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Veste
à manches (suite) |
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Extrait
de "La Patience Reconstitution" n° 6. |
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Nous avons
vu dans l'article précédent
que le mot "gilet" provenait du personnage de
théâtre Gilles. C'est l'étymologie que donne
le général Bardin dans son
Dictionnaire :
"Ce mot, dont l'origine est triviale, rappelle le vêtement
du masque Gille, c'est-à-dire une veste ou un pourpoint sans
basques." (p. 2589)
Le Dictionnaire Robert donne une étymologie différente
:
"1557, puis 1736 ; esp. jileco, du turc yelek."
Quoiqu'il en soit, la définition exacte du mot gilet
a toujours fait problème, et ce dès le début,
puisque Garsault, en 1769, en parlant d'une "espèce
de veste moderne à basques courtes" la dénomme
"veston", ce qui doit constituer la première
apparition de ce mot (le Dictionnaire Robert donne 1769 comme date
d'apparition du mot).
Quant au gilet, voici la définition qu'en donne
Garsault :
"La
camisole est pour ainsi dire, une veste de dessous qu'on met souvent
immédiatement sur la peau: il s'en fait à manches
et sans manches; cette dernière se nomme un gilet."
(p 9)
Mais dans les planches du Tailleur d'habits de l'Encyclopédie
(1771), on trouve à la figure 11 de la planche V un
"gillet" ou "petite veste sans basques",
qui a bien visiblement des manches. Et à la planche XII,
on trouve une veste sans manches.
Dans le règlement d'habillement du 1er octobre 1786, on trouve
la prescription suivante :
"Les officiers pourront porter en été des
vestes et des culottes de basin blanc; mais elles seront uniformes
dans chaque régiment, tant pour la qualité que pour
la coupe qui sera semblable à celle des vestes de drap ;
les gilets sans basques sont prohibés."
Même si le terme "gilet sans basque" paraît
être un pléonasme, on trouve ici la confirmation de
la différence que l'on faisait à ce moment entre "veste"
et "gilet".
Nous retiendrons donc pour le gilet et pour la veste la définition
militaire de ces effets, qui semble avoir été la plus
généralement utilisée à l'époque,
même s'il y a toujours eu quelque confusion en la matière.
Dans le règlement du 1er avril 1791, le gilet réapparaît
dans l'armée française. Il s'agit bien d'un vêtement
à manches et sans basques, c'est-à-dire "coupé
rond" par le bas. Il est attribué à l'infanterie
légère :
"Les chasseurs (infanterie légère) porteront
un gilet en drap blanc avec des manches, doublé en plein
de cadis blanc. Ce gilet sera tenu assez long pour déborder
de deux pouces la ceinture de la culotte; il aura deux poches sur
le devant, lesquelles seront sans pattes, elles seront figurées
par une bande de drap d'un pouce de large ; le gilet sera garni
sur le devant de douze petits boutons uniformes."
Le règlement du 11 thermidor an 7 sur les bataillons auxiliaires
parle de gilet pour l'uniforme des volontaires, et il lui attribue
des manches. S'agit-il du vêtement sans basques, ou d'une
erreur d'appellation?
D'après le général Bardin, c'est une erreur
d'appellation:
"La décision de l'an sept (11 thermidor) nommait
gilet ce que, plus anciennement, on appelait veste. Cependant ce
n'était pas précisément un gilet, puisque ce
vêtement avait encore des basques, mais fort accourcies il
est vrai; aussi le règlement de 1806 (10 février)
et le décret de 1806 (25 avril) maintenaient-ils l'expression
veste."
Par contre, un autre texte peut donner à penser que le règlement
du 11 thermidor an 7, en parlant de gilet, voulait parler
d'un effet différant de la veste à manches traditionnelle
; il s'agit de l'instruction du 15 nivôse an 11 (5 janvier
1803) qui porte :
"Les consuls ayant jugé à propos de faire
des changements dans quelques parties de l'habillement, dans la
double vue de l'amélioration du bien-être du soldat
et de l'économie, les conseils d'administration auront soin
de faire ces changements successivement, et à mesure des
besoins, et de manière à ne point épuiser les
fonds de la portion de la masse générale confiée
à leur administration. Ces changements consistent dans la
substitution de la veste de drap à manches, avec collet et
parements bleus, au gilet de tricot. "
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COULEUR
DES COLLETS ET PAREMENTS.
D'après l'ordonnance du 1er octobre 1786, époque où
l'infanterie française portait l'habit blanc, les collets
et parements de la veste devaient être de la couleur distinctive
des régiments, de façon correspondante à celle
des revers et parements de l'habit, c'est-à-dire que les
régiments qui avaient des revers et parements de couleur
sur l'habit, les avaient sur la veste ; que ceux dont l'habit n'avaient
que des revers de couleur, n'avaient que le collet de couleur sur
la veste; et qu'elles n'étaient garnies que de parements
de couleur pour ceux qui n'avaient que le parement distinctif sur
l'habit.
L'instruction du 1er avril 1791 portait les dispositions suivantes
:
"Les vestes des caporaux, grenadiers et fusiliers, auront les
collets et les parements des mêmes couleurs qui se trouveront
sur l'habit, sans avoir de pattes aux parements."
Il faut avouer que œ texte n'est pas très clair (ce qui n'est
pas un exemple unique dans l'histoire des règlements d'habillement).
Faut-il comprendre que les couleurs du collet et parement de veste
sont celles du fond de l'habit, ou celles des collet et parements
de l' habit ? A mon avis, c'est la seconde solution qui doit être
retenue, et ce pour deux raisons : s'il s'agissait du fond de l'habit,
les parements et collet de la majorité des régiments
de ligne à cette époque, auraient été
blancs. Or, la veste, pour conserver un aspect militaire, devait
avoir des distinctions de couleur tranchante. D'autre part, lorsque
l'infanterie prit l'habit national, les revers et collet de veste
auraient dû devenir bleus. Or ils ne sont devenus bleus que
suite à l'instruction de 1803, citée plus haut, qui
introduisait un changement. On peut donc en déduire que,
avant cette date, ils étaient de la couleur des parements
et collet de l'habit, c'est-à-dire, rouges.
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HAUTEUR
DU COLLET DE LA VESTE
Le collet de la veste, fixé à neuf lignes (20 mm)
de hauteur par le règlement de 1786, suivit l'évolution
de la mode, et grandit en même temps que le collet de l'habit.
Mais ce mouvement fut le fait de la mode, et non celui d'une règlementation
officielle. On ne peut donc que donner des indications qui permettent
de suivre cette évolution.
Ainsi, le règlement de la gendarmerie pour l'an 8 donne au
collet de la veste une hauteur de 26,5 mm.
En 1805, le général Schauenbourg prescrit, après
une revue d'inspection du 95e de ligne, de fixer la hauteur des
collets de veste à quinze lignes de hauteur (34 mm).
Enfin, le règlement de 1812, qui remplace la veste par le
gilet, donne à ce dernier une hauteur de collet inférieure
de 15 mm à celle de l'habit. |
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DISTINCTIONS
DE GRADES
Le règlement de 1786 portait l'indication qui sui t:
Les distinctions ci-dessus réglées pour les caporaux,
appointés et hommes rengagés seront mises sur les
vestes, mais les galons qui y seront employés n'auront que
cinq lignes de largeur (11,3 mm). |
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