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Mémoires militaires
du lieutenant général comte Roguet,
tome 4, Paris, 1862. |
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Général
Roguet |
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Le
3 juillet, à Wilna, Napoléon, inquiet des délits
commis sur les derrières de l'armée par des traînards,
la plupart de l'administration ou étrangers, forma une commission
prévôtale composée d'un général
et de quatre officiers. Il organisa aussi trois colonnes mobiles de
100 hommes, commandées chacune par un officier supérieur ;
elles étaient subdivisées en dix patrouilles pour balayer
les derrières de l'armée et arrêter ces mauvais
soldats. |
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Lettres du maréchal Berthier, major général
de la Grande Armée, au roi Jérôme de Westphalie,
commandant les 5e, 7e et 8e corps de la Grande Armée : |
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Jérôme
Bonaparte |
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Sire,
l'Empereur reçoit la lettre par laquelle vous lui annoncez
votre entrée à Grodno. Il aurait désiré
plus de détails sur les troupes ennemies qui se sont retirées
sur Mostouï. Les prisonniers que vous avez faits pouvaient
être à même de connaître les noms des divisions
et ceux des régiments.
Le corps que commande le général Doctorof (6e corps)
se compose des 12e et 24e divisions d'infanterie et d'une division
de cavalerie, ce qui lui fait environ 16.000 hommes ; il était
le 2 juillet à Olchanouï, poursuivi par le prince d'Eckmühl,
et tâchait de gagner la Dwina sur Drouia. On espérait
l'entamer. Ce corps était un de ceux de Bagration.
Un autre corps de ce général, composé des 9e
et 15e divisions qui venaient de Moldavie, est resté pour
se recruter et garder la Podolie. Si donc Bagration était
à Mostouï, il ne pourrait avoir avec lui que trois divisions
formant 18.000 hommes d'infanterie. Ces trois divisions seraient
la 2e de grenadiers, la 18e et la 26e d'infanterie. Votre Majesté
trouvera ci-joint un état de l'armée russe telle que
nous la concevons. L'Empereur désire que vous preniez des
renseignements près des seigneurs polonais pour corriger
et rectifier cet état de l'armée russe, selon les
connaissances qu'ils peuvent en avoir : nous ne sommes pas sûrs
de la composition des 5e et 7e corps.
Il est impossible de faire la guerre avec succès sans connaître
la composition des troupes que l'on a devant soi.
Ces trois divisions doivent être celles qui forment le 5e
corps. Il ne faut pas donner dans le piége des énumérations
pompeuses que font les Russes; il y en a toujours les deux tiers
à diminuer. Pour savoir la vérité, il faut
partir de cette base : une division russe est composée de
six régiments d'infanterie, un régiment de deux bataillons,
chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 120 combattants
au plus sous les armes ; ce qui fait par division moins de
6.000 hommes. Il y a même des divisions, comme la 11e et la
23e qui n'ont que quatre régiments.
Il paraît que Bagration n'est pas en arrière; car le
général Doctorof a déjà passé.
Des Cosaques et une division d'infanterie ont paru le 2 à
Bob-Solechniki, et l'on croit que c'est une des trois qu'a Bagration.
L'Empereur a vu avec peine que le prince Poniatowski n'ait pas marché
à la tête des troupes qui ont été à
Grodno ; cela ne regardait point le général Allix.
L'intention de S. M. est que chacun commande ses troupes; en agissant
différemment, on établit un esprit de jalousie qui
ne peut que nuire aux opérations.
Les renseignements que Votre Majesté donne n'étant
pas clairs sur ce que l'ennemi peut encore avoir en Volhynie, il
est difficile à l'Empereur de vous donner des instructions.
Les instructions générales que l'Empereur vous a données
ayant été de poursuivre Bagration, S. M. ne doute
pas que vous ne remplissiez ses intentions avec activité ;
elle espère que vous serez bientôt en communication
avec Wilna, puisque nos postes de cavalerie sont déjà
sur Lida; mais vous devez avoir deux buts : ouvrir d'abord
vos communications avec Wilna, et poursuivre vivement Bagration.
Tout porte à penser qu'il se retire sur Minsk.
Wilna, le 3 juillet 1812 (2 heures après-midi).
Organisation
de l'armée russe telle que nous la concevons d'après
les rapports qui nous sont parvenus.
1er Corps (5e et 14e divisions), commandé par le général
Wittgenstein.
Il était en Samogitie, il a été repoussé
de Wilkomir par le duc de Reggio, le 28 juin.
2e Corps (4e et 17e divisions), commandé par le général
Bagawouth.
Il était à Kowno, il a été poursuivi
sur Janovo par le duc d'Elchingen , et a continué sa retraite
sur Malianty.
3e Corps (3e et 23e divisions), commandé par le général
Suwarof.
4e Corps (7e et 11e divisions), commandé par le général
Tutchukof.
1re Division de grenadiers et la garde impériale commandées
par le grand duc Constantin. Ces trois corps étaient à
Wilna, Lida et Novoï-troki.
6e Corps (12e et 24e divisions), commandé par le général
Doctorof.
Il était le 1er juillet près d'Ochmiana, il est poursuivi
par le prince d'Eckmühl.
5e Corps (2e division de grenadiers, 18e et 26e divisions d'infanterie),
commandé par le général Ratziveski.
7e Corps (9e et 15e divisions, commandé par le général
Marcof.
Le 6e le 5e et le 7e corps sont sous le commandement de Bagration.
Le 6e a passé et le 7e est encore entre la Podolie et la
Wolhynie. Il ne devait y avoir à Grodno que le 5e corps,
avec lequel se trouve en personne Bagration. Une division a passé
à Sviranki ; le 1e r juillet, le général
Grouchy était à sa poursuite et lui a fait quelques
prisonniers. On dit que c'est la 1re division de Bagration qui marche
après le corps de Doctorof. Dans cet état on ne parle
point de la cavalerie.
Tout cela paraît assez certain; il n'y a que les 5e et 7 corps
qui soient sous les ordres du général Tormassof, lesquels
sont augmentés des 3es bataillons incomplets formés
de recrues, dont la moitié n'est pas habillée, qui
ne sont pas en état d'entrer en ligne, mais qui sont bons
pour contenir les Polonais.
La force des divisions, en présents sous les armes, est d'environ
6,000 hommes. |
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«
Sire, je crois devoir communiquer à Votre Majesté la
position actuelle de nos armées.
Le quartier général impérial à Wilna.
Le duc de Tarente à Poneviej.
Le duc de Reggio à Wilkomir.
Le duc d'Elchingen à Maliatouï.
Le roi de Naples à Swentziany.
Le général Nansouty à Mikhaïlichki.
Le prince d'Eckmuhl à Ochmiana.
Le Vice-Roi à Anouchichki.
Nos avant-gardes ont obtenu des succès sur l'ennemi, et déjà
les Russes ont brûlé leurs magasins de lre et 2e ligne.
Wilna, le 3 juillet 1812. » |
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D'après la Correspondance de Napoléon Ier (tome 24),
deux lettres écrites par l'Empereur ce 3 juillet 1812 : |
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Au
Prince de Neuchâtel et de Wagram, major général
de la Grande Armée, à Vilna.
Vilna, 3 juillet 1812.
Mon Cousin, il restait ce matin à la manutention
4.000 rations de pain appartenant à la jeune Garde, qui doivent
lui être données , 12.000 réservées pour
l'armée d'Italie, qui lui seront délivrées
aussitôt qu'elle enverra ses voitures, et 27.000 disponibles.
Sur ces 27.000, on en donnera 8.000 à l'armée d'Italie,
ce qui portera à 20.000 la quantité qui lui est destinée.
Il en restera 19.000, dont 4.000 seront employées pour la
consommation du quartier général, du génie
et de l'artillerie, et 15.000 seront délivrées à
la Garde comme premier à-compte sur quatre jours de pain
qu'elle doit avoir d'avance. L'ordonnateur de la Garde fera un rapport
pour faire connaître le nombre de rations que la vieille et
la jeune Garde consomment, et ce qu'il faut pour assurer les distributions
des 4, 5, 6 et 7, ainsi que les moyens d'arriver à ce résultat.
Il faudra plusieurs jours pour compléter l'avance de quatre
jours de pain, puisqu'on a à pourvoir au service journalier.
Mon but est d'arriver au point que la Garde ait toujours ses quatre
jours de vivres. Il faudrait organiser dès à présent
la manutention, de manière à avoir 50.000 rations
par vingt-quatre heures, savoir : 30.000 à la manutention
de Saint-Raphaël, 12.000 à celle de Saint-Casimir et
8 ou 10.000 dans les fours bourgeois et des Juifs.
J'ai ordonné d'établir trois nouvelles manutentions
de douze fours ; les douze premiers seront finis sous peu de jours.
On pourra alors les mettre à la disposition de la Garde et
ne plus rien faire dans les fours bourgeois, qu'on laisserait à
la disposition des habitants. Cette nouvelle manutention de douze
fours porterait les moyens de fabrication à 60.000 rations
par jour, et, quand les deux autres seront terminés, on pourra
en fabriquer jusqu'à 100.000. Alors tout ce qu'on pourra
confectionner en sus de la consommation devra être en pain
biscuité. Les 100.000 rations à faire par jour exigent
1.200 quintaux de farine. Les moulins doivent en donner 1.000. On
prendra les farines appartenant aux corps qui arrivent ici, et on
donnera aux corps l'équivalent en pain, car on ne peut pas
se dissimuler que la farine ne nourrit pas le soldat. La Garde doit
avoir beaucoup de convois de farines à arriver ; elles
seront déchargées ici, de manière que, lorsque
la Garde partira, elle puisse partir avec quatre rations sur le
dos et toutes ses voitures chargées de pain biscuité.
Réitérez l'ordre pour que toutes les voitures de l'armée
qui sont ici vides aillent se charger de farine à Kovno.
Il doit y en être arrivé 3.000 quintaux le 1er juillet.
Donnez l'ordre au commandant de Kovno de faire embarquer les farines
sur la Viliya à mesure qu'elles arriveront, et écrivez
à l'intendant général de prendre des mesures
afin d'assurer la navigation de la Viliya.
Napoléon.
Corr. t
24, n°18893. |
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Au maréchal Davout, prince d'Eckmühl, commandant le
1er corps de la Grande Armée, à Ochmiana.
Vilna,
3 juillet 1812.
Mon Cousin, vous trouverez ci-joint le rapport du
commissaire aux fourrages polonais; il n'est pas conforme à
vos renseignements. Vous trouverez ci-jointe aussi la lettre du
général Nansouty; elle paraît confirmer les
rapports du commissaire. Vous verrez qu'il est arrivé à
Mikhalichki. Vous trouverez également copie de la lettre
du général Grouchy ; il marche sur Dzevenichki : ainsi
vous voilà liés ensemble. La Garde est réunie
à Vilna. Le corps du vice-roi est arrivé. Ainsi vous
ne devez avoir aucune crainte de découvrir Vilna. Vous pouvez
attirer à vous les généraux Grouchy et Dessaix.
Dans la position actuelle, le général Nansouty seul
peut faire encore quelque mal à Doktourof. Les rapports du
général Grouchy sont vagues; on ne voit pas très-bien
à quel corps ennemi il a affaire; il est nécessaire
que vous éclairassiez tout cela. Voici des renseignements
positifs. Le 30, le roi de Westphalie est entré à
Grodno ; il y a trouvé Platof avec tout le corps des Cosaques,
qui, comme de raison, se sont sauvés. Le 30, Bagration était
à Mosty et menaçait d'attaquer; mais il est plus vraisemblable
qu'il se sera retiré. Dans ce cas, il peut être aujourd'hui
3 à Lida; il pourrait être à Volojine le 5 ou
le 6. Vous pourriez donc vous réunir avec le général
Grouchy sur Volojine. Le roi de Westphalie doit suivre Bagration;
il doit se diriger sur Minsk. Je n'ai point de nouvelles que nous
soyons entrés à Sventsiany. Le maréchal Ney
est à Maliaty; le duc de Reggio à Avanta. Le général
Grouchy aura probablement des nouvelles sur la direction de l'ennemi;
faites là-dessus ce qu'il convient. Si les renseignements
du roi de Westphalie sont vrais, vous vous trouverez prévenu
sur les mouvements de l'ennemi. Tâchez donc d'être réuni
avec le général Grouchy et d'avoir sous la main le
plus d'infanterie et de cavalerie possible. Quand je saurai ce que
vous voulez faire, je me déciderai à vous envoyer
la division Claparède.
Si on peut faire quelques fours à Ochmiana et y organiser
des subsistances, cela pourrait être utile.
Napoléon.
Corr. t
24, n°18895. - |
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Ve
Bulletin de la Grande Armée, Wilna, le 6 juillet 1812. |
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(2-3
juillet)
Des torrents de pluie ont tombé pendant trente-six heures
sans interruption.
D'une extrême chaleur, le temps a passé tout-à-coup
à un froid très-vif. Plusieurs milliers de chevaux
ont péri par l'effet de cette transition subite. Des convois
d'artillerie ont été arrêtés dans les
boues.
Cet épouvantable orage, qui a fatigué les hommes et
les chevaux , a nécessairement retardé notre marche,
et le corps de Doctorow, qui a donné successivement dans
les colonnes du général Bordesoult, du général
Pajol et du général Nansouty, a été
près de sa destruction.
Le
3 juillet, le roi de Naples s'est porté sur Swentzianoui,
et y a atteint l'arrière-garde du baron de Tolly. Il donna
ordre au général Montbrun de la faire charger ; mais
les Russes n'ont point attendu, et se sont retirés avec une
telle précipitation, qu'un escadron de hulans, qui revenait
d'une reconnaissance du côté de Mikaïlilki, tomba
dans nos postes. Il fut chargé par le douzième de
chasseurs, et entièrement pris ou tué : soixante hommes
ont été pris avec leurs chevaux. Les Polonais qui
se trouvaient parmi ces prisonniers ont demandé à
servir, et ont pris rang, tout montés, dans les troupes polonaises.
(...)
Il avait été prévu que Bagration se porterait
sur la Dwina en se rapprochant le plus possible de Dunabourg ; et
le général de division comte Grouchy a été
envoyé à Bognadow. Il était le 3 à Traboui.
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