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Voltigeurs |
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voltigeurs constituèrent la véritable infanterie légère de France,
en ce sens qu'on leur fit faire habituellement le service de tirailleurs.
Les régiments d'infanterie légère n'en avaient que le nom, car ils
étaient composés, armés, exercés comme le reste de l'infanterie.
(Général Foy, Histoire de la guerre de la Péninsule,
t. 1, p. 96).
Je fus très surpris, en rentrant
en France, de la haute idée qu'on s'était formée de la Garde impériale
et du peu de cas qu'on faisait des voltigeurs, qu'on ne distinguait
guère des compagnies du centre. Cependant les voltigeurs ont
combattu mille fois plus que la Garde. Ils étaient toujours
en tête et elle en réserve. Il ne se tirait pas un coup de
fusil sans eux, et la Garde, qui prenait rarement part aux petits
combats, donnait presque aussi rarement dans les batailles.
Enfin, les voltigeurs étaient l'élite des corps et une partie de
la Garde en était le rebut. Quiconque a vu la chose par ses
yeux sait que beaucoup de colonels n'envoyaient à Paris que les
hommes dont ils voulaient se défaire, tandis que les capitaines
de voltigeurs n'admettaient dans leurs compagnies que des soldats
d'un courage éprouvé.
Aussi aurais-je préféré pour une attaque, commander à trois cents
voltigeurs qu'à cinq cents hommes de la Garde. (Souvenirs du
capitaine Desboeufs, p. 205). |
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C'est l'arrêté du 22 ventôse an XII (13 mars
1804) qui a institué les voltigeurs.
La caractéristique essentielle des voltigeurs réside dans leur petite
taille. La création de cette nouvelle infanterie répondait
à une situation démographique caractéristique de l'époque et dans
laquelle les hommes petits, d'une taille inférieure à la “ normale
” étaient de plus en plus nombreux. (voir taille.)
Une grande partie de la population échappait
donc légalement à la conscription. La création des voltigeurs
fut une façon de “dorer la pilule” au moment d'étendre le poids
du recrutement sur ceux qui se croyaient à l'abri du fait de leur
petite taille. C'est ainsi que dans un premier temps, les
compagnies de voltigeurs devaient être complétées par des conscrits
exemptés par défaut de taille, et qu'ensuite la taille minimale,
pour tous les conscrits, fut ramenée à 4 pieds 9 pouces ou 1 mètre
544 (8 fructidor au XIII).
"Cette mesure, dit le général Bardin,
augmenta l'effectif des troupes de 40.000 hommes." (Dict.,
p. 5271).
Autre avantage de la mesure (et bien dans la
façon d'agir de Napoléon) : l'émulation.
"Les voltigeurs ont été créés par moi
pour profiter des petits hommes que la conscription ne pouvait atteindre.
J'en ai profité pour opposer les petits hommes aux grands, comme
j’opposerais les blancs aux noirs, comme je formerais des compagnies
de bossus, s'il y en avait beaucoup.” (Napoléon, le 6 mai 1819
cité par le général Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène, t. 2, p.
348).
Dans un pays où les bossus seraient communs
et nombreux, il serait convenable de former des compagnies de bossus
; excitant ainsi leur amour-propre, il est probable qu'elles seraient
très braves et prodigueraient leur vie”. (Napoléon, Dix-huit
notes sur l'Ouvrage intitulé : Considérations sur l'art de la guerre,
dans Correspondance, t. XXXI, p. 310). Et le 8 février 1819
il avait été plus précis encore quant à ses intentions :
C'était une idée heureuse : les petits hommes
opposés aux grands. Je disais aux voltigeurs : “ vous êtes
des couyons : un grenadier vaut soixante voltigeurs. ” Je
disais aux grenadiers : “ Vous n'êtes que de grands capons, bons
pour manger, mais vivent les voltigeurs pour se battre ! ”
Avec cela, on fait tuer tout le monde. Voilà la véritable
éloquence militaire...
On ne peut pas être plus clair ! Napoléon était
un maître en psychologie appliquée aux masses et les voltigeurs
en sont la meilleure preuve, puisque le résultat a dépassé les espérances
:
"L'invention des voltigeurs était une
amorce pour la vanité des nains, un encouragement pour leur faiblesse,
une pensée politique. Cet essai, coûteux pour la population,
a eu pour l’armée de brillants résultats. Ceux de ces petits
hommes qui ont résisté aux fatigues d'un métier qui semblait au-dessus
de leurs forces ont fait merveille. Le parallèle, ou plutôt
la rivalité établie entre eux et les grenadiers, la disproportion
de taille qu'il fallait faire oublier, souvent les avantages et
la solidité d'une constitution trapue, la parité de courage et d'énergie
sous une moindre masse, tout en a fait des héros." (Bardin,
Dict., p. 1472).
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Le décret
impérial du 7 octobre 1807 portait injonction de retirer aux
voltigeurs le sabre "briquet". "La mesure ne s'exécuta
pas sans réticences". Pour compléter cette
affirmation, voici un extrait d'une lettre qu'écrivit au maréchal
Berthier, le 12 juin 1808, le général Marchand, à
l'époque commandant par intérim le 6e corps de la Grande
Armée:
"... Il est également de mon devoir d'appeler l'attention
de Votre Altesse sur les sollicitations qui ont été
présentées par tous les colonels pour obtenir la permission
de conserver les sabres aux voltigeurs. Cette arme qui leur est extrêmement
utile aux avant-postes et au bivouac leur donnait la même considération
qu'aux compagnies d'élite: en leur ôtant l'arme, on leur
enlève la considération qui y était attachée
et tous préféreraient la payer de leur poche que de
ne plus la porter.
Sa Majesté, qui a si bien su ajouter à ce point d'honneur
militaire du Français ne voudrait pas que trente mille braves
qui l'ont si bien servie dans les dernières campagnes n’y fussent
pas sensibles et je supplie Votre Altesse de vouloir lui soumettre
les sollicitations de messieurs les colonels." (L'original
est aux Archives de l'Armée de Terre" à Vincennes.)
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Les voltigeurs
étaient une invention toute personnelle de Napoléon.
On n'en trouvait par conséquent que dans l'armée française
et dans les armées des pays satellites. Mais l'institution
de cette nouvelle sorte de soldats avait attiré l'attention
des militaires des autres nations, ainsi qu'en témoigne l'article
qui leur est consacré dans un dictionnaire militaire anglais,
dans son édition de 1810 (le "James Military Dictionary"
) : |
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Le
génie militaire de Bonaparte (à l'imitation de César,
qui avait ses vélites) s'est montré dans la formation
de ce corps, et les autres gouvernements feraient bien de suivre
son exemple.
Les voltigeurs ont été institués voici quelques
années à peine, par Bonaparte lui-même.
La différence entre les tirailleurs et les voltigeurs réside
dans le fait que les premiers évoluent de façon irrégulière,
en étant éparpillés, tandis que les autres
agissent en corps nombreux et rassemblé.
Les qualités requises pour être admis dans ces troupes
sont une réputation de courage bien établie, une petite
taille, de la vigueur et une grande agilité. Leur uniforme
est celui de l'infanterie française, avec comme distinction
propre le collet jaune. Ils portent la grenade, et jouissent de
la même haute paye que les grenadiers, bien que la plupart
d'entre eux soient de la plus petite taille.
Chaque régiment d'infanterie a une compagnie de voltigeurs,
qui marche toujours devant les grenadiers. Au lieu de tambours,
ils ont deux trompettes (cornets).
Les voltigeurs sont armés d'un fusil court (carabine) et
d'un sabre court ; la giberne est fixée sur les reins par
une ceinture; d'après les règlements, leur sac doit
être très léger.
En présence de l'ennemi, les compagnies de voltigeurs de
tous les régiments sont rassemblées, formant un corps
distinct qui mène l'attaque ; ils sont en général
employés à escalader les montagnes (s'il y en a) ou
à forcer les passages difficiles; les grenadiers suivent
à courte distance, mais c'est le privilège des voltigeurs
d'ouvrir la route à la victoire. On leur rappelle, d'ailleurs,
à l'occasion, cet honorable avantage.
Depuis leur création, les voltigeurs ont été
de la plus grande utilité pour les armées françaises.
La fierté de la grenade, l'espoir d'être les premiers
au pillage, tout a contribué à élever l'esprit
de ces soldats de petite taille au plus haut degré de valeur
enthousiaste.
"Pendant la dernière campagne d'Italie, observe
un correspondant, au cours de laquelle j'ai servi dans la division
de grenadiers du général Parteneau, après le
passage de l'Adige, aux affaires de Montebello et de Caldiera, au
passage de la Piave et du Tagliamento, ainsi qu'à la prise
de Palmanova, les voltigeurs ont supporté seuls le poids
des journées; les grenadiers (à l'exception de quelques
bataillons) n'ont pas tiré un coup.
Ils ont eu les mêmes avantages en Calabre, et dans les Abruzzes.
A Gaète, ce furent les voltigeurs et la légion corse
(appelée dans l'armée la "légion des cousins",
parce qu'ils prétendent tous être apparentés
à Bonaparte, ou être ses voisins à Ajaccio)
qui furent les premiers à monter sur la brèche et
qui prirent la ville d'assaut."
"J'ajouterai à cette note, poursuit un autre
officier, que les voltigeurs que j'ai eu l'occasion de voir,
soit comme déserteurs, soit comme prisonniers de guerre,
m'ont dit qu'ils avaient été soumis à un long
et souvent périlleux entraînement, avant d'avoir été
admis dans une compagnie de voltigeurs. Ces hommes doivent être
experts en voltige, en saut, en course, à la nage, dans l'escalade
des rochers les plus escarpés et des arbres les plus hauts,
etc.
J'ai vu un de ces petits gars, natif de Versailles, faire un saut
de 21 pieds, il m'a dit qu'il sautait sans difficulté plus
de 25 pieds, avant d'avoir reçu dans la poitrine une sévère
ruade d'un cheval sur la croupe duquel il tentait de sauter pour
frapper un cavalier ennemi." |
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