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LEJEUNE
(le baron Louis-François), général et peintre
français, né à Strasbourg en 1775. Lejeune
entra d'abord dans l'atelier de Valenciennes et y fit ses premières
études de peinture. La révolution vint l'arracher
à ses douces occupations, et il fut compris, en 1792, dans
la levée en masse ; il fit partie de cette célèbre
compagnie des arts dont beaucoup de soldats se sont fait un nom
dans les fastes militaires.
Son intrépidité et son intelligence lui valurent un
avancement rapide.
Il fit la campagne d'Égypte, passa de l'infanterie dans l'arme
de l'artillerie, puis dans celle du génie, fut fait colonel
au siège de Saragosse et général de brigade
à la bataille de la Moskowa. Il assista à dix sièges
et à un grand nombre d'actions.
Il se distingua en particulier au passage de l'Ourthe, en Belgique ;
à Lientz, dans le Tyrol, et au siège de Colberg, où
le général Loison le chargea d'enlever d'assaut le
fort de Volfsberg. Lejeune s'acquitta de cette mission avec une
rare intelligence, et, par une habile manœuvre, mit l'ennemi dans
l'impossibilité de lui faire aucun mal.
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Devenu
aide de camp du prince Berthier, il assista à la bataille
d'Essling, où l'armée française faillit être
battue par les Autrichiens. Lejeune, jugeant que l'inondation du
Danube pouvait mettre en péril l'empereur, qui se trouvait
dans l'île de Lobau, entreprit, au milieu de la nuit et malgré
des dangers de toutes sortes, de lui procurer une barque ;
il y parvint à force de recherches et d'activité,
aborda dans l’île, et rencontra sur le rivage l'empereur et
Berthier. Une torche fut allumée, et à sa lueur Napoléon
dicta à Lejeune l'ordre de la retraite qu'il le chargea de
remettre aux maréchaux Bessières et Masséna ;
ceux-ci avaient passé la nuit sur les champs d'Essling et
d'Aspern. Lejeune, laissant l'empereur et son major général
disparaître dans la barque, reprit le chemin d'Aspern, et
parvint, après d'incroyables fatigues, à remplir la
glorieuse mission qui devait assurer plus tard la victoire de Wagram.
Lejeune n'avait pas cessé au milieu des camps de cultiver
la peinture, et il devint naturellement peintre de batailles. Il
exécuta en 1800 l'Incendie de Charleroi ; exposa
le 25 mai 1801, jour anniversaire de la victoire de Marengo, un
tableau de cette bataille ; d'autres tableaux suivirent à
peu d'intervalle. Nous citerons la Bataille du Mont-Thabor,
qui a été gravée par Bovinet ; celles
d'Aboukir, d'Austerlitz, de Somo-Sierra,
de Salinaz et de la Moskowa, le Passage du
Rhin par Jourdan.
En 1805, Lejeune obtint la grande médaille d'or à
l'exposition.
Après la restauration, il se retira du service et se livra
exclusivement à la peinture. Quoique ayant été
victime d'une tentative d'assassinat de la part d'un garde-chasse
et ayant eu les deux bras percés par une balle, son pinceau
ne perdit rien de sa fermeté. Celui de ses tableaux qui fit
le plus de sensation par le sujet qu'il avait choisi parut au salon
de 1819. Lejeune s'y est représenté dans l'affaire
de Guiranda, au moment où son escorte, égorgée
par huit cents guérillas, le laisse au pouvoir de ses ennemis.
Après l'avoir dépouillé de ses vêtements,
les volontaires espagnols ajustent vainement sur lui leurs fusils,
tous les coups ratent ; et le chef des guérillas, prenant
cette circonstance pour un signe de la volonté du ciel, lui
accorde la vie. A la suite de cette affaire, Lejeune, prisonnier
de don Juan Medico, avait été quelque temps détenu
en Angleterre, où l'avaient expédié les Espagnols.
Lejeune donna en 1824 la Bataille de la Chiclana, et en
1827 la Prise de Saragosse.
Après la révolution de 1830, il fut rétabli
sur le cadre d'état-major général de l'armée
en qualité de maréchal de camp.
Lejeune s'était retiré à Toulouse, où
il devint directeur de l'école des beaux-arts et de l'école
industrielle ; il y est mort le 27 février 1848.
Lejeune avait été créé, par l'empereur
Napoléon, baron et commandant de la Légion d'honneur.
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- Les tableaux de Lejeune présentent une grande vérité
d'expression, mais on leur reproche un peu de sécheresse
et de monotonie ; les personnages sont bien rendus, mais le
paysage est faible. On doit à Lejeune un ouvrage intitulé
Siège de Saragosse, histoire des événements
qui ont eu lieu dans cette ville pendant les deux sièges
qu'elle a soutenus en 1808 et 1809, Paris, 1840, in-8°.
Z. |
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