d'une rosette, derrière la cartouche,
sert d'amorce ; on baisse la bascule, on arme et ou tire.
Voici ce qui se passe : la platine pousse rapidement un piston qui
se meut dans un cylindre ; l'extrémité du piston
frappe avec force le point de la rosette, sur lequel est placé
le grain de poudre ; cette poudre, composée de charbon,
de soufre et de muriate suroxigéné de potasse, de
telle manière, qu'elle ne peut être enflammée
que par la percussion forte de deux métaux, s'enflamme ;
la flamme est portée par une ouverture au centre de la cartouche,
et le coup part rapidement.
Ces fusils n'ont donc ni pierre, ni batterie, ni bassinet, ni lumière,
ni baguette ; aussi ils ne ratent presque jamais ; ils
ne peuvent faire long feu, ni brûler amorce. La poudre ne
se mouille point ; on peut chasser à la pluie ;
ils sont plus promptement chargés, et ils peuvent être
mis entre les mains des enfants, sans danger.
On ne doit pas confondre ces fusils avec les armes dangereuses de
Prélat : faciles à décharger, on n'a point
à redouter ces événements malheureux qui ont
affligé plus d'une famille, et causés par des fusils
charges depuis longtemps, placés dans des mains imprudentes.
Ils sont faciles à nettoyer, puisque le canon est ouvert
par ses deux extrémités ; à l'instant
où le coup part, aucune fumée ne cache au chasseur
la pièce de gibier, il peut la suivre et la voir tomber.
Le succès couronnera donc toujours l'adresse du chasseur ;
il est vrai que dans ses jours malheureux il ne pourra plus accuser
une mauvaise pierre, une batterie mal trempée, un bassinet
mal fait, ou une lumière bouchée ;mais on sait
que le chasseur a l'imagination vive, et il ne manquera pas de prétexte.
(Journal de Lyon, jeudi 12 janvier 1815.) |
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Fusil
Pauly
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