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EXELMANS
(Remy-Joseph-Isidore, comte), et non Excelmans, l’un des
officiers généraux qui se sont le plus distingués
au milieu des guerres de la république et de l'empire, est
né à Bar-le-Duc le 13 novembre 1775. Il commença
sa carrière militaire à l'âge de 16 ans dans
un des bataillons de volontaires de la Meuse, que commandait alors
le jeune Oudinot, depuis duc de Reggio et maréchal de France,
et dont faisait aussi partie un autre compatriote d'Exelmans, le
général Broussier, qui le prit pour aide de camp,
lorsqu’il coopéra à la conquête du royaume de
Naples, sous les ordres de Championnet.
Déjà Exelmans s'était fait remarquer par sa
bravoure et ses talents militaires, et le général
Murat voulut se l'attacher au même titre que Broussier. L'aide
de camp du grand-duc de Berg se signala au passage du Danube (1805),
eut trois chevaux tués sous lui au combat de Vertingen, et,
chargé de présenter à l'empereur les drapeaux
conquis dans la campagne, il fut à l'instant nommé
officier de la Légion-d'Honneur, et peu de temps après
colonel du régiment des hussards , à la tête
duquel il entra le premier dans la ville de Poznân en 1806.
Nommé général de brigade après la bataille
d'Eylau,il accompagna le grand-duc de Berg en Espagne. Il venait
de défendre heureusement la personne de Charles IV de toute
insulte et de toute attaque durant la route périlleuse de
Madrid à Bayonne, où il l'avait conduit, lorsqu’il
tomba aux mains d'une bande d’insurgés catalans qui le livrèrent
aux Anglais. Exelmans ne put rentrer en France qu'en 1811 ;
il partit presque immédiatement pour Naples, où Murat,
devenu le roi Joachim, lui confia les plus hauts emplois de la nouvelle
cour. On a dit que le général Exelmans, s'étant
bientôt aperçu que le roi napolitain cédait
à de funestes conseils et travaillait contre les intérêts
de la France, abandonna son service et demanda à faire la
campagne de Russie ; mais nous croyons que d’autres motifs
l'ont décidé à prendre ce parti. Murat ne commença
à se détacher de la fortune de la France que lorsqu'il
vit la fortune tourner le dos à l'empereur dans cette campagne
même dont il avait envié la gloire et voulu partager
les périls.
Quoi qu’il en soit, le général de brigade, blessé
plusieurs fois dans le cours de cette mémorable et funeste
guerre de 1812, reçut pour prix de son sang versé
le commandement d'une division qui fit partie du corps d'armée
du duc de Tarente, et se signala en Saxe et en Silésie (1813).
Il commanda ensuite la cavalerie de la garde impériale dans
le cours de la campagne de France, commandement qu'il reprit en
1815 à Waterloo et qu'il ne quitta qu'après avoir
battu et dispersé les Prussiens près de Versailles,
où une forte division de cavalerie, se fiant sur la supériorité
du nombre, était venue l'attaquer. Ce fut le dernier combat
et la dernière victoire de la France.
Après la capitulation de Paris, que ce brillant fait d’armes
ne pouvait malheureusement empêcher de conclure, le général
Exelmans se retira sur |Clermont-Ferrand et, malgré le découragement
et le désespoir des troupes, il sut maintenir l’ordre et
la discipline la plus sévère parmi eux.
Il avait cru devoir adresser sa soumission au roi, que les malheurs
de la France ramenaient à la suite des vainqueurs de Waterloo ;
il n’en fut pas moins compris sur la liste des trente-huit proscrits
dévoués aux rancunes de la Restauration. Exelmans
gagna la Belgique et fut forcé d’errer de ville en ville,
de se cacher tour à tour à Bruxelles, à Liége,
en Allemagne, et enfin dans le duché de Nassau, jusqu’au
moment où, amnistié par l’ordonnance de 1823, il rentra
dans ses foyers.
Le général Exelmans n'avait pas attendu la loi qui
le proscrivait pour connaître les sentiments d’antipathie
que son caractère inspirait aux hommes de la Restauration.
En 1814, avant les Cent-Jours, des lettres qu’il écrivait
à son ancien général, à Murat, avaient
été saisies dans le portefeuille d'un voyageur anglais
qui se rendait à Naples. Les sentiments d'affection que ces
lettres exprimaient à l'égard du roi assis sur le
trône que revendiquait Ferdinand parurent un crime de lèse-majesté
aux yeux des ministres de Louis XVIII. Exelmans fut traduit devant
un conseil de guerre que présidait le général
d’Erlon : il sortit alors de la retraite où il avait
cru devoir se tenir un moment caché, se présenta devant
ce conseil et fut acquitté à l'unanimité. Malgré
l’amnistie qui l’avait rendu à sa patrie et semblait assurer
le repos à sa famille, le proscrit de 1816 ne devait point
se croire en faveur sous le gouvernement des hommes qui l'avaient
si longtemps persécuté, et il ne put s'empêcher
sans doute d'applaudir à la révolution de Juillet,
quoiqu'il ait cru peut-être un peu tard a son triomphe. Nommé
pair de France dans les Cent-Jours par Napoléon, ce titre
lui fut rendu par Louis-Philippe (1831). Lors de la défense
d’Armand Carrel devant la Cour des pairs, il s’échappa du
cœur d'Exelmans une généreuse protestation contre
le jugement qui avait tué le brave des braves (voy. Ney).
Le général Exelmans vote presque toujours, dans cette
chambre, avec les membres les plus indépendants et les plus
dévoués aux intérêts du pays.
DE M. |
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