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Baudrillart,
Dictionnaire des chasses, 3e partie du Traité général
des eaux et forêts, chasses et pêches, Paris 1834. |
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Fusil
de Pauly.
M. Pauly, arquebusier, rue des Trois-Frères, n° 4, a
présenté, en 1812, un fusil qui a paru avoir de grands
avantages sur tous les fusils connus jusqu'alors. C'est un fusil
qui se charge par la culasse, et dans le canon duquel on introduit
en même temps la charge et l'amorce réunies dans une
cartouche préparée d’une manière particulière ;
le feu prend commue dans les premiers fusils de M. Prélat,
au moyen de la percussion de la poudre fulminante placée
au centre de la charge ; le service en est extrêmement
commode et prompt ; on peut facilement tirer dix à douze
coups par minute. Il ne faut que la moitié de la charge ordinaire
de poudre. Ce fusil a tiré trois cents coups sans faire long
feu ni rater une seule fois. Les fusils de cette espèce,
exécutés en fabrique , ne coûtent pas plus cher
que les autres. (Bulletin de septembre 1812.)
M. Pauly a perfectionné encore ces fusils. Les perfectionnements
qu’il y a ajoutés consistent, 1° dans une nouvelle direction
donnée au chien, qui permet d'introduire la cartouche avec
beaucoup de facilité ; 2° en une méthode
et des instruments qui rodent et mettent le canon dans un contact
plus parfait avec le bloc d'acier qui lui sert de culasse ;
3° en une machine qui donne aux culots une uniformité
plus invariable ; 4° dans une construction de cartouches
plus parfaite et mieux entendue.
En un mot, dit le rapporteur, en comparant les fusils, tels qu'ils
sont confectionnés maintenant, avec celui pour lequel le
brevet d'invention a été obtenu, on voit que presque
toutes les pièces qui en forment l'ensemble ont été
perfectionnées et surtout simplifiées.
Les expériences faites par les commissaires sur la poudre
d'amorce leur ont prouvé que l'inflammation de cette poudre
exigeant absolument une percussion assez forte et brusque entre
deux pièces de fer, elle ne peut avoir lieu par hasard, ce
qui rend les amorces de cette poudre sans aucune espèce d'inconvénient.
Le rapport contient la recette de cette composition de poudre. Les
avantages des fusils Pauly sur toutes les armes connues jusqu’à
ce jour sont, 1° de ne pouvoir jamais recevoir deux charges
dans le même canon ; 2° de présenter une grande
facilité pour changer ou retirer la charge ; 3°
de la conserver à l’abri du brouillard ou de la pluie, attendu
que le mécanisme de la détonation est entièrement
dans l’intérieur de l'arme ; 4° de ne pas exposer
le chasseur aux accidents assez nombreux qui arrivent quand on charge
à la baguette, sans avoir eu l'attention de désarmer
son fusil ; 5° de pouvoir se charger très vite et
en marchant, ce qui est très avantageux quand on chasse en
ligne ou en battue. Un amateur en a fait l'expérience confirmative :
il a marché au pas ordinaire et a tiré huit coups
dans une minute. La détonation se fait bien plus vite par
la mécanique à muriate que par les batteries à
silex, ce qui doit être d’un grand avantage, toutes les fois
que la ligne que parcourt le gibier fait un angle quelconque avec
la ligne de tir, ce qui, en terme de chasse, s'appelle i-tirer en
travers.
Les fusils Pauly garnissent le coup aussi bien que ceux des meilleures
manufactures, et en tirant à quarante pas (120 pieds), on
a toujours mis de 30 à 40 grains de plomb dans une demi-feuille
de papier. Ils portent plus loin que les autres, ayant un tiers
de force de plus, ce qui donne au chasseur l’avantage de tirer de
plus loin à dragée égale, et de se servir de
dragée plus petite ; par ce moyen, le coup est plus
garni et moins de pièces de gibier y échappent. Ils
exigent un sixième de poudre de moins que les fusils ordinaires ;
ils ne font jamais long feu ; il paraît qu’ils ont aussi
moins de recul.
Tous ces avantages placent ces fusils au premier rang parmi les
armes de chasse connues. (Bulletin de juillet 1814).
Les chasseurs ont observé qu'en effet les fusils à
la Pauly étaient fort ingénieux , mais qu’ils exigeaient
une exécution très soignée et une grande précision
dans l'ajustement des pièces.
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Journal
de Lyon, jeudi 12 janvier 1815. |
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Sur
les fusils inventés par Pauly.
Quelques personnes me sauront peut-être gré de leur
dévoiler le mécanisme des fusils inventés par
Pauly ; il m'est d'autant plus facile de satisfaire leur curiosité,
que le seul fusil de cette espèce qu'il y ait à Lyon,
est à ma disposition. Il a été essayé,
il y a peu de jours, aux Broteaux, en présence de plusieurs
amateurs, aux désirs desquels a cédé l'un des
chefs de la manufacture ; cet essai sera bientôt répété.
On a été surpris des avantages multipliés que
présentent ces armes, et on ne doute pas que par la suite,
elles ne soient les seules auxquelles les chasseurs aient recours.
Déjà les personnes qui s'en sont servies ne veulent
plus revenir aux fusils ordinaires.
Pour les charger, on lève une bascule à laquelle la
culasse est fixée ; une cartouche est placée
dans le canon, près de la culasse ; un grain de poudre,
qu'on met dans le trou d'une rosette, derrière la cartouche,
sert d'amorce ; on baisse la bascule, on arme et ou tire.
Voici ce qui se passe : la platine pousse rapidement un piston qui
se meut dans un cylindre ; l'extrémité du piston
frappe avec force le point de la rosette, sur lequel est placé
le grain de poudre ; cette poudre, composée de charbon,
de soufre et de muriate suroxigéné de potasse, de
telle manière, qu'elle ne peut être enflammée
que par la percussion forte de deux métaux, s'enflamme ;
la flamme est portée par une ouverture au centre de la cartouche,
et le coup part rapidement.
Ces fusils n'ont donc ni pierre, ni batterie, ni bassinet, ni lumière,
ni baguette ; aussi ils ne ratent presque jamais ; ils
ne peuvent faire long feu, ni brûler amorce. La poudre ne
se mouille point ; on peut chasser à la pluie ;
ils sont plus promptement chargés, et ils peuvent être
mis entre les mains des enfants, sans danger.
On ne doit pas confondre ces fusils avec les armes dangereuses de
Prélat : faciles à décharger, on n'a point
à redouter ces événements malheureux qui ont
affligé plus d'une famille, et causés par des fusils
charges depuis longtemps, placés dans des mains imprudentes.
Ils sont faciles à nettoyer, puisque le canon est ouvert
par ses deux extrémités ; à l'instant
où le coup part, aucune fumée ne cache au chasseur
la pièce de gibier, il peut la suivre et la voir tomber.
Le succès couronnera donc toujours l'adresse du chasseur ;
il est vrai que dans ses jours malheureux il ne pourra plus accuser
une mauvaise pierre, une batterie mal trempée, un bassinet
mal fait, ou une lumière bouchée ;mais on sait
que le chasseur a l'imagination vive, et il ne manquera pas de prétexte.
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