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  Waterloo battle 1815

 

 

 

 

 

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Voltigeurs

     
 

     
   Les voltigeurs constituèrent la véritable infanterie légère de France, en ce sens qu'on leur fit faire habituellement le service de tirailleurs.  Les régiments d'infanterie légère n'en avaient que le nom, car ils étaient composés, armés, exercés comme le reste de l'infanterie. (Général Foy, Histoire de la guerre de la Péninsule, t. 1, p. 96).

Je fus très surpris, en rentrant en France, de la haute idée qu'on s'était formée de la Garde impériale et du peu de cas qu'on faisait des voltigeurs, qu'on ne distinguait guère des compagnies du centre.  Cependant les voltigeurs ont combattu mille fois plus que la Garde.  Ils étaient toujours en tête et elle en réserve.  Il ne se tirait pas un coup de fusil sans eux, et la Garde, qui prenait rarement part aux petits combats, donnait presque aussi rarement dans les batailles.  Enfin, les voltigeurs étaient l'élite des corps et une partie de la Garde en était le rebut.  Quiconque a vu la chose par ses yeux sait que beaucoup de colonels n'envoyaient à Paris que les hommes dont ils voulaient se défaire, tandis que les capitaines de voltigeurs n'admettaient dans leurs compagnies que des soldats d'un courage éprouvé. 
Aussi aurais-je préféré pour une attaque, commander à trois cents voltigeurs qu'à cinq cents hommes de la Garde.
(Souvenirs du capitaine Desboeufs, p. 205).

 
 
 

 

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C'est l'arrêté du 22 ventôse an XII (13 mars 1804) qui a institué les voltigeurs.
La caractéristique essentielle des voltigeurs réside dans leur petite taille.  La création de cette nouvelle infanterie répondait à une situation démographique caractéristique de l'époque et dans laquelle les hommes petits, d'une taille inférieure à la “ normale ” étaient de plus en plus nombreux. (voir taille.)

Une grande partie de la population échappait donc légalement à la conscription.  La création des voltigeurs fut une façon de “dorer la pilule” au moment d'étendre le poids du recrutement sur ceux qui se croyaient à l'abri du fait de leur petite taille.  C'est ainsi que dans un premier temps, les compagnies de voltigeurs devaient être complétées par des conscrits exemptés par défaut de taille, et qu'ensuite la taille minimale, pour tous les conscrits, fut ramenée à 4 pieds 9 pouces ou 1 mètre 544 (8 fructidor au XIII). 

"Cette mesure, dit le général Bardin, augmenta l'effectif des troupes de 40.000 hommes." (Dict., p. 5271).

Autre avantage de la mesure (et bien dans la façon d'agir de Napoléon) : l'émulation.

"Les voltigeurs ont été créés par moi pour profiter des petits hommes que la conscription ne pouvait atteindre. J'en ai profité pour opposer les petits hommes aux grands, comme j’opposerais les blancs aux noirs, comme je formerais des compagnies de bossus, s'il y en avait beaucoup.” (Napoléon, le 6 mai 1819 cité par le général Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène, t. 2, p. 348).

Dans un pays où les bossus seraient communs et nombreux, il serait convenable de former des compagnies de bossus ; excitant ainsi leur amour-propre, il est probable qu'elles seraient très braves et prodigueraient leur vie”. (Napoléon, Dix-huit notes sur l'Ouvrage intitulé : Considérations sur l'art de la guerre, dans Correspondance, t. XXXI, p. 310).  Et le 8 février 1819 il avait été plus précis encore quant à ses intentions :

C'était une idée heureuse : les petits hommes opposés aux grands.  Je disais aux voltigeurs : “ vous êtes des couyons : un grenadier vaut soixante voltigeurs. ”  Je disais aux grenadiers : “ Vous n'êtes que de grands capons, bons pour manger, mais vivent les voltigeurs pour se battre ! ”  Avec cela, on fait tuer tout le monde.  Voilà la véritable éloquence militaire...

On ne peut pas être plus clair ! Napoléon était un maître en psychologie appliquée aux masses et les voltigeurs en sont la meilleure preuve, puisque le résultat a dépassé les espérances :

"L'invention des voltigeurs était une amorce pour la vanité des nains, un encouragement pour leur faiblesse, une pensée politique.  Cet essai, coûteux pour la population, a eu pour l’armée de brillants résultats.  Ceux de ces petits hommes qui ont résisté aux fatigues d'un métier qui semblait au-dessus de leurs forces ont fait merveille.  Le parallèle, ou plutôt la rivalité établie entre eux et les grenadiers, la disproportion de taille qu'il fallait faire oublier, souvent les avantages et la solidité d'une constitution trapue, la parité de courage et d'énergie sous une moindre masse, tout en a fait des héros." (Bardin, Dict., p. 1472).

     
         
  Le décret impérial du 7 octobre 1807 portait injonction de retirer aux voltigeurs le sabre "briquet". "La mesure ne s'exécuta pas sans réticences". Pour compléter cette affirmation, voici un extrait d'une lettre qu'écrivit au maréchal Berthier, le 12 juin 1808, le général Marchand, à l'époque commandant par intérim le 6e corps de la Grande Armée:
"... Il est également de mon devoir d'appeler l'attention de Votre Altesse sur les sollicitations qui ont été présentées par tous les colonels pour obtenir la permission de conserver les sabres aux voltigeurs. Cette arme qui leur est extrêmement utile aux avant-postes et au bivouac leur donnait la même considération qu'aux compagnies d'élite: en leur ôtant l'arme, on leur enlève la considération qui y était attachée et tous préféreraient la payer de leur poche que de ne plus la porter.
Sa Majesté, qui a si bien su ajouter à ce point d'honneur militaire du Français ne voudrait pas que trente mille braves qui l'ont si bien servie dans les dernières campagnes n’y fussent pas sensibles et je supplie Votre Altesse de vouloir lui soumettre les sollicitations de messieurs les colonels.
" (L'original est aux Archives de l'Armée de Terre" à Vincennes.)

     
         
         

       
 

Les voltigeurs étaient une invention toute personnelle de Napoléon. On n'en trouvait par conséquent que dans l'armée française et dans les armées des pays satellites. Mais l'institution de cette nouvelle sorte de soldats avait attiré l'attention des militaires des autres nations, ainsi qu'en témoigne l'article qui leur est consacré dans un dictionnaire militaire anglais, dans son édition de 1810 (le "James Military Dictionary" ) :

   
 

Le génie militaire de Bonaparte (à l'imitation de César, qui avait ses vélites) s'est montré dans la formation de ce corps, et les autres gouvernements feraient bien de suivre son exemple.
Les voltigeurs ont été institués voici quelques années à peine, par Bonaparte lui-même.
La différence entre les tirailleurs et les voltigeurs réside dans le fait que les premiers évoluent de façon irrégulière, en étant éparpillés, tandis que les autres agissent en corps nombreux et rassemblé.
Les qualités requises pour être admis dans ces troupes sont une réputation de courage bien établie, une petite taille, de la vigueur et une grande agilité. Leur uniforme est celui de l'infanterie française, avec comme distinction propre le collet jaune. Ils portent la grenade, et jouissent de la même haute paye que les grenadiers, bien que la plupart d'entre eux soient de la plus petite taille.
Chaque régiment d'infanterie a une compagnie de voltigeurs, qui marche toujours devant les grenadiers. Au lieu de tambours, ils ont deux trompettes (cornets).
Les voltigeurs sont armés d'un fusil court (carabine) et d'un sabre court ; la giberne est fixée sur les reins par une ceinture; d'après les règlements, leur sac doit être très léger.
En présence de l'ennemi, les compagnies de voltigeurs de tous les régiments sont rassemblées, formant un corps distinct qui mène l'attaque ; ils sont en général employés à escalader les montagnes (s'il y en a) ou à forcer les passages difficiles; les grenadiers suivent à courte distance, mais c'est le privilège des voltigeurs d'ouvrir la route à la victoire. On leur rappelle, d'ailleurs, à l'occasion, cet honorable avantage.
Depuis leur création, les voltigeurs ont été de la plus grande utilité pour les armées françaises. La fierté de la grenade, l'espoir d'être les premiers au pillage, tout a contribué à élever l'esprit de ces soldats de petite taille au plus haut degré de valeur enthousiaste.
"Pendant la dernière campagne d'Italie, observe un correspondant, au cours de laquelle j'ai servi dans la division de grenadiers du général Parteneau, après le passage de l'Adige, aux affaires de Montebello et de Caldiera, au passage de la Piave et du Tagliamento, ainsi qu'à la prise de Palmanova, les voltigeurs ont supporté seuls le poids des journées; les grenadiers (à l'exception de quelques bataillons) n'ont pas tiré un coup.
Ils ont eu les mêmes avantages en Calabre, et dans les Abruzzes. A Gaète, ce furent les voltigeurs et la légion corse (appelée dans l'armée la "légion des cousins", parce qu'ils prétendent tous être apparentés à Bonaparte, ou être ses voisins à Ajaccio) qui furent les premiers à monter sur la brèche et qui prirent la ville d'assaut
."
"J'ajouterai à cette note, poursuit un autre officier, que les voltigeurs que j'ai eu l'occasion de voir, soit comme déserteurs, soit comme prisonniers de guerre, m'ont dit qu'ils avaient été soumis à un long et souvent périlleux entraînement, avant d'avoir été admis dans une compagnie de voltigeurs. Ces hommes doivent être experts en voltige, en saut, en course, à la nage, dans l'escalade des rochers les plus escarpés et des arbres les plus hauts, etc.
J'ai vu un de ces petits gars, natif de Versailles, faire un saut de 21 pieds, il m'a dit qu'il sautait sans difficulté plus de 25 pieds, avant d'avoir reçu dans la poitrine une sévère ruade d'un cheval sur la croupe duquel il tentait de sauter pour frapper un cavalier ennemi.
"

     

 

 

 

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