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ROGUET
(François, comte), né à
Toulouse (Haute-Garonne), le 12 novembre 1770, entra comme soldat,
le 3 mai 1789, au régiment d'infanterie de Guienne, devenu
21e. Il devint caporal-fourrier le 1er janvier 1791, adjudant-sous-officier,
le 15 décembre, au 1er bataillon de la Haute-Garonne, lors
de sa formation, et adjudant-major-capitaine le 5 avril 1793 au
même bataillon, qui forma, par l'amalgame du 1er pluviôse
an III, la 21e demi-brigade d'infanterie de ligne, laquelle forma
la 32e par l'organisation du 25 ventôse an IV. Roguet fit
les campagnes de 1792 à l'an VIII à l'armée
d'Italie. Le 5 messidor an III, il sauta le premier dans le fossé
du fort de Savone, et fut atteint d'une balle qui lui traversa la
jambe gauche. En germinal an V, au passage du Tyrol, il traversa
de nuit le camp ennemi à la tête d'un bataillon, et
délivra les grenadiers de la 5e demi-brigade de ligne et
les ramena avec lui. Nommé par le général Bonaparte,
sur le champ de bataille, chef du 1er bataillon de la 33e demi-brigade
de ligne le 1er nivôse, il sut, quoique très jeune
alors, maintenir parmi ses troupes la discipline la plus exacte.
Nos ennemis étaient parvenus à semer le désordre
dans l'armée. Les troupes françaises se révoltèrent
contre leurs chefs, à l'exception du bataillon commandé
par le brave Roguet ; pas un soldat de ce corps ne cessa d'observer
l'obéissance et l'ordre le plus parfait. Le 6 germinal an
VII, à la bataille de Vérone, le village de Sainte-Lucie
avait été pris et repris plusieurs fois, le général
Moreau ordonna au chef de bataillon Roguet de s'en emparer. Il chassa
l'ennemi et se maintint dans ce village ; mais il fut grièvement
blessé d'un coup de feu à la jambe droite. Vers la
fin du mois de floréal, il n'était pas encore guéri
de sa blessure et se trouvait à Gènes, lorsque le
Piémont se souleva en masse, ainsi que les vallées
du Tanaro et d'Oneille. Les insurgés, guidés par des
officiers autrichiens et piémontais, se portèrent
dans le Ponent de la Ligurie. Les Anglais tenaient la mer ;
Gênes n'avait aucune communication avec la France, ni avec
l'armée. M. Roguet fut chargé de châtier les
insurgés ; les battit, les dispersa, s'empara de leur
artillerie, désarma la population, et détruisit jusqu'au
plus petit germe d'insurrection. Ainsi se trouvèrent rétablies
les communications entre Gênes, la France et l'armée
d'Italie.
Nommé, sur le champ de bataille, chef de la 33e demi-brigade
de ligne le 23 prairial an VII, M. Roguet se distingua à
la tête de sa demi-brigade, quoique réduite de 3.000
hommes à 350, aux batailles de Fossano et de Novi. Cette
demi-brigade, par suite des malheurs de la campagne, n'étant
plus composée que de 160 hommes, M. Roguet reçut l'ordre
de la conduire à Paris pour la réorganiser. Quelques
mois lui suffirent pour donner à ce corps une instruction
et une discipline si parfaites, qu'on le cita comme le modèle
de l'armée. Le 11 fructidor an XI, le premier Consul éleva
M. Roguet au grade de général de brigade. Créé
membre de la Légion d'Honneur le 19 frimaire an XII, électeur
de la Haute-Garonne, et commandant de l'Ordre le 25 prairial, il
servit au camp de Montreuil. Attaché, en l'an XIV, à
la 2e division du 6e corps de la grande armée, il passa le
Rhin le 3 vendémiaire, et servit en Allemagne. A l'affaire
d'Elchingen, par des manœuvres savantes et hardies, il enleva toutes
les hauteurs occupées par l'ennemi. Le 13 brumaire, il s'empara
du fort de Leutach, força 750 hommes du régiment de
Kinski à mettre bas les armes, et s'empara d'une grande quantité
de munitions et de 4 pièces de canon. Le commandant de Scharnilz,
informé de la prise de Leutach, vint attaquer le général
Roguet avec une forte artillerie ; mais, après de vains
efforts , il se vit obligé de se rendre avec 600 hommes et
11 pièces de canon. Dans cette brillante expédition,
le général Roguet avait aplani tous les obstacles
qui s'opposaient à l'entrée des Français dans
le Tyrol ; le maréchal Ney ordonna que tous les grenadiers
de l'armée seraient réunis et que ce général
en prendrait le commandement. Il fit des prodiges de valeur aux
batailles d'Iéna et d'Eylau, et à la reprise de Gusladt,
le 5 juin 1807, où il reçut un coup de feu qui lui
traversa le pied gauche. Resté sur le champ de bataille,
il tomba au pouvoir de l'ennemi.
Rentré en France après la paix de Tilsit, et n'étant
pas guéri de sa blessure, il fut chargé, le 10 septembre
1807, de l'organisation et de l'instruction de toutes les troupes
stationnées dans la 1re division militaire ; elles étaient
composées de conscrits destinés à former la
première armée d'Espagne. Il remplit cette mission
à la satisfaction de l'Empereur, qui le récompensa
par l'ordre de la Couronne-de-Fer le 7 décembre, et par le
titre de baron le 19 mars 1808. Le 19 mai, il se rendit à
l'Ile de Cadsand, 24e division militaire, dont il venait d'être
nommé commandant, et la mit sur un tel pied de défense
qu'il contraignit les Anglais à s'en éloigner. Le
22 août suivant, il passa à l'armée d'Espagne.
La prise de Bilbao et celle de Santander lui firent le plus grand
honneur, et lui méritèrent d'être nommé
général dans la garde impériale le 5 avril
1809.
En 1810, il arrêta les progrès de l'armée de
Galice, et il obtint le grade de général de division
le 24 juin 1811. Appelé au commandement du 6e gouvernement
d'Espagne, il sut se concilier l'estime des Espagnols par sa probité
et sa justice. En 1812, il quitta l'Espagne avec une division composée
de fusiliers, et des 2 premiers régiments de tirailleurs
et de voltigeurs de la jeune garde, pour se rendre à l'armée
de Russie. Dans la nuit du 14 novembre, cette division attaqua les
troupes russes qui occupaient Putkowa, les battit complètement
et les força à se retirer sur Slukino. Le 17, afin
de protéger la retraite de l'année française,
le général Roguet soutint, en bataille, toute la journée,
le feu de 60 pièces d'artillerie, qui mirent 1.500 hommes
de sa division hors de combat. Après la désastreuse
retraite de Moscou, le général Roguet fut chargé
de rassembler les débris de la vieille garde, qu'il réorganisa
pour la campagne de Dresde.
Le 3 avril, l'Empereur le nomma grand'croix de l'ordre de la Réunion.
A la bataille de Dresde, le 26 août, il commandait 14 bataillons
de conscrits à peine habillés et récemment
arrivés de Paris. Électrisés par l'exemple
de leur chef, ces jeunes soldats devinrent des héros et décidèrent
le succès de cette belle journée ; le général
Roguet reçut une contusion de balle au-dessus du talon gauche.
Il rendit les plus importants services à Wachau, à
Leipzig et à Hanau, et obtint le titre de comte de l'Empire
le 28 novembre de la même année.
L'Empereur, dans l'impatience de recouvrer Bréda, ayant donné
au général Roguet l'ordre de marcher d'Anvers sur
cette place, pour tâcher de s'en rendre maître par un
coup de main, et de rouvrir la communication avec Gorcum, celui-ci
se mit en marche avec 6.000 conscrits et 800 chevaux, chassa les
avant-postes du général Stall, arriva le 20 décembre
devant Bréda, et commença le bombardement à
la nuit ; mais la rapidité des mouvements qui s'opéraient
alors sur toute la ligne ne lui laissa pas le temps de remplir les
intentions de Napoléon. Le 11 janvier 1814, il livra, près
d'Anvers, le glorieux combat de Meers. Lors de la tentative des
Anglais sur cette première place, il marcha contre eux et
les repoussa avec vigueur. Sa division reçut l'ordre de se
rendre à Gand, et prit part au combat de Courtrai ;
et telle était l'intrépidité de ces conscrits,
qu'un seul bataillon détruisit un corps entier de Saxons.
Après l'abdication de l'Empereur, le général
Roguet fit sa soumission, reçut, le 8 juillet, la croix de
Saint-Louis, et fut nommé, le 18, colonel à la suite
du corps des grenadiers à pied de France, et grand-officier
de la légion-d'Honneur le 23 août suivant. Au 20 mars
1815, le général Roguet reprit son emploi de colonel
en second des chasseurs à pied de la garde impériale,
fit avec ce corps la campagne de France, et soutint sa réputation
à Ligny, à Fleurus et à Waterloo. Cet officier-général
signa la déclaration de l'armée, du 2 juillet, à
la Chambre des représentants. Mis en non-activité
le 16 octobre, il obtint sa retraite le 1er janvier 1825. En 1830,
il commanda l'infanterie de la place de Paris, et fut chargé
de son organisation. Louis-Philippe l'éleva à la pairie
le 19 novembre 1831. Le 15 avril 1834, il proposa et développa
un amendement au projet de loi sur l'état des officiers de
terre et de mer. En 1838 et 1839, il prit plusieurs fois la parole
à la Chambre des pairs, dans l'intérêt de l'armée.
Le nom du général Roguet est inscrit sur l'arc-de-triomphe
de l'Étoile, côté Sud. Th.
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