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Veillons
au salut de l'Empire |
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Ce
chant patriotique parut en 1791 et connut dès son apparition
un grand succès. Il était dû à un chirurgien
militaire, Adrien-Simon Boy.
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Granier
de Cassagnac* affirme que ce chant fut composé dans les derniers
mois de 1791 « pendant que les Jacobins agitaient la question
de la guerre et que Brissot parlait de municipaliser l’Europe
», et cette explication paraît la plus plausible.
Comme c’était un usage presque universel à l’époque,
le chant fut composé sur un air en vogue : l’air de l’opéra
de Renaud d’Ast, de Dalayrac, dont les premières
paroles étaient : "Vous qui d’amoureuse aventure".
Cet opéra avait été représenté
pour la première fois à la Comédie italienne
le 19 juillet 1787.
Le mot "empire" signifiait ici le royaume, l’Etat,
et Louis XVI lui-même l’employait dans cette acception dès
1789 (et probablement même avant). On trouve d’ailleurs confirmation
de cette acception dans le Dictionnaire de l’Académie
française, au mot Empire :
"Il [le mot Empire] se dit aussi de tous les pays
qui sont sous la domination d’un grand Roi. L’Empire Français."
Voir : Empire.
Quand Napoléon eût institué l’Empire, le chant
patriotique de Boy et Dalayrac, qui avait été un peu
éclipsé par la Marseillaise, connut un regain
de faveur, à cause de sa première strophe seulement,
la seule qui convînt à la situation nouvelle. Car si
les autres avaient été prises au pied de la lettre,
le nouveau régime se serait écroulé presque
aussitôt…
On peut dire
sans faire injure à la réalité historique que
les soldats de l’Empire, au lieu de conspirer la perte des rois,
parcouraient l’Europe et versaient leur sang pour installer des
rois de la famille Bonaparte en Italie, en Hollande, à Naples,
en Espagne… et pour soutenir des princes électeurs devenus
rois par les bonnes grâces de l’Empereur (Bavière,
Saxe, Wurtemberg).
Quant à l’esclavage auquel ils affirmaient préférer
la mort, la plupart ignoraient probablement que le premier consul
Bonaparte l’avait rétabli aux Antilles en 1802. Voir :
traite.
Mais comme l’écrivait un chroniqueur marseillais** : "On
dompte les hommes par la force, on les fascine avec les grands mots
: sentence incomparable qui vaut à elle seule un gros traité
de politique ; sentence merveilleusement exploitée par l’homme
du 18 brumaire". |
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* Granier
de Cassagnac, Histoire des Girondins et des massacres de septembre
(Paris 1860).
** Laurent Lautard, Esquisses historiques: Marseille depuis 1789
jusqu'en 1815, Marseille 1844.
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Le
Salut de l'Empire (1791) |
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Veillons
au salut de l'empire,
Veillons au maintien de non droits !
Si le despotisme conspire,
Conspirons la perte des rois !
Liberté ! Liberté !
que tout mortel te rende hommage !
Tremblez, tyrans,
Vous allez expier vos forfaits !
Plutôt la mort que l'esclavage,
C'est la devise des Français !
Du
salut de notre patrie
Dépend celui de l'univers ;
Si jamais elle est asservie,
Tous les peuples sont dans les fers.
Liberté ! Liberté !
que tout mortel te rende hommage !
Tremblez, tyrans,
Vous allez expier vos forfaits !
Plutôt la mort que l'esclavage,
C'est la devise des Français !
Ennemis
de la tyrannie,
Paraissez tous, armez vos bras.
Du fond de l'Europe avilie,
Marchez avec nous aux combats,
Liberté ! Liberté !
que ce nom sacré nous rallie !
Poursuivons les tyrans,
Punissons leurs forfaits !
Nous servons la même patrie :
Les hommes libres sont Français !
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Il
existe un quatrième couplet, mais il n'a été
composé qu'en 1840 :
Jurons
union éternelle
Avec tous les peuples divers :
Jurons une guerre mortelle
A tous les rois de l’univers.
Liberté ! Liberté !
Que ce nom sacré nous rallie !
Poursuivons les tyrans,
Punissons leurs forfaits !
On ne voit plus qu’une patrie,
Quand on a l’âme d’un Français.
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En 1793, François
de Neufchateau écrivit sur le même air un "Hymne
à la liberté".
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